Le journalisme en France

Le journalisme en France - Actualité - Discussions

Marsh Posté le 01-11-2009 à 10:34:47    

Bonjour à tous,
 
Il y a quelques années, je considérais ceux qui me disaient que le journalisme français était tenu par le pouvoir, comme des anarchistes ou simples individus en manque de distraction qui se donnaient un genre en critiquant les journaux.
 
Vu que nombre de journaux critiquent nos hommes politiques, je me disais que ce n'est pas possible que nos  médias soient tenus en laisse comme ce serait le cas dans une dictature.
 
Toutefois, la semaine passée, s'est passé un évènement...le double discours de Nicolas Sarkozy :  
 
http://www.programme-tv.net/news-t [...] le-video/#
 
Alors attention, ce topic n'a aucunement vocation à critiquer Nicolas Sarkozy, c'est juste qu'étant notre président, il est difficile de ne pas l'évoquer.
 
Ce topic a plus vocation à nous interroger sur le travail de nos médias :

La question que je me pose c'est pourquoi, nous, citoyens, ne sommes pas choqués qu'en 8 mois d'intervalle, tous les journalistes politiques ne se soient pas rendus compte que notre cher président ait fait EXACTEMENT le même discours...

 
D'autant plus que :
1) ce sont souvent les mêmes journalistes qui assistent aux discours présidentiels
2) ils ont souvent un support écrit du discours.
 
Si Mr.Sarkozy s'est permis de faire exactement le même discours, c'est qu'il pensait qu'aucun journaliste n'aurait l'outrecuidance de s'en servir.
 
Alors quoi? Nos journalistes sont ils incompétents? Peureux?
 
Ne pensez-vous pas qu'il y ait de quoi s'inquiéter?
 
Que pouvons-nous faire pour les encourager à faire leur travail correctement? Une grève des achats des journaux?
 
Qu'en pensez-vous?


---------------
Nihon, gambare !
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 10:34:47   

Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 10:40:06    

J'en pense qu'il y a plein d'autres raisons de critiquer les journalistes et que tu as choisis une des plus insignifiantes.
Qu'est-ce qu'on en a a faire qu'il ai repris des partis d'un autre discrous. Où est le problème? C'est même logique puisqu'il doit souvent repéter la même choses à des interlocuteurs différents.
 
Sinon, pour répondre à une de tes questions : oui 90% des journalistes sont incompétants. Il ne vérifient rien, disent des choses d'évidence fausses pour n'importe quelle personne qui connait le sujet, flatent les bas instincts, couchent et bouffent avec le pouvoir.

Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 10:42:13    

c'est ça qui te choque ?
franchement je trouve que ça a peu d'importance, à part ça sur le fond ça ne fait pas de doute que le journalisme français est hautement critiquable, mais il me semble que ton exemple est mal choisi...

Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 10:43:26    

Topic Sarko non ?

Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 10:45:48    

non, c'est sur le journalisme

Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:32:51    

Pour ceux qui ne savent pas les journalistes bénéficient d'une ENORME niche fiscale!!
 
A chaque nouveau président, ils lui font comprendre ce qu'il se passera si il tente de mettre fin à ces privilèges!
 
Une grève des achats des journaux! ça pourrait faire bouger les choses, non?
 
C'est un peu facile de toujours remettre la faute sur autrui!
Prenons non responsabilités!


---------------
Nihon, gambare !
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:40:19    

Quelle est la nature de cette niche fiscale ?


---------------
Mon image publique est étonnamment négative, est-ce à cause de mon hobbie qui consiste à gifler des orphelines ? | Je dois aller faire quelque chose de masculin, tel conquérir une nation ou uriner debout.  
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:44:09    

fatah a écrit :

Quelle est la nature de cette niche fiscale ?


 
 

Citation :

Pour des raisons historiques, les journalistes français qui détiennent une carte de presse bénéficient d'une fiscalité particulière. En 1934, le gouvernement leur concède un abattement forfaitaire de 30 % destiné à compenser leurs dépenses professionnelles que les entreprises de presse ne remboursaient pas[15]. Cette mesure a été renouvelée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour des raisons économiques, l'État aidant de cette manière les entreprises de presse dont la santé financière ne permettait pas de rémunérer suffisamment les journalistes. Dans les années 1970, l'abattement est alors plafonné à 50 000 francs (7 600 €).
 
