La tête coupée (nouvelle-récit complet !) - Arts & Lecture - Discussions
Marsh Posté le 05-06-2005 à 16:57:22
Bah oui il n'y a pas beaucoup de commentaires.... peut être parce que lire un truc aussi long sur ordi c'est un peu pas pratique.
Bon j'ai survolé les premières lignes et les histoires de princesses avec un héros qui s'appelle "bras dur" ça m'inquiète un peu. Et à priori l'héroic fantasy je préfère ça en BD ou au ciné.
Bref j'ai pas trop eu envie de le lire, mais peut être qu'un de ces quat'.... mais bon je promets rien
Marsh Posté le 05-06-2005 à 17:10:57
Bah si c'est super exprime toi! Je suis sûr que tu as plus de trois smiley de vocabulaire.
A côté de ta souris il y a un truc avec pleins de touches c'est vachement pratique pour communiquer. Mais bon si tu préfères continuer à écrire des posts à la souris c'est ton droit.
Marsh Posté le 05-06-2005 à 17:33:48
Je nai dormi que deux heures alors tu mexcuseras la médiocrité de mon commentaire.
Enfin bref, jai lu ta petite nouvelle bien surréaliste.
Ca va cest pas mal.
Ce qui me gène cest lopposition entre la brune et la blonde. Genre il ny a que deux couleurs de chevelures. Lopposition entre lamour pur et le fantasme.
La fin me débecte complètement, nan, mais je me suis dit « Putain quelle garce, elle garde sa tête, le pauvre »
Jai de la pitié pour ce pauvre chevalier.
Mais tu rentres bien dans lexpression « Faire perdre la tête à quelquun. »
Marsh Posté le 05-06-2005 à 19:10:30
Merci bien de venir me voir, je déprimais un peu, on préfère se faire engueuler qu'ignorer !
Eitry, tu m'inquiètes, mémère
Nicky, j'te lirais plus
Marsh Posté le 05-06-2005 à 19:47:35
talbazar a écrit : Nicky, j'te lirais plus |
Ah ben non! Justement je viens de me fader tout ton texte
Bon je rigole, ça se lit bien, mais c'est vrai que je suis pas un grand fan du genre.
Il faudrait sans doute que tu modifies certains bouts de phrases qui sonnent moyens (Comme je ne les ai pas relevés au fur et à mesure il faudrait que je relise le texte en entier pour les retrouver).
Mais j'ai dû relire certaines phrases plusieurs fois pour suivre l'idée. Il y a peut être l'effet écran de PC qui joue.
Il y a aussi une foule de détails qui je trouve ralentissent parfois la lecture. Mais ça c'est un des codes du genre il me semble.
Bref l'histoire est classique mais de bonne facture, la fin est originale car je ne pense pas que beaucoup de fées conservent les têtes des chevaliers qu'elles aiment dans un coffre.
En tout cas j'espère pas
Marsh Posté le 05-06-2005 à 21:04:29
Merci Nick, je vois que les menaces de répression marchent au poil !
Non, en général ce que conservent les fées se situe nettement plus bas
ciao sur le topic écriture, où j'espère bien te coller la patée de ta vie one day
Marsh Posté le 05-06-2005 à 22:33:52
talbazar a écrit : Eitry, tu m'inquiètes, mémère |
Ben pourquoi? Qu'est ce que j'ai fait encore.
Marsh Posté le 06-06-2005 à 10:33:19
Il m'arrive de sortir, oui, en effet.
Et je suis insomniaque donc bon.
Marsh Posté le 07-06-2005 à 23:36:14
ça y est!! j'y suis arrivée! je l'ai lu!!
c pas de la faute au texte mais hier soir jeme suis endormie devant; l'ordi sur moi, au fond du lit!!! faut dire qu'il etait tard!!
je ne sais que dire sur la façon d'ecrire, pis c pas a moi de juger! mais l'histoire est pas mal, quoique un peu lourde parfois non?
.. le prend pas mal... mais j'ai l'impression par contre que tu n'arrives pas a sortir de ce genre d'histoire. en tant que fan je voudrais bien lire autre chose de toi.
