Joao Cesar Monteiro est mort / son dernier film est sorti - Cinéma - Discussions
Marsh Posté le 06-02-2003 à 12:10:01
http://www.lemonde.fr/article/0,59 [...] 4-,00.html
? ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 06.02.03
L'ultime échappée de Joao Cesar Monteiro, Charlot métaphysique
Le cinéaste portugais est mort à l'âge de 64 ans, lundi 3 février, des suites d'un cancer. Il laisse une ?uvre subversive à l'humour et à la beauté désespérés, méconnue de ses contemporains.
Auteur d'une des ?uvres les plus singulières et éblouissantes de la seconde moitié du XXe siècle, néanmoins demeurée méconnue du plus grand nombre, le cinéaste portugais Joao Cesar Monteiro sera mort après avoir dessiné dans la constellation du cinéma moderne le parcours d'une étoile filante.
Sa disparition consomme un divorce rarement vécu avec une telle cruauté dans l'histoire du cinéma entre le génie d'un artiste et sa rétribution. Le paradoxe est d'autant plus amer que tout porte à croire que Monteiro s'est éteint au moment où son immense talent, inconditionnellement soutenu par le producteur Paolo Branco, était en voie d'être reconnu. L'histoire corrigera, aujourd'hui ou demain, cette cinglante injustice en portant Monteiro à la place qui lui revient, laquelle atteint, par de tout autres voies, la même hauteur que son illustre compatriote Manoel de Oliveira.
En attendant, l'éternel conspirateur aux airs de fantôme aura bien raison de ricaner dans sa tombe, et de venir nuitamment chatouiller les pieds de ceux qui ignorent ce que le cinéma, avec lui, vient de perdre. Ni plus ni moins qu'un auteur qui a su relever comme aucun autre le gant du comique cinématographique face au défi moderne de l'inhumanité et du désenchantement, attestant pour ce faire d'une inventivité, d'une poésie et d'une grâce jamais atteintes depuis la disparition de Jacques Tati.
(...)
Plus prosaïquement, Jean de Dieu, tel qu'il apparaît sous les faméliques oripeaux de Joao Cesar Montero, est un vieux monsieur exquis et cultivé qui tient un peu du volatile et passe son temps à collectionner les poils pubiens de ses virginales conquêtes, à construire des théories métaphysiques sur la consommation des glaces, à fomenter des complots révolutionnaires contre l'Etat et à fréquenter assidument, entre ces diverses frasques, l'asile psychiatrique où la bonne société aimerait le fixer à demeure. Mais Jean de Dieu s'en échappe régulièrement et revient toujours nous hanter, nous brûler à la manière d'un mort-vivant échappé des flammes de l'enfer.
D'une certaine façon, le cinéma de Monteiro constitue la plus convaincante réponse à la question de savoir comment une figure comique pouvait encore s'inventer au cinéma après la double faillite des camps et des utopies progressistes. Tête de mort et sexe en feu, Jean de Dieu en est l'incarnation exemplaire, corps hâve autour duquel le cinéma célèbre, comme un rituel renouvelé, les noces archaïques de la folie et de la beauté, du trépas et de la renaissance. Ce corps, puisqu'aussi bien c'était celui, de plus en plus exténué par la lutte, de Monteiro lui-même, nous regardera désormais depuis la hantise originelle de son insurrection : le néant.
Jacques Mandelbaum
Marsh Posté le 06-02-2003 à 12:10:41
A voir absolument : "La comédie de Dieu" (1995).
Les suivants (j'ai pas vu le dernier) sont moins bien.
(G pas vu "Souvenirs de la maison jaune" )
Marsh Posté le 06-02-2003 à 12:16:49
Prodigy a écrit : Je connais pas du tout |
ça a toujours été des sorties confidentielles... Pour vraiment entrer dans le truc il faut voir "La comédie de Dieu", si on commence par ses suivants (genre "Le bassin de JW" ) on risque de trouver ça complètement débile. A priori "Souvenirs de la maison jaune" ça doit être aussi bien que "La comédie de Dieu". Y'aura certainement un cycle bientôt sur Paris.
