James Nachtwey à la BNF - réflexion -

James Nachtwey à la BNF - réflexion - - Arts & Lecture - Discussions

Marsh Posté le 18-01-2003 à 12:43:18    

les photos de James Nachtwey (grand reporter US) sont entrées il y a kkues temps déjà au département Estampes et photo de la BNF
 
Quelques exemples :
 
http://www.dartmouth.edu/~news/releases/mar02/nachtwey.jpg
 
http://www.digitaljournalist.org/issue0106/images/nachtwey.jpg
 
http://www.narcomafie.it/foto_4_2001_jpg/immagini/fotoinc3.jpg
 
http://www.nyhistory.org/magnum/mag3.jpg
chute du mur de Berlin
 
http://ww2.salon.com/people/portfolio/2000/04/10/inferno/src/slide7.jpg
 
et en couleurs
http://www.icp.org/exhibitions/nachtwey/images/EE1.jpg
 
je n'ai pas choisi ces images au hasard (on en trouve pas mal sur le web).  
 
La 1ère, c'est celle-qui m'a incitée à en savoir plus sur ce photographe, c'est la photo publiée sur la revue de la BNF. Ce qui m'a frappé, de prime abord, ce n'est pas seulement le caractère esthétique, mais le contre-pied de cette photo par rapport à notre regard habituel d'occidental face à ces femmes voilées qu'on se plait à dire soumise à leurs hommes, étouffées...et à nous présenter comme telles... or là, par la position, le geste, ce je ne sais quoi, on découvre que le sentiment de cette femme peut être plus fort que toutes nos interprétations savantes... Ce qui m'a plu d'emblée dans cette photo, c'est le caractère anti conformiste du message... mais c'est vrai qu'elle est très travaillée et que la sincérité devient douteuse.
 
La seconde, je n'ai pas lu tout de suite la légende. J'ai bien deviné, bien sûr ; mais c'était le contraste, non pas du noir et blanc mais de ces murs glacials, puissants, inébranlables, morts... et cette silhouette noire, chétive, mourante... mais qui contient la vie... C'est évidemment très travaillé et dérangeant... mais comme peut l'être un roman ou un poème qui veulent dire avec force ce que les mots ou clichés ordinaires ne savent plus dire...???
 
la troisième trahit une recherche presque vulgaire à force d'être fabriquée ; et elle prouve combien j'ai pu oublier le sujet pour ne plus regarder que l'idée artistique... c'est la dernière photo que j'ai sélectionnée... et elle montre comment j'ai pu me faire embarquer dans le projet esthétique du photographe au détriment de ce qu'il entend montrer... Là, à la réflexion, je me dis que j'ai tout faux et si j'avais à le faire, je ne rechoisirai pas cette photo. A la différence des autres, elle m'apparaît finalement comme un échec : la main efface les paysans, elle produit comme un effet d'expression narcissique...
 
La 4ème en revanche, fonctionne à l'inverse de ce que je décris ci-dessus... au départ, j'ai cru à une photo de quelque prison du tiers monde... je la trouvais sans intérêt... et soudain, j'ai vu la légende... et là, mon choix s'est redéfini du fait de cette manière différente de montrer l'événement par rapport à ce qui est archi connu... ce n'est plus la foule dressée sur le mur, ce sont ces mains prises dans les barbelés et auxquelles on pourrait faire dire le contraire de ce qu'elles sont en train de dire !!! Le contrepied avec tout ce qu'il peut engendrer m'a réconcilié avec cette photo.  Evidemment, c'est travaillé ; peut-être pas sur le vif, seulement en labo, en coupant le sujet là où il faut pour donner cette image... manipulation bien sûr... mais si on obtient ce qu'on veut... quelle différence entre ça et le procédé rhétorique du journaliste ???
 
La 5ème, j'ai hésité... sujet rabaché, esthétisme évident... mais ce qui m'a accroché, là encore c'est le caractère décalé de la scène. Cet homme meurt de faim et qu'est-ce qu'on lui donne ? Un ticket, une feuille, un papier ? Il y a un côté cruel dans cette situation, qui pourrait rappeler certains dessins de Plantu... telle est la raison de mon choix et non l'aspect esthétique... D'ailleurs, j'ai peine à croire qu'elle puisse avoir été fabriquée... mais, sait-on jamais !?
 
comme quoi, je n'ai pas sélectionné ces photos sur le même critère...  
 
