Interview de Cantat a Science Po Bordeaux - Société - Discussions
MarshPosté le 30-06-2004 à 19:17:28
Bonjour !
Un ami ma envoyé cette interview fait par les élève de science po a Bordeaux en 99, je pensais que ca pouvais interresser du monde.
Le 08/04/1999 GRAND ORAL BRUT DE COMMENTAIRES LIVE SANS RETOUCHE Les rumeurs disent que c'est parce qu'une prof de Sciences Po BX connaissait un membre du groupe, que Bertrand CANTAT a accepté de faire un Grand Oral. Sans aucune publicité, le bouche à oreilles c'est rapidement propagé de sorte que ce fut une certaine cohue (nous sommes à SciencesPo quand même alors un peu de retenu s'il vous plaît) et un monde sans équivalent qui assista à cet événement. C'est dans une salle archi comble est déjà entièrement conquise à Bertrand CANTAT (avant même qu'il ne soit présent dans la salle) que Sciences Po BORDEAUX le reçoit pour ce qu'ils appellent un Grand Oral (terme en ce qui me concerne un peu pompeux). C'est avec joie et non sans difficulté (car seuls les sciences Potistes peuvent accéder à la grande salle moyennant un ticket d'entrée (oui comme pour voir un concert en quelque sorte) les autres regarderont le Grand Oral à l'extérieur sur les écrans de télévision.
C'est un Bertrand détendu, jovial, quoique ses traits sont marqués par le manque de sommeil et la fête de la veille (soirée spéciale pour le Gisti cette soirée même où l'album a été enregistré en live, si, si). Donc un Bertrand relaché, entouré d'étudiants, et justement il semble vraiment à l'aise, loin de tous les clichés dont j'ai pu entendre à son sujet. En fait, nous n'allons pas seulement voir un Grand Oral de Bertrand CANTAT, mais bel et bien un " One Man Show " tant il est charismatique et tant il a su jouer avec ses interlocuteurs estudiantins !
Monsieur CANTAT la parole vous ait donnée !
Parce que cette association est entrain de hier soir on a fait ce concert pour le gisti et l'ouverture des frontières et la libre circulation.
Fille limite (intimidée) limite potiche Les rencontres, les lectures et à part ça ? mes rencontres principales finalement ce sont mes copains c'est ce qu'il y a de plus important pour moi, au delà de ça évidemment il y a tout un tas de rencontres et de découvertes, par la littérature... je veux bien que tu précises oui parce que sinon on en a pour la nuit...(rires)
Mes influences musicales ? Pop rock et de l'acid punk cela veut dire que " même si tu ne sais pas jouer, joue ! " vous trouvez qu'il y a un défaut forcément, la musique va être moins bonne, mais la spontanéité s'en trouve un moment réussie, c'est ce qui comptait pour nous. C'était toute mon impulsion. Encore maintenant on préserve ce genre de choses. Enfin depuis, on a appris à jouer tois petites choses (rires).
Et au nouveau des voyages, vous en parlez souvent, c'est pour vous l'occasion de prendre du recul et de renouveler les situations ?
Oui absolument c'est renouveler les situations c'est ouvrir son esprit à l'autre et à d'autres endroits, c'est sur cela crée des choques très très profonds on se rend compte que l'on n'est pas tout seul que la terre est toute petite, que les cultures sont que .... c'est un plus ! Donc c'est un enrichissement, de l'enrichissement, de l'enrichissement, de l'enrichissement...
Le pays qui vous a le plus impressionné ? La mongolie Pourquoi ? Parce que la mer est verte ! (rires) - applaudissements Et puis il y a un rapport tellement simple avec les gens, enfin, dans la steppe ! Parce que la ville, c'est la ville et la ville est en proie à toutes les contradictions avec tous les déchirements que cela supposent, c'est beaucoup plus choquant, enfin je m'y suis frotté pour sentir ça aussi.
Et comment euh commence Noir Désir ? A mon avis cela commence par N. (rires) -
Sentez vous prisonnier d'une image Noir Désir ? Oui cela m'arrive, comme tout le monde, de son statut, de son rôle, de son entourage, de son univers. Moi j'adore de me permettre d'en sortir,
Par le voyage... (voix enfantine) oui comme par exemple le voyage (rires), non (de nouveau sérieux) c'est une bonne question dans le sens où, à la fois comme je le disais j'aime les potes, j'aime ce que l'on fait ensemble je crois que l'on se débrouille pas mal, que cela donne de la force, que le collectif c'est important pour moi, et demander à Zinedine Zidane si parfois il ne veut pas répéter avec nous.... (silence) cela n'a rien à voir (rires) mais je suis content de me rendre compte que cela n'a rien à voir (rires). Mais, forcément on est à la fois un collectif avec une espèce de fluidité, et on a des idées très différentes surtout, en vieillissant, on devient beaucoup plus chiant, donc on a chacun développé des quantités de côtés qui nous sont propres, et on a besoin de liberté, besoin de créer de nouvelles expériences, moi je ne joue pas qu'avec Noir Désir en ce moment, je participe à d'autres expériences et je reviens dans le groupe avec du son (sang ?) neuf.
Merci Ce merci est tellement infime, petit restant au fond de la gorge, on sent bien qu'elle est heureuse de passer la parole... ce qui fait rire toute la salle d'ailleurs.
Une femme d'un âge mur prend la parole S'il n'y avait pas eu la rencontre entre Denis, Serge et Frédéric, vous n'auriez pas fait de musique Monsieur CANTAT. Si ! Donc il n'y a pas que les rencontres.... Je pense que j'aurais fait de la musique ou que j'aurais essayer d'écrire quelque chose, je ne sais pas quoi... j'aurais essayé...c'est naturel ! Il y a des influences autres que celles du groupe ? Oui absolument, c'est vrai que je suis passé un peu rapidement là dessus parce que soit on en dit trop soit pas assez...je suis désolé...
Un jeune homme prend le relais des questions Je vais pour le coup approfondir l'aspect de votre position au sein de la scène française... se rendant compte que sa phrase est un peu alambiquée rire et se reprend... en fait c'était un petit peu connaître votre position, votre sentiment sur des personnalités telles que FERRE, PIAF BREL, FERRAT... BC : BREL, FERRE, FERRAT, PIAF... BREL beaucoup d'énergie sauvage, c'est ça que je prends le plus dans BREL, je prends moins sa mysoginie sauf dans les jours de pluie (rires), j'aime mieux FERRE dans son ensemble, et puis c'est un anarchiste, alors il y a des choses belles (rires complices dans la salle), et puis c'est un grand poète aussi, je précise parce que si on doit parler d'écriture alors FERRE c'est... FERRAT par contre j'ai pas, j'ai pas, j'ai pas (hésitant)... tout compris (rires dans la salle), je sais pas pourquoi, bien qu'il y ait effectivement des choses belles (rires) l'autre jour on était quarante à essayer de comprendre, comme quoi il a bien réussi à faire son truc ! (rires) PIAF c'est quoi ? C'est difficile à dire ça... PIAF elle pourrait chanter le botin, elle ne chantait pas le botin en l'occurrence, mais c'est une force d'interprétation, alors là on ne sait plus exactement, on se rend compte qu'on écoute plus seulement une chanson, en cela elle rejoint un petit peu BREL, cette espèce de force sauvage... c'est la rue qui fait ça ! Plus proche de vous vous vous sentez proches de ces artistes ou plus proches de groupes PUNK ROCK française tels que la Mano Negra... BC : La Mano Negra j'ai beaucoup, beaucoup admiré, j'aime beaucoup ce que fait Manu (Chao) et ce que fait P18 (l'ex-clavier du groupe Mano Negra)... tout ce qu'ils ont fait et tout ce qu'ils apportent encore, individuellement, pour moi c'est très très important, beaucoup dans la démarche dans l'énergie, la nouveauté, c'est extraordinaire, en les côtoyant un peu vraiment on ressort... deux jours avec eux... une pêche, énorme et euh... un peu plus fatigué aussi (rires). J'apprécie beaucoup Manu, je trouve qu'il a une sorte d'abnégation, c'est aussi une sorte d'égoïsme, mais qui redonne une envie... Par rapport au voyage... BC : Non mais lui il n'arrête pas, c'est un carnet de voyage c'est vraiment passionnant, il a lui aussi une vraie conscience politique. L'actualité chaude. Ateliers qui ont eu lieu cet après midi (fragmentation des thèmes musicaux et des publics qui les écoutent) : Est ce que vous estimez Noir Désir un groupe de jeunes blancs parlent à d'autres jeunes blancs... pensez vous que vous êtes prisonniers d'une clientèle ? BC : Non Non ? (timide) BC : Non... on va essayer de développer (rires dans la salle). J'ai pas du tout l'impression d'être prisonnier par ça et surtout je n'en ai pas l'intention. Il se trouve qu'on est blanc, on va pas y passer la nuit, c'est comme ça, mais euh non je ne peux pas concevoir les choses comme ça, c'est absolument impossible, je ne crois pas que cela soit vrai de toutes façons, dans la réalité cela ne se passe pas comme ça, et si cela se passait comme ça, soit j'arrête, soit j'essaye de changer les choses, tu vois ?
M'enfin si on regarde vos concerts, c'est un public assez particulier... BC :... (dubitatif).. euh un public particulier ? ? ? C'est euh un public punk rock alternatif... (silence) BC : c'est fini tout ça (rires dans la salle)... non, non, plus sérieux, je plaisante là dessus, non, non je ne crois pas qu'il puisse être... on est bien content de ne pas être prisonnier d'un public, je t'assure, de toute manière je ne pense pas qu'un public puisse être aussi clairement défini, aussi caricatural... pas du tout ! Sincèrement je ne crois pas.Et puis tant mieux ! Ce serait un gros problème. D'accord... BC : Qui est ce qui t'a amené à ce.. ça m'intéresse... (rires in the salle) Non, ce sont juste des questions ambitieuses (rires) BC : non mais qui t'a parlé... Non mais on s'est concerté.. et puis tiens (géné)... rires BC : non mais c'est évident qu'il peut y avoir des clivages qui peuvent se dessiner dans ce domaine, qu'il y ait des gens qui pensent que estimer que on fait ça comme ça... premièrement ce n'est pas le cas du tout et de deux, il y a des fractures et des frontières entre les styles musicaux comme il y a des frontières en entre les classes sociales, cela existe toujours, je dis ça à ceux qui l'auraient oublié, il y a des frontières, des nations... et moi, très modestement c'est une des choses que je cherche à pulvériser pour toute ma vie cela va être ça... Qu'il y ait des cellules, des zones de protection, tiens par exemple ton bar préféré, où tu te sens bien, c'est ton droit, avec les gens que t'aiment, ça c'est la seule entité un peu fermée, que les gens pourront se réunir entre eux. Moi cela ne m'intéresse pas longtemps.
Au niveau musical... louise Attaque, les fabulous troubadors, I Am, qui ne pratiquent pas la même musique que vous et qui pourtant vous citent souvent, au niveau de l'attitude.. cela vous fait quoi d'être pris comme tels ?
silence
rires dans la salle
BC : cela ne me rajeunit pas ! (rires) c'est très bien à partir du moment qu'on arrive à se comprendre, du moment qu'on arrive à communiquer, ce qui est le cas avec les gens que tu as cité, c'est parce que l'on a des projets communs parfois (sourire complice), comme hier soir, c'est exactement ça, cette fête, d'aller au delà de " moi, j'ai mon groupe, et mon groupe i'marche bieeen " j'ai connu ça à l'époque dans cette bonne ville de Bordeaux.. On y viendra tout à l'heure... BC : et un moment donné, HOP ! quand on prend un tout petit peu de recul, cela paraît tellement bête, tellement ridicule, alors parfois on arrive à bouger des choses à exprimer des choses un petit peu plus élevé, à prendre du recul, à élever le débat, comme ici, à se rencontrer, c'est essentiel ! euuuh je ne sais plus c'était quoi ta question (rires) Ton rôle de parrain ou de grand frère sur la scène musicale... BC : euuh parrain... (rires dans la salle - clin d'il au film) cela fait un peu... Qu'est ce que cela suscite comme démarche, est ce que vous allez produire... BC : On va peut être produire I AM (rires dans la salle) hier soir ils étaient là, et on a vraiment bien collaboré ensemble pour des choses qui vont plus loin... ce sont des gens qui ont une très très grande générosité à partir de là tout est possible.
Votre collaboration avec Akosh S et tout autour, cela veut dire que vous vous rapprochez de la " world " si l'expression...