.. les foudres vont s'abattrent sur moi...
Marsh Posté le 08-06-2005 à 09:54:39
Non non, pas la foudre mais un bon court-circuit si tu dors avec un ordi dans ton lit (quelle idée saugrenue, on aura tout vu!)
merci bien beaucoup énormément de m'avoir lu et je prend toute les critiques comme des encouragements à être plus lisible. La lourdeur est mon fardeau et mon vice suprême.
Marsh Posté le 03-06-2005 à 11:34:42
Une nouvelle pour passer le temps au boulot !
commentaires bienvenus...
La tête coupée
Jai laissé ma monture sabreuver librement dans londe claire dun ruisseau. Le roi Laohd ma demandé de rejoindre rapidement lescorte de sa fille Yoëde, dont je suis amoureux et qui maime aussi, dans cette contrée éloignée du château, infestée dorques immondes. Que nai-je moi-même un fief à offrir à ma belle ! Car Laohd refuse notre union. Il ne veut pas pour sa fille dun paladin errant, fut-il appelé par les paysans reconnaissants Awann bras dur ! Cest tout le malheur de mes tristes aurores. Bien des nuages ont caressé la blanche lune, qui mont vu pleurer sous les fenêtres de la chambre de Yoëde, en priant le vrai Dieu de bénir notre union et dassouplir lintransigeante volonté de son père. Je me suis écorché si souvent aux rosiers plein de charme qui grimpent jusquà elle
Pourtant, depuis quelques semaines, mes rêves se troublent dune autre femme, ils sinvitent dune précieuse inconnue, plus belle encore que Yoëde, si la chose est possible ! Elle porte un saumon doux sur les pommettes, un parfum aux notes enjouées, des cheveux blonds et doux au brillant exceptionnel, des racines aux pointes. Elle virevolte sur mon sommeil agité lorganza aérien de ses dentelles superposées. A chaque rencontre de cette énigme aux grands yeux gris, je me sens comme trahi par la raison. Elle se penche quelquefois sur moi, pour me parler sans mots :
- « Awann, je tai aimé au premier regard que jai posé sur toi ! Mais tu prends le bâton pour te faire battre : pourquoi désirer inutilement cette jouvencelle adulée par son père et qui fait sa légitime fierté ? Ton âme est trop riche pour se contenter de si peu Si tu réponds favorablement à lamour que je te porte, tu passeras pour le restant de tes jours les moments les plus heureux, je te promet de tapparaître pour de bon sur un oui de ton cur »
Chaque réveil en sursaut fait disparaître cette silhouette nomade, éclatante de beauté radieuse. Ors mon amour est à Yoëde la brune, pas pour un rêve enchanté, fut-il doté dune peau idéale, lisse et lumineuse ! Toutefois, jai vraiment beaucoup de mal à chasser ces visions étranges de mes pensées Pour lheure jai lâché mon cheval, rênes libres sur le col, pour quil se rafraîchisse les paturons dans leau bienfaisante. Jai ouvert la bouche pour croquer une belle pomme rouge, en ouvrant grand les yeux sur les taillis doù peuvent surgir à chaque instant quelques orques en maraude. Attentif au moindre bruit, jai porté mon attention sur une compagnie de cailles qui sest envolé brusquement sur ma droite. Cest alors quelle sest montrée à moi, portant tous les atouts de sa sublime séduction. Sans me quitter des yeux, elle est passé lentement sur la rive opposée de la rivière dont les eaux ont renvoyé vers elle les rayons du soleil comme un puissant miroir. Médusé, je vis la blonde dame de mes rêves venir à moi en marchant sur les eaux comme le Christ la fait, sans se tremper les pieds !