Pour la dernière ? je ne sais pas trop... emportée dans le mouvement, j'ai voulu mettre un peu de couleur, c'est tout...
 
Bref, à la réflexion, je ne sais plus que penser. Ces photos sont belles (à mon avis), elles sont dérangeantes pour ce qu'elles donnent à voir et pour la raison aussi qu'elles ont été faites avec cette double intention de reporter et d'esthète étroitement liées...
 
et puis, je me dis : pourquoi pas ? l'image banalisée du JT, jusqu'à satiété, jusqu'à ne plus voir ce que nous regardons tous les jours, rapatriés que nous sommes dans le confort de notre impuissance de petites gens !!! S'il faut la provocation de l'esthétisme, de la surprise, du décalé, du contrepied pour nous redonner à voir... je ne sais pas...  
 
cela m'obliges à remettre mon regard en cause... pour autant je ne renie pas ce dernier...  
 
A propos : et Guernica, les tableaux de la guerre, ceux qui nous peignent la misère humaine, la pauvreté... la douleur de l'artiste... Je me pose la question : est-il sain de faire une recherche esthétique ou seulement graphique, technique ou que sais-je encore sur de tels thèmes ?
 
Le gros problème, finalement, est de savoir comment définir ce photographe : reporter ou artiste ? Peut-on être les deux à la fois ???? j'avoue, je ne sais pas !
 
en fait, quand on fait de la photo même de reportage sur le vif, on "gâche" de la pellicule... et sur 30 clichés sur le vif, on n'en gardera qu'un parce qu'il y en a 29 qui seront "ratés", c'est-à-dire "moins forts" quand le 30ème sera exact... Le problème, c'est qu'on regarde les photos (comme des toiles, d'ailleurs) comme s'il n'y en avait qu'une seule alors qu'elle n'est jamais que le résultat de x esquisses ou essais... Ca me fait penser à cette photo du républicain espagnol de 1936 ! Tout le monde la connaît, elle est extraordinaire ; mais ce n'est qu'une des prises (la plus émouvante, la plus forte) d'une série qui va de l'homme courant à l'homme mort... Pas de recherche esthétique sur le vif, mais il y a bien une démarche particulière (comment la désigner ?) après... ! Pourla comparaison avec le peintre, c'est l'équivalent du travail de croquis réalisés sur le terrain (je pense entre autre aux spécialistes de la peinture militaire), avant la réalisation du travail de fond en atelier...
 
Je reprends alors la question un peu autrement : à quel moment le photographe fait-il son travail esthétique ? Au moment de la prise de vue ou après?.. quand il choisit parmi des centaines de clichés ceux qui vaudront la peine ; ou encore dans son labo en forçant sur les contrastes (ça peut être le cas de la photo sur la Somalie), en cadrant d'une certaine façon (cas probable de la photo sur Berlin), voire en truquant (cas possible de surimposition dans le cliché sur les paysanos avec la main en premier plan) ? Ce qui revient à se demander comment travaille le photographe : en reporter qui photographie ce qui le frappe, sur le vif, sans trop se poser de question, sachant seulement que l'habitude et le savoir faire professionnel le conduit à bien faire ses réglages, ses cadrages que nous autres, amateurs, avons tant de mal à réussir... avant d'aller faire un second travail d'artiste sur un sujet qui n'est plus le vivant, mais ce qui est figé sur la pellicule... ou s'il travaille d'emblée en esthète, faisant poser, minaudant devant son sujet, cherchant pendant des heures le meilleur angle...etc... ?
 
S'il agit de cette deuxième manière, alors c'est odieux et inutile... mais s'il s'agit d'un travail de reprise du cliché en labo, je crois que ça se discute... Faut savoir aussi quelle finalité le photographe veut donner à son travail...


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Marsh Posté le 18-01-2003 à 12:43:18   

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Marsh Posté le 18-01-2003 à 12:44:07    

Désolée pour une raison plus qu'obscure le premier cliché ne passe pas :fou:
 
 
exposition
 
 
BNF Site Richelieu, Galerie Mansart
Du 29 octobre 2002 au 02 mars 2003.
   


