[Topic écriture alternatif n°11] Nouvelle du printemps indien MAJ

Nouvelle du printemps indien MAJ [Topic écriture alternatif n°11] - Arts & Lecture - Discussions

Marsh Posté le 29-08-2010 à 21:53:42    

C'est l'hiver au nord de la Loire. Un malheur n'arrivant jamais seul, voici donc... [:ahe]
 

Le sujet de la nouvelle de l'été indien, onzième (11e [:volta] ) du nom.

 
http://monimag.eu/upload/523/baby_polar_bear-thumb.jpg
 
 
[Pour tout renseignement sur les topics précédents, la marche à suivre, l'in ze mood attitude, cliquez donc ici gentiment, merci  [:in ze navy ii:1] ]
 
Alors  [:in ze navy ii:4]  
 
Le sujet de l'histoire et sa forme sont toujours libres, comme la lutte, mais n'espérez pas, cette fois encore, échapper aux contraintes bourrées de fourberies ! [:volta]  
 
Attention ! votre histoire (nouvelle, pièce en quatre actes, sonnet, pamphlet...) devra donc obligatoirement commencer par la phrase suivante :
 
>>> « On signalait une dépression au-dessus de l’Atlantique ».
 
 
 

 
C'est comme ça.
 
 
 
 
 
Vous prendrez grand soin de caser de façon plus ou moins spectaculaire TOUS les mots suivants, dans l'ordre qui vous chantera :
* Bâiller
* Bauxite
* Brioche
* Cerf-volant
* Ecluser
* Immoler
* Moustache
* Noisette
* Ottoman
* Pivot
 
 
 
Et puis, tant que nous y sommes, les expressions suivantes :
   
* La nature des corps froids
* Mal aux dents
* Toutes ces années perdues
* Comme des bretelles à un lapin
* Un homme à la mer
 
 
On peut conjuguer les verbes, mettre les noms et adjectifs au pluriel, bien entendu.
 
*** /!\ ATTENTION /!\ ***

 
Vous veillerez à inclure dans votre texte les  situations indiquées ci-dessous. Vous pouvez les mentionner brièvement ou vous y attarder. Hoo  :o  
 
Les situations
 
>> une salle d'attente
>> une liste
 
 
Et on passera à autre chose quand on en aura marre.
 
 
Ou pas  [:titgrou]
 
Je tiens à remercier Robert Musil à qui j'ai emprunté la première phrase rituelle.
 
Et de petites étoiles au cas où on manquerait d'inspiration :
http://www.katerinefrancisetsespeintres.com/nuit.php
 
A votre joli coeur, salut  [:in ze navy ii:3]  
 
 
********************
 
1) Stipey
 
2) Anna Maria
 
3) Anteus
 
4) Jeanne d'Arc
 
5) Soniaaaaaaaaaaaaaaa
 
6) Faman
 
7) Pumas
 
8) Invresion
 
9) pommedapi
 
10) hermelin
 
11) maddoc


Message édité par In Ze Navy II le 08-06-2011 à 16:09:09

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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 29-08-2010 à 21:53:42   

Reply

Marsh Posté le 29-08-2010 à 22:08:27    

Alors voilà, comme d'habitude je me drapalise, mais contrairement à l'habitude, j'espère bien participer !


Message édité par Profil supprimé le 29-08-2010 à 22:08:42
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 10:59:20    

Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 11:42:50    

YEAH§

Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 11:43:30    

(y'aura un sondage/vote/élection/cadeaux cette fois-ci? :D)

Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 13:04:24    

Oui, des cadeaux :d §§§


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 14:08:55    

Des cadeaux [:sebxoii]


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J'peux pas faire une légende avec un vieux qui enroule sa bite autour d'un bâton !
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 15:16:28    

on se fait une tombola, chaque participant propose son lot de consolation pour celui qu'il aura battu :d

Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 15:18:21    

[:drap] drapeau !

Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 15:29:32    

Héhé, excellente idée, Docteur Krapo :love: :D


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 15:29:32   

Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 16:36:03    

Et y aura un manège et des glaces aux fruits avec de la chantilly aussi???
 
