"ingénieur" ->" businessman" - Etudes / Orientation - Emploi & Etudes
Marsh Posté le 02-06-2005 à 11:06:59
Citation : |
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Vu ce qui s'est passe recemment sur les credits (secteur qui embauchait bcp de quants et qui vient de se manger mechamment), on ne peut pas dire que le boulot de quant soit un boulot d'avenir... ca ne va pas trop embaucher cette annee visiblement.
Citation : |
Je ne suis pas d'accord. Un trader n'est pas un commercial... Ca demande de la technique, surtout dans les produits complexes genre exotiques de taux. Tous les traders sur exotiques de taux ici a Londres sont des inges francais ( meme dans les banques americaines). Pas besoin de faire une formation de commerce pour devenir trader. Maintenant si tu veux faire du management c'est vrai que'il vaut mieux faire un MBA.
Mais a ta place (Cachan, PhD), je lirais le Hull et je me manifesterais aupres des chasseurs...
vivi = migoumig ?
Marsh Posté le 02-06-2005 à 11:13:08
bonjour,
un trader n'est biensûr pas un commercial, je ne citais le livre qu'à titre d'exemple pour illustrer le fait qu'après une réorientation hors domaines de compétences classiques des ingés, le diplôme d'ingénieur n'est plus pris au sérieux. A ma connaissance cela vaut aussi pour trader, et même pour quant!
Marsh Posté le 02-06-2005 à 11:21:14
migoumig a écrit : bonjour, |
Pas vraiment...
Lis ces deux topics, on en parle :
http://forum.hardware.fr/forum2.ph [...] ash_post=0
http://forum.hardware.fr/forum2.ph [...] ash_post=0
Marsh Posté le 02-06-2005 à 11:28:27
on ne parle pas de la même chose : je n'ai pas dit qu'un diplôme d'ingé était mal vu pour être trader ou quant! Je parle d'un éventuel retour, après ce type de poste, vers des domaines de compétences plus classiques, en cas de pépin...
Marsh Posté le 02-06-2005 à 11:54:33
migoumig a écrit : Sans tirer de conclusion hâtive, ce premier choix de réorientation par formation initiale me semble adapté aux ingénieurs qui ont envie de faire complètement autre chose, par exemple s'ils se sont trompés d'orientation et si c'était à refaire, ils auraient intégré l'ESSEC après une prépa commerciale plutôt que Centrale Lyon après de gros efforts pour finalement pas grand chose. |
Deux remarques sur un commentaire par ailleurs intéressant et de bon sens.
La double formation ouvre la voie à des responsabilités "projet" ou des jobs de technico-commercial-grands comptes en entreprise industrielle, métiers qui nécessitent un ensemble de compétences que les inge purs ou les commerciaux purs n'ont pas.
L'exemple ESSEC - Centrale Lyon me semble un raccourci aventureux sur le travail à fournir en prépa et la difficulté à intégrer. C'est une des questions que je m'étais posées en terminale justement; je me sentais attiré par une prépa plus généraliste et par le "business", mais nos profs (enfin... de maths/physique)nous poussaient vers la sup, hors de laquelle il n'était pas de salut. Au final, j'ai opté pour la prépa commerciale et intégré l'ESSEC; mes copains, à niveau en sciences équivalent en terminale, ont suivi les "figures imposées" et ont intégré Ulm (lui était le meilleur, Ulm aurait donc clairement été hors de portée pour moi), Mines Paris, Centrale Paris et qquns, plus faibles, aux Arts. J'en reste donc à l'idée que le niveau académique pour les meilleures écoles de commerce se tient, en perspective pour un bachelier scientifique, avec les meilleures écoles d'inge, sans prendre en compte les matières annexes (français, histoire-géo, philo, 2 langues). Mais il est vrai que ds la mythologie en vigueur en terminale, la formation d'inge est probablement perçue comme plus valorisante. Au final, je constate lors de réunions "décennales", que je n'ai pas à regretter mon choix, car mes amis sont restés sur une formation d'inge pur et ont - en règle générale - un parcours moins "performant" comme managers (si on considère le niveau des postes occupés et la rémunération comme des critères pertinents), voie qu'ils ont choisie plus ou moins tôt, comme de nombreux ingénieurs. Je crois effectivement qu'ils ont peut-être sur-investi dans une spécialisation maths-physique, au regard de l'orientation qu'ils ont prise en définitive.
Désolé pour le HS éventuel, mais je présume que pas mal de bacheleirs scientifiques se posent ces questions.
J'attends avec intérêt le post MBA...
Marsh Posté le 02-06-2005 à 11:56:33
Bof.
Rien de neuf dans ce post.
Les 3eme cycles sont, par nature, hyper specialises. C est pour ca qu ils sont recherches.
Une formation plus general se fait au niveau precedent en ecole d inge ou ESC (undergrad) ou plutard en MBA.
A noter que ton discours sur l AST n est plus d actualite puisque HEC est passe en system Msc et ESSEC en MBA.
Marsh Posté le 02-06-2005 à 12:06:46
J'ai du succés dans mes affaires
J'ai du succés dans mes amours
Je change souvent de secrétaire
J'ai mon bureau en haut d'une tour
D'où je vois la ville à l'envers
D'où je contrôle mon univers
J'passe la moitié d'ma vie en l'air
Entre New York et Singapour
Je voyage toujours en première
J'ai ma résidence secondaire
Dans tous les Hilton de la Terre
J'peux pas supporter la misère.
(...)
J'aurais voulu être un artiste
Pour pouvoir faire mon numéro
...
Les bizznesmen qui voudraient devenir artiste,
Les ingénieurs en bizznesmen,
Les artistes en ingénieurs.