Message édité par Meganne le 18-01-2003 à 12:47:57

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Marsh Posté le 18-01-2003 à 12:53:56    

Bon j'ai pas grand chose a dire (manque d'experience, de jugement, d'intelligence par rapport a la chose ?), mais je voulais dire que j'avais lu et trouvé ca très interessant.


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Super.
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Marsh Posté le 18-01-2003 à 12:55:03    

Godbout a écrit :

Bon j'ai pas grand chose a dire (manque d'experience, de jugement, d'intelligence par rapport a la chose ?), mais je voulais dire que j'avais lu et trouvé ca très interessant.


 
Merci. j'attends pas des tonnes de "réponses" l'esentiel c'est de partager un truk :)
après tout l'art (photographie ) c'est avant tout une émotion.


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Marsh Posté le 18-01-2003 à 12:57:11    

Comment discuter de la mentalité et de la façons dont un artiste recherche qqc sans le connaitre, en voyant juste le résultat de son travail ?
 
ça me semble abérant ...

Reply

Marsh Posté le 18-01-2003 à 13:02:37    

Exactement ce que je pense (edit: par rapport au post de meganne). Le principal c'est pas que le plus de gens aime(nt), c'est de partager quelque chose que nous on aime, que ce soit musique, photographie, etc..., bref art en général.  
J'ai un bouquin comme ça, rempli de photos de reporters, a mi chemin entre photos de journalistes et art. On sait pas trop ou ca s'arrete. Y a plein d'emotions, de messages dans ces photos. Pourtant des fois c'est pas grand chose au niveau de l'image (la couverture c'est deux mains qui se filent un bout de papier à travers un grillage), mais ca sous-entend tellement de trucs derriere.
Bref moi aussi j'aime bien, enfin je commence à aimer. Je pense que dans les années à venir, plus je vais murir et plus je vais tendre vers ce genre de chose. Parce que, pour moi, l'art sous toutes ses formes est vraiment quelque chose de très très important. (bien plus que de savoir ce que je vais prendre comme nouveau portable ou pkoi j'ai que 3000 points dans 3dmark :D)
 
edit: bon je m'arrete la parce que je suis en train de detourner le sujet.


Message édité par godbout le 18-01-2003 à 13:06:03

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Super.
Reply

Marsh Posté le 18-01-2003 à 13:04:34    

chubaca a écrit :

Comment discuter de la mentalité et de la façons dont un artiste recherche qqc sans le connaitre, en voyant juste le résultat de son travail ?
 
ça me semble abérant ...


 
C'est un péty peu le principe de la réflexion, perso kand je suis touchée par kkue chose j'aime bien en discuter partager ou échanger des points de vue.
en essayant par exemple de trouver les motivations/impulsions qui ont conduit l'artiste ou le cinéaste ou que sais je encore..par rapport à ce que j'ai ressenti.
je ne pense pas qu'il y ait 1 façon de percevoir un travail.
Mais je trouve ça intéressant d'en discuter.


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Marsh Posté le 18-01-2003 à 13:07:24    

Godbout a écrit :

Exactement ce que je pense (edit: par rapport au post de meganne). Le principal c'est pas que le plus de gens aime(nt), c'est de partager quelque chose que nous on aime, que ce soit musique, photographie, etc..., bref art en général.  
J'ai un bouquin comme ça, rempli de photos de reporters, a mi chemin entre photos de journalistes et art. On sait pas trop ou ca s'arrete. Y a plein d'emotions, de messages dans ces photos. Pourtant des fois c'est pas grand chose au niveau de l'image (la couverture c'est deux mains qui se filent un bout de papier à travers un grillage), mais ca sous-entend tellement de trucs derriere.
Bref moi aussi j'aime bien, enfin je commence à aimer. Je pense que dans les années à venir, plus je vais murir et plus je vais tendre vers ce genre de chose. Parce que, pour moi, l'art sous toutes ses formes est vraiment quelque chose de très très important. (bien plus que de savoir ce que je vais prendre comme nouveau portable ou pkoi j'ai que 3000 points dans 3dmark :D)


 
C'est exactement ça oui on perçoit +sieurs choses à la fois c'est difficile d'en faire le tri d'emblée pour le coucher sur le papier. :)
 
Soit dit en passant j'ai vu ces photos plus de deux semaines avant de partir en vacances et je ne savais pas quoi mettre comme mots dessus. ça m'a fait d'emblée un électrochoc.
 
je le pense aussi.
 