Et j'aime bien la phrase de départ, je me sens comme concerné là...:D
Enfin pas là mais pas loin quoi.


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Quant on ne peut plus jouer à terre il ne reste qu'à partir en mer.
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 17:42:38    

C'est marrant, ça, tiens :o :D


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
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Marsh Posté le 30-08-2010 à 17:42:50    

une fondue aux fruits :love:

Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:06:21    

Une petite question pour In Ze Nervy II: les verbes donnés dans la liste des mots peuvent ils être conjugués ou doivent ils rester à l'infinitif? Idem en ce qui concerne le pluriel des noms de la liste.
A+,


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There's more than what can be linked! --    Iyashikei Anime Forever!    --  AngularJS c'est un framework d'engulé!  --
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:08:39    

Citation :

On peut conjuguer les verbes, mettre les noms et adjectifs au pluriel, bien entendu.


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J'peux pas faire une légende avec un vieux qui enroule sa bite autour d'un bâton !
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:22:43    

:jap:  
A+,


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Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:33:55    

Gilou [:maraude]


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
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Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:46:31    

Je viens de découvrir l'existence de ce type de topic par hasard :o
Ça me rappelle mes jeunes années et les émissions du dimanche midi sur France Culture [:panzemeyer]  
A+,


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Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:47:20    

Paaaaaapous ?


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:49:58    

Oui, voire même l'émission d'avant, dont j'ai oublié le titre. Je dois même avoir un bouquin + CD d'une de ces deux émissions acheté il y a qques années.
A+,


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Marsh Posté le 30-08-2010 à 18:50:43    

Celle d'avant je ne la connais pas.
Mais j'aime bien écouter les papous quand j'ai bu au moins deux cafés le dimanche.


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 30-08-2010 à 22:42:36    

drapal (mais pas sur)


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Quatre moutons Fument sur le balcon                     Donc ça nous renvoie à notre propre utilité : l'homme face à l'absurde.                  L'amour est un chien de l'enfer.              MATSEDA !
Reply

Marsh Posté le 01-09-2010 à 16:17:46    

Un texte à l'amer !!
 

Spoiler :


 
On signalait une dépression au dessus de l'Atlantique. Pas de doute, la vieille était de retour et elle avait réussi à filer le cafard aux nuages. Quand j'ai vu le cerf-volant de l'enfant sur la plage se détacher et aller se jeter sur un sémaphore, j'ai su que son bateau n'aurait pas de retard.  
J'aurais pourtant vendu mes deux reins sur leboncoin, et même offert les frais de ports, pour immoler par huit mille mètres de fond des innocents sur l'autel de ma paix intérieure. La vieille était de retour, et à côté du sien le débarquement de Normandie avait des airs de bar mitzvah.  
 
La bateau a accosté, l'ancre s'est foutue à la flotte, le quai s'est planté la bitte dans l'œil du cyclone et un matelot s'est jeté dans les dents de la mer en gueulant "plutôt crever que bloubloubloub". C'est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases même la bouche pleine.  
Une tornade a débarqué du pont, la moustache impeccable comme toute vieille anglaise qui se respecte. Ma mère.
La femme qui m'a enfanté est un monstre. De ceux qui filent de l'herpès  rien qu'à prononcer le nom. De ceux qu'on ne mate pas, jamais, même pour faire croire aux enfants que le héros est le plus fort. Ma mère.
Les supers pouvoirs, c'est elle qui les possède. Elle peut transformer  le meilleur whisky des Highlands en vinaigre rien qu'en y trempant ses lèvres. Faire bâiller le marbre quand elle parle d'amour. Fendre les noisettes en leur faisant un clin d'œil. Faire pleurer le téléphone en disant "allo". Tuer un troupeau de sangliers par apposition de la voix. Provoquer le suicide de tous ses acteurs rien qu'en matant un feuilleton à la télé. Faire tomber la nuit en regardant le soleil. Flinguer ma vie en étant mère. J'en oublie sûrement dans cet inventaire à la pervers, mais je voudrais pas donner l'air de me vanter.
 
Elle m'a vu au loin et a souri. Trois passagers sont partis en fumée, victimes de combustion instantanée. Elle m'a fait un signe de la main, et un enfant de huit ans s'est mis aux drogues dures.  
 