BC : c'est intéressant cela ne veut pas dire que.... tout d'abord Akosh fait une musique qui est d'abord comme un débris, qui vient de la terre, et puis cela se projette vers le ciel, c'est une image qui me plaît bien, et qui vient un peu du free jazz avec tout ce que cela trimballe de liberté et musicale et le mouvement free jazz a un mouvement politique intéressant dans les années soixantes-soixantes dix, aux Etats Unis, d'autre part il y a toutes les affiliations qui viennent de l'est notamment de hongrie, qui donne une couleur vraiment particulière à tout ça, je veux dire les clivages, rock, free jazz et tout ça, ne l'intéresse pas, ça tombe bien moi non plus ! On fait des choses ensembles. A propos de clivage... celui de la techno... vous êtes un des rares groupes de rock à avoir franchi le pas (réf aux remix de one trip one noise) BC : cela ne veut pas dire franchir le pas de la techno, c'était franchir le pas d'une expérience avec des gens qui font autres choses, cela veut dire des gens très différents des uns des autres et qui sont des espèces de laborantins qui retravaillent tout ça ils écoutent le morceau, ils se le réapproprient et ils recrachent le morceau... il y a une rencontre... et il y pas d'artistes techno techno, il y avait des gens de l'électronique, et d'autres comme Yann Tiersen par exemple a fait un morceau... ce sont des réinterprétations, pas seulement des remixes... allez chante avec moi ! (rires) Noir Désir et Ibiza ce n'est pas pour demain alors ? BC : ah mon dieu ! (la tête dans ses deux mains) rires dans la salle Comment vous arrivez à vous exprimer sans paroles, c'est quand même important pour Noir Désir... BC : La motivation, l'expression, Il me semble que j'aime les mots, la parole, le contenu, c'est aussi une forme de libération le contenu... aligner des mots n'a jamais été évident, cela devient un instrument, au service d'une musique donc c'est une position d'humilité et en même temps de s'enflammer d'une manière différente cela me permet de vivre quelque chose, de vivre, de vivre. La dernière question votre position par rapport au milieu de la musique : il semble que Noir Désir soit un groupe respecté par les groupes indépendants, et vu la conjoncture actuelle vous êtes chez Barclay, les problèmes de survie des intermittents du spectacle, vous ne pensez pas qu'à terme il se peut que la créativité soit étouffée ? BC : attends parce que là tu parles de plusieurs choses en même temps... la restructuration... Je pense à Polygram et à ... BC : Universal... ça s'appelle UNIVERSÔÔÔÔLE (accent légèrement teinté américain) (rires dans la salle) et on s'est aperçu qu'avec l'accent français cela s'appelait UNIVER-SALE... (en scindant bien le mot)... rires dans la salle... on est un peu inquiet mais.. ouai c'est très très bizarre de se sentir dépendant au bout d'une chaîne... on appartient au monde, à une chaîne, on ne peut pas l'éviter et de surcroît c'est vrai, on est au bout d'une espèce de chaîne, de multinationales, parce que UNIVERSAL c'est euh... rires, cela vient d'être racheté parle numéro deux des vins et spiritueux (seagram) donc Bordeaux est concerné et quand on sait que les nouveaux patrons sont gens qui font des vins et spiritueux on se demande est qu'ils ont une conscience artistique... mais nous au centre de barclay une sous sous sous sous sous sous division par rapport UNIVER-SALE, à l'intérieur de ça on a les idées franches parce qu'on a jamais pu concevoir les choses autrement. Il y a une sorte de poche de résistance à l'intérieur, c'est vrai qu'on n'est pas complètement indépendant dans le sens que on appartient à ça, mais c'est nous qui choisissons tout, absolument tout. Est ce difficile pour les nouveaux groupes pour démarrer de s'affranchir de tout ça qu'il y quelques années ? BC : C'est plus facile si les artistes ont une l'esprit de résistance, sinon il ne se passera rien et tout recommencera comme avant. Je me souviens d' un contexte, de la légitimité il y a des paramètres incontrôlables à priori. Nous tous les jours, on vu que le s paramètres cela se contournent, se démurent, se détournent, que cela s'explosent, il faut simplement être persuadé de son truc, profondément, sinon cela ne sert à rien. Pas de compromis qui ne sont pas intéressants, sinon cela te dénature fondamentalement, si vraiment tu as l'esprit de résistance assez forte pour raconter ton histoire, c'est absolument possible, ça marche. Parcequ'à un moment donné tu es partenaire, tu peux devenir ennemi, ou ami c'est à toi de leur proposer ce que tu as à leur proposer. Et nous, on connaît beaucoup beaucoup d'artistes dans les années 80 soit il y avait des artistes qui étaient à fond dans l'alternatif très très très radical, qui s'est écroulé pour tout un tas de raisons il faudrait deux heures pour en parler, soit il y avait des artistes qui fleuretaient avec le business et qui étaient incapables de résister à quoi que ce soit " de toutes façons c'est comme ça que cela se passe, c'est pas par là qu'il faut passer, c'est là qu'il faut que tu te trouves sinon rien n'est possible " et bien ce n'est pas vrai ! L'autoproduction avec les nouvelles technologies c'est une alternative à ce genre de phénomènes ? BC : Il se passe des choses de ce côté là parce que la tu penses... je pense qu'il y a des choses intéressantes qui viennent de là, notamment pour la techno, parce que ça part dans tous les sens, tu peux trouver des disques notamment si tu vas à Londres, pour certaines scènes il y a 200 disques par jour qui sortent dont plein il n'y a rien marqué dessus. C'est anti commercial au possible, ce n'est même pas on ne sait même pas qui s'est ! Il y donc énormément de créativité autour de ça maintenant, il y a beaucoup de choses à trier, tout n'est pas essentiel, tu ne peux pas adhérer à 200 disques par jour, et ça ça échappe, notamment si on compte Internet, il y a un énorme débat à ce sujet, ce qui échappe à la structure radicale du business, et moi je souhaite qu'il y ait de plus en plus de liberté pour la création, c'est que les artistes soient de plus en plus maîtres de leur création. Surtout si les artistes ont un esprit qui ne les rend pas trop serviles, ou pas trop... " aboule la thune ! " je cherchais le mot (rires). Si tu ne penses qu'à ça il sera impossible de construire autre chose. Dès que tu vas apparaître c'est pour de l'argent, dès que tu vas bouger c'est pour de l'argent... ce n'est pas possible il faut qu'il y ait quelque chose derrière. Il faut le vouloir !
Applaudissements dans la salle
Changement de personne ou passe de nouveau à une fille
Alors mes questions seront sur le thème de l'image... il me semble que Noir désir soit absent des médias, et d'autres groupes s'en servent comme support pour soutenir leur message... pourquoi pas vous ?
BC : eeeuuuuuhhhhh (à la façon de ooooohhhhmmm) (rires dans la salle)... c'est une très bonne question je te rassure tout de suite, mais euh non euh... on n'est pas complètement absent des médias, c'est une question en permanence...vive, elle n'est jamais totalement tranchée, on n'a des moments de folie pas un seul moment de télé, c'est pour nous la preuve que la télé n'est pas si importante pour nous, (explosions de rire car à ce moment même un caméraman de M 6 filmait Bertrand en gros plan juste devant lui... et il vient de s'en rendre compte) - applaudissements complices suivis de rires donc...et Bertrand rebondit - on ne peut pas reprocher aux médias de ne pas avoir le sens de l'appropos (rires). L'image c'est l'éparpillement de la pensée alors que la presse écrite permet de développer davantage de ne pas être prisonnier d'une image. Et puis surtout la télé c'est le média puissant, et c'est l'image qui pose problème, on n'a pas de politique complètement trancher contrairement à ce que l'on pourrait croire, et cela nous amuse fondamentalement d'avoir fait deux albums sans faire un seul passage télé mis à part deux clips que nous avons montés par nous même parce que cela signifie qu'ils ne sont pas si importants, donc on est allé jusqu'au bout pour ça, de temps en temps on apparaît pour des causes on apparaît beaucoup plus facilement. Donc vous approuvez cette question. BC : L'évolution est permanente, il n'y a absolument rien qui soit arrêté, c'est une question permanente, le média est si tu veux, à deux trois journalistes, à un moment donné, on eu a une réaction " les médias c'étaient tous des cons " si tu veux, (en regardant les journalistes de sud-ouest) rires dans la salle. Les magazines sont choisis ou ils vous demandent ? On vous voit souvent sur les Inrocks... BC : Il y en a qui viennent et qui ne viennent pas, ils peut nous arriver d'avoir une démarche, alors ce n'est plus dans le cadre dit promotionnelle, il peut nous arriver de chercher quelqu'un pour une cause, comme à Bordeaux pour " un jour à Bordeaux " on avait invité les gens de " Charlie Hebdo " et du " monde diplomatique ". En fin de compte cette attitude d'exclusivité cela ne pése pas de temps en temps ? BC : Quand je sors en boîte à Ibiza ? rires Une autre question un peu parallèle : sur scène on remarque il n'y a pas de costumes, pas de décors, la lumière est hyper simple... BC : bien vu... (rires dans la salle)... La fille : Mais avec ces éléments est ce possible de sortir d'une certaine image ? BC : Moi mon phantasme c'était Régine avec son boa ! (rires)... je me dis cela me changerait ! - re-rires- il vaut mieux rester comme on est ! C'est vachement plus simple en fait ! La fille : c'est une image calculée en fait... BC : Non, ce n'est pas une image calculée, c'est une non-image et une non-image c'esst calculée ! Non bon, euuuh je te dis le boa cela peut être bien ! rires ! La fille : une partie de votre public se limite à se défouler lors de vos concerts est ce que cela vous dérange ? BC : non c'est déjà pas mal de se défouler, personnellement j'aime bien aussi me défouler... donc je comprends pourquoi on peut ... en fait j'imagine que tu veux savoir à quel on peut savoir si les gens adhérent ou non à ce que l'on défend... mais c'est impossible de vérifier qui adhèrent qui n'adhèrent pas, à quel degré et puis ce n'est pas souhaitable... une idée est à l'intérieur d'une création artistique, il y a quelque chose comme un exutoire, dans le sens le plus sauvage du terme. Et la beauté, c'est un grand mot mais la beauté, la démarche artistique qui n'a rien à devoir à personne, cela veut dire que si, il y a des gens qui viennent en étant vraiment pas dans le contenu qui vont ne chercher que la force de l'énergie, on ne va pas leur reprocher et puis c'est impossible à vérifier, je ne vois pas mettre à l'entrée du concert une " file de personnes concernées " et " une file non concernée " on y pense tout le temps et puis ceux qui sont convaincus déjà c'est une chose et ceux qui ne le sont pas à un certain degré, vont se mettre à réfléchir à des choses éventuellement, on n'est pas des directeurs de conscience, ça jamais de la vie ! On en peut pas demander aux gens des choses aussi précises, c'est la liberté ! C'est l'aspect fondamentale d'une démarche artistique. Estimez vous aujourd'hui que les jeunes s'engagent trop ? BC : ce n'est jamais assez, jamais assez. Dernière petite question : On dit souvent au sein du groupe que vous avez un côté " ambulant " (côte ambiente) dans toutes vos relations (déclarations) ? BC : et alors ? (rires dans la salle) J'aimerais savoir ce que vous pensiez de ce " côté ambulant " ? BC : Je pense à Joe DASSIN (rires dans la salle) et ça je sais pourquoi, c'est à cause des photos ! On a des problèmes, on a du mal avec les photos... je pense que c'est pour ça ? C'est une chose qu'on a mis un temps fou à apprivoiser, et ce ne pas fini, on fait ce qu'on peut !
La parole est donné à Guillaume De plus en plus vos textes deviennent explicites, est ce que c'est parce que vous souhaitez réagir davantage ? BC : Peut être mais c'est avant tout, pour être le plus honnête possible, cela vient de l'intérieur, mais je pense que c'est vrai pour un artiste, vrai pour un être humain j'imagine, et même pour un homme politique, qu'il y a un avant entre l'espèce de discours proféré et une des réalités intérieures au fond de nous, il faut qu'il y ait des phases comme ça sinon s'il n'y a pas ces phases on est coupé du monde, après on rentre dans des calculs politiques, des projections, des images, de marketing pour les artistes, et pour arriver à résoudre ce problème, d'avoir du sens, c'est encore de essayer se connaître, c'est à dire si à un moment donné les bulles qui remontent à la surface c'est ce qui doit t'interpeller, dans ces bulles là il y a des préoccupations sociales et politiques il faut qu'elles te fassent réagir en profondeur, tu ne peux pas faire autrement, c'est sur le moment que cela devient intéressant, je ne peux pas faire autrement que de les coucher sur le papier.
Vous avez rajouté par exemple que dans " here it comes slowly " une chanson qui parle du front national, il y a un message qui est mal passé. BC : Des résurgences fascistes... Des titres comme un jour en France avec des mots plus explicites... BC : ça c'est ce qu'on appelle la réalité des langues et des frontières. C'est à dire qu'il y a une ligne qui n'a pas été écoutée de la même manière parce qu'on la recrachait comme ça cela ne veut pas dire que le thème n'a pas été relevé, alors qu'avec un jour en France il a été relevé immédiatement et même, c'est presque un peu trop lourd dans la mesure où d'un seul coup, je ne dis pas ça pour toi parce que ton thème c'est le message politique, je ne veux pas l'occulter, mais cela devient la seule chose auquelle on fait référence ! Alors que parfois... on parle d'amour ! (rires dans la salle). Dommage pour toi, ce n'était pas le bon titre (rires) N'avez vous pas peur d'arriver à la caricature du groupe contestataire, il semblerait que le slogan la jeunesse emmerde le front national n'ait pas trouvé ses limites ? BC : Non, mais j'avais déjà commencé à répondre à cette question... non mais c'est vrai, c'est à dire la caricature de quoique ce soit ne m'intéresse pas. Et la caricature du groupe contestataire à qui l'on va dire " tu baisses qu'est ce qui t'arrives ? " Non ça c'est la liberté, il faut que ce soit bon, si on a peur de ça, non on ne tient pas à être une caricature de contestataires, et on est, je crois, modestement plus large, que ca c'est à dire qu'il y a un type de chansons, un type de préoccupations, une façon de vivre qui n'est pas continuellement militante, militante, militante, militante. Ce n'est pas vrai. Il n'est pas question mentir là dessus. Il y a un devoir de recul ? BC : il y a un devoir de recul permanent, permanent, permanent. Ait il besoin de crier pour se faire entendre ? BC : Non ! Absolument pas ! Il y a des gens qui arrivent à faire passer des choses avec une douceur...Bon c'est vrai que cela peut être nécessaire (rires) ! Ce n'est pas obligatoire du tout dieu merci ! Avez vous l'impression d'être bien compris, bien entendu ? BC : Compris, entendu, c'est la même chose que comment peut on le mesurer ? Comment peut on déjà savoir si l'on sait compris soi même car il faut revenir au soi même et dire attend...est ce que je suis bien en phase avec ce que je dis ? Et quand tu dis quelque chose, tu te mouilles, tu prends des risques, tu es au bord de la falaise, à ce moment là tu ne peux jamais être sur que l'écho soit favorable, que l'écho soit bien assimilé... On ne sait pas... on espère ! Vous réclamez comme une sorte d'utopie d'anarchiste gauchiste... vous confirmez ? BC : Ouai ! Et FERRÉ ? BC : FERRE c'est FERRE... il a un petit côté, ... tu comprends à un moment donné il était " vous me faites tous chier " il fait parti de ces gens qui continuait à décrier... c'était un vieux contestataire très très spontané cela pouvait aller jusqu'à dans l'injustice dans sa révolte. C'est beuah ! C'est un punk FERRE ! (rires) Et pour ceux qui vous diraient que c'est pas un peu facile de tirer sur la politique comme ça ? A se démarquer trop facilement ? BC : je suis persuadé que c'est tout le contraire ! Non le problème, on parlait de FERRE justement, il disait que " l'anarchie est la formulation politique du désespoir " alors moi ... c'est vrai qu'on demande trop au gouvernement et à la vie, et autant mettre la barre moins haute. Et c'est faux que cela soit facile, les engagements ponctuels... ce n'est pas du tout l'anarchie, parce que l'anarchie c'est le bordel ! Bon cela fait du bien le bordel parfois... Et à propos de la responsabilité d'aller voter ? BC : Oh, une fois sur deux je n'allais voter parce que d'un seul coup je " waaaaeeuhh " je t'avoue être hésitant là dessus ! Moi je ne suis pas un militant anarchiste avéré, déclaré, je n'appartiens à rien du tout... une fois j'ai mangé une carte du PC à un adhérent qui me la proposait dans un concert ça je m'en souviens... Ah non non non ! le PC, le PC, le PC, ne parlons pas du passé ! (rires) Le PC heureusement qu'il était là, mais il a un peu trompé les anarchistes ! Il y une petite dérive, une petite grosse bourde ! On sait très bien dans les histoires électorales comme cela pouvait apporter comme équilibre, comme défense, comme point fort de défense, de gens qui et ça il ne faut pas l'enlever au parti communiste ! De remettre sur le tapis, leur préoccupation c'est de s'occuper des plus faibles. Au moins ce que l'on peut leur décerner comme médaille c'est celle là ! Ils ont déconné à part ça... Dans le débat intellectuel comment vous situez vous ou quelles sont vos relations avec Pierre BOURDIEU... Bertrand (se prend la tête immédiatement et souris) j'ai pas le niveau moi, j'ai pas le niveau... parce que Pierre BOURDIEU a fait rédacteur en chef occasionnel chez les Inrocks... effectivement, moi je ne peux pas en parler parce que je n'ai pas participé à la rédaction de ce numéro avec BOURDIEU. Il a des prises de risques nécessaires, et plein de choses intéressantes à dire.
La femme reprend le flambeau
Pendant la guerre du golfe tu faisais parti des manifestants contre la guerre, et comment tu te situes par rapport au problème du kosovo avec les réfugiés et les frontières fermées ? BC : Là c'est beaucoup plus compliqué, c'est à dire que, à priori je suis pacifiste-pacifiste, j'ai beaucoup de mal à sortir de ça, mais la situation en Yougoslavie ce n'est pas la même que dans le Moyen Orient c'est évident... on entend les mêmes personnes dire pour la Bosnie, " et pourquoi il n'y a pas d'interventions "... je peux simplement me poser la question parce que j'ai une méfiance terrible, quand il y a une guerre qui se déclenche... as t'on pris toutes les mesures pour qu'elle soit évitée ? Je n'en suis pas persuadé et d'une, et je n'ai pas toutes les clefs. Et ce qui est certain c'est l'OTAN et l'OTAN ce sont d'abord les avions, alors là c'est un problème, est ce que cela ne pourrait pas être autrement ? Parce que violer des textes j'ai du mal aussi à me défaire de ça... je suis anti-américain... mais pas primaire hein ! (rires) mais pas primaire j'essaie de voir si l'OTAN est la seule force qui peut résoudre ces problèmes. Ce n'est pas normal qu'il y ait un seul organisme qui possède la puissance pour gérer le reste du monde !