Marsh Posté le 06-02-2003 à 12:48:21
"mais ?!? Joao ?!, vous m'enculez ?"
"humpff, oui mon enfant..., levez-vous donc sur la pointe des pieds, ce sera plus pratique"
un grand moment de cinema
"mais monsieur, votre glace... c'est de la merde !"
re-
Marsh Posté le 06-02-2003 à 13:45:25
Schimz a écrit : "mais ?!? Joao ?!, vous m'enculez ?" |
Marsh Posté le 08-02-2003 à 18:37:08
http://www.liberation.fr/page.php?Article=86186
Monteiro, morituri te salutant
Un petit mot, griffonné avec émotion, reçu par fax du Portugal : «Un des plus grands cinéastes disparaît, quelle tristesse. Au moins, avec Daney, il sera vite en train de rigoler quelque part...» Paulo Branco est triste, lui qui a produit les films de Joao Cesar Monteiro depuis vingt ans. Il a «perdu un ami et un dandy», le réalisateur et interprète de Souvenirs de la maison jaune, la Comédie de Dieu, le Bassin de J. W., les Noces de Dieu.
Dans ces films, Monteiro était Jean de Dieu, personnage qu'il avait créé et campait avec son physique de Nosferatu, suffisamment pervers pour être inquiétant, assez inquiétant pour devenir brillant : une présence de tous les instants. En tournage cet été à Lisbonne, pour un film qui restera son dernier, Va-et-vient (encore inédit), il était un autre personnage, Jean Vuvu, veuf trempant dans une affaire de meurtres. Et dans Blanche-Neige (2000), il n'était plus rien du tout : le film, noir, d'un noir inoubliable, ne laissait à aucun être humain le droit d'apparaître à l'écran, juste celui de dire, à cinq voix, un texte de Robert Walser.
Courage. La dernière apparition publique de Monteiro, déjà miné par la maladie, fut à cette occasion : il intima aux journalistes qui critiquaient Blanche-Neige comme un «gaspillage d'argent public» d'aller «se faire foutre». Droit comme un i, dans un cinéma de Lisbonne, Monteiro faisait face, avec ce courage physique qu'ont parfois les hommes de petite taille. Manoel de Oliveira l'avait rejoint dans ce combat pour l'absolue souveraineté de créer, le vieux maître lançant : «...c'est le plus beau film de Monteiro.»
(...)
En 1989, Souvenirs de la maison jaune obtient le Lion d'argent à Venise, lançant la reconnaissance cinéphile du cinéaste. Plus il sera admiré, plus il voudra demeurer provocateur, irrécupérable, à l'image de son personnage de Jean de Dieu, qu'il retrouve en collectionneur de poils pubiens des femmes désirées dans la Comédie de Dieu (1995), en ordonnateur divin des images dans le Bassin de J. W. (1997), en dandy aristocrate, hypocondriaque, subtil et dément, dans les Noces de Dieu. A Cannes, en mai 1999, Monteiro, son visage en couteau, ce regard qui fascinait les femmes, grand nez et grosses lunettes, barbe poivre et sel, était resté de marbre devant l'accueil enthousiaste que suscita les Noces de Dieu au sein de la critique. Dans les coulisses, il s'était effondré, pleurant comme un enfant, puis entrant dans une rage folle, on ne sait pourquoi. Il restait cet homme entier, un jouisseur désespéré.
Antoine de BAECQUE
Marsh Posté le 09-02-2003 à 13:45:59
a ma grande honte, je ne connais pas ... souhaitons que ce soit ré-éditer en DVD
Marsh Posté le 09-02-2003 à 15:01:57
eszterlu a écrit : a ma grande honte, je ne connais pas ... souhaitons que ce soit ré-éditer en DVD |
Je sais même pas si ct sorti en VHS...
