Un peu de lecture : Escadrons de la mort l'ecole Française - Arts & Lecture - Discussions
Marsh Posté le 24-05-2005 à 02:54:08
Si on ne peux nier le role "actif" des politiques et donc de l'Etat Francais dans la guerre revolutionnaire lors de la decolonisation en indochine/algerie, il n'en va probablement pas de meme pour le soutien aux dictatures sud americaines. Je ne dis pas que les instructeurs ont agi completement seuls, mais il n'y avait pas une volonte politique francaise de permettre ce genre de chose.
Autrement dit, l'Etat Francais ne pouvait euthanasier les monstres qu'il avait engendres dans les annees 50. ce qui ne veut pas dire qu'il soutenait leurs initiatives a leur epoque sud americaine.
Marsh Posté le 24-05-2005 à 12:22:53
thermocline a écrit : Si on ne peux nier le role "actif" des politiques et donc de l'Etat Francais dans la guerre revolutionnaire lors de la decolonisation en indochine/algerie, il n'en va probablement pas de meme pour le soutien aux dictatures sud americaines. Je ne dis pas que les instructeurs ont agi completement seuls, mais il n'y avait pas une volonte politique francaise de permettre ce genre de chose. |
Ben voyons.... !
Quelques éléments incontrolés de l'armée... hein...
Toujours cette attitude de nier les responsabilités de l'état français...
Dès la fin des années 1950, les méthodes de la « Bataille dAlger » sont enseignées à lÉcole supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où sinstalle une « mission militaire permanente française » constituée danciens dAlgérie (elle siègera dans les bureaux de létat-major argentin jusquà la dictature du général Videla). De même, en 1960, des experts français en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, formeront les officiers américains aux techniques de la « guerre moderne », quils appliqueront au Sud-Viêtnam.
Fruit dune enquête de deux ans, menée en Amérique latine et en Europe, ce livre apporte détonnantes révélations, appuyées sur des archives inédites et sur les déclarations exclusives de nombreux anciens généraux - français, américains, argentins, chiliens... Des dessous encore méconnus des guerres françaises en Indochine et en Algérie, jusquà la collaboration politique secrète établie par le gouvernement de Valéry Giscard dEstaing avec les dictatures de Pinochet et de Videla, ce livre dévoile une page occulte de lhistoire de France, où se croisent aussi des anciens de lOAS, des fascistes européens ou des « moines soldats » agissant pour le compte de lorganisation intégriste la Cité catholique..
Harguindeguy (ministre de l'intérieur de la junte argentine) déclare que Michel Poniatowski, alors ministre de l'intérieur français, a demandé que les polices collaborent... Contreras, le bras droit de Pinochet, raconte comment la DST le prévenait chaque fois qu'un Chilien rentrait au pays, cela veut dire qu'on les envoyait a la mort.
Citation : |
Et au Rwanda c'est aussi quelques militaires incontrolés ???
Citation : |
http://www.algeria-watch.de/fr/art [...] lusion.htm
A lire aussi :
Marsh Posté le 24-05-2005 à 12:32:05
La France a fait çi, la France a fait ça gnagnagna
tiens pourquoi tu parles pas des techniques de guérilla et de subversion employées par ceux d'en face? ah non tu peux pas, tes sources si impartiales que t'as pas la moindre idée de ce dont je veux parler
edit: ta signature est pitoyable, comme le blaireau qui l'a glairé d'ailleurs.
Marsh Posté le 24-05-2005 à 12:42:26
Ce qui fait pitie, c'est de faire des associations calamiteuses ou la responsabilite des francais est clairement engagee (indochine, algerie, afrique) et melanger tout ca avec des elements de real politik ou les francais n'ont qu'un role archi mineur (y'avait pas vraiment besoin des francais pour apprendre a torturer... Mais les "praticiens" francais bien formes existaient a cette epoque, d'ou cet "engouement" ), et la je parle surtout de l'amerique du sud.
Pour mettre cela sur le meme niveau, c'est qu'on cherche a discrediter toute critique valable de l'etat francais.
Marsh Posté le 24-05-2005 à 12:54:09
zcoold a écrit : La France a fait çi, la France a fait ça gnagnagna |
Je ne repondrais pas à ce genre de troll colonialiste et fasciste.
Je m'attendais à ce genre de réaction sur ce forum ou pullulent les crétins nostalgiques de la gègène et autres admirateurs de Papon, cependant si une seule personne prend la peine de lire ces livres je n'aurai pas perdu mon temps.