Surtout quand ils interviennent dans une Europe de l'est que vous aimez bien, que vous connaissez bien cela ne vous ennuie pas ? BC : Si ! (rires dans la salle)
Changement de personne (plus vivante, plus joviale) Bon nous allons revenir à un contexte plus local, quelques questions sur Bordeaux, vous avez déclaré dans les Inrocks que " Bordeaux est une belle ville, mais c'est une ville de cons ! " rires dans la salle - applaudissements, cris, bordel ! Pourquoi ce jugement ? BC : baah ! (faussement géné) J'étais énervéééé.... (rires) mais la première fois que je suis arrivé c'était très clair. Disons que ce n'est pas une ville qui dégage " l'accueil " ! (Rires) J'ai vécu ça pendant mon adolescence mais bon j'étais pas malheureux non plus ! Mais j'ai ressenti quelque chose de très très fermé mais pour rétablir l'équilibre, parce que s'est quand même là que j'ai connu mes meilleurs amis, qu'une partie de mes amis.. j'exagère un peu, une partie de ma famille est installée là et qui est restée là... - ton paternel - " on s'arrête là ! " bon on s'arrête là ! (rires) ! Bordeaux une ville endormie ? BC : Oui c'est la caricature, c'est un peu vrai ! Et puis on y vit trop bien, on y mange trop bien (rires) ! C'est trop facile ! Les gens ici n'ont pas idée de la difficulté, j'en connais plein de gens comme ça, je ne leur en veux pas (rires) mais c'est vrai ils ne se rendent pas compte de certains trucs, ce n'est pas en eux, il y a toujours un moment où.. Tu cites Chinois, Chinois une grand Homme politique (rires) ! Le mentor de tous les beaufs bordelais dans les années 80 (rires) " Ouai c'est super cool Bordelais " ! Bordeaux est une ville avec tous ses aspects modernes, tout le monde n'est pas bourgeois à Bordeaux... si on va dans la caricature, tous n'ont pas un manque d'initiative, ou un manque de chaleur, ce qui a manqué c'est que cela a été anglais pendant un temps (rires !). C'est ça en fait ! C'est bizarre parce qu'on est dans le sud mais il manque une chaleur... on ne peut pas se fâcher là dessus... parce que tout à l'heure dans un atelier... euh c'est ça ? Vous appelez ça un atelier ? (rires dans la salle) non parce que je ne m'en souvenais plus, (rires) pour le peu que j'ai entendu car je suis arrivé un peu en retard, enfin trop tard, on est revenu sur les territoires, et il y a un mec de Toulouse, qui part ailleurs a l'air bien (rires), qui disait " Ouai Bordeaux c'est trop froid, pas chaud, pas bien, Toulouse c'est si c'est ça... " et on retombait dans les caricatures, qui ne sont plus intéressantes, arrive à un moment, à l'heure qu'il est le tissu de la ville commence à changer, on arrive à autre chose... BC : Quel regard portez vous sur la politique municipale d'Alain Juppé, donnée sur la ramification de la rive droite ? BC : Oui ,oui.. alors là euuh je ne suis pas au courant des derniers développements mais je sais seulement que la seule solution, dites moi, dites moi si je me trompe car je n'étais pas là ces derniers temps... on a vu ça des années, des années, des années, en friche, en ruine, à l'abandon... il y avait donc un projet, les bordelais ont payé des impôts locaux qui concernaient des sites d'architectures... sourire.... on a rien eu ! Derrière il y a des architectes connus... mais cela n'avance pas vite, il n'y a pas de pognon, c'est ce que j'ai cru comprendre je ne sais pas pourquoi ils n'en trouvent pas pour ça mais bon... mais c'est aussi parce c'est historique, la rive droite est considérée comme hors bordeaux ! Pour certains bordelais s'en foutent la rive droite pour eux ce sont les pays de l'est déjà (rires dans la salle) donc c'étaient des quartiers populaires, avec beaucoup de personnes licenciées, après donc ces projets là on a commencé à prendre ça et puis ça prend du temps, ça prend du temps, ça prend du temps...
Est ce que vous pensez que Bordeaux est condamné à l'échec de par son manque de volontarisme...
BC : Ah non ! Pas tous les projets ! Sinon effectivement on sent une inertie extraordinaire, à ne pas bouger, à ne pas évoluer... sur le global il y effectivement une inertie fantastique, je ne sais pas à quoi c'est dû... D'après vous il faudrait un grand projet pour redynamiser la ville et concilier les deux rives ? BC : Non que la rive gauche demande l'indépendance ! rires Non mais, c'est parce que il faut que les gens apportent leurs quartiers et leurs vies et non pas à Bordeaux dans sa politique d'absorber qui que ce soit ! Bon alors une hypothèse d'école... est ce qu'une mairie de gauche ferait changer quelque chose à Bordeaux ? BC : D'après ce que l'on a pu voir à des échelles plus élevées je n'en suis pas si sur... mais ce sera toujours mieux... disons un peu mieux. Et puis cela dépend, quelle mairie de gauche, quel courage, avec quelle détermination en terme aussi d'organisation, cela dépend de quelle gauche... cela dépend surtout de quelle gauche... sourire... cela dépend foncièrement de quelle gauche (rires) ! Le parti communiste ? BC : Je n'ai pas parlé de ça moi ! (rires) je me souviens d'un type à Bordeaux... qui s'appelait Jean Pierre BROCHE entre la ville de Bordeaux et .... Bègles (rires) ! Cela donne une idée...
Dernière question : Noir Désir un des rares groupes a avoir émergé sur la scène nationale alors qu'à Toulouse il y a Zebda et Fabulous Troubadors, Marseille I Am, Massilia Soud System, la Bretagne est à la mode avec Yann Tiersen, Matmatta, Miossec... BC : la Bretagne a toujours un courant d'identité forte... ...(le coupant) ouai ? Et donc comment vous BC : ... il s'en fout ! (rires dans la salle) Comment expliquez vous ce manque de groupes bordelais qui n'arrivent pas à percer à l'échelon national ? BC : Ben, par l'ennuie ! (rires). C'est un problème d'image, c'est souvent un problème d'image de la ville... si vous saviez, je ne suis pas le seul à vivre ailleurs, à voyager... si vous saviez quelle image Bordeaux a... c'est, c'est catastrophique il faut le savoir (silence dans la salle) ! C'est trop ! Cela en devient injuste ! Evidemment il y a une inertie possible de cette image et il va vraiment falloir en mettre un coup terrible pour vouloir que cette image change, et combien même si cela change aujourd'hui, à la limite il faudrait que Bordeaux en fasse plus tellement qu'elle a de retard au niveau chronologique... c'est très très encré partout ! C'est le vin et les Girondins ! Je ne parle pas du fait que les choses n'existent pas je parle du fait que cela n'a pas réussi à devenir partie prenante de l'image.
Est ce que vous vous véhiculez, revendiquez partie prenante de Bordeaux ?
BC : On ne fait pas de la revendication identitaire Bordelais (rires) ... bon vous comprenez il y a Maaaarseiilllle... Bon et bien nous, on a Boooordeauuuux (rires) ! Ce n'est pas la faute à Bordeaux... on se revendique premièrement du monde, ensuite France, et puis après forcément Bordeaux... mais cela n'a pas la même importance que Marseille I AM, Toulouse ZEBDA... C'est vrai que ce n'est pas une revendication permanente, mais on ne va pas le cacher non plus !
Même si vous n'appréciez pas tous les côtés de l'image de Bordeaux, est ce que cela reste pour vous une base pour la vie ? Pour vous ressourcer... ?
BC :ah beh absolument ! Et puis cela a un rapport compliqué, parce qu'il ya plein de de choses que j'adore ici, y compris les caricatures... mais c'est vrai que la revendication identitaire de Bordeaux... (laissant tomber ses bras sur la table), j'peux pas ! (rires dans la salle). Pas plus que ce qui est vrai !
Je vous remercie
On change la dernière personne - Rodolphe
Ça va ? Ça se passe bien ? BC : et toi ? Il fait un peu chaud... on va commencer par un truc aride... pour toi, l'action est la seule issue possible pour la réflexion ? (rires dans la salle) BC :........ (yeux écarquillés) Non mais euh je parle au niveau de l'écriture... l'écriture avec la pensée et son acte et... BC : Je pense que l'écriture en soit est une action.. mais dormir aussi c'est une action, quand on dort on se ressource de quelque chose... ce n'est pas rien ! Penser c'est nécessaire.. Il y a besoin d'agir aussi... pour moi il y a un lien très fort entre les deux. Et on pourra imaginer un jour peut être, un recueil de textes de Bertrand CANTAT ? BC : Je ne sais pas faire ça ! Pour moi j'admire beaucoup beaucoup les écrivains parce qu'ils ont une solitude terrible et dans cette solitude, pour moi j'assimile ça à une descente au fond du puits, et c'est pas toujours agréable, cela ne fait pas que du bien... je pense que l'écriture est un acte de courage. Et par ailleurs ce n'est pas quelque chose qui vous tente ? De franchir le cap ? BC : Si j'y ai pensé beaucoup et j'ai fait... pendant des années... enfin... j'ai fait trop de musique, j'étais mal organisé... j'ai fait des tas de choses qui n'ont rien à voir (rires dans la salle)...Un truc de vieillesse ça ! (rires) Pourquoi vous êtes vieux ? BC :.... (rires dans la salle) Vous allez voter des fois oui des fois non ? BC : Oui, je suis emmerdé avec Houlaaa ! C'est le principe qui vous gène ou par pessimisme ? BC : C'est par constation ! En tant qu'anarchiste cela pose problème ! BC : en tant qu'anarchiste orthodoxe cela n'en pose pas (rires) ! Pourquoi voter alors ? BC : Parce que je me sentais mal de ne pas participer ! Il y a des arguments, quand on me disait qu'il y avait des gens qui se sont battus pour le suffrage universel ! A partir de là, cela me déstabilisait de pas participer au vote ! Mais jamais je n'ai voté pour une liste qui me convenait évidemment, c'est impossible ! Est ce que pour autant aujourd'hui, il vous paraît des élections plus importantes que d'autres... je pense aux futures élections européennes.. BC : C'est très important mais je ne sais pas comment elles sont perçues ! Parce que : qu'est ce que c'est l'Europe qui est entrain de se créer ? et donc avec ces élections européennes il y a : " quelle Europe voulez vous ? " enfin moi je vois le j'essaye de le voir comme ça ! Quelle Europe on veut...je ne sais pas où est ce qu'on est parti...mais les données de base ne sont pas les bonnes. C'est une idée qui vous plait l'Europe ? BC : oui, pour finir plus large ! Non non pas pour finir, j'en ai d'autres ! rires BC : L'Europe ce n'est pas une citadelle, on, ne s'intéresse uniquement au terme de citadelle, mais j'aime bien l'idée de rééquilibrer les forces entre les américains, comme ouverture sur le monde, comme mise en commun de qualités c'est aussi intéressant, mais bon faudrait parler des différences sociales, faudrait parler d'une Europe ouverte, généreuse et imaginative, il faudrait parler de tout sauf une citadelle ! Et vous n'aviez jamais pensé à être un élu syndicaliste même quand vous êtiez jeune... avant ! (rires dans la salle) BC : euh voyons ...(troublé)... Ça fait mal ? (complice) BC : Non pas vraiment, pas vraiment... élu là, c'est le côté libertaire qui revient c'est ouuuh ! Même être représentant de personnes qui vous ont choisies, cela ne suffit pas, c'est très difficile d'échapper au pouvoir... le pouvoir est le problème de tout... il y a différents types de pouvoir, même moi j'en ai un pouvoir, j'ai bien compris.. j'essaye tout le temps de le soupeser de sorte de faire toujours un pas à côté de l'autre et de prendre du recul. Quand la scène politique est partagée, sur sa piste, lui n'a pas le recul, cette barre qui me gêne... et puis le syndicaliste j'aime beaucoup... ah lalala, j'ai une nostalgie du syndicalisme, anarchiste de 1936... C'est ça quand vous étiez jeune... BC : Bah j'étais pas jeune en 36 ! (rires dans la salle) Depuis... non j'ai fait de la musique, j'avais pas le temps bien que je gardais toujours un il là dessus ! Je n'ai jamais pensé à des fonctions comme ça... Et votre soutien pour le GISTI, semble se faire sur la durée, est ce que les Gistiens sont des politiques comme les autres ? BC : ah absolument ! Si tu veux, moi ça m'intéresse, chacun sa spécificité, chacun son rôle, chacun son essence surtout ! Parce qu'on parle jamais assez de ces choses là ! De l'essence ! Et au delà de ça ce qui est intéressant c'est que nous soyons tous égaux ! C'est peut être idiot ! On est tous particulier, tous différent, tous égaux. C'est ça qui m'intéresse, légalité de statut fondamentalement on est égaux, en Europe, en devoir ok ? Ça c'est le grand découpage... et pas de droits, pas de privilèges, alors que moi je me retrouve avec des plans.. ce n'est pas normal ! Sincèrement je ne trouve pas ça normal parce que quand je ne voulais pas payer on ne me l'offrait pas ! C'est bizarre quand même !
Alors il y a ce devoir supplémentaire pour les personnes de notoriété publique...
BC : Non ! Ce n'est pas un devoir ! De fait ces personnes se doivent d'être des parents de la légalité donc évidemment c'est plus dur vu qu'elles ont plus d'occasions plus de pression, de corruption...
Et comment vous choisissez les causes que vous défendez ? On peut s'imaginer avec Goldman avec les restos du cur ?
BC : (immédiat) Non ! (rires dans la salle)
Pourquoi ? Pourtant c'est une bonne chose...
BC : beh ce qui est curieux c'est qu'il y a plein de monde pour ça ! Beaucoup pour là où on est ! Parce que les restos c'est une bonne chose évidemment ! Cela fait parti des trucs où il ne peut pas y avoir de débat possible, qui va dire que ce n'est pas bien ? Tu vas voir si tout le monde dit que c'est bien de défendre des personnes dans la rue ! Il y en aura beaucoup moins d'autres !
Et si Goldman vous demandez de faire un spot Télé avec lui pour les restos ?
BC : Non enfin ça dépend ! Ça dépend d'une situation, tu demandes ça c'est un peu... il manque les données... si Goldman... des gens du business très forts... et nous on est différent de ça... donc d'un côté tu ne peux pas te rapprocher de tout le monde ! On est très ouvert mais on peut pas être toujours avec tout le monde. Avec des pensées contradictoires, les restos du cur ce n'est pas de la réflexion ... c'est un pansement les restos du coeur... nous modestement on essaye plus pour de l'échange... on fait ce qu'on peut, on est des êtres humains ! On choisit en fonction du fond, et pas seulement une espèce de collecte pour les pansements... c'est plus intéressant surtout dans un groupe !
Si Renaut qui se dit lui aussi anarchiste a rejoint les restos du cur, vous ne vous sentez pas...
BC éjà je ne dis pas que je suis anarchiste toutes les cinq minutes, et puis il est plein de contradictions, il le sait c'est un être humain. Je veux dire, quand quelqu'un se dit anarchiste libertaire, sauf s'il est vraiment con et têtu et cela existe, il a la religion du doute aussi. Tu vois si moi j'ai une religion c'est celle là, parce qu'en projection, c'est le contrat de la vie ; la vie c'est quelle que chose qui coule, la pensée aussi, la pensée politique aussi. Cela ne peut pas être quelque chose d'arrêté.
