nouvelle SF : Verin 13

nouvelle SF : Verin 13 - Arts & Lecture - Discussions

Marsh Posté le 10-06-2009 à 21:31:16    

Une envie qui me prend de coller ça ici, puisque le défunt site ou cette nouvelle de sf vivait est mort, semble t-il à jamais...

  

Vérin 13

 

Je prend mon service dans une heure, la routine. Pour moi, ce travail à la maintenance au niveau du vérin treize de cette station Galactis a constitué une véritable aubaine, tant il est devenu difficile de trouver un emploi sur la terre, où les robots se chargent d'à peu-prêt tout. Ici, sur cette grande station spatiale démesurée, le facteur humain est encore pris en considération, même si le boulot consiste la plupart du temps à circuler dans d'immenses couloirs pour simplement surveiller quelques cadrans et taper sur son clavier d'inutiles rapports journaliers. Assurément, les seuls ici à mouiller leurs chemises au fil des heures sidérales sont les programmeurs de trajectoire, les opérateurs telcom qui nous gardent en liaison permanente avec les pénates et les pauvres techniciens qui oeuvrent dans les serres sous la permanence tyrannique des rayons U.V. Ceux-là, les paysans comme on les appelle un peu sournoisement, je les plains vraiment, car leur tâche est épuisante, mais il faut bien produire ce que tout le monde mange ici : que du frais, c'est une exigence du consortium propriétaire de Galactis. Moi j'aime bien me balader, aux-heures de repos, dans ces grandes serres circulaires qui tournent sur elles-mêmes, pour respecter une fausse gravitation. Ces chères plantes sont comme nous : elles ont une indécrottable nostalgie de la terre ! Quand je me promène au milieu des bananiers et des carrés de maïs, je dis toujours bonjour à Albert, le rouge-gorge entreprenant du secteur quatre de la serre neuf. On sait que c'est lui, parce qu'il porte sur la tête un implant très voyant d’une couleur orange fluo.

 

Galactis compte une population de deux mille âmes, que je suis loin de connaître toute, malgré mon année pleine passée à bord. J'ai eu deux relations affectives, la plus longue avec Bella, une biologiste du labo vingt et un. Une sacrée gourmande, celle-là ! Nous avions une concordance de profil quasi-parfaite, c'est ça qui l'a amené dans mon lit. Mais elle ne cherchait pas vraiment à faire du sentiment, juste à trouver un homme pour la satisfaire. Une collectionneuse avec de l'appétit, en quelque sorte... C'est dommage parce que j'aurais bien voulu un peu plus de tendresse dans nos rapports. C'est comme ça la vie. D'habitude, c'est pourtant les hommes qui stagnent les unions au niveau de la ceinture ! J'ai pas eu de veine, quoi ! Elle m'a quittée parce qu'elle me trouvait  bizarre. C'est quoi le mot qu'elle a employé, déjà ? Ah oui, t'es un peu givré, mon gars, qu'elle m'avait dit ! A part Bella, il n'y a pas d'autre femme à bord dont le profil  me corresponde aussi bien sur Galactis, je dois me faire une raison et peut-être attendre mon retour sur terre pour une autre aventure sentimentale. A toute fin utile, j'ai quand même laissé mes coordonnées au central, au cas où une partenaire adéquate serais pas dégoûtée de se frotter à un simple technicien de maintenance.

 