Personne ne veut être rentier?
...
ok je sors.
Marsh Posté le 02-06-2005 à 12:26:10
Si ton kif c'est de bosser toute ta vie derrière un burlingue ou très loin de chez toi pour faire gagner plus d'argent à des gens déjà très riches...
Ba ne fait pas ingé et concrètise ton rêve en école de commerce.
Marsh Posté le 02-06-2005 à 14:13:42
Très interessantes les partie sur l'hyper-specialisation et la réorientation.
J'en ai vu beaucoup faire une specialisation en commerce après leur étude d'ingénieur trop souvent car sa fait bien, pour l'argent, sans reelement savoir à quoi sa menerait, bref ou bien sa passe ou bien sa casse.(j'y avait songer moi même mais un ami prof dans une école de commerce me l'avait déconseillé sans experience professionel).
Bref il vaut mieux à mon avis travailler quelques années afin d'avoir un vue vraimment concrête de la vie en entreprise avant de se lancer dans des étude de commerces en complément.
Sinon il s'agit en effets d'un gros pari car après plus d'un ans d'inactivité technique un diplôme d'ingénieur est presque obsolète.
Je trouve regrettable que les entreprises voient les choses ainsi. Un ingénieur est normalement formé à apprendre.
Tout le monde peut apprendre presque tout et n'importe quoi, surtout avec Internet. Toutefois un ingénieur est censé pouvoir apprendre plus vite, en comprenant etc etc. Je me percois plus comme un investissement pour une entreprise.
Finalement nous sommes des autodidactes au rang d'ingénieur.
Ensuite la difference d'ecole fera qu'en theorie un Centralien apprendra plus vite qu'un ingénieur d'ecole moyenne.
De même un ingénieur classique apprendra théoriquement plus vite qu'un autodidacte pure.
De plus les entreprises sont quand même très abusives car quand je pense à tout se qu'on m'avait demandé pour 6 mois de developpement en VB, que sa serait super dure venant d'electronique, bla bla bla. J'ai été plus que dégouté devant le travail demandé. Du simple copier plus ou moins inteligent.
5 ans d'étude pour faire sa. j'aurait mieux fait de m'arrêter aux BAC.
On fait de la technique pure, et l'ingéniosité est trop rarement demandé.
J'attend aussi avec impatience le post sur le MBA meme si je ne l'envisage pas avant 5 ans d'experience
Marsh Posté le 02-06-2005 à 14:23:44
pour balexb : en effet l'essec flanque désormais ses diplômés du label MBA. Je ne souhaite pas lancer le débat sur les controverses que cela n'a pas manqué d'entraîner. Il n'en reste pas moins qu'un MBA au sens où l'entendent les recruteurs, nécessite plusieurs années d'expérience pour être valorisé(able). J'y reviendrai plus en détail sur un prochain post. Je pense donc que les diplômés de l'ESSEC et des autres écoles qui ont suivi ce chemin, resteront à juste titre considérés comme jeunes diplômés.
Quant au passage de HEC au système Msc, cela ne change pas la donne : le concours (qui n'a d'ailleurs rien à voir avec les AST depuis une dizaine d'année) reste trusté par les ingés.
D'une manière plus générale, ma contribution ne prétend à aucune solution miracle ni révélation. C'est seulement une synthèse de ce que j'ai pu apprendre sur la question lors de cette année de questionnement.
bus 101 : je partage ton analyse, mais je ne cherchais vraiment à froisser personne quant aux difficultés d'entrée dans les différentes écoles (l'ESSEC est très dure, Centrale Lyon aussi mais enchaîner les deux c'est encore + long et dur ).
Marsh Posté le 02-06-2005 à 15:03:11
Bonjour a tous,
Merci pour ce Post de très grande qualité je trouve.
Juste un éclairage pour les poste de "technico-commerciaux" c'est souvent un débouché possible après des études scientifiques longues, un PhD par exemple, car sans même passez par la case formation complémentaire ( en tout cas dans le domaine de la biologie par exemple ) on peut se faire recruté.
Mais maintenant, pour avoir testé cette voie, je trouve que l'on se retrouve dans un milieu que l'on connaît mal et qui, après quelques temps, peut semblé très loin des préoccupations de notre formation initiale. Un passage par une formation "complémentaire" peut permettre de mieux définir les attentes que l'on peut avoir pour ce genre de poste (notamment la relation client-vendeur qui est quelque chose de disons .... "différent" ).
Maintenant vue la situation du jeune diplômé c'est peut pas forcement le genre de question à se poser, on prend ce que l'on trouve.
Lolo
Marsh Posté le 02-06-2005 à 15:07:31
lolocgm a écrit : Mais maintenant, pour avoir testé cette voie, je trouve que l'on se retrouve dans un milieu que l'on connaît mal et qui, après quelques temps, peut semblé très loin des préoccupations de notre formation initiale. Un passage par une formation "complémentaire" peut permettre de mieux définir les attentes que l'on peut avoir pour ce genre de poste (notamment la relation client-vendeur qui est quelque chose de disons .... "différent" ). |
cqfd.
je pensais notamment aux EADS et Schneider Electric de ce monde, plus qu'à la bio, en effet.
Marsh Posté le 04-06-2005 à 12:35:01
des analyses tres interessantes! merci
j'aurai du mal a apporter ma propre experience au débat étant donné que je suis encore en prépa mais j'attends avec impatience le paragraphe sur les MBA et IAE !