On va parler justement de politique ; à Toulon, vous pensez que la musique est une arme politique et est une bonne arme contre le front national ?
BC : J'en doute. On le fait, on l'a fait... peut être qu'on le refera mais avec le front national on n'a jamais l'impression d'avoir un résultat tangible... c'est très très dur à mesurer. C'est à dire qu'on se retrouve entre nous, on est vachement content, il faut être très prudent ! A vrai dire tout le monde ne s'attendait pas à ça (histoire pour le sous-marin), on a fait un peu le cheval de Troie, point. Il y avait le groupe de rap Assassin, et les gens ne s'attendaient pas du tout à ça, et ils ont fait une chanson très posée, il y avait aussi des troupes de théâtre chanté-dansé, il y avait des gens qui s'appelaient " génération chaos " qui venaient faire un espèce de discours vivant de 20 mn qui s'appelait " citoyen en France ". On leur avait envoyé ça, parce qu'on ne voulait pas être à Toulon, on était dans les quartiers on organisait dans les locaux de la FOL, une conférence de presse donc ce sont les associations qui se rencontraient de vive voix parce qu'on s'est aperçu que cela ne se faisait pas... en résumé voilà ! On a essayé de faire de choses, ce n'est pas quantifiable, on ne peut pas le cadrer, et je suis persuadé qu'on peut faire avancer un tout petit peu les choses, peut être beaucoup, comment le mesurer ? En fait nous on le fait parce qu'on y croit profondément.
Vous êtes président du comité de soutien au Sous Marin de Vitrolles, c'est vous qui avait appelé ?
BC : Non, non. La première fois c'est nous qui avons appelé quand on a su lors de la première réaction du maire de Vitrolles. Après ils nous ont recontacté quand les choses se sont beaucoup plus concrètes... Quand là c'est devenu chaud... on a fait des débats... on a vu des politiques se pointer d'ailleurs quand le Sous Marin s'est fait muré, avant il n'y avait personne... et là il y avait une sorte de podium organisé... et le politicard reprendre ce podium là devant les médias... c'était bizarre (la voix évasive) rires de la salle
On parlait de Charlie Hebdo tout à l'heure, est ce que comme eux , vous êtes pour l'interdiction du Front.
BC : Plus maintenant. Je l'étais complètement. Cela aurait du être fait depuis longtemps !
Pourquoi l'avoir été et ne plus l'être maintenant ?
BC : Je ne suis pas complètement persuadé, je pense que c'est déjà ... c'est trop installé, peut être que le fait soit très enraciné, ce serait hurlé à la persécution de dire " où est ce que l'on retrouverait ce potentiel ? " Je n'arrive pas à saisir ça... t'es pas d'accord avec moi là ? Au moins quelques idées pour qu'on réfléchisse ensemble... ?
Non ce n'est pas le but du jeu ! (rires dans la salle)
BC : Non mais là dessus je suis septique.
La c'est un jour important aujourd'hui ? Parce qu'aujourd'hui sort le livre consacré à Noir Désir...
BC : (sincère) Non ça n'a pas beaucoup d'importance ça.
On peut en parler un petit peu
BC : (mou peu enthousiaste) ce n'est vraiment pas ce qui m'interresse ça ! Non mais sincèrement ! Une compilation d'interviews... voilà... c'est bien... cela montre une certaine cohérence au fur et à mesure des années... Il y a dex photos qui sont très belles (toutes faîtes par son frère Xavier qui le prend justement en photo !) - rires dans la salle - ce n'est pas très important. Ce n'est pas si officiel.
La femme : Peut on savoir les projets de Noir désir ?
BC : Ouaiiiiiiiiii.... euh là actuellement je vais tourner rapidement avec Akosh en tournée en Hongrie et en Roumanie, et puis ensuite en revenant je vais me remettre à écrire, travailler avec Serge le guitariste, enregistrer travailler des choses voir, lire, se cultiver pour mieux savoir répondre aux questions des jeunes ... (rires) Ça se bosse tout ça !
Rodolphe : (insistant)... des jeunes !
rires dans la salle
Femme : On peut peut-être demander dans la salle s'il y a quelqu'un qui veut poser des questions ?
Est ce que ce serait citoyen de se produire actuellement à Belgrade ?
BC : Alors écoutes... ça c'est une question piège ! Moi j'ai beaucoup regretter de ne pas être allé à Sarajevo, mais cela a été très compliqué, il y a eu beaucoup d'histoires qui nous a empêché d'y aller à l'époque. C'était très chaud ! D'ailleurs tout le monde n'était pas d'accord pour aller prendre ce risque ! Peu importe, je les aurais ! (rires) et il n'y avait pas de difficulté à choisir ! Pour ce qui est de l'attirail, si des t-shirts avec une cible là (il montre son torse) avec " fuck Milosevitch " jouer sur scène et jouer comme ça ! Mais cela ne sera pas possible ! Moi j'aimerais bien jouer à Belgrade, figures toi qu'on était invité à y'a un fax y'a un mois une tournée avec Akosh dans les conditions actuelles c'est annulé, je ne sais même pas si on aurait le droit, je répète que pour être tout à fait cohérent il faudrait y aller avec la très nette séparation entre le fait de dire : quelque part cela me fait marrer de mettre une cible de les inciter... sauf que, il faut que les Serbes cessent de soutenir Milosevitch ce n'est pas le bon leader... parce que cela se passe dans une ambiance très nationalo-milosevictchienne, et non merci ! Et puis il y a très peu de chances pour qu'on nous le propose !
Une autre question ?
Bonsoir Bertrand !
BC : salut !
Je voulais te demander si tu croyais à une assemblée nationale multiculturelle ? Un truc comme ça...
BC : c'est pas déjà commencé ?
Pffff
BC : Ouai c'est vrai t'as raison, déjà qu'il n'y a pas beaucoup de femmes... oui c'est vrai ce n'est pas une assemblée nationale représentative du peuple... c'est vrai. Non seulement j'y crois, et je pense que c'est souhaitable, et ensuite qu'il n'y ait plus d'assemblée nationale du tout... (rires dans la salle)
J'aimerais savoir si en temps qu'anar ou libertaire comment tu te situes comment tu soutiens des personnes... et par rapport à 'industrie du disque tu évoquais le maillon de la chaîne... comment tu gères dans ta tête, dans tes actes le fait que tu sois dans une telle multinationale ?
BC : Cela fait partie des questions qu'on a été obligé de se les poser depuis longtemps et qu'on continue de se les poser. Cela ne se gère pas ça se digère ! La vérité c'est que on a pu se permettre avec les années de gagner en autorité et en autonomie de décision en liberté, tout tout repasse par nous ! Financièrement aussi... un studio ici à Bordeaux cela bosse dedans ça sert aussi à financer " un jour à Bordeaux " car figurez vous... cela coûtait cher ! C'est comme ça si tu veux qu'on rééquilibre les choses. C'est quasi inévitable d'appartenir à une multinationale aujourd'hui. J'aime bien le coup de se cotiser, tu sens les gens derrière très motivés or c'est très difficile à organiser ça !... la diffusion ne serait pas la même... et j'aime le fait que l'on soit diffusé.... alors je le rends, je ne m'en cache pas.
Les interviews after
Pas de répit pour le pauvre Bertrand qui après deux heures non-stop de répliques aux questions des Sciences Potistes... un groupuscule de jeunes assoiffées de niouzes Noir Désiresques (dont je fais parti hem !) le colle jusqu'à ce que nous trouvions un endroit calme et tranquille.
J'apporte une coupe de champagne bien mérité pour la prestation de son Grand Oral. Bertrand me remercie avec un grand sourire et un " Oula ! Oui j'ai une de ces soifs ! ". On le comprend bien après avoir parlé si longuement. Il semble accuser le coup suite à cet oral et ne l'oublions pas, suite à la courte nuit d'hier !
Nous sommes 4. Deux étudiants journalistes (un caméraman et un intervieweur) un autre pour je ne sais quel média étudiant, et moi qui représentait radio sauvagine 94.9 la fréquence rock bordelaise !
Pierre : Après vous les journalistes !
Journaleux 1 : 3, 2 ,1 , 0 avec Bertrand CANTAT, bon écoutez, qu'est ce que vous ressentez de ces deux heures de débat, qu'est ce que vous retenez quel effet ça vous fait ?
BC : Ben j'espère que c'était, enrichissant pour tout le monde, un minimum je ne parle pas ça par rapport à ce que j'ai dit moi, mais par rapport à la manière dont cela pouvait changer des tout un tas de notions, de choses. C'est vrai que c'était un peu centré sur l'engagement politique et l'action. Et je peux pas vraiment le regretter non plus mais sur c'était évident que c'était centré la dessus. J'ai bien aimé ça, c'était vachement vivant, c'était pas quelque chose de coincé c'est ça qui compte !
J1 : De quoi auriez vous aimer parler dont vous n'avez pas pu parler aujourd'hui ?
BC : Je ne sais pas on a abordé beaucoup de choses. Je ne sais pas je ne peux pas te dire. La vie est longue... (sourire fatigué)
J1 : Vous êtes pas quelqu'un qui sort beaucoup en public, vous avez été sous le feu pendant deux heures, comment l'avez vous ressenti ?
BC : ... ce n'est pas un truc évident mais après une fois que cela devienne humain tout simplement, le reste c'est bon je veux dire, on est entre humain alors il se trouve que je suis au milieu et puis je suis l'invité alors cela donne cet état particulier mais moi je me détache assez vite de ça pour essayer d'entrer dans une discussion.
J2 : Et cela ne vous fait rien d'être passé après Charles Pasqua ?
BC : Si ! (rires), c'est la chose qui m'a fait hésiter.. car il y a un certain nombre de gens avec qui je n'ai rien à faire ! Mais alors on est toujours dans cette idée de est ce qu'un échange avec des étudiants, avec des personnes premièrement, avec un certain niveau de questions qui permet d'élever le niveau du débat, tu vois c'est pas un truc de la presse jeune qui va me demander la couleur de mes chaussettes, j'aime mieux ça ! est ce qu'il faut laisser uniquement les débats au milieu des politiques... je me suis dit allons 'y gaiement, c'est une expérience, cela peut être intéressant.
J2 : Et si par exemple une militante du RPR, étudiante à Sciences Po vient vous voir j'adore vos chansons je suis fan de Noir Désir, quelle est votre réaction ?
BC : Je lui dirai continue d'être fan et arrête d'être au RPR !
Pierre (speedé par le temps) : Peu de question vu le peu de temps qu'il nous reste, ce qui est déjà grand un luxe...
BC : je suis absolument désolé...
Pierre : non, non attends tu n'as pas à être désolé...Que penses tu de la jeunesse qui ne croit plus en la politique ?
BC : Cela dépend de ce que tu appelles la politique... la politique c'est une base de la vie commune... il faut bien discuter ensemble pour avancer et créer...
Pierre : Je parle des personnes qui ne se reconnaissent dans aucun parti, et qui sont arrivées à un stade " si je ne vote pas blanc, je contribue à l'émergence du front national, qu'est ce que je dois faire ? Qu'est ce que je peux faire ? "
BC : Oui, c'est très compliqué de ce côté là, surtout si tu es libertaire de tes sensibilités de te retrouver avec un bulletin de vote marqué tel parti et là tu votes pour ce programme qui en plus, en parti, surtout si c'est la gauche qui gagne, et parce que ce soit clair là dessus, je n'ai jamais espérer quelque chose par la droite, s'il m'est arrivé d'espérer quelque chose c'est par la gauche, et encore faut il que les promesses soient tenues, enfin bon, on est dans tout ce discours là. Mais si tu veux moi je distinguerais le fait d'avoir une grande méfiance vis à vis du vote c'est à dire que le vote... c'est une chose, pas suffisante et d'autres part cela recèle d'autres part de toutes autres tromperies, le marchandage électoral cela s'est perverti ! Je distingue ça du rejet de la politique. (silence) Tu fais parti du monde ? Donc il n'y a pas de rejet dans ce sens là, au contraire !
Pierre : Il faudrait agir quelque part ! La musique est une façon d'agir, après ce sont des sensations car on s'est beaucoup focalisé sur les titres " un jour en France " ou " here it comes slowly " mais comme tu le disais il y a l'amour il y a plein d'autres choses !
BC : Oui ! Heureusement !
Pierre : Parce qu'après c'est la perversion des médias qui découpent, comme par moment ils reprennent des mots, une image mais en ôtant son contexte et là tu te rends compte à la radio que " putain je n'ai jamais dit une chose pareille " !
BC : Ça oui, oui, oui, on est coutumier du fait ! Ça n'arrête pas d'être complexe, ça n'arrête pas d'être saucissonné...
Pierre : ... et après tu satures, tu te recroquevilles...
BC : ah oui, alors là tu satures, et tu as un VRAI blocage ! T'es bloqué !
Pierre : Quelle démarche entre guillemets tu aimerais que les fans fassent pour parler avec toi ? Est ce que dans un concert ils te tapent dans le dos - salut ! comment tu vois ça ?
BC : A la limite on boit une bière... on est des êtres humains ! (rires) Ce qui est difficile c'est lorsque tu es sollicité pour des interviews. Il y a des endroits où je dirais que c'est bien de se croiser les uns les autres sansfaire d'interviews. Il y a un moment pour tout ! Et c'est une façon de préserver...
Pierre :... l'identité ?
BC :.. non !... on est des gens (sourire au coin)
J1 : (immédiatement) Auriez vous aimer être étudiant à Sciences Po ?
Explosion de rires dans la petite salle !
BC : Je n'y avais pas pensé ! ! ! Mais je ne connais pas assez bien le fonctionnement donc je ne peux pas savoir si j'aurais pu avec ma façon d'être et ma façon de penser être accepté là dedans et tenir le coup là dedans !
J1 : parce qu'il ya une manière d'apprendre à Sciences Po...
BC : (le coupant) ... il y a plein de manières d'apprendre... Sciences Po en est une ! je ne dis pas le contraire. J'ai plein d'amis au fond, je m'en rends compte qui sont passés par là ! je me rends compte que j'en ai plusieurs et qu'ils ne sont pas aux mêmes endroits, et qui sont des atypiques de Sciences Po dans leur suivi, ce qui prouve que c'est possible. Mais par contre je ne connais pas d'énarques !
J2 : Vous ne trouvez pas ça curieux ici ce soir, à la place où vous étiez, vous parliez de Charles Pasqua...
Le directeur de Sciences Po Bordeaux intervient et le rectifie : Pas dans les conférences de Sud-Ouest !
J2 (reprend) : oui mais laissez moi poser ma question...
Le directeur de Sciences Po Bordeaux : Non attendez il ne faut pas dire n'importe quoi !
J2 (s'énerve) : A la place où vous êtes, on voit habituellement des hommes politiques, des chefs d'états, des décideurs économiques..
BC : (le coupant) : Non pas seulement !
J2 : Oui mais d'une manière générale cela ne témoigne pas vous chanteur de rock vous ayez été là ce soir et été questionné sur vos engagements ? Peut être une évolution des mentalités ? Le statut de chanteur de rock ?
BC : (fait la moue)... mmmh moi déjà... j'aime pas le terme de statut de chanteur de rock je sais que c'est comme ça que c'est vécu mais moi j'a
Marsh Posté le 30-06-2004 à 19:17:28
Bonjour !
Un ami ma envoyé cette interview fait par les élève de science po a Bordeaux en 99, je pensais que ca pouvais interresser du monde.