Depuis 1998, l'abattement de 30 % a diminué régulièrement pour disparaître définitivement en 2001. En contrepartie, le gouvernement Jospin a accordé une « allocation pour frais d'emploi » aux journalistes, qui leur permettait, en 2006, de diminuer de 7 650 euros le montant de leurs revenus imposés[16]. Cette réduction constitue une niche fiscale.


 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Journalisme_en_France


---------------
Nihon, gambare !
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:46:25    

Dex revenus non imposés, tout comme les sportifs et les traders.

 

Ce que je reproche aux journalistes, est de ne pas vérifier les dires de leurs invités. Ces derniers peuvent insinuer n'importe quel mensonge, si ça fait tiquer le journaliste mais n'est pas en mesure d'infirmer, il se contente de transmettre et de laisser passer, devenant par la même l'instrument du pouvoir. Au minimum, les journalistes pourraient vérifier et rétablir la vérité à posteriori, même si c'est le lendemain. S'ils interrogent un quidam dans la rue, avant de transmettre ses dires, ils vont faire un minimum de travail de vérification. Pourquoi ne le font-ils pas avec leurs invités, du style les Balkany ? (d'ailleurs pourquoi invitent-ils les Balkany ?)


Message édité par el muchacho le 01-11-2009 à 13:58:47

---------------
Les aéroports où il fait bon attendre, voila un topic qu'il est bien
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:50:11    

starone a écrit :

J'en pense qu'il y a plein d'autres raisons de critiquer les journalistes et que tu as choisis une des plus insignifiantes.


 
C'est clair, un vrai candide.  :jap:  

Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:50:11   

Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:50:24    

Hum quelle bande d'ordures, abattons-les tous :o


---------------
Mon image publique est étonnamment négative, est-ce à cause de mon hobbie qui consiste à gifler des orphelines ? | Je dois aller faire quelque chose de masculin, tel conquérir une nation ou uriner debout.  
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 13:52:17    

La question c'est pas tant l'injustice de la mesure (car c'est incontestablement une injustice!) , c'est plus que du coup, le jeu est faussé!
 
On peut aisément imaginé le deal : les journalistes y vont mollo sur les chefs d'état et en échange ils gardent leur niche!
 
ça veut pas dire que les journalistes ne critiqueront jamais le gouvernement, mais ça veut dire qu'ils s'imposeront des limites.
 
Et pour répondre à vos propos, expliquant que l'exemple du discours n'est pas le meilleur que j'aurais pu prendre :
 
certes, c'est loin (très loin) d'être le plus grave.
Mais c'est très très significatif, non?
 
 


---------------
Nihon, gambare !
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 14:03:46    

Je trouve la vidéo assez cocasse en tout cas.  
Sinon, ça fait bien longtemps que je ne regarde plus les JT, je me contente de lire les dépêches d'actualités, qui restent en général assez neutres, et j'en tire mes conclusions.  
Je ne fais plus confiance aux journalistes victimes d’une omerta découlant directement de procédés bolcheviques tramés par la nomenklatura mediatico-socialo-politico partisane inféodée d’ailleurs au grand capital apatride levantin.


---------------
Mon image publique est étonnamment négative, est-ce à cause de mon hobbie qui consiste à gifler des orphelines ? | Je dois aller faire quelque chose de masculin, tel conquérir une nation ou uriner debout.  
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 14:08:17    

fatah a écrit :

Je trouve la vidéo assez cocasse en tout cas.  
Sinon, ça fait bien longtemps que je ne regarde plus les JT, je me contente de lire les dépêches d'actualités, qui restent en général assez neutres, et j'en tire mes conclusions.  
Je ne fais plus confiance aux journalistes victimes d’une omerta découlant directement de procédés bolcheviques tramés par la nomenklatura mediatico-socialo-politico partisane inféodée d’ailleurs au grand capital apatride levantin.


enfin les dépêches c'est pas forcément mieux
quand ils recopient les propagandes des pays qui n'ont pas de liberté de presse...
 
au moins avec la multitude des journaux on peut se dire que quelqu'un va faire le boulot correctement pour un journal parmi x
grâce à de l'analyse et des experts
je te conseille le livre de françois ruffin sur le journalisme pour voir le comment des dépêches
tu vas très vite être déçu ;)


---------------
“La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre.”
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 14:09:57    

Bah alors je n'ai plus le choix, je ne vais plus rien lire, tout est biaisé :(


---------------
Mon image publique est étonnamment négative, est-ce à cause de mon hobbie qui consiste à gifler des orphelines ? | Je dois aller faire quelque chose de masculin, tel conquérir une nation ou uriner debout.  
Reply