Vérin treize c'est mon rayon, ma chasse gardée, en quelque sorte. Je connais par cœur les paramètres corrects de son fonctionnement, pas besoin de plonger dans le manuel pendant de longues minutes, ça aide ! C'est fou ce qu'on peut avaler de connaissances en sommeil hypnotique, même un pauvre gars au cerveau un peu lent, comme le mien, quelquefois ! Il y a huit jours, nous avons eu un accident grave dans le secteur d'approche huit, qui a fait deux morts. Rien à voir avec vérin treize, notez ! Les gars qualifiés étaient sortis à l'extérieur pour une inspection minutieuse d'un panneau de la station qu'un corpuscule errant venait d'érafler. Après être resté cinq heures dehors pour écarter les doutes et changer deux où trois paraboles, à toute fin utile, ils ont pénétré dans le sas sans faire trop gaffe. La pressurisation à eu apparemment un processus anormal, quand ils ont dégrafé leurs casques les deux gars trop confiants ont  implosé dans leur scaphandre, c'était pas beau à voir. Je peux le dire, j'étais pas loin et je les ai vu ! Du sang partout sur les parois plastifiées et les deux mecs sur le sol, complètement vidés... Il y a eu un rapport, lequel a conclu à une fatale négligence des pauvres gars, la fatigue peut-être ? Parce qu'au niveau du matériel, on n'a rien trouvé qui soit susceptible d’avoir mal fonctionné. Cette histoire a eu un retentissement certain chez les hautes sphères de Galactis. Pour le moment, toute les sorties sont annulées jusqu'à nouvel ordre.

 

De la cafétéria A1, pour rejoindre mon service, je dois passer par l'observatoire dix-neuf où je croise Juliette qui m'accoste, des dossiers pleins les bras :

 

- « Salut Baltus, venez voir ! »

 

Je l'aime bien Juliette, je la croise souvent, elle a les cheveux roses et une pêche d'enfer, c'est une astronome vraiment sexy, même si c’est pas mon genre ! Elle a actuellement une liaison torride avec un mec de la sécurité. Ils se font la nuit des trucs sados-masos, plutôt bruyants, qui font les gorges chaudes des cafétérias de l'ob dix-neuf. Moi je dis que si tout le monde est content, il devrait pas y avoir de murmures et de bruits de couloirs. En tout cas, ça me fait réfléchir, parce que Juliette est une fille tellement généreuse dans la vie, enjouée et gaie, que l’on aurait pas deviné sur le coup ses finasseries sexuelles un peu corsées. Juliette, elle s'est fait mettre des anneaux dans les tétons et chaque fois qu'elle traverse un portique pour changer de secteur, bling, elle fait sonner le bazar comme la dernière des terroristes. Je suis sûr qu'elle a fait ça exprès pour énerver la sécurité. Elle, pas gênée, elle adore montrer ses seins, ils sont plutôt pas mal d'ailleurs, elle se soumet au contrôle en rigolant, c'est devenu une sorte de rituel bizarre entre elle et les sécurits, un jeu quoi. Bien sûr, ils connaissent le truc, mais ils ont leurs consignes impératives et ils sont soumis de vérifier à chaque fois. Je me demande pour quelle raison obscure la sécurité n’a pas encore obligé Juliette à retirer la quincaillerie de son joli bustier. Pour l'heure, avant d'aller bosser, je la suis sur son invitation dans la pièce d'à côté, équipée d'une grande baie immense qui donne sur le vide spatial. On reste tous les deux silencieux, plongés devant le spectacle grandiose du grand amas galactique Abell 2218 que Galactis est en train de frôler. C'est bourré de nombreuses spirales lumineuses et d'étranges arc de cercles scintillants qui flèchent sur les bords. Juliette est aux anges, les galaxies, c'est son dada et sa raison d'être dans la station :

 

- « Ca vaut le coup d'être vu de près, hein, ça gigote là-bas à plus de 230 km/s, de la matière sombre plein les mirettes et quelques belles déviations, c'est beau, non ? Et moins les galaxies sont brillantes plus le halo de lumière noire domine, enfin bon, je ne vais pas vous faire un cours. »

 

- « Non, surtout que là, je ne vais pas tarder à être à la bourre ! »

 