Le 08/04/1999
GRAND ORAL BRUT DE COMMENTAIRES
LIVE SANS RETOUCHE
Les rumeurs disent que c'est parce qu'une prof de Sciences Po BX connaissait un membre du groupe, que Bertrand CANTAT a accepté de faire un Grand Oral.
Sans aucune publicité, le bouche à oreilles c'est rapidement propagé de sorte que ce fut une certaine cohue (nous sommes à SciencesPo quand même alors un peu de retenu s'il vous plaît) et un monde sans équivalent qui assista à cet événement.
C'est dans une salle archi comble est déjà entièrement conquise à Bertrand CANTAT (avant même qu'il ne soit présent dans la salle) que Sciences Po BORDEAUX le reçoit pour ce qu'ils appellent un Grand Oral (terme en ce qui me concerne un peu pompeux). C'est avec joie et non sans difficulté (car seuls les sciences Potistes peuvent accéder à la grande salle moyennant un ticket d'entrée (oui comme pour voir un concert en quelque sorte) les autres regarderont le Grand Oral à l'extérieur sur les écrans de télévision.
C'est un Bertrand détendu, jovial, quoique ses traits sont marqués par le manque de sommeil et la fête de la veille (soirée spéciale pour le Gisti cette soirée même où l'album a été enregistré en live, si, si). Donc un Bertrand relaché, entouré d'étudiants, et justement il semble vraiment à l'aise, loin de tous les clichés dont j'ai pu entendre à son sujet.
En fait, nous n'allons pas seulement voir un Grand Oral de Bertrand CANTAT, mais bel et bien un " One Man Show " tant il est charismatique et tant il a su jouer avec ses interlocuteurs estudiantins !
Monsieur CANTAT la parole vous ait donnée !
Parce que cette association est entrain de hier soir on a fait ce concert pour le gisti et l'ouverture des frontières et la libre circulation.
Fille limite (intimidée) limite potiche
Les rencontres, les lectures et à part ça ?
mes rencontres principales finalement ce sont mes copains c'est ce qu'il y a de plus important pour moi, au delà de ça évidemment il y a tout un tas de rencontres et de découvertes, par la littérature... je veux bien que tu précises oui parce que sinon on en a pour la nuit...(rires)
Mes influences musicales ?
Pop rock et de l'acid punk cela veut dire que " même si tu ne sais pas jouer, joue ! " vous trouvez qu'il y a un défaut forcément, la musique va être moins bonne, mais la spontanéité s'en trouve un moment réussie, c'est ce qui comptait pour nous. C'était toute mon impulsion. Encore maintenant on préserve ce genre de choses. Enfin depuis, on a appris à jouer tois petites choses (rires).
Et au nouveau des voyages, vous en parlez souvent, c'est pour vous l'occasion de prendre du recul et de renouveler les situations ?
Oui absolument c'est renouveler les situations c'est ouvrir son esprit à l'autre et à d'autres endroits, c'est sur cela crée des choques très très profonds on se rend compte que l'on n'est pas tout seul que la terre est toute petite, que les cultures sont que .... c'est un plus ! Donc c'est un enrichissement, de l'enrichissement, de l'enrichissement, de l'enrichissement...
Le pays qui vous a le plus impressionné ?
La mongolie
Pourquoi ?
Parce que la mer est verte !
(rires) - applaudissements
Et puis il y a un rapport tellement simple avec les gens, enfin, dans la steppe ! Parce que la ville, c'est la ville et la ville est en proie à toutes les contradictions avec tous les déchirements que cela supposent, c'est beaucoup plus choquant, enfin je m'y suis frotté pour sentir ça aussi.
Et comment euh commence Noir Désir ?
A mon avis cela commence par N.
(rires) -
Sentez vous prisonnier d'une image Noir Désir ?
Oui cela m'arrive, comme tout le monde, de son statut, de son rôle, de son entourage, de son univers. Moi j'adore de me permettre d'en sortir,
Par le voyage...
(voix enfantine) oui comme par exemple le voyage (rires), non (de nouveau sérieux) c'est une bonne question dans le sens où, à la fois comme je le disais j'aime les potes, j'aime ce que l'on fait ensemble je crois que l'on se débrouille pas mal, que cela donne de la force, que le collectif c'est important pour moi, et demander à Zinedine Zidane si parfois il ne veut pas répéter avec nous.... (silence) cela n'a rien à voir (rires) mais je suis content de me rendre compte que cela n'a rien à voir (rires).
Mais, forcément on est à la fois un collectif avec une espèce de fluidité, et on a des idées très différentes surtout, en vieillissant, on devient beaucoup plus chiant, donc on a chacun développé des quantités de côtés qui nous sont propres, et on a besoin de liberté, besoin de créer de nouvelles expériences, moi je ne joue pas qu'avec Noir Désir en ce moment, je participe à d'autres expériences et je reviens dans le groupe avec du son (sang ?) neuf.
Merci
Ce merci est tellement infime, petit restant au fond de la gorge, on sent bien qu'elle est heureuse de passer la parole... ce qui fait rire toute la salle d'ailleurs.
Une femme d'un âge mur prend la parole
S'il n'y avait pas eu la rencontre entre Denis, Serge et Frédéric, vous n'auriez pas fait de musique Monsieur CANTAT.
Si !
Donc il n'y a pas que les rencontres....
Je pense que j'aurais fait de la musique ou que j'aurais essayer d'écrire quelque chose, je ne sais pas quoi... j'aurais essayé...c'est naturel !
Il y a des influences autres que celles du groupe ?
Oui absolument, c'est vrai que je suis passé un peu rapidement là dessus parce que soit on en dit trop soit pas assez...je suis désolé...
Un jeune homme prend le relais des questions
Je vais pour le coup approfondir l'aspect de votre position au sein de la scène française... se rendant compte que sa phrase est un peu alambiquée rire et se reprend... en fait c'était un petit peu connaître votre position, votre sentiment sur des personnalités telles que FERRE, PIAF BREL, FERRAT...
BC : BREL, FERRE, FERRAT, PIAF... BREL beaucoup d'énergie sauvage, c'est ça que je prends le plus dans BREL, je prends moins sa mysoginie sauf dans les jours de pluie (rires), j'aime mieux FERRE dans son ensemble, et puis c'est un anarchiste, alors il y a des choses belles (rires complices dans la salle), et puis c'est un grand poète aussi, je précise parce que si on doit parler d'écriture alors FERRE c'est... FERRAT par contre j'ai pas, j'ai pas, j'ai pas (hésitant)... tout compris (rires dans la salle), je sais pas pourquoi, bien qu'il y ait effectivement des choses belles (rires) l'autre jour on était quarante à essayer de comprendre, comme quoi il a bien réussi à faire son truc !
(rires) PIAF c'est quoi ? C'est difficile à dire ça... PIAF elle pourrait chanter le botin, elle ne chantait pas le botin en l'occurrence, mais c'est une force d'interprétation, alors là on ne sait plus exactement, on se rend compte qu'on écoute plus seulement une chanson, en cela elle rejoint un petit peu BREL, cette espèce de force sauvage... c'est la rue qui fait ça !
Plus proche de vous vous vous sentez proches de ces artistes ou plus proches de groupes PUNK ROCK française tels que la Mano Negra...
BC : La Mano Negra j'ai beaucoup, beaucoup admiré, j'aime beaucoup ce que fait Manu (Chao) et ce que fait P18 (l'ex-clavier du groupe Mano Negra)... tout ce qu'ils ont fait et tout ce qu'ils apportent encore, individuellement, pour moi c'est très très important, beaucoup dans la démarche dans l'énergie, la nouveauté, c'est extraordinaire, en les côtoyant un peu vraiment on ressort... deux jours avec eux... une pêche, énorme et euh... un peu plus fatigué aussi (rires).
J'apprécie beaucoup Manu, je trouve qu'il a une sorte d'abnégation, c'est aussi une sorte d'égoïsme, mais qui redonne une envie...
Par rapport au voyage...
BC : Non mais lui il n'arrête pas, c'est un carnet de voyage c'est vraiment passionnant, il a lui aussi une vraie conscience politique.
L'actualité chaude. Ateliers qui ont eu lieu cet après midi (fragmentation des thèmes musicaux et des publics qui les écoutent) : Est ce que vous estimez Noir Désir un groupe de jeunes blancs parlent à d'autres jeunes blancs... pensez vous que vous êtes prisonniers d'une clientèle ?
BC : Non
Non ? (timide)
BC : Non... on va essayer de développer (rires dans la salle).
J'ai pas du tout l'impression d'être prisonnier par ça et surtout je n'en ai pas l'intention. Il se trouve qu'on est blanc, on va pas y passer la nuit, c'est comme ça, mais euh non je ne peux pas concevoir les choses comme ça, c'est absolument impossible, je ne crois pas que cela soit vrai de toutes façons, dans la réalité cela ne se passe pas comme ça, et si cela se passait comme ça, soit j'arrête, soit j'essaye de changer les choses, tu vois ?
M'enfin si on regarde vos concerts, c'est un public assez particulier...
BC :... (dubitatif).. euh un public particulier ? ? ?
C'est euh un public punk rock alternatif...
(silence)
BC : c'est fini tout ça (rires dans la salle)... non, non, plus sérieux, je plaisante là dessus, non, non je ne crois pas qu'il puisse être...
on est bien content de ne pas être prisonnier d'un public, je t'assure, de toute manière je ne pense pas qu'un public puisse être aussi clairement défini, aussi caricatural... pas du tout ! Sincèrement je ne crois pas.Et puis tant mieux ! Ce serait un gros problème.
D'accord...
BC : Qui est ce qui t'a amené à ce.. ça m'intéresse... (rires in the salle)
Non, ce sont juste des questions ambitieuses (rires)
BC : non mais qui t'a parlé...
Non mais on s'est concerté.. et puis tiens (géné)... rires
BC : non mais c'est évident qu'il peut y avoir des clivages qui peuvent se dessiner dans ce domaine, qu'il y ait des gens qui pensent que estimer que on fait ça comme ça... premièrement ce n'est pas le cas du tout et de deux, il y a des fractures et des frontières entre les styles musicaux comme il y a des frontières en entre les classes sociales, cela existe toujours, je dis ça à ceux qui l'auraient oublié, il y a des frontières, des nations... et moi, très modestement c'est une des choses que je cherche à pulvériser pour toute ma vie cela va être ça...
Qu'il y ait des cellules, des zones de protection, tiens par exemple ton bar préféré, où tu te sens bien, c'est ton droit, avec les gens que t'aiment, ça c'est la seule entité un peu fermée, que les gens pourront se réunir entre eux. Moi cela ne m'intéresse pas longtemps.
Au niveau musical... louise Attaque, les fabulous troubadors, I Am, qui ne pratiquent pas la même musique que vous et qui pourtant vous citent souvent, au niveau de l'attitude.. cela vous fait quoi d'être pris comme tels ?
silence
rires dans la salle
BC : cela ne me rajeunit pas ! (rires) c'est très bien à partir du moment qu'on arrive à se comprendre, du moment qu'on arrive à communiquer, ce qui est le cas avec les gens que tu as cité, c'est parce que l'on a des projets communs parfois (sourire complice), comme hier soir, c'est exactement ça, cette fête, d'aller au delà de " moi, j'ai mon groupe, et mon groupe i'marche bieeen " j'ai connu ça à l'époque dans cette bonne ville de Bordeaux..
On y viendra tout à l'heure...
BC : et un moment donné, HOP ! quand on prend un tout petit peu de recul, cela paraît tellement bête, tellement ridicule, alors parfois on arrive à bouger des choses à exprimer des choses un petit peu plus élevé, à prendre du recul, à élever le débat, comme ici, à se rencontrer, c'est essentiel ! euuuh je ne sais plus c'était quoi ta question (rires)
Ton rôle de parrain ou de grand frère sur la scène musicale...
BC : euuh parrain... (rires dans la salle - clin d'il au film) cela fait un peu...
Qu'est ce que cela suscite comme démarche, est ce que vous allez produire...
BC : On va peut être produire I AM (rires dans la salle) hier soir ils étaient là, et on a vraiment bien collaboré ensemble pour des choses qui vont plus loin... ce sont des gens qui ont une très très grande générosité à partir de là tout est possible.
Votre collaboration avec Akosh S et tout autour, cela veut dire que vous vous rapprochez de la " world " si l'expression...
BC : c'est intéressant cela ne veut pas dire que.... tout d'abord Akosh fait une musique qui est d'abord comme un débris, qui vient de la terre, et puis cela se projette vers le ciel, c'est une image qui me plaît bien, et qui vient un peu du free jazz avec tout ce que cela trimballe de liberté et musicale et le mouvement free jazz a un mouvement politique intéressant dans les années soixantes-soixantes dix, aux Etats Unis, d'autre part il y a toutes les affiliations qui viennent de l'est notamment de hongrie, qui donne une couleur vraiment particulière à tout ça, je veux dire les clivages, rock, free jazz et tout ça, ne l'intéresse pas, ça tombe bien moi non plus ! On fait des choses ensembles.
A propos de clivage... celui de la techno... vous êtes un des rares groupes de rock à avoir franchi le pas (réf aux remix de one trip one noise)
BC : cela ne veut pas dire franchir le pas de la techno, c'était franchir le pas d'une expérience avec des gens qui font autres choses, cela veut dire des gens très différents des uns des autres et qui sont des espèces de laborantins qui retravaillent tout ça ils écoutent le morceau, ils se le réapproprient et ils recrachent le morceau... il y a une rencontre... et il y pas d'artistes techno techno, il y avait des gens de l'électronique, et d'autres comme Yann Tiersen par exemple a fait un morceau... ce sont des réinterprétations, pas seulement des remixes... allez chante avec moi ! (rires)
Noir Désir et Ibiza ce n'est pas pour demain alors ?
BC : ah mon dieu ! (la tête dans ses deux mains) rires dans la salle
Comment vous arrivez à vous exprimer sans paroles, c'est quand même important pour Noir Désir...
BC : La motivation, l'expression, Il me semble que j'aime les mots, la parole, le contenu, c'est aussi une forme de libération le contenu... aligner des mots n'a jamais été évident, cela devient un instrument, au service d'une musique donc c'est une position d'humilité et en même temps de s'enflammer d'une manière différente cela me permet de vivre quelque chose, de vivre, de vivre.
La dernière question votre position par rapport au milieu de la musique : il semble que Noir Désir soit un groupe respecté par les groupes indépendants, et vu la conjoncture actuelle vous êtes chez Barclay, les problèmes de survie des intermittents du spectacle, vous ne pensez pas qu'à terme il se peut que la créativité soit étouffée ?
BC : attends parce que là tu parles de plusieurs choses en même temps... la restructuration...
Je pense à Polygram et à ...
BC : Universal... ça s'appelle UNIVERSÔÔÔÔLE (accent légèrement teinté américain) (rires dans la salle) et on s'est aperçu qu'avec l'accent français cela s'appelait UNIVER-SALE... (en scindant bien le mot)... rires dans la salle... on est un peu inquiet mais.. ouai c'est très très bizarre de se sentir dépendant au bout d'une chaîne... on appartient au monde, à une chaîne, on ne peut pas l'éviter et de surcroît c'est vrai, on est au bout d'une espèce de chaîne, de multinationales, parce que UNIVERSAL c'est euh... rires, cela vient d'être racheté parle numéro deux des vins et spiritueux (seagram) donc Bordeaux est concerné et quand on sait que les nouveaux patrons sont gens qui font des vins et spiritueux on se demande est qu'ils ont une conscience artistique... mais nous au centre de barclay une sous sous sous sous sous sous division par rapport UNIVER-SALE, à l'intérieur de ça on a les idées franches parce qu'on a jamais pu concevoir les choses autrement. Il y a une sorte de poche de résistance à l'intérieur, c'est vrai qu'on n'est pas complètement indépendant dans le sens que on appartient à ça, mais c'est nous qui choisissons tout, absolument tout.