Ma mère.
 
Je suis parti de chez mes parents dès que j'ai été en âge de ne plus pisser au lit. A 22 ans. Je suis venu en France chercher l'asile. J'y ai été interné quelque temps, j'en suis sorti le jour où je n'ai plus eu peur que Paris soit englouti par un raz de marée qu'elle aurait pu provoquer rien qu'en pensant à moi. Mais j'en suis sorti. Il y en a un qui n'a pas eu cette chance.
 
Mon père.
 
Après ma naissance, mon père s'est émasculé en se claquant la portière sur les couilles. Il en est tombé dans les pommes, de satisfaction du devoir accompli. Puis il s'est collé le foie dans l'alcool, pour oublier qu'un jour il avait aimé cette femme au point de lui glisser une fève dans la brioche. Il a éclusé des années durant, à en faire passer le canal de Panamá pour des pédiluves de piscine municipale. Il avait les dents toutes bouffées par la gnôle, à la fin il ne mâchait plus qu'avec ses pivots, ça faisait un bruit métallique qu'on aurait dit que ses mâchoires se battaient à l'épée. Ma mère l'a retrouvé mort, un matin de jour de marché. Elle m'a dit qu'à partir de ce jour c'est moi qui porterais les sacs et que j'appelle les pompiers pour la débarrasser de ça. Le docteur a dit que c'était un cas de noyade par l'intérieur, qu'il avait jamais vu ça même chez des poissons débiles. Il a demandé aux pompiers de vidanger le corps avant de le transporter, il avait peur qu'il nous pète à la gueule comme une bouteille de nitroglycérine si on le secouait. Et il a interdit de fumer à moins de huit mètres. On l'a enterré une nuit sans lune, pour pas prendre de risques. Le doc a encore dit un truc comme quoi conservé comme il l'était, son corps serait sûrement retrouvé intact dans 1000 ans et qu'on pourrait refaire un Jurassic Parc à partir de ça.
Mon père parti, ma mère a fait un transfert de haine sur moi, alors que j'étais pourtant déjà bien assaisonné à ce niveau là. Elle me faisait tellement flipper que j'osais même pas me suicider, elle aurait été capable de m'engueuler que ça se fait pas.
A sa naissance, des sorcières avaient dû se pencher sur son berceau et lui dégueuler de la bile dessus. Ou alors c'est que je me plains pour rien.
 
La semaine dernière j'ai reçu un coup de fil d'un hôpital de Londres. On m'a expliqué pour ma mère. Qu'elle allait devenir dépendante, qu'il fallait que je la reprenne. J'ai dit "Et les instituts spécialisés, c'est pour les chiens ?". Ils m'ont dit qu'ils préfèreraient, qu'un chien ça mord moins fort. Ils m'ont dit que le système médical national ne voulait plus d'elle, qu'elle remplissait les salles d'attente d'ulcères rien qu'en s'y trouvant. Ou l'art de transformer un malade en cadavre. Ils ont dit "On vous l'envoie par bateau, et tâchez de pas tenter de nous la refourguer ou on vous envahit par la Bretagne et ça va chier."
Toutes ces années perdues, vautré dans l'ottomane d'un psy, à parler de mon enfance que j'ai vécue dans le noir et le froid, à cause du père qui risquait d'exploser comme une bonbonne de gaz, et de ma mère dont le cœur de bauxite pouvait se transformer en rouleau d'aluminium en présence d'une source de chaleur. La chaleur, à ma mère, ça lui allait comme des bretelles à un lapin.  
C'est dans la nature des corps froids que de revenir vous faire chier au beau milieu de votre vie, c'est pire qu'un téléphone qui sonne quand on est aux cabinets.  
Ma mère est devant moi, qui fait coucou de la main, le regard quelque part où n'est pas son fils. Et son fils, j'ai l'impression d'être en train de courir avec le pantalon dans le bas des jambes pour décrocher, et que je vais pas tarder à m'écraser la gueule par terre. Une fois de plus.  
 