J'ai quitté l'ob dix-neuf juste à temps sans doute pour ne pas être sermonné par mon chef Cornelius Bekerr, une vraie saleté, celui-là. J'ai le respect de la hiérarchie, mais faut pas pousser. Ce type ne peut pas m'encadrer en peinture et me fait les pires vacheries, du style changer d’un jour à l’autre mon tableau d'horaires sans prévenir, c'est agréable ! En tout cas, je saurais jamais si j'aurais eu le droit à ses sempiternelles remontrances, parce que je l'ai trouvé raide mort devant un circuit d‘eau bouillante, tué net par un violent jet de vapeur sous pression. Quand j'ai quitté Juliette pour pénétrer dans vérin treize, je savais qu'il se passait quelque chose d'anormal. Un voyant indiquait une dépressurisation grave sur un réseau auxiliaire, mais l'alarme qui aurait dû sonner automatiquement restait muette comme une carpe. Sur le coup, je me suis pas affolé j'ai pensé à une vacherie quelconque d'un système électronique, ça arrive des fois, mais quand même, la maintenance, c'est mon boulot, alors j'ai vérifié les paramètres et j'ai foncé directement dans le secteur incriminé. C'est là que j'ai trouvé Cornelius la gueule atrocement brûlée jusqu'à l'os. J'ai coupé le circuit et j'ai appelé la sécurité, mais c'était trop tard pour ce cher Cornelius. C'est pas une mort que je me souhaite. Trois morts brutales en huit jours, voilà qui commençait à faire jaser sérieusement les dirigeants de la station, surtout que la terre demandait au plus vite des comptes rendus détaillés. On pouvait toujours noircir des rapports, pendant ce temps-là, Galactis traçait sa route dans l’espace à vitesse grand V.

 

Deux jours après la mort de Cornelius, au cours d’une sortie véhiculaire aux environs du secteur d’approche trois, un pilote a été confronté à une baisse brutale de l’oxygène dans son engin. Quand il a voulu allumer une où deux cartouches de secours pour compenser et rentrer dare-dare sur Galactis, il a brûlé vif dans sa capsule. Nous avons tous regardé, impuissants,  la petite navette tournoyer sur elle-même dans l’espace et la lumière du violent incendie au-travers des hublots qui ne laissait aucune chance au pauvre gars. Les pontes ont immédiatement ordonné la destruction automatique du véhicule pour éviter de risquer une collision avec la station. Je connaissais un peu ce pilote, c’était le nouveau mec de Bella, c’est bien triste. Depuis l’accident, c’est plus fort que nous, on peut pas s’empêcher de jeter un oeil vers l’extérieur, où les débris consécutifs à l’explosion nous suivent comme des petits chiens. C’est un coup dur pour Bella, elle arrête pas de pleurer, je l’aurais pas imaginé attachée à un homme à ce point là. Comme quoi tout arrive…

 

Le consortium commence à voir rouge, la terre à ordonné de faire le point au plus vite sur cette série d’anomalies et menacé Galactis d’un gel de trajectoire au prochain accident, voir d’un retour immédiat sur la planète bleue. La mort de Cornelius me laisse pas mal de temps libre en attendant son remplacement, mais les sécurits m’ont cuisiné pas mal de temps pour voir avec eux ce qui avait cloché. Ils ont même eu, sans me le dire vraiment, je l’ai senti à leurs simples regards, comme une suspicion de sabotage. Après qu’ils ont eu en main tous les paramètres des dernières quarante-huit heures G, j’ai été convoqué, pas trop rassuré, dans le bureau de Malcom Exi, un vieux briscard qui avait passé plusieurs années sur mars pour y faire carrière, avant d’arriver à son poste comme chef de la sécurité de Galactis :

 

- « Baltus A… ? En tant que préposé à la maintenance du vérin treize, comment expliquez vous que le module de pression incriminé soit passé en manuel une heure avant l’accident qui à tué Cornélius, y avait t-il une raison particulière pour enlever les automatismes ? Pourquoi avez-vous déclenché un processus manuel ? »

 

C’était une accusation claire et précise, on y était. J’ai donné une explication qui semblait se tenir, même si je ne comprend toujours pas pourquoi l’alarme n’a pas fonctionné et Malcom a eu l’air de s’en contenter, puis on ma laissé libre de mes mouvements mais on ne m’a pas redonné mon travail sur vérin treize. Je suis à présent en repos forcé, alors je vais souvent passer le temps avec Juliette à l’ob dix neuf, on discute de choses et d’autres, pendant qu’elle effectue ses mesures. Je n’arrive pas à me rassasier du spectacle de l’amas galactique dont le hublot panoramique de l’observatoire offre un point de vue privilégié. On peut même avoir un angle de 360° des environs de Galactis, si on veut.