Est ce difficile pour les nouveaux groupes pour démarrer de s'affranchir de tout ça qu'il y quelques années ?
BC : C'est plus facile si les artistes ont une l'esprit de résistance, sinon il ne se passera rien et tout recommencera comme avant. Je me souviens d' un contexte, de la légitimité il y a des paramètres incontrôlables à priori. Nous tous les jours, on vu que le s paramètres cela se contournent, se démurent, se détournent, que cela s'explosent, il faut simplement être persuadé de son truc, profondément, sinon cela ne sert à rien. Pas de compromis qui ne sont pas intéressants, sinon cela te dénature fondamentalement, si vraiment tu as l'esprit de résistance assez forte pour raconter ton histoire, c'est absolument possible, ça marche. Parcequ'à un moment donné tu es partenaire, tu peux devenir ennemi, ou ami c'est à toi de leur proposer ce que tu as à leur proposer. Et nous, on connaît beaucoup beaucoup d'artistes dans les années 80 soit il y avait des artistes qui étaient à fond dans l'alternatif très très très radical, qui s'est écroulé pour tout un tas de raisons il faudrait deux heures pour en parler, soit il y avait des artistes qui fleuretaient avec le business et qui étaient incapables de résister à quoi que ce soit " de toutes façons c'est comme ça que cela se passe, c'est pas par là qu'il faut passer, c'est là qu'il faut que tu te trouves sinon rien n'est possible " et bien ce n'est pas vrai !
L'autoproduction avec les nouvelles technologies c'est une alternative à ce genre de phénomènes ?
BC : Il se passe des choses de ce côté là parce que la tu penses... je pense qu'il y a des choses intéressantes qui viennent de là, notamment pour la techno, parce que ça part dans tous les sens, tu peux trouver des disques notamment si tu vas à Londres, pour certaines scènes il y a 200 disques par jour qui sortent dont plein il n'y a rien marqué dessus. C'est anti commercial au possible, ce n'est même pas on ne sait même pas qui s'est ! Il y donc énormément de créativité autour de ça maintenant, il y a beaucoup de choses à trier, tout n'est pas essentiel, tu ne peux pas adhérer à 200 disques par jour, et ça ça échappe, notamment si on compte Internet, il y a un énorme débat à ce sujet, ce qui échappe à la structure radicale du business, et moi je souhaite qu'il y ait de plus en plus de liberté pour la création, c'est que les artistes soient de plus en plus maîtres de leur création. Surtout si les artistes ont un esprit qui ne les rend pas trop serviles, ou pas trop... " aboule la thune ! " je cherchais le mot (rires). Si tu ne penses qu'à ça il sera impossible de construire autre chose. Dès que tu vas apparaître c'est pour de l'argent, dès que tu vas bouger c'est pour de l'argent... ce n'est pas possible il faut qu'il y ait quelque chose derrière. Il faut le vouloir !
Applaudissements dans la salle
Changement de personne ou passe de nouveau à une fille
Alors mes questions seront sur le thème de l'image... il me semble que Noir désir soit absent des médias, et d'autres groupes s'en servent comme support pour soutenir leur message... pourquoi pas vous ?
BC : eeeuuuuuhhhhh (à la façon de ooooohhhhmmm) (rires dans la salle)... c'est une très bonne question je te rassure tout de suite, mais euh non euh... on n'est pas complètement absent des médias, c'est une question en permanence...vive, elle n'est jamais totalement tranchée, on n'a des moments de folie pas un seul moment de télé, c'est pour nous la preuve que la télé n'est pas si importante pour nous, (explosions de rire car à ce moment même un caméraman de M 6 filmait Bertrand en gros plan juste devant lui... et il vient de s'en rendre compte) - applaudissements complices suivis de rires donc...et Bertrand rebondit - on ne peut pas reprocher aux médias de ne pas avoir le sens de l'appropos (rires).
L'image c'est l'éparpillement de la pensée alors que la presse écrite permet de développer davantage de ne pas être prisonnier d'une image. Et puis surtout la télé c'est le média puissant, et c'est l'image qui pose problème, on n'a pas de politique complètement trancher contrairement à ce que l'on pourrait croire, et cela nous amuse fondamentalement d'avoir fait deux albums sans faire un seul passage télé mis à part deux clips que nous avons montés par nous même parce que cela signifie qu'ils ne sont pas si importants, donc on est allé jusqu'au bout pour ça, de temps en temps on apparaît pour des causes on apparaît beaucoup plus facilement.
Donc vous approuvez cette question.
BC : L'évolution est permanente, il n'y a absolument rien qui soit arrêté, c'est une question permanente, le média est si tu veux, à deux trois journalistes, à un moment donné, on eu a une réaction " les médias c'étaient tous des cons " si tu veux, (en regardant les journalistes de sud-ouest) rires dans la salle.
Les magazines sont choisis ou ils vous demandent ? On vous voit souvent sur les Inrocks...
BC : Il y en a qui viennent et qui ne viennent pas, ils peut nous arriver d'avoir une démarche, alors ce n'est plus dans le cadre dit promotionnelle, il peut nous arriver de chercher quelqu'un pour une cause, comme à Bordeaux pour " un jour à Bordeaux " on avait invité les gens de " Charlie Hebdo " et du " monde diplomatique ".
En fin de compte cette attitude d'exclusivité cela ne pése pas de temps en temps ?
BC : Quand je sors en boîte à Ibiza ? rires
Une autre question un peu parallèle : sur scène on remarque il n'y a pas de costumes, pas de décors, la lumière est hyper simple...
BC : bien vu... (rires dans la salle)...
La fille : Mais avec ces éléments est ce possible de sortir d'une certaine image ?
BC : Moi mon phantasme c'était Régine avec son boa ! (rires)... je me dis cela me changerait ! - re-rires- il vaut mieux rester comme on est ! C'est vachement plus simple en fait !
La fille : c'est une image calculée en fait...
BC : Non, ce n'est pas une image calculée, c'est une non-image et une non-image c'esst calculée ! Non bon, euuuh je te dis le boa cela peut être bien ! rires !
La fille : une partie de votre public se limite à se défouler lors de vos concerts est ce que cela vous dérange ?
BC : non c'est déjà pas mal de se défouler, personnellement j'aime bien aussi me défouler... donc je comprends pourquoi on peut ... en fait j'imagine que tu veux savoir à quel on peut savoir si les gens adhérent ou non à ce que l'on défend... mais c'est impossible de vérifier qui adhèrent qui n'adhèrent pas, à quel degré et puis ce n'est pas souhaitable... une idée est à l'intérieur d'une création artistique, il y a quelque chose comme un exutoire, dans le sens le plus sauvage du terme. Et la beauté, c'est un grand mot mais la beauté, la démarche artistique qui n'a rien à devoir à personne, cela veut dire que si, il y a des gens qui viennent en étant vraiment pas dans le contenu qui vont ne chercher que la force de l'énergie, on ne va pas leur reprocher et puis c'est impossible à vérifier, je ne vois pas mettre à l'entrée du concert une " file de personnes concernées " et " une file non concernée " on y pense tout le temps et puis ceux qui sont convaincus déjà c'est une chose et ceux qui ne le sont pas à un certain degré, vont se mettre à réfléchir à des choses éventuellement, on n'est pas des directeurs de conscience, ça jamais de la vie !
On en peut pas demander aux gens des choses aussi précises, c'est la liberté ! C'est l'aspect fondamentale d'une démarche artistique.
Estimez vous aujourd'hui que les jeunes s'engagent trop ?
BC : ce n'est jamais assez, jamais assez.
Dernière petite question : On dit souvent au sein du groupe que vous avez un côté " ambulant " (côte ambiente) dans toutes vos relations (déclarations) ?
BC : et alors ? (rires dans la salle)
J'aimerais savoir ce que vous pensiez de ce " côté ambulant " ?
BC : Je pense à Joe DASSIN (rires dans la salle) et ça je sais pourquoi, c'est à cause des photos ! On a des problèmes, on a du mal avec les photos... je pense que c'est pour ça ? C'est une chose qu'on a mis un temps fou à apprivoiser, et ce ne pas fini, on fait ce qu'on peut !
La parole est donné à Guillaume
De plus en plus vos textes deviennent explicites, est ce que c'est parce que vous souhaitez réagir davantage ?
BC : Peut être mais c'est avant tout, pour être le plus honnête possible, cela vient de l'intérieur, mais je pense que c'est vrai pour un artiste, vrai pour un être humain j'imagine, et même pour un homme politique, qu'il y a un avant entre l'espèce de discours proféré et une des réalités intérieures au fond de nous, il faut qu'il y ait des phases comme ça sinon s'il n'y a pas ces phases on est coupé du monde, après on rentre dans des calculs politiques, des projections, des images, de marketing pour les artistes, et pour arriver à résoudre ce problème, d'avoir du sens, c'est encore de essayer se connaître, c'est à dire si à un moment donné les bulles qui remontent à la surface c'est ce qui doit t'interpeller, dans ces bulles là il y a des préoccupations sociales et politiques il faut qu'elles te fassent réagir en profondeur, tu ne peux pas faire autrement, c'est sur le moment que cela devient intéressant, je ne peux pas faire autrement que de les coucher sur le papier.
Vous avez rajouté par exemple que dans " here it comes slowly " une chanson qui parle du front national, il y a un message qui est mal passé.
BC : Des résurgences fascistes...
Des titres comme un jour en France avec des mots plus explicites...
BC : ça c'est ce qu'on appelle la réalité des langues et des frontières. C'est à dire qu'il y a une ligne qui n'a pas été écoutée de la même manière parce qu'on la recrachait comme ça cela ne veut pas dire que le thème n'a pas été relevé, alors qu'avec un jour en France il a été relevé immédiatement et même, c'est presque un peu trop lourd dans la mesure où d'un seul coup, je ne dis pas ça pour toi parce que ton thème c'est le message politique, je ne veux pas l'occulter, mais cela devient la seule chose auquelle on fait référence ! Alors que parfois... on parle d'amour ! (rires dans la salle). Dommage pour toi, ce n'était pas le bon titre (rires)
N'avez vous pas peur d'arriver à la caricature du groupe contestataire, il semblerait que le slogan la jeunesse emmerde le front national n'ait pas trouvé ses limites ?
BC : Non, mais j'avais déjà commencé à répondre à cette question... non mais c'est vrai, c'est à dire la caricature de quoique ce soit ne m'intéresse pas. Et la caricature du groupe contestataire à qui l'on va dire " tu baisses qu'est ce qui t'arrives ? " Non ça c'est la liberté, il faut que ce soit bon, si on a peur de ça, non on ne tient pas à être une caricature de contestataires, et on est, je crois, modestement plus large, que ca c'est à dire qu'il y a un type de chansons, un type de préoccupations, une façon de vivre qui n'est pas continuellement militante, militante, militante, militante. Ce n'est pas vrai. Il n'est pas question mentir là dessus.
Il y a un devoir de recul ?
BC : il y a un devoir de recul permanent, permanent, permanent.
Ait il besoin de crier pour se faire entendre ?
BC : Non ! Absolument pas ! Il y a des gens qui arrivent à faire passer des choses avec une douceur...Bon c'est vrai que cela peut être nécessaire (rires) ! Ce n'est pas obligatoire du tout dieu merci !
Avez vous l'impression d'être bien compris, bien entendu ?
BC : Compris, entendu, c'est la même chose que comment peut on le mesurer ? Comment peut on déjà savoir si l'on sait compris soi même car il faut revenir au soi même et dire attend...est ce que je suis bien en phase avec ce que je dis ? Et quand tu dis quelque chose, tu te mouilles, tu prends des risques, tu es au bord de la falaise, à ce moment là tu ne peux jamais être sur que l'écho soit favorable, que l'écho soit bien assimilé... On ne sait pas... on espère !
Vous réclamez comme une sorte d'utopie d'anarchiste gauchiste... vous confirmez ?
BC : Ouai !
Et FERRÉ ?
BC : FERRE c'est FERRE... il a un petit côté, ... tu comprends à un moment donné il était " vous me faites tous chier " il fait parti de ces gens qui continuait à décrier... c'était un vieux contestataire très très spontané cela pouvait aller jusqu'à dans l'injustice dans sa révolte. C'est beuah ! C'est un punk FERRE ! (rires)
Et pour ceux qui vous diraient que c'est pas un peu facile de tirer sur la politique comme ça ? A se démarquer trop facilement ?
BC : je suis persuadé que c'est tout le contraire ! Non le problème, on parlait de FERRE justement, il disait que " l'anarchie est la formulation politique du désespoir " alors moi ... c'est vrai qu'on demande trop au gouvernement et à la vie, et autant mettre la barre moins haute. Et c'est faux que cela soit facile, les engagements ponctuels... ce n'est pas du tout l'anarchie, parce que l'anarchie c'est le bordel ! Bon cela fait du bien le bordel parfois...
Et à propos de la responsabilité d'aller voter ?
BC : Oh, une fois sur deux je n'allais voter parce que d'un seul coup je " waaaaeeuhh " je t'avoue être hésitant là dessus ! Moi je ne suis pas un militant anarchiste avéré, déclaré, je n'appartiens à rien du tout... une fois j'ai mangé une carte du PC à un adhérent qui me la proposait dans un concert ça je m'en souviens... Ah non non non ! le PC, le PC, le PC, ne parlons pas du passé ! (rires)
Le PC heureusement qu'il était là, mais il a un peu trompé les anarchistes ! Il y une petite dérive, une petite grosse bourde ! On sait très bien dans les histoires électorales comme cela pouvait apporter comme équilibre, comme défense, comme point fort de défense, de gens qui et ça il ne faut pas l'enlever au parti communiste ! De remettre sur le tapis, leur préoccupation c'est de s'occuper des plus faibles. Au moins ce que l'on peut leur décerner comme médaille c'est celle là ! Ils ont déconné à part ça...
Dans le débat intellectuel comment vous situez vous ou quelles sont vos relations avec Pierre BOURDIEU...
Bertrand (se prend la tête immédiatement et souris) j'ai pas le niveau moi, j'ai pas le niveau... parce que Pierre BOURDIEU a fait rédacteur en chef occasionnel chez les Inrocks... effectivement, moi je ne peux pas en parler parce que je n'ai pas participé à la rédaction de ce numéro avec BOURDIEU. Il a des prises de risques nécessaires, et plein de choses intéressantes à dire.
La femme reprend le flambeau
Pendant la guerre du golfe tu faisais parti des manifestants contre la guerre, et comment tu te situes par rapport au problème du kosovo avec les réfugiés et les frontières fermées ?
BC : Là c'est beaucoup plus compliqué, c'est à dire que, à priori je suis pacifiste-pacifiste, j'ai beaucoup de mal à sortir de ça, mais la situation en Yougoslavie ce n'est pas la même que dans le Moyen Orient c'est évident... on entend les mêmes personnes dire pour la Bosnie, " et pourquoi il n'y a pas d'interventions "... je peux simplement me poser la question parce que j'ai une méfiance terrible, quand il y a une guerre qui se déclenche... as t'on pris toutes les mesures pour qu'elle soit évitée ? Je n'en suis pas persuadé et d'une, et je n'ai pas toutes les clefs. Et ce qui est certain c'est l'OTAN et l'OTAN ce sont d'abord les avions, alors là c'est un problème, est ce que cela ne pourrait pas être autrement ? Parce que violer des textes j'ai du mal aussi à me défaire de ça... je suis anti-américain... mais pas primaire hein ! (rires) mais pas primaire j'essaie de voir si l'OTAN est la seule force qui peut résoudre ces problèmes. Ce n'est pas normal qu'il y ait un seul organisme qui possède la puissance pour gérer le reste du monde !