Marsh Posté le 24-05-2005 à 12:59:06
thermocline a écrit : Ce qui fait pitie, c'est de faire des associations calamiteuses ou la responsabilite des francais est clairement engagee (indochine, algerie, afrique) et melanger tout ca avec des elements de real politik ou les francais n'ont qu'un role archi mineur (y'avait pas vraiment besoin des francais pour apprendre a torturer... Mais les "praticiens" francais bien formes existaient a cette epoque, d'ou cet "engouement" ), et la je parle surtout de l'amerique du sud. |
On ne parle pas seulement de la torture qui n'a pas attendu la guerre d'algerie.
On parle de tout une doctrine de guerre sâle sur le modèle de la bataille d'alger.
La guerre Contre insurrectionnelle est une spécialité bien française... qui fait encore école en Irak, en Afrique...
Marsh Posté le 24-05-2005 à 13:01:40
Giuseppe_P a écrit : Je ne repondrais pas à ce genre de troll colonialiste et fasciste. |
ce post la va te valoir un aller simple pour les TTs, au moins.
j'ai beaucoup de mal a supporter les gens qui me traitent de crétin adepte de la torture admirant des criminels de guerre.
Marsh Posté le 24-05-2005 à 13:02:42
L'armée Francaise n'a pas les mains trop propres, c'est clair, surtout en Afrique.
Mais l'Amérique du Sud c'est le pré carré de la CIA, pas de la France.
Marsh Posté le 24-05-2005 à 13:09:32
BigWhiteTelephone a écrit : L'armée Francaise n'a pas les mains trop propres, c'est clair, surtout en Afrique. |
tu te trompes.
Dans le cas de l'argentine, le perronisme (mélange de fascisme, d'integrisme catholique et paradoxalement de quelques reformes sociales) est très éloigné de l'oncle Sam.
Le perronisme comporte même une bonne part de nationalisme et d'antiaméricanisme... d'où le rôle français plus important en Argentine...
Evidemment, la main mise des USA sur le continent est évidente, ce qui n'a pas empecher des militaires français comme Aussaresse de former l'armée américaines a ses techniques...
Lire le livre pour plus d'infos
Marsh Posté le 24-05-2005 à 13:12:14
Gurumeditation a écrit : ce post la va te valoir un aller simple pour les TTs, au moins. |
ça n'était pas adressé à toi en particulier, mais si tu estimes faire partie des personnes visées, c'est ton problème !
Marsh Posté le 24-05-2005 à 13:12:28
Giuseppe_P a écrit : On ne parle pas seulement de la torture qui n'a pas attendu la guerre d'algerie. |
Et qui n'a jamais fait ses preuves dans la specialite francaise: la real politik. Ces actions, si elles sont souvent des "succes" sur le theatre des operations, sont toujours des catastrophes quand aux consequences politiques. Les francais donnent cette "arme" plutot a ses allies qu'elle voudrait bien voir couler
Marsh Posté le 24-05-2005 à 13:13:26
zcoold a écrit : ta signature est pitoyable, comme le blaireau qui l'a glairé d'ailleurs. |
Bonne fin de semaine.
Giuseppe_P a écrit : Je m'attendais à ce genre de réaction sur ce forum ou pullulent les crétins nostalgiques de la gègène et autres admirateurs de Papon, cependant si une seule personne prend la peine de lire ces livres je n'aurai pas perdu mon temps. |
Bonne fin de mois.
Marsh Posté le 24-05-2005 à 02:09:49
en haut, de g.à dr. : col. Marcel Bigeard, gén. Jacques Massu, col. Roger Trinquier, cap. Paul-Alain Léger - pendant la bataille dAlger, en 1957 ; en bas, au centre : les généraux Jorge Videla et Augusto Pinochet, à Viña del Mar, le 1er nov. 1976
Dans les années 1970 et 1980, les dictatures militaires du Cône sud de lAmérique latine ont férocement réprimé leurs opposants, utilisant à une échelle sans précédent les techniques de la « guerre sale » : rafles indiscriminées, torture systématique, exécutions extrajudiciaires et « disparitions », escadrons de la mort... Cest en enquêtant sur lorganisation transnationale dont sétaient dotées ces dictatures - le fameux « Plan Condor » - que Marie-Monique Robin a découvert le rôle majeur joué secrètement par des militaires français dans la formation à ces méthodes de leurs homologues latino-américains (et en particulier argentins). Des méthodes expérimentées en Indochine, puis généralisées au cours de la guerre dAlgérie, pendant laquelle des officiers théoriseront le concept de « guerre révolutionnaire ».