 

 La dernière catastrophe est arrivée hier soir. La cafétéria A1 de l’ob dix neuf était pleine à craquer et il y avait de l’ambiance, parce que les types de la centrifugeuse six ont formé un groupe de rock et se débrouillent pas trop mal. J’ai cherché Juliette au début de la soirée et puis je n’ai croisé que son copain en uniforme, qui m’a regardé un peu de travers. Soudain, alors que la bière coulait à flot, une assistante est sorti en hurlant du labo de Juliette et tout le monde s’est précipité à l’intérieur, pour voir ce qui la paniquait à ce point. Juliette était couchée inerte sur sa table, devant la grande vitre qui donnait sur l’extérieur. Il y avait du sang partout qui avait giclé sur le verre de l’immense baie et la tête de Juliette posée aux milieu des paperasses baignait dans une mare sanguinolente. De grandes tâches rouges maculaient en les poissant ses beaux cheveux roses. On lui avait fracassé le crâne à plusieurs reprises contre la cloison transparente, jusqu’à la tuer. Ce coup-ci, c’était un meurtre, fallait pas en douter. Le petit ami de Juliette à aussitôt ordonné à tout le monde de quitter la salle avant d‘appeler du renfort, il avait l’air bien secoué. Malcom Exi est arrivé à l’observatoire en jurant comme un beau diable, mais j’étais déjà rentré me coucher dans mon appartement, au niveau trois. C’est là que les sécurits sont venus me tirer du lit, pour me faire passer une série de tests psychologiques à la noix. J’ai eu un entretien de plus de deux heures avec un médic. On m’a fait passer un scanner facial qui m’a piqué les yeux un bon moment, j’ai eu droit à un paquet d’analyses auquel je n’ai strictement rien compris. Quand Herzog Flush, le chef médic est revenu, il avait l’air plus en colère que soucieux. Il a ordonné qu’on me fasse une piqûre dans le bras, mais avant je l’ai entendu s’entretenir avec un collègue, il mâchait pas ses mots :

 

- « Comment le recrutement a pu laisser monter un schizo à bord, c’est quoi ce bordel au consortium, je croyais qu’on triait les mecs sur le volet ! »

 

L’autre essayait de calmer son chef, en préparant son médipistol :

 

- « Pour la maintenance des vérins, faut croire qu’ils ont du lâcher du mou dans leurs critères de sélection ! »

 

J’ai cherché dans ma poche car ils ne m’avait pas fouillé, j’ai tâté un instant, puis j’ai sortit un mini-laser que j’emploie souvent pour effectuer des micros-soudures au besoin, sur mon cher vérin treize. J’ai appuyé sur l’interrupteur, puissance maximale et j’ai giclé sur les médics un beau rayon vert. Le front d’Herzog a été traversé de part en part et l’autre à lâché son médipistol en essayant de fuir, je l’ai cramé dans le dos et sa blouse s’est mise à fumer autour de la plaie. Je suis parti en courant, direction la serre neuf. J’ai été obligé de faire un peu mal au type qui gardait le portique qui mène à ce  niveau.

 

Dans la coupole de verre et d’acier installée au sommet de Galactis, où s’abrite le contrôle central, ils devaient fulminer et s’agiter gravement : fin de mission, on remballe, retour anticipé ! Quand à moi j’avais sans doute toute la sécurité au derrière. C’est pour çà que j’ai sectionné les câbles du circuit vidéo, plus d’images : couic, mais en revanche, ils sauraient rapidement où je me trouve. La belle affaire, je retrouve en attendant la tranquillité bienvenue de la serre neuf, avec ses petits jardinets de légumes et de céréales soigneusement cultivés et son parc intégré, au milieu duquel trône un petit étang calme, dont les eaux peu profondes regorgent de carpes comestibles. Sur la surface tranquille une espèce de brume flotte en permanence en longues vapeurs immobiles. Trente mille mètres carrés de verdure pour une seule serre, quand même ! Je me penche au-dessus de l’eau, je vois passer ces gros poissons lents et je repère ceux qui nagent plus au fond à leurs implants colorés. Albert le rouge-gorge n’a pas tardé à se montrer et à donner de la voix, mais je ne suis pas venu ici pour remuer l’humus artificiel. J’entend près d’un bosquet discuter entre eux quelques techniciens qui s’activent à leurs cultures :