Surtout quand ils interviennent dans une Europe de l'est que vous aimez bien, que vous connaissez bien cela ne vous ennuie pas ?
BC : Si ! (rires dans la salle)
Changement de personne (plus vivante, plus joviale)
Bon nous allons revenir à un contexte plus local, quelques questions sur Bordeaux, vous avez déclaré dans les Inrocks que " Bordeaux est une belle ville, mais c'est une ville de cons ! " rires dans la salle - applaudissements, cris, bordel ! Pourquoi ce jugement ?
BC : baah ! (faussement géné) J'étais énervéééé.... (rires) mais la première fois que je suis arrivé c'était très clair. Disons que ce n'est pas une ville qui dégage " l'accueil " ! (Rires)
J'ai vécu ça pendant mon adolescence mais bon j'étais pas malheureux non plus ! Mais j'ai ressenti quelque chose de très très fermé mais pour rétablir l'équilibre, parce que s'est quand même là que j'ai connu mes meilleurs amis, qu'une partie de mes amis.. j'exagère un peu, une partie de ma famille est installée là et qui est restée là... - ton paternel - " on s'arrête là ! " bon on s'arrête là ! (rires) !
Bordeaux une ville endormie ?
BC : Oui c'est la caricature, c'est un peu vrai ! Et puis on y vit trop bien, on y mange trop bien (rires) ! C'est trop facile ! Les gens ici n'ont pas idée de la difficulté, j'en connais plein de gens comme ça, je ne leur en veux pas (rires) mais c'est vrai ils ne se rendent pas compte de certains trucs, ce n'est pas en eux, il y a toujours un moment où.. Tu cites Chinois, Chinois une grand Homme politique (rires) ! Le mentor de tous les beaufs bordelais dans les années 80 (rires) " Ouai c'est super cool Bordelais " ! Bordeaux est une ville avec tous ses aspects modernes, tout le monde n'est pas bourgeois à Bordeaux... si on va dans la caricature, tous n'ont pas un manque d'initiative, ou un manque de chaleur, ce qui a manqué c'est que cela a été anglais pendant un temps (rires !). C'est ça en fait ! C'est bizarre parce qu'on est dans le sud mais il manque une chaleur... on ne peut pas se fâcher là dessus... parce que tout à l'heure dans un atelier... euh c'est ça ? Vous appelez ça un atelier ? (rires dans la salle) non parce que je ne m'en souvenais plus, (rires) pour le peu que j'ai entendu car je suis arrivé un peu en retard, enfin trop tard, on est revenu sur les territoires, et il y a un mec de Toulouse, qui part ailleurs a l'air bien (rires), qui disait " Ouai Bordeaux c'est trop froid, pas chaud, pas bien, Toulouse c'est si c'est ça... " et on retombait dans les caricatures, qui ne sont plus intéressantes, arrive à un moment, à l'heure qu'il est le tissu de la ville commence à changer, on arrive à autre chose...
BC : Quel regard portez vous sur la politique municipale d'Alain Juppé, donnée sur la ramification de la rive droite ?
BC : Oui ,oui.. alors là euuh je ne suis pas au courant des derniers développements mais je sais seulement que la seule solution, dites moi, dites moi si je me trompe car je n'étais pas là ces derniers temps... on a vu ça des années, des années, des années, en friche, en ruine, à l'abandon... il y avait donc un projet, les bordelais ont payé des impôts locaux qui concernaient des sites d'architectures... sourire.... on a rien eu ! Derrière il y a des architectes connus... mais cela n'avance pas vite, il n'y a pas de pognon, c'est ce que j'ai cru comprendre je ne sais pas pourquoi ils n'en trouvent pas pour ça mais bon... mais c'est aussi parce c'est historique, la rive droite est considérée comme hors bordeaux ! Pour certains bordelais s'en foutent la rive droite pour eux ce sont les pays de l'est déjà (rires dans la salle) donc c'étaient des quartiers populaires, avec beaucoup de personnes licenciées, après donc ces projets là on a commencé à prendre ça et puis ça prend du temps, ça prend du temps, ça prend du temps...
Est ce que vous pensez que Bordeaux est condamné à l'échec de par son manque de volontarisme...
BC : Ah non ! Pas tous les projets ! Sinon effectivement on sent une inertie extraordinaire, à ne pas bouger, à ne pas évoluer... sur le global il y effectivement une inertie fantastique, je ne sais pas à quoi c'est dû...
D'après vous il faudrait un grand projet pour redynamiser la ville et concilier les deux rives ?
BC : Non que la rive gauche demande l'indépendance ! rires
Non mais, c'est parce que il faut que les gens apportent leurs quartiers et leurs vies et non pas à Bordeaux dans sa politique d'absorber qui que ce soit !
Bon alors une hypothèse d'école... est ce qu'une mairie de gauche ferait changer quelque chose à Bordeaux ?
BC : D'après ce que l'on a pu voir à des échelles plus élevées je n'en suis pas si sur... mais ce sera toujours mieux... disons un peu mieux. Et puis cela dépend, quelle mairie de gauche, quel courage, avec quelle détermination en terme aussi d'organisation, cela dépend de quelle gauche... cela dépend surtout de quelle gauche... sourire... cela dépend foncièrement de quelle gauche (rires) !
Le parti communiste ?
BC : Je n'ai pas parlé de ça moi ! (rires) je me souviens d'un type à Bordeaux... qui s'appelait Jean Pierre BROCHE entre la ville de Bordeaux et .... Bègles (rires) ! Cela donne une idée...
Dernière question : Noir Désir un des rares groupes a avoir émergé sur la scène nationale alors qu'à Toulouse il y a Zebda et Fabulous Troubadors, Marseille I Am, Massilia Soud System, la Bretagne est à la mode avec Yann Tiersen, Matmatta, Miossec...
BC : la Bretagne a toujours un courant d'identité forte...
...(le coupant) ouai ? Et donc comment vous
BC : ... il s'en fout ! (rires dans la salle)
Comment expliquez vous ce manque de groupes bordelais qui n'arrivent pas à percer à l'échelon national ?
BC : Ben, par l'ennuie ! (rires). C'est un problème d'image, c'est souvent un problème d'image de la ville... si vous saviez, je ne suis pas le seul à vivre ailleurs, à voyager... si vous saviez quelle image Bordeaux a... c'est, c'est catastrophique il faut le savoir (silence dans la salle) ! C'est trop ! Cela en devient injuste ! Evidemment il y a une inertie possible de cette image et il va vraiment falloir en mettre un coup terrible pour vouloir que cette image change, et combien même si cela change aujourd'hui, à la limite il faudrait que Bordeaux en fasse plus tellement qu'elle a de retard au niveau chronologique... c'est très très encré partout ! C'est le vin et les Girondins ! Je ne parle pas du fait que les choses n'existent pas je parle du fait que cela n'a pas réussi à devenir partie prenante de l'image.
Est ce que vous vous véhiculez, revendiquez partie prenante de Bordeaux ?
BC : On ne fait pas de la revendication identitaire Bordelais (rires) ... bon vous comprenez il y a Maaaarseiilllle... Bon et bien nous, on a Boooordeauuuux (rires) ! Ce n'est pas la faute à Bordeaux... on se revendique premièrement du monde, ensuite France, et puis après forcément Bordeaux... mais cela n'a pas la même importance que Marseille I AM, Toulouse ZEBDA...
C'est vrai que ce n'est pas une revendication permanente, mais on ne va pas le cacher non plus !
Même si vous n'appréciez pas tous les côtés de l'image de Bordeaux, est ce que cela reste pour vous une base pour la vie ? Pour vous ressourcer... ?
BC :ah beh absolument ! Et puis cela a un rapport compliqué, parce qu'il ya plein de de choses que j'adore ici, y compris les caricatures... mais c'est vrai que la revendication identitaire de Bordeaux... (laissant tomber ses bras sur la table), j'peux pas ! (rires dans la salle). Pas plus que ce qui est vrai !
Je vous remercie
On change la dernière personne - Rodolphe
Ça va ? Ça se passe bien ?
BC : et toi ?
Il fait un peu chaud... on va commencer par un truc aride... pour toi, l'action est la seule issue possible pour la réflexion ? (rires dans la salle)
BC :........ (yeux écarquillés)
Non mais euh je parle au niveau de l'écriture... l'écriture avec la pensée et son acte et...
BC : Je pense que l'écriture en soit est une action.. mais dormir aussi c'est une action, quand on dort on se ressource de quelque chose... ce n'est pas rien ! Penser c'est nécessaire.. Il y a besoin d'agir aussi... pour moi il y a un lien très fort entre les deux.
Et on pourra imaginer un jour peut être, un recueil de textes de Bertrand CANTAT ?
BC : Je ne sais pas faire ça ! Pour moi j'admire beaucoup beaucoup les écrivains parce qu'ils ont une solitude terrible et dans cette solitude, pour moi j'assimile ça à une descente au fond du puits, et c'est pas toujours agréable, cela ne fait pas que du bien... je pense que l'écriture est un acte de courage.
Et par ailleurs ce n'est pas quelque chose qui vous tente ? De franchir le cap ?
BC : Si j'y ai pensé beaucoup et j'ai fait... pendant des années... enfin... j'ai fait trop de musique, j'étais mal organisé... j'ai fait des tas de choses qui n'ont rien à voir (rires dans la salle)...Un truc de vieillesse ça ! (rires)
Pourquoi vous êtes vieux ?
BC :.... (rires dans la salle)
Vous allez voter des fois oui des fois non ?
BC : Oui, je suis emmerdé avec Houlaaa !
C'est le principe qui vous gène ou par pessimisme ?
BC : C'est par constation !
En tant qu'anarchiste cela pose problème !
BC : en tant qu'anarchiste orthodoxe cela n'en pose pas (rires) !
Pourquoi voter alors ?
BC : Parce que je me sentais mal de ne pas participer ! Il y a des arguments, quand on me disait qu'il y avait des gens qui se sont battus pour le suffrage universel ! A partir de là, cela me déstabilisait de pas participer au vote ! Mais jamais je n'ai voté pour une liste qui me convenait évidemment, c'est impossible !
Est ce que pour autant aujourd'hui, il vous paraît des élections plus importantes que d'autres... je pense aux futures élections européennes..
BC : C'est très important mais je ne sais pas comment elles sont perçues ! Parce que : qu'est ce que c'est l'Europe qui est entrain de se créer ? et donc avec ces élections européennes il y a : " quelle Europe voulez vous ? " enfin moi je vois le j'essaye de le voir comme ça ! Quelle Europe on veut...je ne sais pas où est ce qu'on est parti...mais les données de base ne sont pas les bonnes.
C'est une idée qui vous plait l'Europe ?
BC : oui, pour finir plus large !
Non non pas pour finir, j'en ai d'autres ! rires
BC : L'Europe ce n'est pas une citadelle, on, ne s'intéresse uniquement au terme de citadelle, mais j'aime bien l'idée de rééquilibrer les forces entre les américains, comme ouverture sur le monde, comme mise en commun de qualités c'est aussi intéressant, mais bon faudrait parler des différences sociales, faudrait parler d'une Europe ouverte, généreuse et imaginative, il faudrait parler de tout sauf une citadelle !
Et vous n'aviez jamais pensé à être un élu syndicaliste même quand vous êtiez jeune... avant ! (rires dans la salle)
BC : euh voyons ...(troublé)...
Ça fait mal ? (complice)
BC : Non pas vraiment, pas vraiment... élu là, c'est le côté libertaire qui revient c'est ouuuh ! Même être représentant de personnes qui vous ont choisies, cela ne suffit pas, c'est très difficile d'échapper au pouvoir... le pouvoir est le problème de tout... il y a différents types de pouvoir, même moi j'en ai un pouvoir, j'ai bien compris.. j'essaye tout le temps de le soupeser de sorte de faire toujours un pas à côté de l'autre et de prendre du recul. Quand la scène politique est partagée, sur sa piste, lui n'a pas le recul, cette barre qui me gêne... et puis le syndicaliste j'aime beaucoup... ah lalala, j'ai une nostalgie du syndicalisme, anarchiste de 1936...
C'est ça quand vous étiez jeune...
BC : Bah j'étais pas jeune en 36 ! (rires dans la salle) Depuis... non j'ai fait de la musique, j'avais pas le temps bien que je gardais toujours un il là dessus ! Je n'ai jamais pensé à des fonctions comme ça...
Et votre soutien pour le GISTI, semble se faire sur la durée, est ce que les Gistiens sont des politiques comme les autres ?
BC : ah absolument ! Si tu veux, moi ça m'intéresse, chacun sa spécificité, chacun son rôle, chacun son essence surtout ! Parce qu'on parle jamais assez de ces choses là ! De l'essence ! Et au delà de ça ce qui est intéressant c'est que nous soyons tous égaux ! C'est peut être idiot ! On est tous particulier, tous différent, tous égaux. C'est ça qui m'intéresse, légalité de statut fondamentalement on est égaux, en Europe, en devoir ok ? Ça c'est le grand découpage... et pas de droits, pas de privilèges, alors que moi je me retrouve avec des plans.. ce n'est pas normal ! Sincèrement je ne trouve pas ça normal parce que quand je ne voulais pas payer on ne me l'offrait pas ! C'est bizarre quand même !
Alors il y a ce devoir supplémentaire pour les personnes de notoriété publique...
BC : Non ! Ce n'est pas un devoir ! De fait ces personnes se doivent d'être des parents de la légalité donc évidemment c'est plus dur vu qu'elles ont plus d'occasions plus de pression, de corruption...
Et comment vous choisissez les causes que vous défendez ? On peut s'imaginer avec Goldman avec les restos du cur ?
BC : (immédiat) Non ! (rires dans la salle)
Pourquoi ? Pourtant c'est une bonne chose...
BC : beh ce qui est curieux c'est qu'il y a plein de monde pour ça !
Beaucoup pour là où on est ! Parce que les restos c'est une bonne chose évidemment ! Cela fait parti des trucs où il ne peut pas y avoir de débat possible, qui va dire que ce n'est pas bien ? Tu vas voir si tout le monde dit que c'est bien de défendre des personnes dans la rue ! Il y en aura beaucoup moins d'autres !
Et si Goldman vous demandez de faire un spot Télé avec lui pour les restos ?
BC : Non enfin ça dépend ! Ça dépend d'une situation, tu demandes ça c'est un peu... il manque les données... si Goldman... des gens du business très forts... et nous on est différent de ça... donc d'un côté tu ne peux pas te rapprocher de tout le monde ! On est très ouvert mais on peut pas être toujours avec tout le monde. Avec des pensées contradictoires, les restos du cur ce n'est pas de la réflexion ... c'est un pansement les restos du coeur... nous modestement on essaye plus pour de l'échange... on fait ce qu'on peut, on est des êtres humains !
On choisit en fonction du fond, et pas seulement une espèce de collecte pour les pansements... c'est plus intéressant surtout dans un groupe !
Si Renaut qui se dit lui aussi anarchiste a rejoint les restos du cur, vous ne vous sentez pas...
