Le repas de nos 40 ans

Le repas de nos 40 ans - Cuisine - Discussions

Marsh Posté le 26-12-2007 à 19:27:05    

Si cela peut donner quelques idées de menus pour les fêtes, voici ce que nous avons servis pour nos 40 ans à nos convives (nous fûmes 12 au total)
 
D'abord le menu, imprimé sur un A4, recto-verso.
Donc, sur la 1ere feuille, il y a la page 4 et la page 1
 
http://img81.imageshack.us/img81/1281/page4et1zv9.th.jpg
 
Et sur la seconde les pages centrales 2 et 3
 
http://img81.imageshack.us/img81/8381/page2et3zo5.th.jpg
 
 
Et pour ceux capables de supporter une narration un peu lourdingue, voici le déroulement de la soirée.
 
 
 
Le souper des deux Laurent.
 
J'ai la chance de compter parmi mes amis un chef cuisinier, un de ceux qui travaillent dans ces grands restaurants gastronomiques de notre pays. Nous avions décidé, pour fêter notre anniversaire, d'offrir un grand repas à quelques uns de nos amis, un soir de novembre. La veille de la cérémonie, pour profiter du matériel professionnel et nous avancer dans la tâche, mon ami prépara les sauces lisses dans les cuisines de son restaurant : un jus de palourde pour la soupe d'huîtres et les coquilles Saint-Jacques, une crème de crabes verts pour la lotte et le homard, une émulsion d'asperge pour les ris de veau, et un fond de veau pour le lièvre. Hé oui, un lièvre. Nous étions en pleine période de chasse et il fallait en profiter ! Il fut tiré en Sologne le dimanche précédent et put donc maturer quelques jours au frais. Le chef le désossa et le farci de plein de bonnes choses : des ris de veau, du foie gras, de jolis cèpes, et d'autres secrets encore, comme des pistaches... Bref, il mit la bête prête à cuire !  
 
Il était déjà neuf heures trente le matin de ce beau jour. Il fallait que je commence sans tarder à préparer la fête pour ne pas risquer d'être en retard ! En attendant le chef, je me mis à dresser la table. D'abord, repasser la nappe blanche et les serviettes, puis disposer les élégants verres à vin et un gobelet à eau, poser les assiettes avec les serviettes pliées en carré dessus, répartir les couverts, décorer la table avec cinq petits bouquets de roses jaunes et d'œillets rouges et, enfin, aligner tout ceci au millimètre pour faire une belle table : le plaisir commence par là ! Ceci fait, je préparai deux plateaux avec les beaux fromages de notre région : du saint-nectaire fermier, du cantal entre-deux et un vieux plus corsé, du lavort qui est un délicieux brebis du pied du Forez, et une belle fourme d'Ambert. Placés à mi-frais dans le cellier, ils seraient à point pour la fin du repas. Puis je me chargeai de déboucher les vins afin qu'ils s'aèrent. Humer ces grands crus de bordeaux et de bourgogne, à côté des plateaux de fromages, fut une dure épreuve ! La tentation fut grande, mais j'y résistai ! Je remis donc sagement les vins blancs dans la cave et laissai les rouges tranquillement à côté du fromage pour qu’ils se mettent doucement en température.  
 
Il était maintenant onze heures trente. Il fallait passer à la cuisine. Justement, c'est le moment que choisi l'autre Laurent pour arriver, le coffre de sa voiture chargé des provisions qu'il avait achetées la veille à la ville. Nous allions pouvoir nous mettre derechef au travail ! Ma fille, quatorze ans, après m'avoir aidé à dresser la table, nous apporta une aide imprévue et bienvenue ! Elle fit, sous les ordres du chef, la préparation des desserts : faire les sablés à la bretonne surmontés d'un fin voile de frangipane, disposer dessus les fraises finement coupées, mettre prêts à cuire les moelleux au chocolat, et finir par la délicieuse crème anglaise à la citronnelle. Quant à nous deux, nous ne restâmes pas les bras ballants pendant ce temps-là ! Il fallut éplucher les charlottes, en faire cuire les pelures au four, sur du gros sel, pour les mettre en décoration gustative sur la purée que nous allions faire avec les tubercules. Puis peler les rattes, les couper en rondelles et les faire cuire en cocotte au four. Ensuite décortiquer les langoustines crues, faire cuire les homards pour les décortiquer aussi. En dessécher les carcasses au four et les mettre à cuire dans de la crème de crabes verts pour en faire la sauce américaine.  
 
Quinze heures avait déjà sonné lorsque nous prîmes une petite collation reconstituante. Nous nous remîmes ensuite avec ardeur aux fourneaux mais ma fille partit à dix-sept heures vers son travail de la soirée : s'occuper, avec une autre garde d'enfant plus âgée, de tous les marmots des convives, soit six enfants de quatre à huit ans, dont quelques turbulents... Cependant, avant de partir, elle nous fit promettre que pour nos cinquante ans (nous fêtions nos quarante en offrant ce repas), en plus de nous aider à préparer le festin, nous l'inviterions à y participer ! Il reste qu'à son départ, nous n'avions pas encore fini le travail ! Il fallut encore parer la lotte et la portionner, pareil avec les ris de veau, puis ouvrir les huîtres, et encore plein d'autres petites choses. Deux heures de plus nous permirent de terminer la préparation des plats que nous allions servir. Nous avions donc mis en tout huit heures de travail, à trois la majeure partie du temps, auxquelles il faut rajouter les cinq heures des sauces et du lièvre. Ah ! Justement, ce beau lièvre, j'allai l’oublier : il avait cuit quasiment toute l'après-midi. Après six heures de cuisson, il était beau à voir au fond de sa cocotte, baignant dans tout ce bon jus réduit !  
 