à la representation du mal par l'artiste, par exemple le peintre de la guerre 70, ou bien n'importe quel ecrivain ... comment echapper au piege du romantisme ou de l'esthetisme ?
 
Un simple ecrivain, comment peut il ecrire sur le suicide ? Comment un realisateur peut il montrer la violence ?
 
 
(désolée pour les fautes de frappe j'ai de gros problèmes de clavier)
 


Message édité par Meganne le 18-01-2003 à 13:10:24

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Marsh Posté le 18-01-2003 à 13:09:54    

Meganne a écrit :


 
C'est un péty peu le principe de la réflexion, perso kand je suis touchée par kkue chose j'aime bien en discuter partager ou échanger des points de vue.
en essayant par exemple de trouver les motivations/impulsions qui ont conduit l'artiste ou le cinéaste ou que sais je encore..par rapport à ce que j'ai ressenti.
je ne pense pas qu'il y ait 1 façon de percevoir un travail.
Mais je trouve ça intéressant d'en discuter.

En effet il y a une infinité de façons de percevoir une oeuvre, on peut en discuter, en débattre.
Par contre discuter de la façon dont a réfléchit l'artiste pour faire son oeuvre je trouve ça stupide, personne, sauf l'artiste et Dieu ( :D ) ne peut le savoir.
 
COncernant ce photographe, je ne le connaissait pas du tout, et les photos que tu as montré, j'aime bcp.
Unephoto de guerre/famine/etc... classique, on glisse dessus, on la voit, on se dit que cai triste et hop 10min apres oublié.
 
Tandis qu'en y melant un esthétisme, de belles courbes, etc... ça accroche plus le ragard, on passe plus de temps a la regarder, on l'oublie moins.
 
Tout ça bien sur dans l'optique qu'il voulait décrier ces évenements ( sauf mur de Berlin bien sur ;) ), mais ça on n'en sait rien.

Reply

Marsh Posté le 18-01-2003 à 13:15:09    

Citation :

Par contre discuter de la façon dont a réfléchit l'artiste pour faire son oeuvre je trouve ça stupide, personne, sauf l'artiste et Dieu (   ) ne peut le savoir.


 
ça se défend tout à fait!
 
perso je pars du principe(enfin c assez naturel chez moi) que de(tenter de) comprendre les motivations de l'auteur pourront m'aider à saisir, percevoir l'oeuvre dans sa globalité. et que de toute façon rien que le fait de l'aborder par ce biais permet d'emprunter des chemins de réflexions plus ouverts/différents que la simple émotion reçue.
 
ça accroche le regard dans un premier temps mais aussi la pensée par rapport au thème véhiculé. tiens pkoi ils nous a pondu ça? qu'est ce qui l'a amené à prendre cette photo, dans quel but?
quelle émotion a t il lui ressenti pour le conduire à cette démarche?


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Marsh Posté le 18-01-2003 à 13:15:09   

Reply

Marsh Posté le 18-01-2003 à 13:19:41    

Meganne a écrit :

Citation :

Par contre discuter de la façon dont a réfléchit l'artiste pour faire son oeuvre je trouve ça stupide, personne, sauf l'artiste et Dieu (   ) ne peut le savoir.


 
ça se défend tout à fait!
 
perso je pars du principe(enfin c assez naturel chez moi) que de(tenter de) comprendre les motivations de l'auteur pourront m'aider à saisir, percevoir l'oeuvre dans sa globalité. et que de toute façon rien que le fait de l'aborder par ce biais permet d'emprunter des chemins de réflexions plus ouverts/différents que la simple émotion reçue.
 
ça accroche le regard dans un premier temps mais aussi la pensée par rapport au thème véhiculé. tiens pkoi ils nous a pondu ça? qu'est ce qui l'a amené à prendre cette photo, dans quel but?
quelle émotion a t il lui ressenti pour le conduire à cette démarche?