Marsh Posté le 01-11-2009 à 14:12:04    

Plus qu'une soi-disant bienveillance à l'égard de la classe politique, ce qui frappe c'est surtout le niveau particulièrement médiocre du journalisme.
Très peu d'investigation ou quelquefois totalement à côté de la plaque (clearstream  [:fabien27] ), on se contente très souvent de reprendre des dépêches AFP et de les broder.
Lorsque je lis un article sur un sujet que je connais, je trouve presque systématiquement des erreurs, voire des contresens qui montrent que le journaliste n'a fait que survoler le sujet. C'est très désagréable car quand je lis quelque chose sur un sujet auquel je ne connais rien, je me dis que je suis peut-être en train de me faire embobiner. On a aussi l'impression que les journalistes n'ont pas de mémoire, c'est agaçant quand un journaliste qui interviewe un homme politique ou un économiste semble incapable de se rappeler que la personne qu'il interroge disait exactement le contraire il y a deux ans.
 
Alors il y a sûrement un problème de modèle économique (pas assez d'argent pour recruter les bonnes personnes, et obligation de bâcler les articles en quelques heures...) mais on note quand même une sacrée différence de niveau avec l'étranger (même si je ne suis que rarement d'accord avec The Economist, on est obligé de leur reconnaître une rigueur intellectuelle qui semble inconnue en France...).
 
Donc le risque s'il n'y a pas une réaction rapide c'est les gratuits pour les dépêches AFP et les blogs sérieux pour les articles de fond.
 
 
Des journalistes dans la salle pour expliquer ce qui se passe (recrutement, temps passé par article...) ?


---------------
Se battre avec les copains, et gagner du terrain, c'est très ...
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 10:38:28    

fatah a écrit :

Bah alors je n'ai plus le choix, je ne vais plus rien lire, tout est biaisé :(


 
Si il y a encore de la presse indépendante. En ligne : mediapart. En kiosque : Marianne même s'ils sont penibles sur certains sujets et qu'ils racolent un peu. Je te conseil aussi courier international qui donne un autre regard sur le monde... et sur la France des fois.

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 10:42:33    

cocacolalight a écrit :

...
 
Alors il y a sûrement un problème de modèle économique (pas assez d'argent pour recruter les bonnes personnes, et obligation de bâcler les articles en quelques heures...) mais on note quand même une sacrée différence de niveau avec l'étranger (même si je ne suis que rarement d'accord avec The Economist, on est obligé de leur reconnaître une rigueur intellectuelle qui semble inconnue en France...).
 
...


 
Je rebondi la dessus. J'ai pas mal discuté avec des journalistes et des étudiants en journalisme. Il y a 20 ans, quand tu sortais d'une école tu étais bien payé et il y avait une forte sélectivité. Maintenant, ca paye vraiment très très mal, t'es obligé de faire des stages rémunérés des cacahuètes. Donc au final, la sélection est mauvaise, les meilleurs étudiants ne se dirigent pas du tout vers se genre de filière. Tu y trouves des mauvais étudiants en sciences humains, qui n'ont aucun bagage scientifique ni aucune notion de ce qu'est un démarche scientifique d'analyse et de recherche. De temps en temps, tu tombes sur un gars ou une fille qui a un bon niveau et qui a choisi ça par conviction, mais c'est bien rare.
 
Bref, le métier de journaliste n'est plus attrayant, sauf pour la TV (mais là sans belle gueule c'est mort).

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 10:45:21    

starone a écrit :


 
Si il y a encore de la presse indépendante. En ligne : mediapart. En kiosque : Marianne même s'ils sont penibles sur certains sujets et qu'ils racolent un peu. Je te conseil aussi courier international qui donne un autre regard sur le monde... et sur la France des fois.


 
Mediapart je connais juste de nom, et c'est payant en plus (:o). Marianne, j'aime bien mais comme tu dis je trouve qu'ils racolent un peu (par exemple leur pub à la radio : cette semaine dans marianne, blablabla, un numéro à ne pas manquer).  
J'aime aussi courrier international, même si je n'ai plus trop l'occasion de le lire.  
Sinon sur le net, j'aime bien slate.fr, les analyses sont un peu plus poussées que la moyenne, même si on est pas forcément d'accord avec le contenu.