 

-  « On a un solde d’amidon négatif au secteur un et il faut penser à recharger au plus vite les barrettes d’Aphidius colimani, les rosiers sont bouffés par les pucerons, vois ça avec Hal, Georges… »

 

Ils n’ont pas l’air d’être au courant des événements qui me concernent et ne sont pas en état d’alerte. Cela ne devrait sans doute pas durer bien longtemps. J’en ai vu passer un devant ma planque, tranquillement, avec une épuisette sur l‘épaule :

 

- « Hé, ça va mec ? »

 

Deux minutes plus tard, à l’abri des bambous, je me suis penché sur son cadavre pour récupérer sous la peau de son bras, d’une petite incision au laser, sa puce d’identification. Avant de quitter les médics, je leur ai emprunté un médipistol rempli d’anesthésiant. Je me suis piqué le muscle pour m’injecté le truc et endormir le biceps localement, avant de retirer ma propre puce pour mettre celle du péquenot à la place. Un petit coup de laser bien dosé, position ultraviolet du scalpel lumineux et la petite plaie était cautérisée au poil, quasi invisible. Il y a eu une cavalcade à l’entrée de la serre, des pas précipités, des voix énervées. J’ai plongé rapidement dans l’eau. Aux tests de recrutement, avant d’embarquer sur Galactis, j’avais tenu l’apnée pour une durée jamais vu des médics, je tiendrais un moment, sous les larges corolles des nénuphars. L’eau à fait frissonner mon corps d’une fraîcheur bienvenue, j’aurais presque pu m’endormir à la longue, sous la flotte, tellement j’étais bien ! Il est normalement formellement interdit de se baigner dans les bassins, mais c’est un truc que je rêvais de faire depuis le départ. Les sécurits se sont mis à grouiller dans la serre, ils ne m’ont pas trouvé. Ils n’ont pour eux que des armes électriques non létales, alors que moi, avec mon mini laser, je pouvais faire quelques dégâts dans leurs combinaisons, voir un peu en dessous… Sans doute qu’à l’avenir, les stations spatiales embarqueront dans leurs soutes un véritable arsenal de guerre : j’aurais contribué au progrès, quoi !

 

Ils ont coupé le jus, je me suis retrouvé dans le noir complet, ils devaient porter des lunettes infra-rouge. Je suis resté dans l’eau du vivier un bon moment, à me faire chatouiller par les carpes, du plancton d’eau douce plein la bouche. Je retrouvais peu à peu les sensations de mon bras endormi. J’ai attendu patiemment que les choses se calment. Un tracteur électrique est passé tout près au ralenti, en produisant une sorte de feulement discret, ses projecteurs ont balayés lentement les sillons verdoyants. La serre est devenue très silencieuse, même les animaux se sont tus. Finalement, un peu somnolent, je me suis extirpé de l’étang pour rejoindre discrètement l’abri des bambous. Ils ont rallumé les diodes, la lumière est revenue. Mauvaise idée… Avec l’infra-rouge, ils avaient vraiment leur chance. J’ai rampé tant que j’ai pu pour rejoindre l’entrée et je suis tombé sur le râble de cette fille occupée à compulser une fiche près du portique d’entrée, sévèrement gardé. Je lui ai collé mon laser sur la tempe et les sécurits ont bien vu que je rigolais pas, ils m’ont laissé partir. J’ai galopé dans le labyrinthe des couloirs, mais je savais où j’allais ; la fille n’osait même pas crier. Un malin à voulu faire du zèle et m’a barré la route, je lui ai fusillé à bout portant les veines de la région céphalique, position ultra-violet, il a gardé les yeux ouverts. Les autres sont resté en retrait, j’entendais derrière moi la voix grave de Malcom qui pestait après ses hommes.