*****
" Ils râlent toujours ces parisiens. On dirait des cafards affolés. "
(Joao Cesar Monteiro, in Les noces de Dieu)
Marsh Posté le 10-02-2003 à 09:47:36
rogr a écrit : A voir absolument : "La comédie de Dieu" (1995). |
J'ai la comédie de dieu en DVD
J'aime assez, mais Buñuel faisait ca bien mieux.
Au fait, la voie lactée sort en DVD UK dans 2 semaines. Rhaaaa!
A+,
Marsh Posté le 10-02-2003 à 23:18:01
gilou a écrit : J'ai la comédie de dieu en DVD |
En tous cas Bunuel y joue pas dans ses films : avec Monteiro ça y fait beaucoup !
Marsh Posté le 03-07-2003 à 02:47:03
Le dernier opus, posthume, de Monteiro vient de sortir, dans 2 ou 3 salles à Paris : "Va et vient". ça dure 3 heures : manger un peu et faire pipi avant. Même pour les fans ce n'est pas évident de rester concentré sur toute la longueur du film, pour ma part j'ai révassé un bon tiers de la projection, tout en restant malgré tout "en onde" avec le film : rares sont les films qui permettent ce genre d'exercice, on pense tout de suite à un autre portugais, Oliveira. Rien à voir avec l'ennui qui fait décrocher du film comme dans Angelopoulos : avec Monteiro on reste dans l'ambiance, on s'évade de temps à autre comme on peut le faire en compagnie de quelqu'un que l'on apprécie de longue date et avec qui la bonne communication ne nécessite pas une parole de tous les instants.
Frodon dans son article parlait de la mort de Monteiro à l'écran : en fait cela est juste suggéré dans le dernier plan, très long, qui a quelque chose de sublime (plusieurs spectateurs en ont profité pour se barrer). On voit l'oeil de Monteiro en très gros plan (il occupe tout l'écran) ; après plusieurs secondes l'image se fige, et le plan continue sur une ou deux minutes. Le temps qui passe sur ce plan "arrêté" est un moment assez indéfinissable, marquant, et dont le souvenir finit par envelopper non seulement le film lui-même mais l'oeuvre entière de Monteiro. Sans doute parce que Monteiro jouait toujours dans ses films un personnage qui était un peu son "double", comme par exemple Nanni Moretti.
Enfin "Va et vient" rejoint à coup sûr "La comédie de Dieu" parmi les tous meilleurs de Monteiro...
Marsh Posté le 15-07-2003 à 18:45:33
Rogr, ca concerne pas Monteiro, mais l'oeuvre negligeable d'un obscur gacheur de pellicule nippon ou ton esthétique pervertie trouve un interet discutable:
Citation : July 15th 2003 |
Donc ca devrait probablement correspondre a une release HK avec ST anglais des 4 coffrets (ou +??) sortis au japon sans sous titres.
A+,
Marsh Posté le 15-07-2003 à 22:02:57
Toi peut etre, mais rogr, goret et peut etre d'autres peuvent etre interesses.
Merci pour ton interessante contribution neanmoins.
A+,
Marsh Posté le 15-07-2003 à 22:08:58
Ce n'était peut-être pas le topic le plus adapté cependant... (il y a un topic "dernier DVD acheté", ou quelque chose comme ça, non ? mais il est vrai que ce genre de "news" serait vite ensevelie).
Marsh Posté le 15-07-2003 à 22:13:11
Goret a écrit : Ce n'était peut-être pas le topic le plus adapté cependant... (il y a un topic "dernier DVD acheté", ou quelque chose comme ça, non ? mais il est vrai que ce genre de "news" serait vite ensevelie). |
C'est le seul topic avec pour auteur rogr qui apparaisse avec les options de recherche par defaut.
Pis ils sont pas encore sorti, donc...
Et je sais pas si l'amateur d'iberes danseuses de claquettes lit le topic en question (dernier DVD...).
J'aurais pu faire un PM, mais ca pouvait en interesser d'autres (pis si ceux que ca pouvait interesser ne connaissent pas Monteiro, ils ne meritent pas d'etre mis au courant).