Marsh Posté le 04-06-2005 à 13:37:49
Tres intéressant le poste en question car j'envisage moi meme de me "réorienter" l'année prochaine mais j'hesite beaucoup car pas sur que cette réorientation va m'amener a un bon salaire mais surtout j'espere qu'elle ne va pas me cloitrer dans un domaines ultra commercial/management car j'aimerai rester en contact avec un monde technique c'est un gros dileme pour moi voila mon parcours :
DUT GTR
Ecole d'ingénieur CTI (1ere année a l'etranger puis retour en france pour enchainer un master)
Master M1 informatique (ex maitrise)
et maintenant je viens d'etre admins a l'etranger (mais le diplome sera francais un DESS Administration et Gestion d'entreprise de l'université de Nantes)
fin voila d'apres vous le plus "rentable" sera de continuer en Master M2 recherche avec un doctorat derriere ou d'enchainer directement le DESS en question qui est un MBA a la francaise ?
Si je suis un peu HS desolé et répondez moi en mp
Marsh Posté le 06-06-2005 à 14:31:56
Quelques réflexions sur les MBA et le Collège des Ingénieurs.
Plus encore mes précédentes contributions, celle-ci gagnera à être complétée par les analyses de chacun. En effet, parler des MBA n'est pas chose aisée et prétendre à lexhaustivité est délirant puisque chaque année, plus de 150 000 diplômes de ce type sont distribués à travers la planète. Dans les années 90, il y eut un certain engouement pour ce type de formation en France et presque toutes les écoles de commerce sy sont essayé depuis. A mon sens, le bilan est aujourdhui peu glorieux dans lensemble.
Tout dabord, quels sont les avantages de ce type de formation ?
La lisibilité internationale tout dabord, puisque le terme MBA est mondialement connu. Ce point est clairement avantageux pour les ingénieurs français, issus des « Grandes Ecoles », concept incompréhensible à létranger.
Dautre part, certains postes de haut niveau en management sont pratiquement réservés aux détenteurs du précieux diplôme. Par exemple, certaines boîtes de consulting écrivent en toute lettre sur leur site que seuls les MBA de telle ou telle école peuvent prétendre aux plus hautes responsabilités (BCG et lInsead par exemple).
De plus, les anciens forment un appui et un réseau fondamental pour les MBA. Je connais un ancien du MBA-ISA qui ma expliqué le rôle des anciens dans sa recherche demploi. Ce qui est hallucinant, cest le court-circuitage des services de RH dans ce cas. Il lui a suffit de passer par le réseau pour être directement reçu dans les deux grandes entreprises de sa carrière. Au delà des amis de promo, il existe un véritable esprit de corps, à la manière des grands corps détats pour les pantouflards ( obligation de solidarité entre membres sous peine de mise à lécart tacite
) Plus que les enseignements et méthodes apprises , il semble que ce soit véritablement lavantage dun tel diplôme.
Il faut préciser que ce type de formation tant historiquement que structurellement, sadresse à un public ayant une certaine expérience. Un MBA nest PAS une formation initiale.
Là réside le premier abus à mon avis : les études étant payantes, bcp décole se sont lancées dans le marché très lucratif des MBA, sans regarder lexpérience des candidats. Résultat : on place une ligne de + dans son cv, pour pas grand chose. Ajouter à cela que de toutes petites écoles ont sorti leur diplôme et cela devient carrément catastrophique. Comment croire quune école de commerce qui a déjà du mal à caser ses étudiants admis sur concours pourra être plus intéressante pour ses élèves de MBA, passés par la case « frais de scolarité » ?
Tout dabord, les recruteurs ne sont pas dupes, et seules les écoles de la short list au niveau international peuvent prétendre offrir de réelles valeurs ajoutées. Tenter un petit MBA desc de province est à mon avis une erreur pour 2 raisons.
Dabord, le coût de la formation sera difficilement amorti. Car un MBA cest environ 40 000 euros de frais de scolarité, sans compter le manque à gagner pour une année sans salaire. Dautre part, le fait de se mettre en dehors du marché dans des secteurs extrêmement dynamiques et concurrentiels peut être dramatique. Le temps où le MBA doublait les salaires est clairement révolu (cf différents articles de efinancialcarreer).
Ainsi, je déconseillerai vivement de tenter un MBA à la légère et sans expérience. Les meilleurs institutions ne sont pas épargnées par une relative désaffection de ce diplôme. Par exemple, le nombre de candidats à Harvard et linsead subit une érosion constante depuis quelques années. Les MBA américains sont les plus touchés car ils nécessitent un investissement plus lourd, les études durant deux ans. Devant cette situation, beaucoup duniversités US ont dû proposer des programmes dun an, à leuropéenne.
Mais la botte secrète de ces institutions, censées coller au plus près des exigences du marché est l « executive MBA ». Ce type de diplôme, le + couru et de très loin, consiste à proposer une formation du même type que les MBA classiques mais tout en continuant de travailler. Exit donc la déconnexion avec les réalités du marché, et les coûts sont plus facilement gérables avec ce système. De plus, les fellows sont souvent soutenus par leur entreprise, qui prend en charge une partie de la formation. Lexecutive MBA demande encore + dexpérience que le MBA (le double à peu près), ce qui léloigne logiquement des jeunes diplômés.
Personnellement, ce me semble être une formation cohérente, proche des attentes des entreprises et sans mauvaise surprise. Aujourdhui, un véritable accélérateur de carrière.
Voilà pourquoi je pense que le MBA de lessec, donné à tous les diplômés de cette école, est vraiment illisible. En France, les diplômés resteront considérés comme jeunes diplômés, à létranger, quand les recruteurs verront se pointer des MBA essec sans expérience, de 22 ans, ils seront certainement dubitatifs la première fois. La seconde, ils auront clairement compris que certaines écoles utilisent le terme MBA avec une acception très large
Bon cétait un peu long, je parlerai du CDI la prochaine fois.