Il était donc dix-neuf heures lorsque le travail préparatoire fut fini. Nous prîmes alors une demi-heure de repos, allongés sur un lit. Ouf ! Puis nous nous habillâmes de nos beaux habits pour recevoir les invités qui commencèrent à arriver vers vingt heures. Les ponctuels furent récompensés avec une flûte de champagne, car les derniers n’arrivèrent qu’à vingt et une heures. Et nous pûmes alors passer à table : le festin allait pouvoir commencer. Le chef se mit au dressage des assiettes et moi au service. Hop hop, le temps que j’amène deux assiettes et deux nouvelles étaient prêtes à envoyer : c’est qu’il a le coup de main le chef ! Et les plats s'enchaînèrent alors avec délices, avec justesse.  
 
On servit d’abord les noix de Saint-Jacques fondantes et les langoustines fines, avec la purée de charlotte délicieusement parfumée au thé vert du Japon, tout ceci doucement accompagnées par le très bon corton-charlemagne. Ensuite, le dos de lotte parfait et le homard puissant furent magnifiquement servis par le meilleur vin de la soirée, le pessac-léognan. Ho ho ! Nous tînmes longtemps nos narines au-dessus de ce vin-là ! Quel nez ! Quelle bouche ! L'entracte permit de faire quelques pas dans la nuit fraîche, pour bien faire glisser ce qui avait précédé, aidé en cela par un petit verre de sorbet à la pomme. Mais il fallait continuer et ne pas trop se mettre en retard. La tortue, en plus de partir à temps, ne doit pas s'arrêter en cours de chemin... Nous reprîmes donc avec les ris de veau au sésame, très appréciés avec leurs asperges, mais bien modestement accompagnés par un volnay qui fut hélas la déception œnologique de la soirée. Pourquoi en fallait-il donc une ? Pour faire oublier cette déconvenue, nous enchaînâmes avec le clou de la soirée, la justification de tout ce qui précédait, le gros lièvre. Ah ! Qu'il était beau à découper, le ventre tout tendu de la farce qui le garnissait ! Et qu'il fut bon à déguster, avec le saint-julien qui lui alla comme un gant, puissant comme il fallait pour ne pas s'écrouler sous le poids du gibier.  
 
Tout ceci dévoré au rythme d'un plat à l'heure, nous en étions arrivés tranquillement à deux heures du matin. Il était temps de passer aux fromages ! Tout le monde en prit car les faims n'étaient visiblement pas encore bien calmées. Puis vinrent les desserts. Et là, tout le monde vous le dira, même les plus rassasiés trouvent toujours une place pour ces gourmandises. Et hmmm, effectivement, ils furent bons les petits sablés recouverts de fraises ! Les assiettes repartirent sans une miette ! Et le moelleux au chocolat, accompagné de la crème anglaise parfumée à la citronnelle : un délice ! Là aussi, les assiettes furent soigneusement vidées ! Quant aux verres, on y versa un peu de ces tendres vins doux que nous avions prévus.  
 
Mais bref, finissons-en. C'est que tout ceci nous avait mené, sereinement et avec bonne humeur, les papilles ravies, à quatre heures du matin ! Le temps de finir les conversations et de siroter quelques vieux alcools, les derniers convives regagnèrent leurs chambres à cinq heures trente. Pourtant, tout le monde fut levé vers neuf ou dix heures, l'œil heureux, la tête alerte et l'appétit en éveil, pour s'asseoir à la table du petit déjeuner et prendre quelques tartines des confitures que je fais... Ne soyez pas étonné. Le propre d'un bon festin, ce n'est pas de vous embrumer la tête pour la journée suivante, ni de vous rassasier pour trois jours, et encore moins de vous charger le foie pour la semaine ! Non, notre petit banquet nous laissa dans un état normal et nous permit, le lendemain matin, d'aller marcher en famille dans nos volcans, et même de grimper le plus célèbre d'entre eux, pour profiter de la magnifique journée qui suivit ce "Souper des deux Laurent" !
 
 
 


Message édité par CAMPEDEL le 15-04-2009 à 09:31:27

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Maison, Ruptures, Ingénierie du bâtiment, Bougnats, Bonus Croustillant
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Marsh Posté le 26-12-2007 à 19:27:05   

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Marsh Posté le 26-12-2007 à 19:31:02    

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Marsh Posté le 02-01-2008 à 14:08:23    


 
Au moins un qui a apprécié le menu, ouf !  :)  
 
 :pfff:


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Maison, Ruptures, Ingénierie du bâtiment, Bougnats, Bonus Croustillant
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