Imagine que ce photographe en fait, prenne ces photos pour s'amuser et ce moquer de "ces cons qui crevent la faim" ( simple supposition hein ) ça cahngerais completement ton point de vue sur son travail non ?
 
Hors rien ne te prouve que c'est pas ça qu'il a pensé en prenant la photo, rien ne te prouve le contraire non plus, donc je préfere me baser que sur les choses tangible pour penser qqc d'une oeuvre, si c'est beau, les lignes, la composition, le sujet, etc...


Message édité par CHubaca le 18-01-2003 à 13:20:09
Reply

Marsh Posté le 18-01-2003 à 14:05:26    

Meganne a écrit :


... Je me pose la question : est-il sain de faire une recherche esthétique ou seulement graphique, technique ou que sais-je encore sur de tels thèmes ?


 
Pour ma part je pense qu'il est sain de ne pas se poser cette question justement.
 
La démarche d'un photographe est toujours esthétique par essence : à partir du moment où il achète son appareil, choisit sa pellicule, où il se rend sur un lieu, la manière dont il va cadrer par expérience, la lumière, la mise en scène plus ou moins volontaire, puis après en triant ses épreuves, etc... Tout celà contribue à faire de la photo finale une oeuvre esthétique, quel que soit le sujet traité
 
Après évidemment, cette recherche d'esthétisme varie en fonction du sujet, en particulier elle sera d'autant plus discrète que le sujet est grave (du moins on l'espère). Pourquoi ? Pour la raison évidente qu'il y a des photos pour lesquelles ils serait indécent que le sujet soit éclipsé par quoi que ce soit d'autre (la qualité de la photo,la renomée du reporter, etc...)
 
Cette tolérance à l'indécence est variable selon le temps et le lieu, elle dépend du média utilisé, de la culture, de l'époque, etc... Mais la règle reste la même, et les débats sur la démarche du photographe me paraissent bien futiles : pour moi la photo d'un randwais qui crève de faim, c'est un être humain qui s'est fait prendre en photo, et qui crève de faim là bas, quelque part. Le reste me parait indécent.
 
J'irai même plus loin : devant de telles photos, l'attitude saine (à mon sens) du spectateur est de faire abstraction de tout le reste. Que la démarche du photographe soit sincère ou hypocrite, qu'il recherche la gloire ou qu'il soit humaniste peu importe. Idem pour les débats sur l'esthétisme de l'"oeuvre", ce sont là des détails qui ne doivent pas le distraire. Le spectateur a un devoir devant ce genre de photos : celui de ne pas faire injure à ce qui est représenté.

Reply

Marsh Posté le 18-01-2003 à 14:14:05    

http://ww2.salon.com/people/portfolio/2000/04/10/inferno/src/slide7.jpg
 
j'ai pas tout lu votre topic, je me suis arrêté à cette photo...
 
j'ai eu un gros choc quand même, un coup au ventre, j'ai rarement vu ça...
 
( je parle pas de l'histoire du papier que le gars remet )


Message édité par justeleblanc le 18-01-2003 à 14:15:00
Reply

Marsh Posté le 18-01-2003 à 14:15:38    

Citation :

J'irai même plus loin : devant de telles photos, l'attitude saine (à mon sens) du spectateur est de faire abstraction de tout le reste. Que la démarche du photographe soit sincère ou hypocrite, qu'il recherche la gloire ou qu'il soit humaniste peu importe. Idem pour les débats sur l'esthétisme de l'"oeuvre", ce sont là des détails qui ne doivent pas le distraire. Le spectateur a un devoir devant ce genre de photos : celui de ne pas faire injure à ce qui est représenté.