Marsh Posté le 06-06-2005 à 14:53:37
Les EMBA sont très chers (trop même) car les Universités savent que les candidats sont souvent "envoyés" (donc financés) par leurs entreprises. Le tarif est donc du type enterprise@enterprise.
...
Voir comment ce titre MBA est utilisé, c-à-d, à toutes les sauces par toutes sortes d'école. On peut prédire que dans 15-20 ans, il ne signifiera plus rien. Ma concierge en chef responsable de son équipe de femmes de ménage aura elle aussi son MBA.
Marsh Posté le 06-06-2005 à 19:47:17
migoumig a écrit : bonjour, |
Link?
Marsh Posté le 06-06-2005 à 19:55:09
http://forums.sciences-po.fr/read. [...] 141&t=2141
Marsh Posté le 06-06-2005 à 21:00:48
ReplyMarsh Posté le 07-06-2005 à 00:30:15
Migoumig, là, je suis un peu déçu...
On navigue entre les banalités (lisibilité internationale, esc de province, emba = arme secrète...), la découverte émouvante et à la dérive un tantinet mythologique de la puissance des réseaux des B-schools, le doute quasi pyrrhonien (excusez le néologisme) sur l'avenir ou la rentabilité du MBA, affectant - à la marge - les meilleures institutions, les inexactitudes (bon, j'ai pu rater le passage du site BCG indiquant les seules formations donnant accès aux postes à haute responsabilité, mais ce n'est pas ds le style de ces boîtes d'être explicite sur des sujets "explosifs"; le format Essec qui est bien plus qu'une simple ligne de plus sur le diplôme),les conseils négatifs sur le MBA sans expérience significative préalable (là, l'avenir dira qui a la meilleure stratégie, mais comme en bourse, il est parfois souhaitable de se distinguer du consensus mou et sécurisant).
Bon, j'en dirai plus quand j'aurai monté mon cabinet de conseil en orientation "premium".
Mais j'attends avec intérêt les réflexions sur le CDI, institution que je ne connais mal, à la différence des B-schools.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 08:44:42
bus 101 a écrit : Migoumig, là, je suis un peu déçu... |
Toi par contre BUSOUNET, tu ne m'as pas déçu du tout : un bon petit post de derrière les fagots à lire le matin, quand tout le monde est encore prêt à relancer la machine à pamphlet.
Encore un topic qui va nous tenir la journée
Marsh Posté le 07-06-2005 à 10:18:07
Un petit mot sur le format ESSEC, si souvent décrié par ses concurrents.
D'abord, il convient de dire que ce sont les écoles en concurrence frontale avec l'ESSEC qui dénigrent ce système. Personellement, je n'ai jamais entendu une boîte dire que ce format c'était de la connerie. Au niveau franco-français, il est sans doute plus important d'être diplômé d'une école du groupe A (comme l'ESSEC) que d'avoir un MBA d'une université US hors de l'Ivy League.
Ensuite, le format ESSEC n'est pas si incohérent que ça. En effet, quand les grandes écoles de commerce françaises vendent leurs diplômes à l'étranger, elles disent qu'elles donnent des MS en Management. Finalement, en terme de nombre d'années d'études après le bac, c'est équivalent à un MBA. J'ajoute que contrairement à ce qu'à dit Migoumig, les diplômés du MBA ESSEC n'ont pas 22 ans puisqu'ils faut faire 5 ans à l'ESSEC (plus 2 ans de prépa) pour avoir le MBA. Les JD ont donc en moyenne 25 ans et 18 d'expérience professionnelle, ce qui est loin d'être abhérrant quand on sait que les grands MBA US se sont considérablement rajeunis (27 ans de moyenne d'âge contre 35 il y a quelques années) puisque les américains font un MBA dans la continuité de leur Bachelor. C'est donc la nature même du MBA qui est entrain d'évoluer, au niveau mondial.
Enfin, comme je l'avais dit sur un topic précédent, le MBA ESSEC n'est pas si incohérent que ça. Certaines université US (Harvard par exemple) ont des business schools qui ne proposent que des programmes MBA ,ce qui signifie que pour intégrer la B-school de Harvard, vous devez déjà avoir un bac+4. D'autres universités (Penn-Wharton par exemple) ont des Business Schools qui proposent des programmes undergraduate (Bachelor : de bac à bac+4) et graduate (MBA ou autre Master : de bac+4 à bac+5). A l'étranger, je pense qu'un JD du MBA ESSEC serait vu à la manière de qqun qui a fait le Bachelor et le MBA de Wharton à la suite.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 10:38:41
Pour ma part, je ne suis pas prêt à lancer quelque pamphlet que ce soit. Par contre, il me semblerait + constructif d'argumenter plutôt que de donner une appréciation du type critique de cinéma.
Par exemple sur le MBA sans expérience, si tu as des cas concrets dans ton entourage où cela s'est avéré valorisant, cela pourrait intéresser pas mal de jeunes diplômés.
Concernant les "petits MBA" ce qui est marrant c'est l'aspect "ça tout le monde le sait" : pourtant 95% des diplômés sont + ou - concernés non?
Enfin le format essec est peut être une bonne idée mais je ne vois pas sa valeur ajoutée. Si tu as des arguments pourquoi ne pas développer?
Marsh Posté le 07-06-2005 à 10:39:14
kalaf a écrit : Les JD ont donc en moyenne 25 ans et 18 d'expérience professionnelle, |
18 années d'expérience à 25 ans! C'est-à-dire qu'à 7 ans, il commence déjà à bosser pendant ses vacances de maternelle.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 10:47:50
Désolé, j'ai omis le mot "mois". C'est donc "25 ans et 18 mois d'expérience professionnelle".