A+,
Marsh Posté le 15-07-2003 à 22:41:21
gilou a écrit : Rogr, ca concerne pas Monteiro, mais l'oeuvre negligeable d'un obscur gacheur de pellicule nippon ou ton esthétique pervertie trouve un interet discutable:
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Merci Gilou mais je pense que je vais attendre la version avec ST français... D'autant que j'ai pas de lecteur dvd Mais quand tu auras acheté l'intégrale english tu pourras peut-être me confirmer que le cadre n'est pas lamentablement rogné comme dans les éditions VHS, c'est surtout ça qui m'inquiète...
Sinon Gilou je vais qqs jours en septembre au festival de Venise ! Logé et tout enfin c tout un truc c assez étonnant (en plus Venise ça fait un bail que j'y ai pas mis les pieds), je cumule en ce moment les connexions qui n'ont vraiment rien à voir entre elles ça fait assez globe-trotteur... Faudra bien que ça s'arrête un jour mais bon en attendant...
Meg > la pauvresse sur son banc en plastic on dirait un peu Björk...
Fait trop chaud bon Dieu, dans le sud de l'Espagne c'est moins pire...
Sinon question films à voir j'ai vraiment aucune idée ça fait des mois que c'est le désert, j'y suis pas retourné je crois depuis le Monteiro... Si vous avez repéré qqchose (autre chose que "Hulk" ) dites-le, parce que ça fait pitié là...
Si quand même j'ai vu un truc bien mais ct sur le cable : "Crime passionnel" de Otto Preminger (1945), avec Dana Andrews, j'avais déjà vu récemment "In the meantime, darling" (1944), y'a aussi "Laura" : enfin ce Preminger dans ces années-là ça a l'air d'être une super mine à creuser !
Marsh Posté le 15-07-2003 à 22:50:15
rogr a écrit :
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Bof, le flamenco, c'est les claquettes iberes.
C'est vrai que ca hurle pas a la lune quand Astaire fait ses claquettes.
A+,
Marsh Posté le 15-07-2003 à 22:52:58
Au fait Gilou, le Fanny et Alexandre en Z2 british, il vaut quoi ?
Parce que j'en ai marre d'attendre sa rediffusion en salle obscure.
Marsh Posté le 15-07-2003 à 23:05:03
verdoux a écrit : Au fait Gilou, le Fanny et Alexandre en Z2 british, il vaut quoi ? |
Devrait etre excellent, vu que
1) la boite qui l'a sorti est bonne
2) c'est la version longue.
Il est dans ma grande pile a visionner.
Hier j'ai revu Ikiru de Kurosawa, et j'y ai decouvert plein de choses qui m'avaient jusqu'alors echappé. Que ce film est génial!
A+,
Marsh Posté le 17-07-2003 à 19:21:05
rogr a écrit : |
J'ai deja des DVDs HK de Panorama (leur collection 100 ans de cinema japonais, et c'est plutot de bonne qualité, pour du DVD de HK. Mais c'est du widescreen pas anamorphic.
Faut que je me procure ceci http://www.leoscheer.net/rub/revue/revue2.php?id=cin5 pour le DVD d'un film de Mizoguchi inclus, moi...
A+,
Marsh Posté le 17-07-2003 à 23:36:57
gilou a écrit : J'ai deja des DVDs HK de Panorama (leur collection 100 ans de cinema japonais, et c'est plutot de bonne qualité, pour du DVD de HK. Mais c'est du widescreen pas anamorphic. |
Je ne comprends pas cette langue étrangère Gilou, enfin ne pas bouffer le cadre c la moindre des choses c quand même pas compliqué, c ça qu'il faut vraiment vérifier ds les dvd, d'ailleurs une ou deux rares fois sur tv ou cable j'ai vu une projo avec du noir tout autour de l'image (ct un film muet) : ça fait une image un peu plus petite mais au moins c'est la vraie image comme au ciné, d'ailleurs j'y pense c'est systématique sur tv qu'on voie les génériques rognés sur les bords, ça me fout vraiment en rogne ça, remarque même au ciné des fois ça arrive : tu vois le bas de l'image non pas sur l'écran blanc mais sur la bordure foncée en dessous, même au Grand Action une fois j'ai vu ça, et pis au Max Linder aussi en plus ct un Ozu, enfin bref merde c'est tout simple mais y'en a apparemment faudrait encore leur apprendre à faire leurs lacets...