 
 
hum ce que tu dis est censé mais oui et non je ne suis pas tout à fait d'accord et je m'en explique
 
en fait la réflexion comme ça qui m'était venue (instantanée)et qui n'est pas dirigée en particulier contre ce type ou son travail c'était que j'avais toujours un peu de mal face a de telles photos. Je ne parle pas du choc du au sujet. Aussi dur que ce soit de devoir affronter une certaine réalité, c'est nécessaire et même, c'est bien la moindre des choses que d'accorder un regard a ces souffrances. Non, ce qui me gène c'est l'esthétisme qui peut en émaner et qui me fait me poser la question soit de la scénarisation pour certaines, soit de l'utilisation de ces situations pour faire LA photo. Du coup je me demande ce qu'a le photographe en tête au moment de prendre son cliché, la volonté de témoignage ou la reconnaissance en tant que photographe. Un peu des deux surement, mais il me semble que parfois, j'aimerais sentir plus clairement la priorité. Je crois que je préfèrerais des images plus crues. Typiquement, voir ceci exhiber sous l'étiquette "estampe et photo" me choque un peu à la base.
voilà c'est un peu cette impression de mélange des genres qui m'embête. C'est moi qui chipote, ou bien ?
bien sûr c'est tout à fait personnel.  
et d'un autre côté ce que tu dis est juste également mais ça me parait difficile de ne pas se poser certaines questions à un moment T.  


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Marsh Posté le 18-01-2003 à 14:33:58    

Meganne a écrit :


hum ce que tu dis est censé mais oui et non je ne suis pas tout à fait d'accord et je m'en explique
 
en fait la réflexion comme ça qui m'était venue (instantanée)et qui n'est pas dirigée en particulier contre ce type ou son travail c'était que j'avais toujours un peu de mal face a de telles photos. Je ne parle pas du choc du au sujet. Aussi dur que ce soit de devoir affronter une certaine réalité, c'est nécessaire et même, c'est bien la moindre des choses que d'accorder un regard a ces souffrances. Non, ce qui me gène c'est l'esthétisme qui peut en émaner et qui me fait me poser la question soit de la scénarisation pour certaines, soit de l'utilisation de ces situations pour faire LA photo. Du coup je me demande ce qu'a le photographe en tête au moment de prendre son cliché, la volonté de témoignage ou la reconnaissance en tant que photographe. Un peu des deux surement, mais il me semble que parfois, j'aimerais sentir plus clairement la priorité. Je crois que je préfèrerais des images plus crues. Typiquement, voir ceci exhiber sous l'étiquette "estampe et photo" me choque un peu à la base.
voilà c'est un peu cette impression de mélange des genres qui m'embête. C'est moi qui chipote, ou bien ?
bien sûr c'est tout à fait personnel.  
et d'un autre côté ce que tu dis est juste également mais ça me parait difficile de ne pas se poser certaines questions à un moment T.  
 


 
Oui bien sûr, je me suis aussi posé ces questions moi aussi, c'est une réaction naturelle. C'est justement pour ça que je parle d'un travail, d'un effort de la part du spectateur. Car c'est à lui uniquement que revient la tâche d'affranchir ces photos de tout qui doit passer au second plan. Si je devais être un peu extrême, je dirais que ces photos ne devraient même pas être signées, on ne devrait pas savoir qui les a prises.

Reply

Marsh Posté le 20-01-2003 à 16:15:10    

Parallèlement à l'expo de la BNF, rétrospective de vingt ans de travail, est à l'affiche (enfin, il l'était encore il y a un mois, au MK2 Parnasse) "War photographer", un documentaire sur James Nachtwey, ses motivations, ses méthodes et son comportement sur le terrain. Très complémentaire de l'expo.
 
Par rapport aux questions que vous posez :
 
- sur le travail post-prise de vue, il y a un travail (minime) de cadrage ou sur la luminosité/contraste. Le film présente une scène où l'on voit comment il fait ressortir l'intensité dramatique (assumée) de ses photos.
 
- la prise de vues est toujours rapide, et il est étonnant de voir comment les sujets peuvent oublier la présence de l'appareil.
 
- les photos de personnes mourant de faim ont été prises dans des camps : donc dans des endroits où on aide ces personnes.
 
- Nachtwey revendique son désir de reconnaissance, mais, en même temps, reste très effacé devant son travail.
 
Pour 2-3 remarques supplémentaires, c'est ici : http://forum.hardware.fr/forum2.ph [...] h=&subcat=

Reply

Marsh Posté le 24-08-2004 à 02:58:20    

War photographer est désormais disponible en DVD.  ;)  
Je l'ai acheté aujourd'hui et me suis empressé de le regarder. Sublime - Poignant - Enrichissant.
 
Il est pas cher en plus, 15 Euros.
 
