Justice en démocratie? - Société - Discussions
Marsh Posté le 16-02-2003 à 15:47:12
Celui qui s'est choppé la peine de mort ou une autre punition pour un crime dont il n'est pas responsable est à coup sûr perdant
Le fait de ne plus parler de gagnant ni de perdant est bien joli mais dans les faits il y a bien un "gagnant" et un "perdant".
Marsh Posté le 16-02-2003 à 15:51:00
J'en pense que cette phrase est ridicule dans la mesure ou il n'y a jms de gagnant ou de perdant a la sortie d'un procès, on ne fait que réparer un préjudice causé ou rétablir une situation anormale
Marsh Posté le 16-02-2003 à 15:53:51
kiki a écrit : J'en pense que cette phrase est ridicule dans la mesure ou il n'y a jms de gagnant ou de perdant a la sortie d'un procès, on ne fait que réparer un préjudice causé ou rétablir une situation anormale |
Je pense que les termes de gagnant et de perdant viennent des médias ... et des gens qui ont eu une décision en leur défaveur ...
Marsh Posté le 16-02-2003 à 15:55:46
Pyrus a écrit : |
Oui ce sont donc bien des termes stupides
Marsh Posté le 16-02-2003 à 17:05:18
kiki a écrit : J'en pense que cette phrase est ridicule dans la mesure ou il n'y a jms de gagnant ou de perdant a la sortie d'un procès, on ne fait que réparer un préjudice causé ou rétablir une situation anormale |
ben joue pas avec les mots, dans un jugement y'a une confrontation, y'a un accusé, une défense, y'a un perdant et un gagnant
Marsh Posté le 16-02-2003 à 17:15:55
A partir du moment où une personne a été agressée violée ou autre, ok elle a réparation et est reconnue en temps que victime.
Et c'est tout? Vous ne pensez pas que les enfants, les petits enfants de cette personne seront tenté d'aller se venger et ainsi de suite? (je dis pas que c'est tous les jours mais comment réagiriez vous si votre mère vous anoncait que dans le passé, elle s'est faite violée par un gars qui vient de purger sa peine et donc de sortir, et que vous être un jeune homme de 20 ans??).
Le mari d'un femme violée, quand il voit toute la souffrance et la difficulté de la femme qu'il aime à la voir revivre de manière plus ou moins ,normale, vous ne pensez pas qu'il peut être tenté de régler le compte du violeur une fois sa peine encourue?
Et le violeur ou le tueur quelle enfance a t'il eu? Qu'a t'il subit? Dans quelle conditions a t'il vécu? Qui nous dit que si nous avions vécu les mêmes choses que lui nous n'aurions pas réagi pareil que lui? Attention je ne dis pas qu'il ne faut pas condamner les tueurs ou violeurs, les lois sont là pour être appliqués mais nous n'avons pas de jugement de valeurs qd à la personne à faire ce qui est pourtant le cas ds un jugement traditionnel en démocratie. ON ne fait pas que condamner les actes, on condamne, on juge sa personnalité ("c'est un monstre" etc...) alors que nous n'avons pas le dossier complet de sa vie sous les yeux. C'est là qu'il y a un autre problème à mon sens hormis le fait qu'il y ait un gagnant et un perdant.
Que de questions qui font que tout n'est pas si simple. Il ne suffit pas d'être reconnu victime et l'autre coupable pour anéantir le problème.
Amicalement
Marsh Posté le 16-02-2003 à 17:18:20
Entièrement d'accord, c'est l'évidence même.
Certains concitoyens melangent un peu trop souvent "justice" et "vengeance".
Marsh Posté le 16-02-2003 à 19:04:45
Pour remettre en question la justice pénale il est en effet possible de partir du principe que nul n?est méchant volontairement, que la volonté de faire le mal pour le mal n'a pas de sens. Cette thèse est juste si l?on entend que nul ne veut de plain gré et en toute connaissance de cause, son malheur. L?homme peut vouloir le malheur d?autrui, pourvu que ce soit pour son bien (venger sa femme assassinée ou violée, violer ou tuer comme expression psychotique d'un mal que l'on a soi-même subit). Ou ne serait-ce que pour le bonheur d?affirmer sa propre liberté (je vois le bien et je l'approuve mais je fais le mal parce qu'il est le contraire du bien qui s'impose à moi - revendique une certaine jeunesse). L?homme peut aussi, inversement, vouloir son malheur, si c?est pour le bien d?autrui (l'euthanasie, par exemple).