- « Par le diable, qui êtes vous, seriez-vous fée ? »
- « Je mappelle Owenn et je suis bien de ces Belles-Dames que ces bois sans limite font naître, mon ami qui mest tant précieux ! Si je prend forme de chair, malgré ma promesse dattendre pour ce faire que tu maimes aussi, cest parce que mes yeux on vus que tu vas mourir dans une heure sous la main dun orque. Je ne puis permettre pareille chose, tu nas pas sept vies, comme les chats ! »
- « Que voulez-vous dire, vous nétiez jusquà ce jour quun rêve improbable, je vous vois maintenant bien réelle, voudriez-vous chasser de mon esprit tout entendement ? »
- « Bien au contraire, Awann au bras dur, je tai choisi : en chaque chose, ne faut-il pas prendre le meilleur ? Fais taire tes doutes, sois à moi, qui connais si bien la mesure des choses et des êtres. Je prolongerais dun pacte sûr ta glorieuse jeunesse, jen ai le pouvoir car je peux maîtriser les effets du temps. Dailleurs, ce dernier abolira nos différences et chassera cette lubie de ton amour pour Yoëde, en qui tu crois ressembler en tout ! »
Owenn la fée parlait doucement et javais limpression de la connaître depuis toujours, mais elle venait de prononcer le nom de Yoëde, qui résonna dans sa bouche comme un coup dépée sur mon cur :
- « La jolie main de Yoëde est dune douceur que je ne me lasse pas de retrouver, nous passons au château des journées pleines de complicité, sous la surveillance des gardes de son père, il est vrai, mais il nest pas dit que jen aimerais une autre, fut-elle fée ! »
- « Je toffre pourtant une passion singulière, magnifique, pleine, généreuse, ce nest pas tout les jours que je tombe amoureuse Bien, en attendant de te revoir, prend cette épée qui me fut confiée un jour par Badb dIrlande, celle quon nomme la corneille, que cette arme te sauve du trépas et tapporte force et courage ! »
Disant ces mots, Owenn me confia une belle épée tranchante, remarquablement forgée, au pommeau daméthyste scintillante, avant de disparaître comme elle était venue Encore ébranlé par cette rencontre surnaturelle, je ne me lassais pas dadmirer ma nouvelle arme, si parfaite en tout. Une heure plus tard, alors que je métais mis en route dans la forêt émeraude, jeus loccasion de léprouver. Alors que javançais dans le sous-bois obscur, mon cheval renâcla bruyamment, je le sentis frissonner sous ma selle. Trois orques surgirent soudainement des frondaisons, la bave débordant aux lèvres de leurs bouches ignominieuses. Je les ai vu fondre sur moi, ils étaient grands et velus, les canines saillantes, lun deux brandissait une hache puissante. Ils se protégeaient de grands boucliers ronds, de lourds casques de bronze et promettaient sans nul doute un rude affrontement. Je neus pas le loisir de les détailler davantage car je défouraillais aussitôt ma puissante épée, celle que venait justement de me confier Owenn et je mattaquais aux trois orques à la fois. Jétais animé dun sentiment de force sauvage, je frappais dailleurs le premier sur mon adversaire le plus proche. Je brisais son bouclier dun coup unique, violent, plongeant profondément ma lame dans son cur de fauve sans quil ait pu répondre. Son sang noir coula dans lherbe épaisse, attisant la colère des autres. Je dû parer un coup de hache en me projetant dun bond sur la gauche mais lépée de lautre me perça le haubert en glissant sur les côtes. La douleur mobligea à un sursaut de prouesse, je cognais durement sur cet adversaire entêté, gênant lautre qui hésitait à porter sa cognée sur son frère hideux. Après quelques violents moulinets, je perforais enfin celui qui venait de me blesser. Il mourut dans un râle affreux que commenta en soufflant le dernier de mes ennemis. Nécoutant que ma propre survie, je mélançais alors sur lui en assénant lépée. Dun coup heureux, fendant lair, je lui tranchais le bras qui tendait la hache fatidique. Lorque hurla de douleur et de dépit, mais je lui arrachais sans attendre la tête avec son cri.