Dès la fin des années 1950, les méthodes de la « Bataille dAlger » sont enseignées à lÉcole supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où sinstalle une « mission militaire permanente française » constituée danciens dAlgérie (elle siègera dans les bureaux de létat-major argentin jusquà la dictature du général Videla). De même, en 1960, des experts français en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, formeront les officiers américains aux techniques de la « guerre moderne », quils appliqueront au Sud-Viêtnam.
Fruit dune enquête de deux ans, menée en Amérique latine et en Europe, ce livre apporte détonnantes révélations, appuyées sur des archives inédites et sur les déclarations exclusives de nombreux anciens généraux - français, américains, argentins, chiliens... Des dessous encore méconnus des guerres françaises en Indochine et en Algérie, jusquà la collaboration politique secrète établie par le gouvernement de Valéry Giscard dEstaing avec les dictatures de Pinochet et de Videla, ce livre dévoile une page occulte de lhistoire de France, où se croisent aussi des anciens de lOAS, des fascistes européens ou des « moines soldats » agissant pour le compte de lorganisation intégriste la Cité catholique...
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Lhistoire continue...
Au Parlement français : de la reconnaissance au déni de la réalité [2]
« Jai été bouleversé par ce documentaire et je dois dire que jai honte pour la France... Jespère que nous aurons le courage de faire toute la lumière sur cette face cachée de notre histoire pour que nous ayons enfin le droit de nous revendiquer comme la patrie des droits de lhomme... » Cétait le 10 mars 2004 sous les lambris du Palais du Luxembourg. Ancien ministre et actuel médiateur de la République, Bernard Stasi a été désigné par les organisateurs de la neuvième édition des « Lauriers de la radio et de la télévision au Sénat » pour me remettre le prix du « meilleur documentaire politique de lannée ». À dire vrai, quand un mois plus tôt, javais été informée du choix du jury, présidé par Marcel Jullian, javais dabord cru à une erreur. Un prix au Sénat pour « Escadrons de la mort : lécole française » : la nouvelle paraissait incroyable ! Ma surprise est à son comble quand jentends les mots courageux de Bernard Stasi, premier homme politique français - à ma connaissance - à assumer ainsi publiquement la « face cachée de notre histoire ».
Car, il faut bien le reconnaître, après la diffusion de mon documentaire sur Canal Plus, le lundi 1er septembre 2003, la classe politique et la presse françaises ont fait preuve dune belle unanimité : silence radio, ou, pour reprendre lexpression de Marie Colmant, « apathie générale ». « On guette la presse du lendemain, écrit léditorialiste de lhebdomadaire Télérama, on regarde les infos, en se disant que ça va faire un fameux barouf, que quelques députés un peu plus réveillés que les autres vont demander une enquête parlementaire, que la presse va prendre le relais... Mardi, rien vu, à lexception dun billet en bas de page dans la rubrique télé dun grand quotidien du soir. Mercredi rien vu. Jeudi rien vu. Vendredi, toujours rien vu. Je ne comprends pas. Cest quoi ce monde mou du genou dans lequel on vit [3] ? »
Cest vrai quil y a de quoi soffusquer de cette bonne vieille spécificité française : tandis quaux États-Unis, la publication de photos, par la chaîne CBS, montrant lusage de la torture en Irak par des militaires américains déclenchera en avril 2004 une crise légitime outre-Atlantique et fera la une des journaux français pendant une quinzaine de jours, les déclarations, documents à lappui, dune palanquée de généraux français, nord et sud-américains et dun ancien ministre des Armées sur le rôle joué par le « pays des droits de lhomme » dans la genèse des dictatures du Cône sud ne provoquent en France que... lindifférence générale.
Ou presque : le 10 septembre 2003, le jour où paraît le numéro précité de Télérama, les députés Verts Noël Mamère, Martine Billard et Yves Cochet déposent une demande de commission denquête parlementaire sur le « rôle de la France dans le soutien aux régimes militaires dAmérique latine de 1973 à 1984 [4] », auprès de la commission des Affaires étrangères de lAssemblée nationale, présidée par Édouard Balladur. Pas un journal, à lexception du Monde [5], ne se fait lécho de cette demande. Quimporte : on se dit, à linstar de Marie Colmant, quil existe bien, en France, « quelques députés plus réveillés que les autres » et que quelque chose va, enfin, se passer. Nenni ! Nommé rapporteur, le député Roland Blum, qui, malgré ma demande écrite, na même pas daigné mauditionner, publie, en décembre 2003, son « rapport » : douze pages où la langue de bois rivalise avec la mauvaise foi [6].