---------------
Mon image publique est étonnamment négative, est-ce à cause de mon hobbie qui consiste à gifler des orphelines ? | Je dois aller faire quelque chose de masculin, tel conquérir une nation ou uriner debout.  
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 11:25:23    

starone a écrit :


 
Je rebondi la dessus. J'ai pas mal discuté avec des journalistes et des étudiants en journalisme. Il y a 20 ans, quand tu sortais d'une école tu étais bien payé et il y avait une forte sélectivité. Maintenant, ca paye vraiment très très mal, t'es obligé de faire des stages rémunérés des cacahuètes. Donc au final, la sélection est mauvaise, les meilleurs étudiants ne se dirigent pas du tout vers se genre de filière. Tu y trouves des mauvais étudiants en sciences humains, qui n'ont aucun bagage scientifique ni aucune notion de ce qu'est un démarche scientifique d'analyse et de recherche. De temps en temps, tu tombes sur un gars ou une fille qui a un bon niveau et qui a choisi ça par conviction, mais c'est bien rare.
 
Bref, le métier de journaliste n'est plus attrayant, sauf pour la TV (mais là sans belle gueule c'est mort).


 
Enfin bon, il faut aussi s'appuyer un peu sur des chiffres :
 
http://www.journalisme.com/content/view/783/88/
 
En résumé :
 
1°) Le nombre de journalistes en janvier 2009 était de 37 307 contre 30 510 en 1998, soit une augmentation de 22 % des effectifs en 10 ans. Donc on ne peut pas dire que le métier n'est plus attrayant ... Perso, dans mon entourage direct, je suis surpris par le nombre d'étudiants qui veulent embrasser une carrière de journalistes alors que depuis l'irruption du net et la crise de la presse écrite, le milieu est plutôt bouché ! A noter que la croissance s'essoufle et que le nombre a tendance à se stabiliser.
 
2°) Le nombre de journalistes précaires et pigistes est quasiment stable. 18, 5 % de pigistes en 1998, 18,2 % aujourd'hui.
 
3°) Les diplômés des écoles de journalisme ne représentent que 15 % des nouvelles embauches, ce qui signifie que le diplôme n'est pas spécialement reconnu.
 
4°) Comme conclusion, il y a un problème entre la multiplication des écoles de journalisme peu ou pas reconnue par les médias et le nombre assez restreint de places, une sorte de distorsion entre l'offre et la demande qui, évidemment, frustre beaucoup d'apprentis-journalistes diplômés qui ne trouve pas une place dans un média écrit, radiophonique ou télévisuel.


---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 11:45:41    

C'est pas contradictoire du tout avec ce que j'ai dit. Il y a une paupérisation du métier qui fait que ça n'attire pas les meilleurs.

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 11:49:43    

starone a écrit :

C'est pas contradictoire du tout avec ce que j'ai dit. Il y a une paupérisation du métier qui fait que ça n'attire pas les meilleurs.


 
Paupérisation du métier ? Non, puisqu'il y a autant de pigistes aujourd'hui qu'il y a 10 ans ! Par contre, il y a tellement d'écoles de journalisme, aujourd'hui, qu'évidemment, il n'y a pas de place pour tout le monde, problème de distorsion entre l'offre et la demande.


---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 11:53:59    

un article très intéressant de François Ruffin sur son école de journalisme (CFJ), à l'occasion de la sortie de son livre, Les Petits Soldats du journalisme, en 2003. Quelques extraits :

 
Citation :

« Un flash, c’est six, sept brèves, tac, tac, tac. Jamais une qui dépasse les quarante secondes. » Dans l’enseignement, prédominent la mise en forme et la mise au format, avec des prescriptions qui se suivent et se ressemblent : « Autant que possible, évitez les subordonnées, les phrases supérieures à quatorze mots. » « 2 min 15 pour un reportage, c’est énorme en télé, c’est énorme... Y a un problème de temps. » « Un sonore de plus de 15 secondes, posez-vous la question. » La question du sens, elle, ne se pose pas. Lorsqu’elle surgit, c’est le fait d’un élève, et l’enseignant l’enterre aussitôt : « Mais, en une minute, on n’a le temps de rien dire ! - Eh oui, s’amuse l’encadrant (rédacteur en chef adjoint de LCI). Bienvenue dans le monde de la télé ! »

 

Dès la rentrée, le responsable « presse écrite » théorise ces visées normatives : « Dans la profession, il y a un certain nombre de journaux ou de journalistes qui ne sont pas dans la ligne, on dira. Ici, on va vous demander de suivre la ligne, si on peut dire, de rester dans la norme. » Avant de s’irriter, une semaine plus tard, excédé par les « déviances » des étudiants : « Eh bien, oui, oui, il y a un moule CFJ, et il faudra bien vous y couler. »
...
Peut-on concevoir une « grande école », qui plus est « de journalisme », sans bibliothèque ? C’est pourtant possible, le CFJ l’atteste : en guise de rayonnages d’ouvrages, une très modeste « documentation », avec des magazines, un Quid, quelques dictionnaires, un manuel de la ponctuation... Une centaine d’usuels, à peine.