Marsh Posté le 07-06-2005 à 10:55:03
mon message était pour Bus101, mais merci kalaf!
Je ne suis pas d'accord avec pas mal d'arguments / essec. Le fait d'avoir 25 ans ou plus n'est pas le nerf de la guerre pour un MBA : ce qui compte c l'expérience. Si cette dernière est réduite aux stages d'école, on reste JD. Or encore une fois, même si beaucoup de MBA diminuent leur exigence en terme d'expérience, ça n'est pas une raison pour institutionnaliser cette démarche. C'est un glissement à mon sens de la nature même de ce diplôme, dont l'essence se retrouve vraiment dans le EMBA. Demain, lorsque le label MBA sera automatiquement apposé à tous les diplômés d'école de commerce (cf d'ingénieur, pourquoi pas?), et que les EMBA se contenteront d'expériences prof. réduites à des stages, nul doute qu'un autre format verra le jour : peu importe les appellations, ce qui me semble compter c'est l'adéquation entre une formation et son public.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 10:59:21
migoumig a écrit : Enfin le format essec est peut être une bonne idée mais je ne vois pas sa valeur ajoutée. Si tu as des arguments pourquoi ne pas développer? |
A mon avis, la valeur ajoutée du format ESSEC pour les étudiants est assez difficillement quantifiable. Comme je le disais, un JD de l'ESSEC qui postule en France dira qu'il est diplômé de l'ESSEC et pas qu'il a suivi le programme MBA de l'ESSEC. Donc en terme de prestige, ça n'apporte pas grand chose. En revanche, il est peutêtre plus facile de convaincre les candidats et les étudiants de l'intérêt d'un cursus qui dure 7 ans après le bac quand tu peux apposer le terme MBA sur ton CV et que tu as une expérience professionnelle assez crédible pour un JD.
Si valeur il y a, c'est plus en terme de référencement international. Hors de France, les Business Schools françaises sont difficiellement identifiables. En se positionnant comme un cursus de 5 ans, l'ESSEC rejoint les standards internationaux. Je pense que vis-à-vis d'un recruteur US, le JD de l'ESSEC peut dire qu'il a suivi un cursus complet de 5 ans (undergraduate + graduate) à l'ESSEC. A contrario, un autre JD d'école de commerce devra se lancer dans un débat sans fin sur le modèle des grandes écoles française (2 ans de prépa + 3 ans d'école) qui est plus susceptible de destabiliser son interlocuteur, lequel finira peut-être par se dire qu'en fait, il a fait que 3 ans dans une b-school.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 11:57:24
migoumig a écrit : |
Pour moi, un MBA c'est comme une pilule contre la diarrhée. Pour un ingénieur, en tout cas, faire un MBA c'est souvent par nécessité et non par plaisir.
Le parcours tel que je connais d'ingénieur vers MBA est comme suit:
Le jeune sortant de l'école obtient une job plus ou moins dans son domaine, apprend sur le tas, fait partie d'une équipe technique, conçoit, teste, assure la production, etc. S'il débrouille bien, on lui donne des responsabilités; il devient team leader, puis project leader ou project manager. Là l'entreprise lui paie quelques formations en gestion de projet. Mais la formation en gestion de projet n'est vraiment utile qu'au moment où l'ingénieur "gère" vraiment un projet, c'est-à-dire, disons un budget d'un million d'euros sur 2 ans. Un million sur 2 ans, c'est à peine 4-6 personnes niveau universitaire et 30% d'équipement à gérer - un petit projet quoi. À ce niveau-là, un MBA ne sert à rien.
Avec le temps, l'ingénieur qui a déjà 2-3 projets sous le bras sera appelé à faire partie d'un board. On lui demande ses conseils pour les questions de stratégie, puis on lui demande fixer les business goals, business objectives, critical factors avec des chiffres et des spreadsheets (les jolis mots pour les soirées mondaines). Là, l'ingénieur il est perdu. Là il a peut-être besoin, soit un mentor (chef ingénieur qui lui montrer de A à Z en cours accélérés), soit un MBA.
S'il est malin, ou si sa boîte est une boîte sérieuse, il pourrait leur demander de lui payer un MBA. C'est très rare qu'une boîte te laisse partir faire ton MBA à temps plein, de toute façon, elle a besoin de toi pour les opérationnels et pour les projets en cours. Il y a dix ans, ce n'est pas rare des voir des MBA à temps partiel ou en cours du soir. Et c'est crevant. C'est à ce moment-là que tu t'ennuies de ton "atelier", de tes équipes de développeurs, ou de ton labo électronique. Beaucoup d'ambitieux larguent leurs boîtes et vont faire un MBA à temps plein, puis reviennent négocier un post de haute-direction.
...
Maintenant, les jeunes qui sortent de l'université avec MBA en poche, ce n'est pas la mauvaise idée. C'est déjà comme ça pour ceux qui sont en commerce-business et cie. Question d'apprentissage, l'absorption de la matière scolaire est nettement plus facile au début de la vingtaine qu'au début de la trentaine.
Le hic ce n'est pas le MBA, ni le moment d'obtenir son MBA, le hic c'est: l'ATTITUDE du mec, du jeune en question.
Tu sors d'école. Tu as un air étudiant et tu veux te faire passer pour un "manager". Tu sens encore l'odeur des livres à travers ton costume 3 pièces. Ça ne trompe personne. Peut-être la Direction, mais pas ceux d'en bas.