Marsh Posté le 04-02-2004 à 18:34:06
rogr a écrit : A voir absolument : "La comédie de Dieu" (1995). |
Rogr, "Souvenirs de la maison jaune" passe ce soir a 22h45 sur arte.
A+,
Marsh Posté le 05-02-2004 à 11:47:26
J'ai vu "Va et vient" récemment à l'occasion du festival Télérama et je n'ai vraiment pas aimé.
J'aime énormément le cinéma d'auteur, mais j'ai trouvé cela extrêmement soporifique. De l'épicurisme fade et mise en scène avec toute la métaphysique d'un voyeur sexagénaire frustré.
Monteiro est peut-être un génie, certes, mais certainement pas sur pellicule. Un esthète à coup sur mais qui aurait mieux fait d'écrire plutôt que de tourner un monologue façon one man show philosophique.
Très déçu.
Marsh Posté le 06-02-2003 à 12:08:28
http://www.lemonde.fr/article/0,59 [...] 5-,00.html
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 06.02.03
La dernière séance de Jean de Dieu, mort en scène
Le film ne l'a pas tué. Il ne l'a pas sauvé non plus. Au soir du lundi 3 février, quelques minutes avant que ne commence la première projection de ce qu'il savait son œuvre ultime, Joao Cesar Monteiro est mort d'un cancer généralisé dans un hôpital de Lisbonne. Son ami, son producteur, le grand caballero du cinéma européen, Paulo Branco, l'a appris le premier. Il l'a annoncé devant la salle de projection où, près de Paris, étaient conviés les membres du premier cercle d'admirateurs de cet artiste exceptionnel et inclassable.
Un grand cinéaste qui meurt, c'est triste mais – comme on dit bêtement – c'est la vie. Là, c'est autre chose. Ce fut autre chose, dans l'instant singulier, contraire au principe même du cinéma, de la coïncidence entre la mort réelle de Monteiro et de sa mort à l'écran.
Son huitième et dernier long métrage, Va-et-vient, est un chef-d'œuvre. Bouleversant, éruptif, testamentaire et révolutionnaire. C'est en riant beaucoup que ses premiers spectateurs ont accompagné par la pensée son auteur vers la mort. Par la pensée et par le regard : interprète magistral et déroutant de ses propres films, Monteiro s'y appelait le plus souvent Joao de Deus, Jean de Dieu. Dans son ultime opus, il s'est rebaptisé Joao Vuvu, plus cadavérique et plus burlesque que jamais, apparition d'une lubricité méditative, chez qui la scatologie mène à une sagesse supérieure par les voies indicibles de ce filtre secret : la beauté.
Monteiro était beau, d'une beauté surnaturelle. Il savait inventer les images à la mesure de cette beauté-là. Pour ce film, il sera allé au-delà de l'extrême limite de ses forces ; ceux qui travaillaient avec lui disaient qu'il était impossible qu'il tienne encore. On l'avait vu, dans les rues de Lisbonne, déambuler avec une élégance fragile, tenant une canne à pommeau d'une main, un énorme tas de foie cru de l'autre. A l'écran, il semble une feuille dans la tourmente que soulèvent les très jeunes et très jolies jeunes filles dont il s'entoure. Dans ces moments de la projection passait ce souffle terrible, de voir la mort au travail et la mort tenue en respect, dans les heures mêmes de la disparition de cette ombre lumineuse, sautillante, où l'enfance et la modernité semblent se donner la main.
Ce soir-là, ce soir-là seulement, et aussi impossible que cela puisse paraître dans cet art du temps différé, Monteiro est mort en scène, comme Molière, son grand frère.
Jean-Michel Frodon
Frodon>>
Message édité par rogr le 03-07-2003 à 01:56:10