 

Cette indigence ne résulte d’aucun calcul, elle correspond au programme de l’établissement, jamais formulé comme tel : puisque, pour faire du journalisme, aucun savoir n’est requis, à quoi pourraient donc servir les instruments du savoir ? A l’ESJ de Lille, d’ailleurs, un immense fonds subsiste... rarement consulté, comme le raconte le documentaliste : « Les étudiants arrêtent quasiment de lire des livres lorsqu’ils passent le seuil de l’école de journalisme (...), comme s’ils devaient d’ores et déjà acquérir et intérioriser les réflexes en vigueur dans les rédactions  (7).  »

 

Les élèves ne parcourent même plus les essais qu’ils critiquent. Ainsi de Benoît, pour un ouvrage sur la guerre d’Algérie. « Poursuis ton papier sur le livre de Jacques Duquesne, lui conseille une intervenante de France-Culture. - Mais je ne l’ai pas ouvert ! - Pas la peine. Il faut faire vite. Lis juste une critique du Monde.  » Une recommandation qu’elle renouvelle pour un film de Claude Lanzmann (non visionné) et une étude sur les « working poor ». Nulle incompétence chez cette professionnelle : elle a incorporé le rythme de son métier, son appétit de productivité, et en a adopté les ruses. Car, loin de handicaper le journaliste, une méconnaissance des sujets constitue un atout : un savoir incongru risquerait de parasiter la synthèse ; la complexité envahirait le chroniqueur, qui déborderait du format, dépasserait la minute, voire - extrême limite - les 1min15...
...
Une parole publique anémiée, une pensée exsangue... en un lieu où se forment les agitateurs (supposés) de la démocratie. Comment expliquer ce paradoxe apparent ? La faute à l’époque, sûrement, désenchantée. Ces jeunes ont grandi dans la crise, génération pragmatique, sans utopies ni illusions. « C’est ça, l’esprit du temps, notait Cornélius Castoriadis. Tout conspire dans le même sens, pour les mêmes résultats, c’est-à-dire l’insignifiance  (8).  »
...
Enfants des classes moyennes supérieures, à la jeunesse insipide et/ou heureuse, nulle injustice ne les a marqués. Ils n’éprouvent aucune colère contre le monde, à quelques détails près. A quoi bon, dès lors, fourbir des outils théoriques pour dénoncer l’ordre scolaire, financier, judiciaire, établi - qui les a jusqu’ici bien servis ?
...
Leurs propos ne remettent pas en cause l’ordre marchand, mais le justifient : « Le seul critère, c’est le résultat, l’audience ou la vente. » « Mon patron déclarait : "Je suis un lessivier de la presse et je le revendique." » « Nous ne vendons pas des produits, nous vendons des audiences. » « On est dans l’univers de l’information, donc de la marchandise. » « Tous les titres chez nous doivent être rentables, à hauteur de 10 % à 15 %. » « Dans les médias, on est dans la même logique que le PDG de Procter. » «  Le Monde est une marque, et une marque très forte. » Un florilège, recueilli au hasard du séminaire « Les médias dans leur environnement ». Thème quasiment unique : l’argent. A sens unique : l’argent fait le bonheur des journalistes. Sa lente invasion de la presse ? Une fatalité bienfaisante, et aucun intervenant n’incite à critiquer cette tendance. A l’inverse, tous s’en réjouissent, avec une belle unanimité.


http://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RUFFIN/9931

 


Message édité par moonboots le 02-11-2009 à 11:54:24
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 12:02:06    

Je dois reconnaître que je suis assez d'accord avec tout ce que j'ai lu ici. J'ai été pigiste pendant plusieurs années et je connais donc plutôt bien le milieu de la presse, même s'il ne s'agit que de la presse quotidienne régionale.

 

Ce que je déplore au plus haut point, c'est cette "émotionnalisation" de l'information. On fait de simples fait divers des gros titres de JT de 20 heures ou de quotidiens nationaux. Cela n'a aucun sens. L'information privilégiée est celle du sensationnel.

 

Hier, au JT de France 2, nous avons eu droit à un reportage de plusieurs minutes sur...les perruques d'André Agassi. Voilà, et en plus c'est avec notre argent. On a aussi droit à de longs reportages sur des accidents de voiture comme il en arrive, hélas, tous les jours. Images sanglantes et choquantes à l'appui !