Mais le malheur est une chose, le mal en est une autre ; le bonheur est une chose, le bien en est une autre. C?est pour avoir confondu l?un et l?autre ? en prétendant, comme il le dit dans le Ménon, que personne ne veut le mal puisque personne ne veut son malheur ? que Socrate, au fond, nous a laissé un sophisme qui heurte l?opinion de tout un chacun et qui est contraire à la pratique ancestrale du droit (et de la morale qui est son fondement). Aristote a bien vu que la formule socratique constitue un sophisme ? à moins de mettre sur un même plan Oedipe qui fait le mal involontairement, frappé par le destin, et Médée qui tue ses enfants, dans une vengeance meurtrière. Le premier est hanté par le repentir, pas vraiment la seconde. Aristote a le mérite de ne pas vouloir théoriser la morale, et de prendre au sérieux les opinions communes en matière de morale.
Car peut-on réellement fonder, en raison (théoriquement) la morale ? Qu?est-ce qui peut jamais fonder la vérité d?un jugement de valeur éthique ? ? demande, par exemple, Wittgenstein dans sa conférence sur l?éthique (publiée in Leçons et conversations ). Les notions de bon ou de mauvais ont toujours un sens dès lors qu?elles sont relatives à la poursuite d?une fin déterminée, fin au regard de laquelle il est possible de vérifier si une chose a bien ou mal rempli sa fonction ou sa destination. Ainsi un homme peut-il être un bon médecin ou un bon musicien. Mais un homme peut-il être bon dans l?absolu ? Cette notion de " bon dans l?absolu " dépasse les limites de ce que le langage peut jamais dire de vrai ou de faux.
Mais Kant montre précisément que l?action morale n?est pas technique (ni pragmatique), qu?elle ne consiste pas à savoir quel est le bon moyen d?arriver à une fin (qui serait l?utilité ou le bonheur) ; elle est à elle-même sa propre fin. Son seul objet est le respect de la dignité de la personne humaine. Cette dignité qui n?a pas de prix, et dont le respect est inconditionnel. Cela ? et à cet égard Wittgenstein n?a peut-être pas tort ? c?est un postulat métaphysique, que rien de rationnel, au fond, ne justifie a priori en dépit de ce que veut montrer Kant. Celui-ci part d?un fait moral. De la conscience morale qu?il dit être un " fait de la raison ". Un fait de l?humanité, oui, un fait de la liberté, oui. Mais de la raison ? (On peut en douter. Quelle raison pourra jamais me convaincre, comme dirait Sade, que l?homme que je tue - pour me venger ou me soulager - a plus de prix que celui d?un être vivant quelconque ? ).
Le fait moral est un fait de liberté. Et c'est cette liberté qu'il faut juger ! C?est que la liberté est à la fois ce qui fait les hommes capables de raison, et partant d?humanité, et ce qui les fait capables de déraison, et partant d?inhumanité. L?homme a la liberté de nier l?humanité, en sa personne comme en celle d?autrui, et donc de vouloir le mal, un mal qu'il faut juger et punir ! Que vaudrait, en effet, la liberté humaine si elle n?était confrontée sans cesse à la possibilité de sa négation ? à la possibilité de son auto-négation ?
Marsh Posté le 16-02-2003 à 19:48:34
Ben déjà le besoin de juger est typiquement humain.
Le bien et le mal est le fruit de notre propre création. Il y a toujours du "bien" et du "mal". La vérité ne pourrait-elle pas être les deux?
C'est pourtant simple à dire mais tellement dur à comprendre pour certains d'entre nous.
Amicalement
Marsh Posté le 16-02-2003 à 19:56:43
Citation : Tant qu'à la sortie d'un procès on dit qu'il y aura un gagnant et un perdant, il n'y aura pas de réconciliation, pas d'apaisement réel de la situation dans une démocratie |
Quel procès ? Quelle réconciliation ? Quel apaisement ?
Marsh Posté le 16-02-2003 à 19:57:53
plutot assez d'accord
Marsh Posté le 16-02-2003 à 19:57:57
Deltanyne a écrit : Entièrement d'accord, c'est l'évidence même. |
Entièrement d'accord !
Marsh Posté le 16-02-2003 à 21:05:32
Citation : Ben déjà le besoin de juger est typiquement humain. |
Bien et mal sont " le fruit de notre propre création " si nous confondons mal et malheur (bien et bonheur) : nous ne voulons jamais le mal pour le mal car ce " mal " est l'autre nom du bien que nous visons pour nous-mêmes. La justice pénale recèle alors nécessairement une contradiction fondamentale qui consiste à juger coupable une personne pour un crime commis volontairement alors que ce crime s'explique par le fait qu'elle a manqué de volonté pour faire le bien. C'est ce que veut dire Kant lorsqu'il affirme que chaque être raisonnable, auteur et sujet de la loi morale, est libre, et comme tel responsable, de ne pas se déterminer selon la seule raison ? mais de se laisser déterminer par son passé, sa mauvaise éducation, ses intérêts présents, etc... c?est-à-dire est libre de ne pas être libre.