La Direction te présente au chef d'équipe, premier handshake, qu'est-ce qu'il perçoit le chef d'équipe? Une main toute molle, une peau douce comme celle de sa fille aînée. Ça ne l'impressionne pas. Faites donc de l'escalade pendant vos études MBA au lieu de lire Fortune, ça vous sera beaucoup plus utile plus tard.
Puis vient le temps de rencontrer les hommes qu'on doit "diriger". Tant que tu n'as pas été chef de scout, ou entraîneur d'équipe foot de la catégorie pee-wee, ou officier dans l'armée, tu n'as aucune idée de ce que c'est diriger les hommes. Un père de famille sait mieux faire cela que toi, avec ou sans MBA.
...
Un MBA est un plus, certe. Ça donne certaines connaissances pour certains types de fonctions. Mais ça ne nous transforme pas en superman. Le parcours professionnel compte énormément. L'encadrement à l'intérieur de l'entreprise aussi. Et finalement, l'ATTITUDE.
Et pour le moment, l'attitude de ceux qui croient qu'un MBA est la clé pour la fortune et pour la gloire domine trop la réalité.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 12:09:05
Migoumig, je ne souhaite pas polémiquer ni vexer personne. Si tu soumets ton analyse sur un sujet que tu étudies avec attention mais que tu ne connais pas de l'intérieur, il faut s'attendre à des avis divergents.
Pour une fois, à dessein (honnête, je précise),je me contente de donner mon avis sans trop argumenter, il me semble avoir déjà vu ça sur le forum . Donc pas de problème si tu considères mes points comme nuls et non avenus.
Retour aux infos "publiques":
EMBA: oui, c'est une voie intéressante, notamment sur le plan financier (pas de manque à gagner, financé parfois par le sponsor); problèmes: 1- beaucoup de boulot si le programme est de qualité, donc incompatible avec des métiers exigeants ou à déplacements nombreux (strat, M&A)et pénible pour la famille et 2- manque d'esprit de promo par rapport au full-time.J'ai goûté (à mes frais, certes) et laissé tomber pour un vrai programme full-time.
MBA: vu par les JD, 2, 3 ou 4 ans d'XP, ça paraît beaucoup et ça a le mérite certain d'exister, mais en fait ça correspond souvent à un premier poste et avec le recul, les "apports" d'expérience des étudiants qui n'ont pas eu de vraies responsabilités (managériales), surtout s'ils cherchent à le faire croire, prêtent souvent à sourire et ne trompent pas trop les profs et les étudiants très expérimentés. Les MBAs toujours critiqués, y compris de l'intérieur (Mintzberg), retrouvent leurs marques aux US, après une période folle: gonflement de la bulle Internet qui a vu des étudiants monter des projets en parallèle avec leur programme et quitter (avant l'obtention du diplôme!) pour une start up qui allait leur permettre de faire fortune, puis après l'éclatement, appauvrissement "général" qui a un peu tari les capacités à financer des formations coûteuses.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 12:23:34
Courtois et sereins, polis et respectueux : vous avez été parfaits et j'en ai profité pour apprendre pas mal de trucs, et j'imagine que je ne suis pas seul dans ce cas. Messieurs, la populasse vous remercie.
Mention spéciale à l'humour de ftikai, mais atténué par l'angliscisme qui tue : "premier handshake".
Bref, du post de qualité 100% bovine, on en redemande.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 12:27:40
Pour ajouter un point au message de BUS 101. Aux cours MBA où les élèves sont déjà des cadres on n'apprend pas vraiment de la théorie. On apprend surtout vis des échanges de pratiques, erreurs et succès. Il n'est pas rare de voir un manager avec un backgroud en logiciel exposer son Agile Management et un autre de l'industrie automobile se poser la question à savoir comment il pourrait en profiter des nouvelles connaissances pour améliorer ses processus du type Plan-based.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 12:31:07
wax'n'roll a écrit : Mention spéciale à l'humour de ftikai, mais atténué par l'angliscisme qui tue : "premier handshake". |
Désolé, mais j'ai toujours la même excuse. Le français, que j'adore, n'est pas ma première langue. Le cortex responsable du language chez moi est parfois lent à changer de cassette.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 13:29:20
bus 101 a écrit : Le plus drôle, c'est quand un candidat a été sélectionné par un processus interne assez sévère chez Boeing ou GM, qu'il a déjà tous les diplômes requis (inge, JD, PhD, MBA un peu ancien) et qu'on lui dit qu'il doit passer le Gmat et obtenir un super score pour ne pas déshonorer son sponsor et être reçu! Affolement dans les rangs... |
Surtout que le GMAT, c'est coton. Déjà, si t'es pas anglophone, c'est bien galère pour la partie verbale. Pour les maths, ça fait tout drôle de se retaper des maths du collège et du lycée. C'est pas trop dur, mais quand tu fais ta première division à virgule de puis 5 ans ou que tu dois te rappeller précisément du théorème de Pythagore, tu fais pas le malin ;-)
Marsh Posté le 07-06-2005 à 13:29:28
ftikai a écrit : Désolé, mais j'ai toujours la même excuse. Le français, que j'adore, n'est pas ma première langue. Le cortex responsable du language chez moi est parfois lent à changer de cassette. |
Ton humour, il est de quelle nationalité? British? J'aime bien.
Marsh Posté le 25-05-2006 à 19:50:12
que pensez vous d'un type qui a une licence scientifique ( electronique, automatique ) et un master commerciale dans une iae ou esc niveau possibilité d'embauche?
Marsh Posté le 26-05-2006 à 12:37:54
Topic intéressant.
Je vais essayer d'apporter ma contribution.
La configuration des études en France limite un peu les possibilités de double compétence réelle. Je parle bien des gde écoles, et non pas des cursus fait à cet effet, comme les MIAGE et autres.