Petite question de photographie:
Comment s'appelle l'accessoire qu'utilise M.Nachtwey pour conserver ses pellicules ? C'est une sorte de boite rectangulaire, allongée, pour ranger soigneusement côte à côte ses pellicules, hyper patique ! J'aimerais acheter cet objet..  :ange:

Reply

Marsh Posté le 24-08-2004 à 07:57:44    

Citation :

Pour ma part je pense qu'il est sain de ne pas se poser cette question justement.  
 
La démarche d'un photographe est toujours esthétique par essence : à partir du moment où il achète son appareil, choisit sa pellicule, où il se rend sur un lieu, la manière dont il va cadrer par expérience, la lumière, la mise en scène plus ou moins volontaire, puis après en triant ses épreuves, etc... Tout celà contribue à faire de la photo finale une oeuvre esthétique, quel que soit le sujet traité  
 
Après évidemment, cette recherche d'esthétisme varie en fonction du sujet, en particulier elle sera d'autant plus discrète que le sujet est grave (du moins on l'espère). Pourquoi ? Pour la raison évidente qu'il y a des photos pour lesquelles ils serait indécent que le sujet soit éclipsé par quoi que ce soit d'autre (la qualité de la photo,la renomée du reporter, etc...)  
 
Cette tolérance à l'indécence est variable selon le temps et le lieu, elle dépend du média utilisé, de la culture, de l'époque, etc... Mais la règle reste la même, et les débats sur la démarche du photographe me paraissent bien futiles : pour moi la photo d'un randwais qui crève de faim, c'est un être humain qui s'est fait prendre en photo, et qui crève de faim là bas, quelque part. Le reste me parait indécent.  
 
J'irai même plus loin : devant de telles photos, l'attitude saine (à mon sens) du spectateur est de faire abstraction de tout le reste. Que la démarche du photographe soit sincère ou hypocrite, qu'il recherche la gloire ou qu'il soit humaniste peu importe. Idem pour les débats sur l'esthétisme de l'"oeuvre", ce sont là des détails qui ne doivent pas le distraire. Le spectateur a un devoir devant ce genre de photos : celui de ne pas faire injure à ce qui est représenté.


 
Non !!! Comme toujours, vous oubliez que le devoir d'un photographe, sur le plan esthétique justement, est de photographier les objets en mouvement, de représenter le mouvement. Or, ce que découvre le photographe c'est beaucoup plus que le changement de lieu : une manière nouvelle de symboliser les pensées, les jugements, de célébrer le monde, fut-ce pour le condamner ! Le montage de la photo, son point de vue sollicitent notre ouverture au monde et à autrui, dont il fait perpétuellment varier le diaphragme... Le photographe montre en quoi le corps, par le mouvement, est le véhicule de notre être au monde : la représentation du mouvement crée un mouvement de la représentation, c'est-à-dire que le bougé de la perception conditionne une attitude existentielle ; la vision, la monstration, kinésique du monde, d'autrui, souffrant, mourant, engendrent une vision intellectuelle, des schémas liés à l'être en situation qui se découvre, se dévoile. Le devoir du photographe est de faire paraître l'union de l'esprit et du corps, de l'esprit et du monde et l'expression de l'un dans l'autre. Nul concept en photographie mais la description du mélange de la conscience avec le monde, son engagement dans un corps, sa coexistence avec les autres. En effet, le mouvement en photographie est révélateur d'une conduite, d'un certain état d'esprit, la manière dont le photographe montre la vie en train de naître constamment (même et surtout lorsque c'est de la mort dont il s'agit...), dotent son " modèle " d'une épaisseur, d'une concrétude telle que le spectateur s'intéresse au sens fort du terme à son histoire, participe à ce qui est représenté sur le support au point que le personnage efface le nom de celui qui le regarde (pas de voyeurisme en photographie...), échappe à ceux-là même qui l'ont pris en photo et devient une individualité à part entière, exactement comme dans la vie réelle nous commençons d'abord par ne connaître autrui que par la manière spécifique dont il anime l'espace, par la façon particulière qu'il a de marcher ou de sourire, autantde conduites qui sont constitutives de sa personnalité, de son unicité. Un bon photographe sait tout cela et surtout est capable de le faire !

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