Mais devons-nous nous en tenir à cet échec de la raison pour juger de la culpabilité ? l?homme peut-il avoir la libre volonté que sa volonté succombe au mal ? Si le mal doit être voulu pour qu?il nous soit imputable, peut-il être voulu librement puisqu?il va à l?encontre de la raison et donc de notre liberté ?
Le mal (coupable) n'est pas le malheur (dont je suis plutôt la victime y compris dans le crime que j'ai commis). Ne peut-on alors penser une liberté de faire le mal (dont nous serions alors toujours coupable) égale à la liberté de faire le bien ? Quelle est l?origine du mal (une fois qu'on a évacué toute référence théologique) ?
D?abord des interdits. Interdits sociaux et moraux (qui relèvent autant des moeurs que de la morale) transmis de génération en génération et qui fondent une civilisation. Des interdits entourés de sacré. Interdits qui selon G. Bataille (cf. L'Erotisme) canalisent la violence que porte en lui-même le couple formé par la sexualité et par la mort. Mais ces interdits signifient en même temps la violence qu?ils inhibent. L?interdit, nécessaire pour la vie en communauté, indique ce qu?il veut cacher, valorise ce qu?il condamne. L?ambiguïté de tout interdit moral est fondamentale. Les interdits sexuels, par exemple, signifient à la fois notre répulsion et notre fascination pour ce qu?ils interdisent. Fascination-répulsion que nous retrouvons autour du sacré. Mieux l?interdit appelle nécessairement sa transgression.
Ainsi, l?obligation du bien n?existe que par l?interdit du mal. Il suffit de relire la table des lois. Ses commandements sont principalement des interdits : " Tu ne tueras pas ". Le bien n?est pas le contraire du mal mais son contradictoire. Cela même qui le repousse, l?exclut. L?interdit porte en lui la possibilité de sa transgression. C?est bien là ce qui distingue la loi morale et la loi juridique d?une loi naturelle. Une loi de la nature implique l?impossibilité de la transgresser : elle définit une nécessité. La loi morale, juridique, politique, religieuse implique la liberté de ne pas être respectés ; elle définit une obligation. Obligation n?est pas nécessité.
Seul Kant, en pensant la liberté au fondement de la morale, ouvre la voie de penser la possibilité du mal volontaire. Mais alors ce n?est pas tant la raison qui définit la liberté, qu?un principe qu?il faut situer au-delà de la raison, qui est à la fois au fondement de la raison et de la déraison. Une liberté qui me rend capable de raison : de poser la loi morale, de m?y soumettre en dominant ma sensibilité et ma nature ; et de déraison : de faire de la désobéissance à la loi un principe de conduite, et ainsi de tenter de faire du mal un principe universel de conduite (comme les nazis qui plaçaient hors de l?humanité les Juifs et pensaient que tout être raisonnable devait penser ainsi), et non l?effet de la soumission à une maxime particulière. Car la raison suppose son contraire, ou plutôt son opposé, non un défaut de la raison qui serait la sensibilité, mais une anti-raison, une contre-raison.
L?humanité a son contraire, ou plutôt son opposé, non dans l?animalité et sa dépendance à l?égard de la nature, mais dans l?inhumanité. Non dans une sensibilité pathologique mais dans une déraison. Non dans une faiblesse passagère mais dans une folie essentielle qui consiste, non pas simplement à faire passer son bien (ou son bonheur) avant le respect de la loi morale par ignorance de son bien véritable, mais à nier l?humanité de l?autre, en attentant à sa liberté et à sa dignité, et par là même à sa propre dignité ? lesquelles ont pourtant infiniment plus de prix à mes yeux comme aux yeux de chacun, que le bonheur.
Marsh Posté le 16-02-2003 à 21:15:52
le pb c'est qu'il faut un coupable a tout pris combien de fois a t'on vue la famille de la victime hurler qu'un innocent a ete relache parce qu'ils n'avient plus de coupable sous la main je pense que c ca qui empeche la justice l'impression de perdre le proces quand on c trompe de coupable
Marsh Posté le 16-02-2003 à 15:39:48
Bonjour, j'avais un fois vu un reportage (il y quelques mois)
sur la justice, et une personne invitée avait dit une phrase qui m'a particulièrement frappée:
Tant qu'à la sortie d'un procès on dit qu'il y aura un gagnant et un perdant, il n'y aura pas de réconciliation, pas d'apaisement réel de la situation dans une démocratie
Qu'en pensez-vous?
Amicalement
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