 

Bref, le fait divers a envahi l'information (regardez sur yahoo actu ou google, c'est effarant !) et il n'y a plus de place pour l'information claire, explicative et importante.

 

Bref, c'est triste.

Message cité 2 fois
Message édité par chronicles le 02-11-2009 à 12:03:16
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 12:12:27    

c'est tout à fait vrai ce que tu dis sur la montée du fait divers et de l'émotion, je l'ai constaté au cours des années, ça se fait complètement au dépens du fond et de la réflexion, d'ailleurs je me rappelle d'un débat chez Morandini sur un reportage dans un hôpital pour enfant, un des intervenants se plaignait de cette boursouflure de l'émotion, et Morandini lui répondait " ce n'est pas bien l'émotion ?" comme si elle pouvait remplacer la vérité, c'était très symptomatique de ce qui se passe depuis qq décennies dans les médias français

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 12:16:14    

moi j'adore regarder FR2 a 20H, c'est trop de la balle !
 
 


---------------
Entrez dans la dance clap clap, les soucis n'ont pas de chance, la musique commence, clap clap, ça c'est Fraggle Rock!
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 12:20:52    

Tietie006 a écrit :


 
Paupérisation du métier ? Non, puisqu'il y a autant de pigistes aujourd'hui qu'il y a 10 ans ! Par contre, il y a tellement d'écoles de journalisme, aujourd'hui, qu'évidemment, il n'y a pas de place pour tout le monde, problème de distorsion entre l'offre et la demande.


 
Si paupérisation,il n'y a pas que les pigistes, les salaires des journalistes en CDI on fortement baissé. Tu confonds précarité et paupérisation.

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 12:27:15    

starone a écrit :


 
Si paupérisation,il n'y a pas que les pigistes, les salaires des journalistes en CDI on fortement baissé. Tu confonds précarité et paupérisation.


 
Tu as des chiffres sur le salaire médian des journalistes ? Les salaires des journalistes sont définis par la convention collectives des journalistes, article 22 :
 
http://www.snj.fr/article.php3?id_article=196
 


Message édité par Tietie006 le 02-11-2009 à 12:31:33

---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 12:28:54    

chronicles a écrit :

Je dois reconnaître que je suis assez d'accord avec tout ce que j'ai lu ici. J'ai été pigiste pendant plusieurs années et je connais donc plutôt bien le milieu de la presse, même s'il ne s'agit que de la presse quotidienne régionale.  
 
Ce que je déplore au plus haut point, c'est cette "émotionnalisation" de l'information. On fait de simples fait divers des gros titres de JT de 20 heures ou de quotidiens nationaux. Cela n'a aucun sens. L'information privilégiée est celle du sensationnel.  
 
Hier, au JT de France 2, nous avons eu droit à un reportage de plusieurs minutes sur...les perruques d'André Agassi. Voilà, et en plus c'est avec notre argent. On a aussi droit à de longs reportages sur des accidents de voiture comme il en arrive, hélas, tous les jours. Images sanglantes et choquantes à l'appui !  
 
Bref, le fait divers a envahi l'information (regardez sur yahoo actu ou google, c'est effarant !) et il n'y a plus de place pour l'information claire, explicative et importante.  
 
Bref, c'est triste.


 
+1
Je suis étudiante et pigiste (faut bien manger), et je me fais souvent tirer les oreilles quand je me plains de la ligne éditoriale de la presse sur la côte d'azur, en tous points similaires à celle du JT de Jean-Pierre Pernault. Du commérage, sans analyse ni investigation, qui sévit désormais PARTOUT.  
 
Mais. En adhérant à une rédaction, on est limités par la ligne éditoriale. C'est un fait. Ce n'est pas tant les journalistes qu'il faut blâmer, mais la hiérarchie omniprésente dans la profession. Un problème de structure, non d'effectifs.


---------------
Je blogue donc je suis.
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 12:37:44    

chronicles a écrit :


 
Bref, le fait divers a envahi l'information (regardez sur yahoo actu ou google, c'est effarant !) et il n'y a plus de place pour l'information claire, explicative et importante.


 
Sans oublier les micro-trottoirs, cette merveilleuse idée  [:cerveau vomi]

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 13:03:00    

moomlight a écrit :

Mais. En adhérant à une rédaction, on est limités par la ligne éditoriale. C'est un fait. Ce n'est pas tant les journalistes qu'il faut blâmer, mais la hiérarchie omniprésente dans la profession. Un problème de structure, non d'effectifs.