On marche un peu sur la digue. Quand je lui parle, elle me regarde presque poliment, en souriant machinalement. Ça me fait l'impression d'un mal de dents comme si je bouffais des chewing-gums Hollywood avec le papier d'alu. Et même quand je l'insulte, elle emprunte au gastéropode ce regard vide de tout, même de haine. Elle est bel et bien partie chez les zinzins, et elle vole avec elle les espoirs de vengeance que j'aurais pu avoir. Que j'aurais du.  
Je lui dis d'approcher du bord, de regarder l'eau en bas. Et je lui dis même pas au revoir avant de partir, comme un fils effronté. L'eau dit "Plouf !", et alors j'imagine que les poissons se transforment en bâtonnets de Captain Iglo à son passage, que les éponges s'assèchent et que lorsqu'elle touchera le fond, le pétrole se transformera en pisse de lamentin.
 
Derrière, une voix crie "Un homme à la mer". Et l'écho : "un homme à la mer, homme à la mer, m'à la mer, à la mer, al za mer, alzheimer…"
Et moi, j'ai même pas eu sa chance à elle, de pouvoir oublier.


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Le scrabble ça existerait pas, je m'en serais même pas rendu compte
Reply

Marsh Posté le 01-09-2010 à 16:19:40    

Déjà [:ciler]


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J'peux pas faire une légende avec un vieux qui enroule sa bite autour d'un bâton !
Reply

Marsh Posté le 01-09-2010 à 22:13:46    

je fais toujours mes devoirs en avance, comme ça après je peux regarder les dessins animés :o
 

Spoiler :

pendant 10 mois [:pingouino]


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Le scrabble ça existerait pas, je m'en serais même pas rendu compte
Reply

Marsh Posté le 01-09-2010 à 22:15:46    

On ferme fin septembre et puis voilà.
Merci, Stipe, j'édite le 1er post :jap:


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 04-09-2010 à 22:59:06    

[:drap]  
 
Après avoir lu le texte de Stipey, j'ai hésité à poster le mien... On va dire que ma dernière rédaction date de ma 3ème  :whistle:  et que je ne suis pas vraiment une littéraire  :o . Mais j'ai pris plaisir à l'écrire, à tel point d'ailleurs que j'avais envie de scanner l'original plutôt que de le taper. Bref, voici.  
 

Spoiler :

  On signalait une dépression au dessus de l'Atlantique. Mon cul ! La dépression devenait si bien ancrée dans ma tête qu'il n'en restait certainement plus une miette pour l'Atlantique. On signalait plutôt une forte houle entre mes deux oreilles, assortie de vents contraires dans mes idées, et d'une tornade dans mes sentiments.
 
 Cette salle d'attente était aussi sordide que l'atmosphère qui y régnait. Ces gens-là avaient visiblement le sens du détail ... Quatre murs, couleur noisette vomie par un écureuil souffrant du mal des transports. En face de moi, un gros con planté là. Le chagrin est quelque chose de si intime que j'avais l'impression qu'il me violait. Peut-être en pensait-il tout autant à mon sujet ? Pas mon problème. Sa grosse moustache obscène assombrissait encore mon paysage. Je me retenais de lui hurler de dégager de ma peine.  
 
Dans un grincement sinistre de circonstance, la porte s'ouvrit à ma droite. Un homme long et fin pénétra doucement. Il avait bien le physique de l'emploi, celui-ci. Il était tellement sec qu'il devait jouir en poudre. Putain, comment est-ce que je pouvais penser des conneries pareilles là, maintenant ?!
 
L'homme se tourna sur sa droite, et d'une voix posée, annonça : « Quand vous vous sentirez prêt, Monsieur, vous pourrez vous rendre à la chambre Saphir. ». J'espérais qu'il allait se magner de se sentir prêt, et débarrasser le plancher. Il eut la bonne idée de se lever dans la foulée.
 
 Ouf ! Un peu d'air. J'étais enfin dispensé de la vue de sa grosse brioche repoussante. Je me concentrais désormais pour ne pas entendre ni imaginer ce qui pouvait se passer derrière l'une de ces cloisons. Je savais bien que c'était de toi que l'on s'occupait. J'espérais juste qu'on le faisait avec soin.
 