On peut notamment y lire : « La proposition de résolution est fondée, sur un point, sur des faits inexacts. En effet, elle émet le souhait quune éventuelle commission denquête puisse étudier le rôle du ministère des Armées et en particulier lapplication des accords de coopération entre la France, le Chili, le Brésil et lArgentine entre 1973 et 1984. Or, aucun accord de coopération militaire entre la France et lun de ces trois pays dAmérique latine nétait applicable lors de la période considérée. [...] Aucun accord de ce type ne figure au recueil des accords et traités publié par le ministère des Affaires étrangères. » Roland Blum - cest un comble ! - na manifestement pas vu mon documentaire, où je montre une copie de laccord, signé en 1959, entre la France et lArgentine, pour la création dune « mission permanente militaire française » à Buenos Aires, laquelle perdurera jusquà la fin des années 1970, ainsi que le prouvent les documents que je produis également à lantenne (voir supra, chapitres 14 et 20). Dailleurs, si le rapporteur avait fait leffort de me contacter, jaurais pu lui indiquer où retrouver ledit accord dans les archives du Quai dOrsay [7]...
Fondé sur le déni pur et simple, le reste du rapport procède du même tonneau négationniste. En voici quelques morceaux choisis : « Que des généraux argentins ou chiliens indiquent quils ont appliqué des méthodes enseignées par dautres peut se comprendre : ils cherchent à atténuer leur responsabilité individuelle en faisant croire quils agissaient dans le cadre dune lutte mondiale contre le communisme, mais cela ne doit pas nous faire oublier que les tortionnaires en question ne sont pas vraiment des témoins dignes de confiance. [...] La politique française à légard de lAmérique latine fut à lépoque dépourvue de toute ambiguïté. Au-delà des condamnations verbales de ces régimes, la France agissait concrètement en accueillant massivement des réfugiés de ce pays. [...] Certes, il nest pas inenvisageable que des personnes de nationalité française aient pu participer à des activités de répression, mais si cela a été le cas, ce fut à titre individuel. »
La lecture du rapport devant la commission des Affaires étrangères a provoqué quelques remarques acerbes du député Noël Mamère, qui a estimé que « les arguments avancés par le rapporteur nétaient ni valables ni justifiés. Leur seul objectif est déviter de faire la lumière et de travestir la vérité ». Venant à la rescousse de son collègue Vert, le député socialiste François Loncle a, quant à lui, « souligné lintérêt pour les membres de la commission parlementaire de visionner ce documentaire »... Chose que ceux-ci nont pas jugé nécessaire, puisque « conformément aux conclusions du rapporteur, la commission a rejeté la proposition de résolution »...
Le déni, encore et toujours. Voilà lattitude adoptée systématiquement par les gouvernants du « pays des droits de lhomme » chaque fois que des journalistes ou des historiens tentent de lever le voile qui couvre la face peu glorieuse de lhistoire post-coloniale de la France. Le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin sest lui aussi comporté en bon petit soldat de lomerta institutionnelle, lorsquil a effectué, en février 2004, une visite officielle au Chili, où les journaux avaient largement rendu compte de mon film [8]. Interrogé à ce sujet lors dune conférence de presse, le ministre de la République sest contenté de nier purement et simplement toute forme de collaboration de larmée ou du gouvernement français avec les dictatures latino-américaines, en laissant entendre que lenquête sous-tendant le documentaire, quil na selon toute vraisemblance pas vu, nétait pas sérieuse [9]...
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Le pays des droits de lhomme [10]
Et la France aujourdhui ? Cette question revient avec constance dès quest organisé un débat à la suite de la projection de mon film Escadrons de la mort, lécole française. Que le lecteur se « rassure » : fort heureusement, il y a belle lurette que larmée française a banni de ses enseignements - à lÉcole militaire ou dans tout autre institut de formation dépendant du ministère de la Défense - toute référence à la théorie et aux techniques de la « guerre révolutionnaire ». Dès le début des années 1960, et sur ordre, comme on la vu, du général de Gaulle cette « matière » si prisée du temps des guerres coloniales a disparu des programmes militaires, pour ainsi dire du jour au lendemain.
Il nen reste pas moins vrai que ce sont bien des officiers français, venus pour beaucoup des rangs de la résistance au nazisme, qui, au nom dune idéologie - lanticommunisme et la défense des valeurs de lOccident chrétien -, ont mis au point lors des guerres coloniales en Indochine et en Algérie des « méthodes de guerre » qui ont légitimé les pires sauvageries contre les populations civiles. Et ces méthodes, grâce à leur efficacité, sont devenues des modèles, voire des fins en soi, pour des chefs politiques, dictateurs et despotes (dans le tiers monde et en Russie) ou démocrates (aux États-Unis). Il sagit là dune vérité historique que la France officielle ne peut continuer à occulter, en invoquant encore et toujours la « raison dÉtat ».