C'est sûr...
Contrairement à ce qu'aiment répéter certains éditorialistes, la presse quotidienne française se plante non pas parce que les français n'aiment pas lire (comme je l'ai entendu), mais simplement parce que ce n'est pas du journalisme qu'ils y lisent, et quand on voit comme cette presse est aidée par l'état, c'est assez écœurant...

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 13:05:51    


PPDA comme exemple d'impertinence : bof, même s'il est possible que c'est sa question à Sarko qui a aidé à le mettre dehors...
sur Canal+ c'est quand même Aphatie qui chronique la vie politique, faut aimer quoi

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 13:09:00    

moonboots a écrit :


PPDA comme exemple d'impertinence : bof, même s'il est possible que c'est sa question à Sarko qui a aidé à le mettre dehors...
sur Canal+ c'est quand même Aphatie qui chronique la vie politique, faut aimer quoi


non, pour TF1, il suffit d'envoyer un mail privé a son représentant politique pour dire qu'on est pas d'accord avec HADOPI, ca suffit a ce faire virer.


Message édité par Z_cool le 02-11-2009 à 13:09:25

---------------
#mais-chut
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 13:11:50    

moomlight a écrit :


 
+1
Je suis étudiante et pigiste (faut bien manger), et je me fais souvent tirer les oreilles quand je me plains de la ligne éditoriale de la presse sur la côte d'azur, en tous points similaires à celle du JT de Jean-Pierre Pernault. Du commérage, sans analyse ni investigation, qui sévit désormais PARTOUT.  
 
Mais. En adhérant à une rédaction, on est limités par la ligne éditoriale. C'est un fait. Ce n'est pas tant les journalistes qu'il faut blâmer, mais la hiérarchie omniprésente dans la profession. Un problème de structure, non d'effectifs.


 
Enfin bon, ce n'est pas un phénomène nouveau, "la france a peur" de Gicquel, ça a plus de 30 ans ...
L'offre est désormais plus importante, notamment à la TV. Je regarde souvent BFMtv, ITélé, LCP, Arte ou la 5, et je n'ai pas l'impression qu'il n'y ait que des faits-divers.
Pour la presse régionale quotidienne, c'est une autre problématique, puisque le but reste l'info locale.


---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 14:03:57    

si si, la hausse du fait divers c'est un phénomène qui a été étudié, je l'ai réentendu il y a peu je ne sais plus à quelle occasion

Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 14:12:10    

moonboots a écrit :

si si, la hausse du fait divers c'est un phénomène qui a été étudié, je l'ai réentendu il y a peu je ne sais plus à quelle occasion


 
Hausse du fait-divers où ? T'as une source précise ? Dans les médias écrits, télévisés, radiophoniques ? En valeur absolu, certainement, puisqu'il y a 150 chaînes de plus qu'il y a 25 ans, mais en valeur relative ? Moi ce que je vois, c'est qu'il y a des chaînes spécialisées où il n'y a pas spécialement de faits-divers.


---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 14:20:17    

Tietie006 a écrit :


 
Hausse du fait-divers où ? T'as une source précise ? Dans les médias écrits, télévisés, radiophoniques ? En valeur absolu, certainement, puisqu'il y a 150 chaînes de plus qu'il y a 25 ans, mais en valeur relative ? Moi ce que je vois, c'est qu'il y a des chaînes spécialisées où il n'y a pas spécialement de faits-divers.


http://lesjeunesplumes.wordpress.c [...] la-presse/

Citation :

PARIS (AFP) — Le nombre de sujets consacrés aux catastrophes, aux faits divers et aux drames, individuels ou collectifs, ne cesse d'augmenter dans les journaux télévisés des grandes chaînes, selon l'étude mensuelle de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) sur les contenus des journaux.
 
Selon cette étude (Ina Stat), "en 2008, près de 10% des sujets des éditions du soir de TF1, France 2, France 3, Arte, Canal+ et M6 étaient consacrés aux catastrophes et aux faits divers, soit 3.159 sujets et une moyenne de plus de huit sujets par jour". Ce chiffre, poursuit Ina Stat, représente "bien plus que la part réservée à la politique (2.111 sujets) ou à la culture et aux loisirs (2.576 sujets)".
 
Les victimes, qu'il s'agisse de conflits, d'agressions, de catastrophes ou d'accidents divers, "deviennent des figures récurrentes des JT", où elles sont présentes dans 1.990 sujets en 2008, près de quatre fois plus qu'en 1995.
 