Dans les gde écoles, le cursus c'est 2+3, prépa+gde école. Il y a là une véritable difficulté à diversifier l'enseignement par les écoles, et s'il était possible d'offrir une formation avec une double compétence réelle, les écoles auraient déjà fait ce choix depuis longtemps.
Si les mathématiques sont fondamentales pour grand nombre de disciplines d'ingénieur et d'autres comme la finance, il est certain que ne faire que ça en prépa (je sais, je simplifie) c'est un peu dommage. Du coup, le gars qui arrive à l'école d'ingé ou de commerce, n'a que trois ans devant lui. Pour y caser une réelle double compétence, ça devient très chaud, surtout quand on sait qu'il faut parvenir à dégager 1 an d'expérience professionnelle. 2 ans en définitive, c'est trop peu pour dispenser un enseignement suffisamment diversifié et profond pour pourvoir l'étudiant d'une double compétence à la sortie. Du coup, les ingénieurs généralistes sortes avec beaucoup de potentiel et un compétence forte, avec une plusieurs potentialités d'acquisition de compétences. Mais c'est pas forcément ce que toutes les boites attendent. Elles veulent des gens opérationnels, et capable d'allier ingénierie et business.
Pour y remédier, on trouve des cursus du genre 2 ans de prépa, 2 ans en école d'ingé + 2 ans en école de commerce ==> double diplômes. Ou bien des ingé. qui filent faire un MS en école de commerce ou des anciens d'écoles de commerce qui filent faire un MS en école d'ingé.
Mais il y a une sorte de rupture dans le parcours, en terme d'acquisition et d'assimilation. Un ingénieur en mécanique, qui va faire un MS management des achats par exemple, aura suivi deux formations distinctes, complémentaires, mais n'aura pas les même bénéfices que si ces deux formations avaient été combinées et prodiguées tout au long de son cursus.
A cet effet, le cursus de X pallie ce manque de combinaison et de mélange nécessaire. L'ingé de X aura, à l'issue de sa prépa, 2 ans de généralités, 1 an de spécialisation de type majeur+mineur (où il peut très bien choisir mécanique et management) et un an de spécialisation dans un institut pour approfondir un domaine (mécanique ou achat, suivant notre exemple donné plus haut). Le gros défaut, c'est la durée. 6 ans post-bac.
Il y a d'autres systèmes éducatifs. Les UK sont un peu trop spécialiste dès la première année, même si en fonction des facs et des programmes, tu peux suivre un cursus à double compétence dès la première année, genre un BSc Engineering and Management. Mais ça reste assez faible en maths et en ouverture. Mais une chose est sûre, au bout de quatre ans, voire 5 (selon la longueur de BSc, soit 3-4 ans et du MSc 1-2 ans), le gars sort avec une réelle double compétence parce que les apports en management auront été fait dans le contexte de son domaine d'ingénierie.
C'est aux US que j'ai pu voir des programmes encore plus riches. Très généralisés pendant les 2 premières années du BS, on fait tout ou presque : maths, physique, économie, méca, maths fi, compta... Et pendant 2 ans on choisit une majeure et une mineure. Pareil qu'à X. Avec la possibilité à l'issue du BS d'enchaîner sur un MS. Et là bas, il est plus facile d'avoir deux diplômes dès le bachelor, du style, un BS economics et BS mechanical engineering.
Voila pour les cursus initiaux.
Marsh Posté le 26-05-2006 à 12:59:09
ftikai a écrit : Pour moi, un MBA c'est comme une pilule contre la diarrhée. |
Marsh Posté le 29-05-2006 à 05:33:54
En tout cas, on attend tous avec impatience le post sur le collège des ingénieurs...
Il est vrai que c'est une formation plutôt méconnue, mais qui gagnerait beaucoup à l'être.
Marsh Posté le 29-05-2006 à 15:47:46
Faites l'ENSAE à la fois école d'ingé puisque recrute des MP et école de commerce puisqu'elle recrute des prepa ECS et des bl ,cette école ouvre sur tous les métiers dont revent aussi bien les mecs d'écoles de commerce que ceux d'école d'ingé interesses par les maths app.
Marsh Posté le 02-06-2005 à 10:40:39
bonjour,
voilà un an que je réfléchis activement aux possibilités de reconversion des scientifiques vers des métiers plus "lucratifs" et je me propose d'exposer en plusieurs posts certaines pistes de réflexions.
D'une manière générale, j'avais entendu à diverses reprises que le métier d'ingénieur était moins valorisé que par le passé, en offrant des débouchés plus minces et des rémunérations peu attrayantes eu égard aux années d'étude. Depuis un an, j'ai pu constater en pratique à quel point le souhait de se réorienter était fort chez beaucoup de scientifiques.
Pour la petite histoire, j'ai lancé un post sur un forum l'année passée concernant le métier de trader. Sans prétention. Quelle ne fut ma surprise en constatant que ce post a reçu depuis des centaines de contributions et des milliers de lecture...Depuis, pas une semaine ne passe sans que je sois contacté par mail pour évoquer ce sujet, j'ai même été contacté par des journalistes pour parler de cela. Aussi je souhaite faire le point sur ces questions qui semblent vraiment concerner plein de gens en ce moment, et pour lesquelles il y a peu de réponses consistantes. Je n'ai nullement la prétention d'apporter des solutions miracles mais par contre je pense pouvoir argumenter et lancer le débat.
Commençons par le commencement : quels sont les moyens de réorientation existant pour les scientifiques?