Je m'emmerdais. Je bâillais à répétition. Avais-je seulement dormi, cette nuit ? Y avait-il eu une nuit au moins ? J'aurais été incapable de le dire. Je n'attendais rien, mais c'était long quand même. On avait eu la décence de ne laisser traîner ici ni le Figaro, ni Marianne sur la table basse. Dommage, je m'en serais satisfait. J'étais donc condamné à errer parmi mes pensées.
 
 Enfin, la porte s'ouvrit à nouveau. Le grand déshydraté s'avança vers moi, avec la mine solennelle qui lui faisait office de bleu de travail. Par réflexe, je lui souris. Il se demanda probablement si j'étais taré ; on ne pouvait pas lui donner foncièrement tort. Déstabilisé, il articula seulement un faible « Chambre Rubis, Monsieur. ». Je me contentai de lui répondre « Non! ». Cette fois-ci, il n'avait plus de doutes quant à ma santé mentale. Face à son regard ahuri, j'ajoutai comme pour me justifier : « Il est dans la nature des corps froids, Monsieur, d'avoir une conversation plutôt limitée. Je n'ai pas encore l'âge de parler tout seul. ».
 
 Je sortis, le laissant avec sa perplexité. S'il n'était pas capable de comprendre que j'avais seulement voulu passer l'après-midi à moins de cinq mètres de toi, je n'allais pas le lui expliquer. S'il n'était pas capable de comprendre que je ne serais pas capable d'affronter ton teint que j'imaginais cireux,  je ne pouvais rien pour lui. Et puis, je savais bien, moi, que ce manteau de chêne t'irait comme de, bretelles à un lapin.  
 
 Je rentrai donc chez moi. Faute d'avoir le courage de m'immoler par le feu pour échapper à tout ça, j'avais l'impression de m'immoler par le chagrin. Toutes ces années perdues à ne pas réaliser que tu étais en vie ; quelques instants m'avaient suffi à me rendre compte que tu ne l'étais plus. Ma tête implosait. J'étais perdu, je ne savais plus rien.
 
 Tu aurais dû anticiper, me laisser une « liste de survie à l'usage d'un assisté chronique ».  
1 – Se lever  
2 – Descendre à la cuisine  
3 – Lancer la cafetière  
4 – Aller à la douche  
...  
Je ne saurais plus jamais faire tout ça.  
 
 La journée de demain ne serait pas plus gaie. L'item 5863 aurait certainement été « Aller se coucher ». Je décidai que j'étais arrivé à ce moment là. Je m'en allais rêver de l'empire Ottoman, ou des écuries d'Augias ; qu'importe, tant que je m'évadais de ce quotidien là. J'éclusai une bonne rasade de scotch pour mieux y parvenir.  
 
 8h. Je devais être à l'église à10h. Et endimanché, qui plus est. Cette ridicule mascarade m'aurait foutu hors de moi si j'en avais eu la force. Bref. Je fus ponctuel, pour une fois. Je te devais bien ça. Le couillon en robe blanche, tout devant, s'agitait et déblatérait. C'est quand une foule nombreuse lui répondit en cœur « Amen ! »  que je me rendis compte que je n'étais pas seul à ton enterrement.
 
 Mon corps suivit alors la foule,machinalement, mécaniquement, jusqu'au cimetière. Après de longues minutes de longs discours que je n'écoutai pas plus que les précédents, l'ostrogoth en jupette décida enfin qu'il était temps de te foutre la paix. On te descendit parmi l'argile et la bauxite, et l'on referma la porte. Je me plaisais à penser que tu n'aurais pas froid ainsi. Mais je croyais plutôt que l'on enfermait là les asticots, pour s'assurer qu'ils feraient bien leur travail. Jamais je ne reviendrais ici.
 
 3215 – Rentre chez soi. Je m'y résolus. Ma première action fut de débrancher le téléphone. Je n'aurais assurément pas pu entendre le premier imbécile qui me dirait fièrement que désormais, tu n'aurais plus mal aux dents. J'aurais pris un plaisir sadique à faire voler les siennes, de dents, puisque lui pouvait encore en souffrir. Je lui aurais peut-être même fait avaler celle sur pivot.  
 