 

Au niveau des magasins huit, je suis tombé sur Bella, seule avec Malcom. Par où il était passé celui-là ? Bella était mal à l’aise, je le sentais bien parce que je la connaissais un peu, après-tout… Sa voix s’est mise à trembler quand elle m’a adressé la parole :

 

- « Tu es malade, Baltus, laisse toi faire, on va te soigner, tu verras. On te ramènera sur la terre, je t ‘en supplie, arrêtes de faire le con ! »

 

Mais elle était pas très convaincante, elle n’avait qu’à se trouver un nouveau pilote et s’occuper de ses affaires. Je leur ai hurlé de reculer et je pense que j’ai été très persuasif, parce que je ne voulais pas abîmer Bella. J’ai galopé avec mon otage au secteur d’approche trois, le portique à reconnu la puce du paysan, il m’a autorisé le passage, il n’y avait pas de sécurit, ils pouvaient pas penser que je passerais par là, où bien ils étaient sans doute agglutinés dans mon dos, pour porter une aide inutile à leurs collègues. Tranquillement, j’ai sorti ma clé pour l’enclencher dans l’ordinateur du réseau afin d’infecter le parc entier des navettes avec mon petit virus perso. Elles seraient toutes inopérantes à présent, clouées au sol, toutes sauf une. J’ai brûlé l’entrée du poste d’un coup de laser et puis j’ai abandonné la fille qui s’est couché par terre sans que je le lui ordonne, je me demande encore pourquoi ? Ensuite j’ai pénétré sans attendre dans le véhicule non contaminé et à peine assis, j’ai engagé directement la sustentation sans passer de scaphandre, j’avais pas le temps pour un défilé de mode !!! Je l’enfilerais une fois en route. En sommeil hypnotique j’ai appris à piloter, c’est pas si compliqué, d’ailleurs l’ordinateur de la bête se charge de tout. Cap sur la terre, après avoir déconnecté le mécanisme de destruction à distance, je veux pas finir comme le mec à Bella. C’est moi qui sabote, pas le contraire, après-tout ! C’était si facile pour un gars de la maintenance… J’ai ouvert le panneau du secteur d’approche et enclenché le moteur matière-antimatière, vingt milliard de joules parfaitement maîtrisés dans les tuyères : quel bond ! J’ai dit adieu en pensée au vérin treize et je me suis permis le luxe de tourner un court instant autour de Galactis. Et puis elle est devenue invisible, ils allaient quand même pas me courir au train avec toute la station, ça je pense que non !

 

Après j’étais peinard : contrôle automatique. J’ai tranquillement enfilé mon scaphandre et j’ai listé en prenant mon temps la musique de ce rafiot. Je suis tombé sur une vieillerie vingt et unième, Nickel Back, ça le faisait, je suis pas difficile et les antiquités me rendent nostalgiques. Je me suis envoyé une barre de céréale. J’étais bien, la navette pulsait à fond les manettes et j’avais de l’oxygène à revendre. Derrière moi, Abell 2218 est resté visible encore un bout de temps, pour le plaisir des yeux, comme aurait dit en souriant cette pauvre Juliette. Sur terre, les astroports seraient sans doute sur le pied de guerre, mais je louperais pas mon arrivée, je me joindrais sans doute à un envoi  ponctuel de satellite-poubelle qui monterait dans l’atmosphère au moment où je ferais mon entrée, pour tromper les radars et ni vu ni connu je t’embrouille, j’atterrirais dans un champ isolé. J’ai toujours aimé la campagne. Et puis maintenant, j’avais la puce identitaire d’un techno-paysan qui roulait sous ma peau, j’étais un spécialiste, fallait pas l’oublier. Une seule chose n’aura sans doute jamais de réponses : quand je suis passé en manuel pour perturber le circuit auxiliaire de pression de vérin treize, ce qui a été fatal à ce cher Cornélius, pourquoi l’alarme ne s’est pas mise en route ? Elle aurait dû !

 


Message édité par talbazar le 14-06-2009 à 20:48:22
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Marsh Posté le 10-06-2009 à 21:31:16   

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