A mon sens, ils sont de 4 types :
- les formations initiales (type Ecole de Commerce)
- les formations complémentaires (type Master ou Troisième Cycle)
- les formations professionnelles (type MBA)
- les formations de type hybride ( type Collège des Ingénieurs, en fait le seul à ne pas se classer dans les trois premières catégories à ma connaissance)
Je ne parle pas des programmes internes aux entreprises, seules les formations accessibles par "voie externe" m'ayant intéressé lors de l'année écoulée.
Je me permets de livrer mon avis sur ces 4 types de formations a priori.
Les formations initiales, en école de commerce sont un chemin très classique pour compléter son cursus et le réorienter sérieusement. Les concours d'admission en deuxième année sont ainsi souvent trustés par les ingénieurs à HEC et l'ESSEC.
L'avantage principal est de pouvoir bénéficier du "vrai" diplôme des écoles de commerce par cette voie : le réseau des anciens est utilisable avec le plus de facilité qui soit. De plus le fait d'être ingénieur+commercial peut être vu comme un avantage sur le papier par rapport aux "diplomés secs" des écoles de commerce.
Les inconvénients sont d'ordre pratique et fondamental. En pratique, il faut débourser grosso modo 15.000 euros sur 2 ans pour la scolarité , sans compter le manque à gagner de 2 années sans travailler. Plus fondamentalement, le principal inconvénient de cette orientation est de laisser le diplôme commercial prendre la pas sur celui d'ingénieur. Autrement dit, le problème posé revient à mettre en valeur sa formation initiale. Un sorti d'école d'ingénieur qui suit cette voie n'a généralement pas d'expérience : son diplôme d'ingénieur sera très facilement considéré comme pratiquement inopérant par les recruteurs (cf le livre d'O. Godechot sur les Trader pour une étude de la "durée de vie" d'un diplôme d'ingénieur lorsque ce dernier exerce dans un domaine non technique : ça va très vite). Ceci appelle d'une manière générale à bien se poser la question de la réorientation : un bon choix s'impose clairement si on ne veut pas rester sur le carreau. Par comparaison le choix de thématique de l'école en sortie de taupe a beaucoup moins de conséquences à mon sens que celui dont on traite ici. Sans tirer de conclusion hâtive, ce premier choix de réorientation par formation initiale me semble adapté aux ingénieurs qui ont envie de faire complètement autre chose, par exemple s'ils se sont trompés d'orientation et si c'était à refaire, ils auraient intégré l'ESSEC après une prépa commerciale plutôt que Centrale Lyon après de gros efforts pour finalement pas grand chose.
Les formations complémentaires de type Master ou troisième cycle permettent en général de se former sur une durée plus courte (1 an typiquement), avec une sélection moins éprouvante que dans le cas précédent. Je ne dis pas que certains DEA, DESS ne sont pas sélectifs mais en tout cas les sélections se font plus sur dossier (parfois entretien) qu'épreuves écrites puis orales ect Donc le premier avantage est un investissement moindre pour y entrer. Même le DEA EL karoui, très sélectif,ne demande pas d'épreuves de connaissances : c'est la cohérence du parcours antérieur, les résultats obtenus et la motivation qui comptent. Dans le cas des DEA, DESS les études ne coûtent presque rien en plus... Pour les master, méfiance à plusieurs niveau : en général, ils sont vu comme le moyen d'inscrire sur le cv un nom qui fait tilt aux recruteurs. Néanmoins ces derniers ne sont pas dupes et ne considèrent pas un master escp comme un escp par exemple. De même l'efficacité du réseau est très diminuée dans ce cas : les anciens semblent très bien distinguer les "vrais diplômés" des autres en pratique. De plus, les programmes coûtent, pour une année entre 10.000 et 13.000 euros. Enfin ,les salaires en sortie sont toujours plus faibles que pour les sorties d'école. La solution master est conseillée pour ceux dont la formation initiale n'est pas du niveau de leur souhait de carrière car elle leur ouvre des portes, à eux de les enfoncer par leur efficacité au boulot.
Ces troisièmes cycles ont néanmoins un point commun très spécifique pour une réorientation : ils sont hyperspécialisés. Selon les cas c'est un avantage ou un inconvénient. Un avantage car si on a un métier ciblé en tête, exemple "quant", quoi de mieux que le DEA el Karoui? Par contre, force est de constater que de nombreux prétendants à la reconversion n'ont qu'une connaissance très approximative du monde du management, de la finance, du conseil...C'est à mon avis sur une réserve affective, un effet de mode et de bouche à oreille que des décisions sont prises. Je m'explique : dans mon cas personnel, souhaitant gagner plus qu'aujourd'hui le métier de trader m'a été conseillé par des amis. D'où le post dont je parlais au début. La finance de marché est un domaine spécifique de la finance, et dans la finance de marché il s'avère qu'un autre domaine spécifique, la finance quantitative est un moyen sympatique financièrement et intellectuellement entre autre pour devenir trader.
Tous mes amis sont unanimes : le métier de quant ne peut "que se renforcer à l'avenir", "ça sera encore mieux demain qu'aujourd'hui" ect STOP! Réfléchissons un instant sur la situation suivante : un type qui cherche à se réorienter entend qu'aujourd'hui il existe un type de métier en plein essor, hyper spécialisé dans un domaine où il ne connaît pas grand chose, la finance. Des ponts en or sont offerts à l'étranger pour certains profils qui lui ressemblent. Super, il se lance. sa réorientation ressemble quand même à un entonnoir, c'est un sacré pari. Si ça ne se passe pas comme prévu, pour lui ou pour toute la branche, qu'est-ce qu'il fera? Pas grand chose à mon avis, et cela reste l'inconvénient majeur de ce deuxième type de formations : l'hyper spécialisation.
Je parlerai des MBA et du Collège des Ingénieurs la prochaine fois.