BC éjà je ne dis pas que je suis anarchiste toutes les cinq minutes, et puis il est plein de contradictions, il le sait c'est un être humain. Je veux dire, quand quelqu'un se dit anarchiste libertaire, sauf s'il est vraiment con et têtu et cela existe, il a la religion du doute aussi. Tu vois si moi j'ai une religion c'est celle là, parce qu'en projection, c'est le contrat de la vie ; la vie c'est quelle que chose qui coule, la pensée aussi, la pensée politique aussi. Cela ne peut pas être quelque chose d'arrêté.
On va parler justement de politique ; à Toulon, vous pensez que la musique est une arme politique et est une bonne arme contre le front national ?
BC : J'en doute. On le fait, on l'a fait... peut être qu'on le refera mais avec le front national on n'a jamais l'impression d'avoir un résultat tangible... c'est très très dur à mesurer. C'est à dire qu'on se retrouve entre nous, on est vachement content, il faut être très prudent ! A vrai dire tout le monde ne s'attendait pas à ça (histoire pour le sous-marin), on a fait un peu le cheval de Troie, point. Il y avait le groupe de rap Assassin, et les gens ne s'attendaient pas du tout à ça, et ils ont fait une chanson très posée, il y avait aussi des troupes de théâtre chanté-dansé, il y avait des gens qui s'appelaient " génération chaos " qui venaient faire un espèce de discours vivant de 20 mn qui s'appelait " citoyen en France ". On leur avait envoyé ça, parce qu'on ne voulait pas être à Toulon, on était dans les quartiers on organisait dans les locaux de la FOL, une conférence de presse donc ce sont les associations qui se rencontraient de vive voix parce qu'on s'est aperçu que cela ne se faisait pas... en résumé voilà !
On a essayé de faire de choses, ce n'est pas quantifiable, on ne peut pas le cadrer, et je suis persuadé qu'on peut faire avancer un tout petit peu les choses, peut être beaucoup, comment le mesurer ? En fait nous on le fait parce qu'on y croit profondément.
Vous êtes président du comité de soutien au Sous Marin de Vitrolles, c'est vous qui avait appelé ?
BC : Non, non. La première fois c'est nous qui avons appelé quand on a su lors de la première réaction du maire de Vitrolles. Après ils nous ont recontacté quand les choses se sont beaucoup plus concrètes... Quand là c'est devenu chaud... on a fait des débats... on a vu des politiques se pointer d'ailleurs quand le Sous Marin s'est fait muré, avant il n'y avait personne... et là il y avait une sorte de podium organisé... et le politicard reprendre ce podium là devant les médias... c'était bizarre (la voix évasive) rires de la salle
On parlait de Charlie Hebdo tout à l'heure, est ce que comme eux , vous êtes pour l'interdiction du Front.
BC : Plus maintenant. Je l'étais complètement. Cela aurait du être fait depuis longtemps !
Pourquoi l'avoir été et ne plus l'être maintenant ?
BC : Je ne suis pas complètement persuadé, je pense que c'est déjà ... c'est trop installé, peut être que le fait soit très enraciné, ce serait hurlé à la persécution de dire " où est ce que l'on retrouverait ce potentiel ? " Je n'arrive pas à saisir ça... t'es pas d'accord avec moi là ? Au moins quelques idées pour qu'on réfléchisse ensemble... ?
Non ce n'est pas le but du jeu ! (rires dans la salle)
BC : Non mais là dessus je suis septique.
La c'est un jour important aujourd'hui ? Parce qu'aujourd'hui sort le livre consacré à Noir Désir...
BC : (sincère) Non ça n'a pas beaucoup d'importance ça.
On peut en parler un petit peu
BC : (mou peu enthousiaste) ce n'est vraiment pas ce qui m'interresse ça ! Non mais sincèrement ! Une compilation d'interviews... voilà... c'est bien... cela montre une certaine cohérence au fur et à mesure des années... Il y a dex photos qui sont très belles (toutes faîtes par son frère Xavier qui le prend justement en photo !) - rires dans la salle - ce n'est pas très important. Ce n'est pas si officiel.
La femme : Peut on savoir les projets de Noir désir ?
BC : Ouaiiiiiiiiii.... euh là actuellement je vais tourner rapidement avec Akosh en tournée en Hongrie et en Roumanie, et puis ensuite en revenant je vais me remettre à écrire, travailler avec Serge le guitariste, enregistrer travailler des choses voir, lire, se cultiver pour mieux savoir répondre aux questions des jeunes ... (rires) Ça se bosse tout ça !
Rodolphe : (insistant)... des jeunes !
rires dans la salle
Femme : On peut peut-être demander dans la salle s'il y a quelqu'un qui veut poser des questions ?
Est ce que ce serait citoyen de se produire actuellement à Belgrade ?
BC : Alors écoutes... ça c'est une question piège ! Moi j'ai beaucoup regretter de ne pas être allé à Sarajevo, mais cela a été très compliqué, il y a eu beaucoup d'histoires qui nous a empêché d'y aller à l'époque. C'était très chaud ! D'ailleurs tout le monde n'était pas d'accord pour aller prendre ce risque ! Peu importe, je les aurais ! (rires) et il n'y avait pas de difficulté à choisir ! Pour ce qui est de l'attirail, si des t-shirts avec une cible là (il montre son torse) avec " fuck Milosevitch " jouer sur scène et jouer comme ça ! Mais cela ne sera pas possible ! Moi j'aimerais bien jouer à Belgrade, figures toi qu'on était invité à y'a un fax y'a un mois une tournée avec Akosh dans les conditions actuelles c'est annulé, je ne sais même pas si on aurait le droit, je répète que pour être tout à fait cohérent il faudrait y aller avec la très nette séparation entre le fait de dire : quelque part cela me fait marrer de mettre une cible de les inciter... sauf que, il faut que les Serbes cessent de soutenir Milosevitch ce n'est pas le bon leader... parce que cela se passe dans une ambiance très nationalo-milosevictchienne, et non merci ! Et puis il y a très peu de chances pour qu'on nous le propose !
Une autre question ?
Bonsoir Bertrand !
BC : salut !
Je voulais te demander si tu croyais à une assemblée nationale multiculturelle ? Un truc comme ça...
BC : c'est pas déjà commencé ?
Pffff
BC : Ouai c'est vrai t'as raison, déjà qu'il n'y a pas beaucoup de femmes... oui c'est vrai ce n'est pas une assemblée nationale représentative du peuple... c'est vrai. Non seulement j'y crois, et je pense que c'est souhaitable, et ensuite qu'il n'y ait plus d'assemblée nationale du tout... (rires dans la salle)
J'aimerais savoir si en temps qu'anar ou libertaire comment tu te situes comment tu soutiens des personnes... et par rapport à 'industrie du disque tu évoquais le maillon de la chaîne... comment tu gères dans ta tête, dans tes actes le fait que tu sois dans une telle multinationale ?
BC : Cela fait partie des questions qu'on a été obligé de se les poser depuis longtemps et qu'on continue de se les poser. Cela ne se gère pas ça se digère !
La vérité c'est que on a pu se permettre avec les années de gagner en autorité et en autonomie de décision en liberté, tout tout repasse par nous ! Financièrement aussi... un studio ici à Bordeaux cela bosse dedans ça sert aussi à financer " un jour à Bordeaux " car figurez vous... cela coûtait cher ! C'est comme ça si tu veux qu'on rééquilibre les choses. C'est quasi inévitable d'appartenir à une multinationale aujourd'hui. J'aime bien le coup de se cotiser, tu sens les gens derrière très motivés or c'est très difficile à organiser ça !... la diffusion ne serait pas la même... et j'aime le fait que l'on soit diffusé.... alors je le rends, je ne m'en cache pas.
Les interviews after
Pas de répit pour le pauvre Bertrand qui après deux heures non-stop de répliques aux questions des Sciences Potistes... un groupuscule de jeunes assoiffées de niouzes Noir Désiresques (dont je fais parti hem !) le colle jusqu'à ce que nous trouvions un endroit calme et tranquille.
J'apporte une coupe de champagne bien mérité pour la prestation de son Grand Oral. Bertrand me remercie avec un grand sourire et un " Oula ! Oui j'ai une de ces soifs ! ". On le comprend bien après avoir parlé si longuement. Il semble accuser le coup suite à cet oral et ne l'oublions pas, suite à la courte nuit d'hier !
Nous sommes 4. Deux étudiants journalistes (un caméraman et un intervieweur) un autre pour je ne sais quel média étudiant, et moi qui représentait radio sauvagine 94.9 la fréquence rock bordelaise !
Pierre : Après vous les journalistes !
Journaleux 1 : 3, 2 ,1 , 0 avec Bertrand CANTAT, bon écoutez, qu'est ce que vous ressentez de ces deux heures de débat, qu'est ce que vous retenez quel effet ça vous fait ?
BC : Ben j'espère que c'était, enrichissant pour tout le monde, un minimum je ne parle pas ça par rapport à ce que j'ai dit moi, mais par rapport à la manière dont cela pouvait changer des tout un tas de notions, de choses. C'est vrai que c'était un peu centré sur l'engagement politique et l'action. Et je peux pas vraiment le regretter non plus mais sur c'était évident que c'était centré la dessus.
J'ai bien aimé ça, c'était vachement vivant, c'était pas quelque chose de coincé c'est ça qui compte !
J1 : De quoi auriez vous aimer parler dont vous n'avez pas pu parler aujourd'hui ?
BC : Je ne sais pas on a abordé beaucoup de choses. Je ne sais pas je ne peux pas te dire. La vie est longue... (sourire fatigué)
J1 : Vous êtes pas quelqu'un qui sort beaucoup en public, vous avez été sous le feu pendant deux heures, comment l'avez vous ressenti ?
BC : ... ce n'est pas un truc évident mais après une fois que cela devienne humain tout simplement, le reste c'est bon je veux dire, on est entre humain alors il se trouve que je suis au milieu et puis je suis l'invité alors cela donne cet état particulier mais moi je me détache assez vite de ça pour essayer d'entrer dans une discussion.
J2 : Et cela ne vous fait rien d'être passé après Charles Pasqua ?
BC : Si ! (rires), c'est la chose qui m'a fait hésiter.. car il y a un certain nombre de gens avec qui je n'ai rien à faire ! Mais alors on est toujours dans cette idée de
est ce qu'un échange avec des étudiants, avec des personnes premièrement, avec un certain niveau de questions qui permet d'élever le niveau du débat, tu vois c'est pas un truc de la presse jeune qui va me demander la couleur de mes chaussettes, j'aime mieux ça ! est ce qu'il faut laisser uniquement les débats au milieu des politiques... je me suis dit allons 'y gaiement, c'est une expérience, cela peut être intéressant.
J2 : Et si par exemple une militante du RPR, étudiante à Sciences Po vient vous voir j'adore vos chansons je suis fan de Noir Désir, quelle est votre réaction ?
BC : Je lui dirai continue d'être fan et arrête d'être au RPR !
Pierre (speedé par le temps) : Peu de question vu le peu de temps qu'il nous reste, ce qui est déjà grand un luxe...
BC : je suis absolument désolé...
Pierre : non, non attends tu n'as pas à être désolé...Que penses tu de la jeunesse qui ne croit plus en la politique ?
BC : Cela dépend de ce que tu appelles la politique... la politique c'est une base de la vie commune... il faut bien discuter ensemble pour avancer et créer...
Pierre : Je parle des personnes qui ne se reconnaissent dans aucun parti, et qui sont arrivées à un stade " si je ne vote pas blanc, je contribue à l'émergence du front national, qu'est ce que je dois faire ? Qu'est ce que je peux faire ? "
BC : Oui, c'est très compliqué de ce côté là, surtout si tu es libertaire de tes sensibilités de te retrouver avec un bulletin de vote marqué tel parti et là tu votes pour ce programme qui en plus, en parti, surtout si c'est la gauche qui gagne, et parce que ce soit clair là dessus, je n'ai jamais espérer quelque chose par la droite, s'il m'est arrivé d'espérer quelque chose c'est par la gauche, et encore faut il que les promesses soient tenues, enfin bon, on est dans tout ce discours là. Mais si tu veux moi je distinguerais le fait d'avoir une grande méfiance vis à vis du vote c'est à dire que le vote... c'est une chose, pas suffisante et d'autres part cela recèle d'autres part de toutes autres tromperies, le marchandage électoral cela s'est perverti ! Je distingue ça du rejet de la politique. (silence)
Tu fais parti du monde ? Donc il n'y a pas de rejet dans ce sens là, au contraire !
Pierre : Il faudrait agir quelque part ! La musique est une façon d'agir, après ce sont des sensations car on s'est beaucoup focalisé sur les titres " un jour en France " ou " here it comes slowly " mais comme tu le disais il y a l'amour il y a plein d'autres choses !
BC : Oui ! Heureusement !
Pierre : Parce qu'après c'est la perversion des médias qui découpent, comme par moment ils reprennent des mots, une image mais en ôtant son contexte et là tu te rends compte à la radio que " putain je n'ai jamais dit une chose pareille " !
BC : Ça oui, oui, oui, on est coutumier du fait ! Ça n'arrête pas d'être complexe, ça n'arrête pas d'être saucissonné...
Pierre : ... et après tu satures, tu te recroquevilles...
BC : ah oui, alors là tu satures, et tu as un VRAI blocage ! T'es bloqué !
Pierre : Quelle démarche entre guillemets tu aimerais que les fans fassent pour parler avec toi ? Est ce que dans un concert ils te tapent dans le dos - salut ! comment tu vois ça ?
BC : A la limite on boit une bière... on est des êtres humains ! (rires)
Ce qui est difficile c'est lorsque tu es sollicité pour des interviews. Il y a des endroits où je dirais que c'est bien de se croiser les uns les autres sansfaire d'interviews. Il y a un moment pour tout ! Et c'est une façon de préserver...
Pierre :... l'identité ?
BC :.. non !... on est des gens (sourire au coin)
J1 : (immédiatement) Auriez vous aimer être étudiant à Sciences Po ?
Explosion de rires dans la petite salle !
BC : Je n'y avais pas pensé ! ! ! Mais je ne connais pas assez bien le fonctionnement donc je ne peux pas savoir si j'aurais pu avec ma façon d'être et ma façon de penser être accepté là dedans et tenir le coup là dedans !
J1 : parce qu'il ya une manière d'apprendre à Sciences Po...
BC : (le coupant) ... il y a plein de manières d'apprendre... Sciences Po en est une ! je ne dis pas le contraire. J'ai plein d'amis au fond, je m'en rends compte qui sont passés par là ! je me rends compte que j'en ai plusieurs et qu'ils ne sont pas aux mêmes endroits, et qui sont des atypiques de Sciences Po dans leur suivi, ce qui prouve que c'est possible. Mais par contre je ne connais pas d'énarques !
J2 : Vous ne trouvez pas ça curieux ici ce soir, à la place où vous étiez, vous parliez de Charles Pasqua...
Le directeur de Sciences Po Bordeaux intervient et le rectifie : Pas dans les conférences de Sud-Ouest !
J2 (reprend) : oui mais laissez moi poser ma question...
Le directeur de Sciences Po Bordeaux : Non attendez il ne faut pas dire n'importe quoi !
J2 (s'énerve) : A la place où vous êtes, on voit habituellement des hommes politiques, des chefs d'états, des décideurs économiques..
BC : (le coupant) : Non pas seulement !
J2 : Oui mais d'une manière générale cela ne témoigne pas vous chanteur de rock vous ayez été là ce soir et été questionné sur vos engagements ? Peut être une évolution des mentalités ? Le statut de chanteur de rock ?
BC : (fait la moue)... mmmh moi déjà... j'aime pas le terme de statut de chanteur de rock je sais que c'est comme ça que c'est vécu mais moi j'a
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The Toast, un docu-fiction qui teste la loi de murphy et les films en carton