 3h24. Il n'y aurait que « 5864 – Dormir » sur la liste, et je n'y parviens pas. Je gamberge. Mon oreiller crie : « Un homme à la mer ! ». Ta gueule. Je sais. C'est moi, et on me jette une bouée de béton. L'eau, cette sadique, ne remplit pas mes poumons assez vite pour que j'en crève. Je suffoque.  
 
 Je ne dormirai pas cette nuit. Les suivantes non plus. Des années plus tard, il m'arrive encore de me réveiller en imaginant l'état de décomposition dans lequel tu te trouves à l'instant même. Ça ne m'a jamais passé. Après ces longues minutes d'horreur, c'est toujours la même phrase qui me vient en tête : « Elle ne jouera jamais au cerf volant avec ses petits enfants. ».  
 


Il a mangé mes alinéas !
 
edit : et la moitié des espaces, et les sauts de lignes ...

Message cité 3 fois
Message édité par Anna Maria le 04-09-2010 à 23:53:56
Reply

Marsh Posté le 04-09-2010 à 23:07:16    

Remets ça en forme, c'e[:drap]st le bordel la :o


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Reply

Marsh Posté le 04-09-2010 à 23:28:30    

You're late, j'ai édité  :o

Reply

Marsh Posté le 04-09-2010 à 23:44:26    

Non, il manque un espace avant le ?! à la fin du troisième paragraphe, [:ocolor]

Message cité 1 fois
Message édité par Talladega le 11-09-2010 à 00:58:52

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Le topic de la Scandinavie | last.fm
Reply

Marsh Posté le 04-09-2010 à 23:54:25    

Talladega a écrit :

Non il manque manquait un espace avant le ?! à la fin du troisième paragraphe, [:ocolor]

Reply

Marsh Posté le 05-09-2010 à 10:32:11    

mais ils vont nous faire un enfant ces deux-là :o
 
je lirais plus tard, mais c'est pas facile de ne pas cliquer sur le spoiler de Stipey :/

Reply

Marsh Posté le 06-09-2010 à 08:57:00    

Anna Maria a écrit :

[:drap]  
 
Après avoir lu le texte de Stipey, j'ai hésité à poster le mien... On va dire que ma dernière rédaction date de ma 3ème  :whistle:  et que je ne suis pas vraiment une littéraire  :o . Mais j'ai pris plaisir à l'écrire, à tel point d'ailleurs que j'avais envie de scanner l'original plutôt que de le taper. Bref, voici.  
[texte]


c'est très parfait, pour la première participation d'une non-littéraire abstinente depuis la 3ème  :jap:


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Le scrabble ça existerait pas, je m'en serais même pas rendu compte
Reply

Marsh Posté le 06-09-2010 à 11:55:18    

Anna Maria a écrit :

[:drap]  
 
Après avoir lu le texte de Stipey, j'ai hésité à poster le mien... On va dire que ma dernière rédaction date de ma 3ème  :whistle:  et que je ne suis pas vraiment une littéraire  :o . Mais j'ai pris plaisir à l'écrire, à tel point d'ailleurs que j'avais envie de scanner l'original plutôt que de le taper. Bref, voici.  
 
[spoiler]


GG [:backfire:5]

Reply

Marsh Posté le 07-09-2010 à 23:52:09    

[:chatte de garde]


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 08-09-2010 à 00:25:36    

Hop hop hop encore un topic production-killer, j'en suis [:duchess]


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Autonomie, Excellence, But
Reply

Marsh Posté le 10-09-2010 à 22:35:25    

+1  [:bill2du1]

Reply

Marsh Posté le 11-09-2010 à 00:26:31    

Pour la dotation :o
 
http://monimag.eu/upload/529/figues_jam02_s.jpg


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
Reply

Marsh Posté le 11-09-2010 à 09:17:59    

Par pitié, fermons les couvercles, j'en vois qui s'échappent !

 

Je vais peut-être jouer, tiens, si j'y pense.
Mais c'est pas sûr, le ministère, c'est un métier.
Tiens.


Message édité par talbazar le 11-09-2010 à 09:18:17
Reply

Marsh Posté le    

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