Or, dans ce domaine, le travail de mémoire et, surtout, de reconnaissance publique des responsabilités politiques, a tout juste commencé. Il a fallu attendre quarante ans pour que lon parle enfin ouvertement des atrocités commises par larmée française en Algérie. Mais dès quun Aussaresses ouvre la bouche, les loups se mettent à hurler - sur le thème quil faut taire ce qui pourrait salir lhonneur de la France -, entraînant de tragiques conséquences : combien de vieux militaires ai-je rencontré, qui échaudés par lexpérience de leur « ancien camarade », ont finalement décidé demporter leurs « secrets » dans la tombe ? Les déboires en justice du général Aussaresses sont révélateurs de cette incapacité qui caractérise la classe politique et intellectuelle française de se pencher sereinement sur ce que Bernard Stasi appelle la « face cachée de lhistoire de la France ». Tout aussi révélateur est le fait quaujourdhui encore, il ne soit pas possible de consulter librement lensemble des archives disponibles sur la guerre dAlgérie : théoriquement « déclassifiées » après le délai de quarante ans de rigueur, bon nombre dentre elles sont, en fait, soumises à des dérogations spéciales que noctroie jamais le ministre de la Défense.
Cette « omerta légale », pour reprendre lexpression de mon confrère Paul Moreira, et cet « excès de secret » [11] ne sont pas dignes dun grand pays démocratique comme la France, si prompte, par ailleurs, à donner des leçons de morale humanitaire, dès quil sagit, par exemple, de réclamer lextradition dun tortionnaire argentin comme Alfredo Astiz... Or, telle la lune du poète allemand Rainer Maria Rilke, les deux faces de la France sont intimement liées : pour que sa face lumineuse brille pleinement - à lintérieur comme à lextérieur -, il faut que soit reconnue, et donc enfin assumée publiquement, sa face cachée et sombre. Il y va tout simplement de la crédibilité, et donc de la respectabilité, du « pays des droits de lhomme »...
Lire également la sale guerre des généraux algériens des années 1990, par Marie-Monique Robin.
[1] Escadrons de la mort,lécole française, Éd. La Découverte, septembre 2004, 22 .
Née en 1960, Marie-Monique Robin est lauréate du Prix Albert Londres (1995). Journaliste et réalisatrice, elle a réalisé de nombreux documentaires, couronnés par une dizaine de prix internationaux, et reportages tournés en Amérique latine, Afrique, Europe et Asie. Elle est aussi lauteur de plusieurs ouvrages, dont Voleurs dorganes, enquête sur un trafic (Bayard), Les 100 photos du siècle (Le Chêne/Taschen), et Le sixième sens, science et paranormal (Le Chêne).
[2] Le début du dernier chapitre du livre Escadrons ...
[3] Télérama, 10 septembre 2003.
[4] Dans la proposition de résolution n° 1060, les députés Verts, qui seront finalement relayés par le groupe socialiste, écrivent notamment : « Pour la première fois, le film de Mme Marie-Monique Robin apporte une démonstration éclatante des conditions dans lesquelles les militaires français ont livré à leurs homologues argentins le savoir-faire quils avaient acquis pendant la bataille dAlger. »
[5] Le Monde, 25 septembre 2003.
[6] Rapport 1295, décembre 2003. On peut le consulter sur le site de lAssemblée nationale : .
[7] Pour les curieux, laccord est à chercher dans le « carton » intitulé « Série B. Amérique 1952-1963. Sous-série : Argentine, n° 74. Cotes : 18.6.1. mars 52-août 63 ».
[8] Lire notamment Siete +7, 5 septembre 2003.
[9] El Mercurio, 2 février 2004 ; Le Monde, 5 février 2004.
[10] La fin du dernier chapitre
[11] « Crever lexcès de secret en France » : cest le titre dun appel pour un « accès plus libre à linformation », publié dans Libération le 16 avril 2004, et signé dix jours plus tard par deux cents journalistes et hommes politiques. Cet appel demande que soit votée une loi permettant la déclassification des dossiers dÉtat gardés secrets, à linstar de la procédure américaine du Freedom of Information Act, qui « oblige toute administration, même la plus sensible, à fournir au public laccès aux documents classés, sous réserve de neuf exceptions qui devront être correctement motivées ».
http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=440
Message édité par Giuseppe_P le 24-05-2005 à 02:14:49
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Pas de justice, pas de paix