Alors que les catastrophes occupent une place relativement stable, les faits divers sont en augmentation régulière, passant de 630 sujets en 1999 à 1.710 en 2008, "comme si les partis pris éditoriaux des chaînes étaient de favoriser, de plus en plus, les drames personnels plutôt que les drames collectifs".
 
Selon le baromètre de l'Ina, des catastrophes ont été "surmédiatisées" au cours des dix dernières années, notamment l'incendie du Tunnel du Mont Blanc et la tempête en France en 1999 et début 2000, l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en 2001, le tsunami en Asie du sud-est fin 2004 et début 2005, le cyclone Katrina en Floride en 2005. La plupart des faits divers ont été moins couverts.
 
Concernant 2008, les journaux ont accordé une attention particulière aux événements mettant en jeu des enfants, aux actes de piraterie en mer, tandis que les catastrophes naturelles (séismes, cyclones, éruptions volcaniques, tornades, inondations) ont été plus exposées que les catastrophes liées aux activités humaines.
 
Parmi les six chaînes observées, M6 se distingue en réservant 13,4% de ses sujets aux faits divers et aux catastrophes, dont 8,7% aux faits divers (contre moins de 10% à l'ensemble des sujets "faits divers" et "catastrophes" sur TF1 et France 2).


---------------
“La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre.”
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 14:23:30    

esfahani a écrit :


http://lesjeunesplumes.wordpress.c [...] la-presse/

Citation :

PARIS (AFP) — Le nombre de sujets consacrés aux catastrophes, aux faits divers et aux drames, individuels ou collectifs, ne cesse d'augmenter dans les journaux télévisés des grandes chaînes, selon l'étude mensuelle de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) sur les contenus des journaux.
 
Selon cette étude (Ina Stat), "en 2008, près de 10% des sujets des éditions du soir de TF1, France 2, France 3, Arte, Canal+ et M6 étaient consacrés aux catastrophes et aux faits divers, soit 3.159 sujets et une moyenne de plus de huit sujets par jour". Ce chiffre, poursuit Ina Stat, représente "bien plus que la part réservée à la politique (2.111 sujets) ou à la culture et aux loisirs (2.576 sujets)".
 
Les victimes, qu'il s'agisse de conflits, d'agressions, de catastrophes ou d'accidents divers, "deviennent des figures récurrentes des JT", où elles sont présentes dans 1.990 sujets en 2008, près de quatre fois plus qu'en 1995.
 
Alors que les catastrophes occupent une place relativement stable, les faits divers sont en augmentation régulière, passant de 630 sujets en 1999 à 1.710 en 2008, "comme si les partis pris éditoriaux des chaînes étaient de favoriser, de plus en plus, les drames personnels plutôt que les drames collectifs".
 
Selon le baromètre de l'Ina, des catastrophes ont été "surmédiatisées" au cours des dix dernières années, notamment l'incendie du Tunnel du Mont Blanc et la tempête en France en 1999 et début 2000, l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en 2001, le tsunami en Asie du sud-est fin 2004 et début 2005, le cyclone Katrina en Floride en 2005. La plupart des faits divers ont été moins couverts.
 
Concernant 2008, les journaux ont accordé une attention particulière aux événements mettant en jeu des enfants, aux actes de piraterie en mer, tandis que les catastrophes naturelles (séismes, cyclones, éruptions volcaniques, tornades, inondations) ont été plus exposées que les catastrophes liées aux activités humaines.
 
Parmi les six chaînes observées, M6 se distingue en réservant 13,4% de ses sujets aux faits divers et aux catastrophes, dont 8,7% aux faits divers (contre moins de 10% à l'ensemble des sujets "faits divers" et "catastrophes" sur TF1 et France 2).



 
Voilà une source, au moins. Enfin bon, aujourd'hui il y a aussi un choix beaucoup plus étendu en terme d'offres et tu peux mater des chaînes sans faits-divers. Après faudrait voir dans les médias écrits et radiophoniques.

Message cité 1 fois
Message édité par Tietie006 le 02-11-2009 à 14:24:04

---------------
L'arrière-train sifflera trois fois.
Reply

Marsh Posté le 02-11-2009 à 14:27:02    

Le journalisme est mort en France, tué par la droite...


---------------
Parce que le vote pour Emmanuel Macron n'est pas un vote de conviction mais une nécessité démocratique
Reply

Marsh Posté le    

Reply

Sujets relatifs:

Leave a Replay

Make sure you enter the(*)required information where indicate.HTML code is not allowed