Je restais là longtemps, essayant de reprendre mon souffle. Etait-ce là le combat prophétisé par Owenn, que je devais perdre en même temps que la vie ? Malgré la tension générée par cette lutte rapide, je ne parvenais pas à chasser de mes pensées les paroles de la fée blonde. Pourtant, javais une mission sacrée. Le désir ardent de retrouver Yoëde me fit prendre le galop sur la piste incertaine. Le sang coulait abondamment à mon côté, toutefois je ne voulais pas y faire attention, bien que cette blessure ait méritée quelques soins. Je retrouvais enfin la litière de ma bien-aimée et je vis avec crainte que son escorte venait juste dêtre décimée. Elle navait dû son salut quà la présence desprit de son esclave Oldéron, pourtant peu courageux, qui avait pendant lattaque fouetté si bien les mulets quils étaient parvenus à lasser leurs assaillants. Je félicitait Olderon et tombait fébrilement dans les bras de Yoëde. Elle portait avec élégance un riche manteau droit qui lui faisait les épaules étroites. Je caressais sa joue, déplaçant dun doigt attentionné ses grandes boucles doreilles en Agathe, afin de pouvoir lembrasser fougueusement. Remplit dappréhension, elle se mordit ses lèvres violines à la vue de ma plaie sanglante, mais je la rassurait en linvitant à rejoindre au plus vite le château de son père. Joubliais complètement Owenn, qui nétait toujours pour moi quune sorte de rêve, bien que sa belle épée cogna toujours mes reins. Malgré les dangers du voyage et le souci que lui causait ma vilaine blessure, Yoëde était radieuse de mavoir auprès delle. Javais refusé de mallonger à son côté pour rester à cheval.
Nous avancions rapidement, croisant çà et là les tumulus des morts anciens et oubliés. Il y avait de la magie dans ces dômes herbus doù jaillissaient parfois quelques massives pierres érodées. Alors que nous approchions de notre but, lair environnant semplit tout à coup de cris perçants, véritable torture pour des oreilles humaines. Je me retournai, bridant ma monture épuisée pour laisser passer devant moi la noble litière. Non loin de là, devant nous, se profilait la première enceinte du château massif de Laohd. De mon haubert déchiré par la précédente attaque, un peu de sang vermeil perlait toujours sur ma selle ornée de précieuses gemmes. Le soleil matinal revigorant glissa quelques lueurs orangées sur le métal gris du reste de mon armure. Les deux mules chargées du brancard avançaient lentement. Trop lentement pensai-je ! Je souffrais de ma blessure et craignait une nouvelle embuscade, qui nous verrait succomber sous la force du nombre. Lesclave Oldéron suivait prudemment le cortège à la lisière des bois, caché dans lenfilade des troncs verts qui masquaient sa couardise. Estimant à tort le danger écarté, il rejoignit plus tard sa place derrière les mules toutes harnachées de pourpre et de grelots.
Une nouvelle troupe dorques enragés déboula des frondaisons en hurlant, faces grimaçantes aux crocs baveux qui secouèrent Yoëde de terreur. Rapidement, je laçai mon heaume, lépée dOwenn au poing, prêt à la mortelle échauffourée. Lesclave Oldéron neut pas le temps de retrouver le secours des buissons. Une flèche latteignit dans le dos, puis une autre, alors quil était déjà couché mort sur le sol. Je fonçais sur les ennemis avec une détermination qui força ladmiration de Yoëde, malgré le vif danger de sa propre position. Les chevaux des orques étaient des bêtes dépeignées, mal brossées, dignes montures de leurs puants cavaliers. Lépée au pommeau daméthyste frappa dans la masse hurlante des cinq créatures. Le chef de ces orques éclata dun cri strident, et cest dabord vers lui que je portais toute la puissance de mes coups. Je tuais enfin cet adversaire immonde, chassant toute vie de ses terrifiants yeux rouges. Dangereusement tenaillé par les autres, je moulinait ma grande épée dhéroïques cisaillements et parvint enfin par miracle à bout de mes assaillants. Quand tout fut terminé, je tombai de cheval, vaincu par lépuisement et la perte de mon sang. Alarmée, Yoëde se précipita alors vers moi en courant. Agenouillée auprès de moi, elle me sourit avec grâce et tendresse. Au milieu des cadavres ignobles éparpillés, Yoëde la brune resplendissait dune beauté surréelle dans la lumière de laurore qui lhonorait. Elle épongea de son voile mon visage humide de sueur, en me laissant poser sur elle le regard triste et luisant damour de mes yeux clairs :
- « Il ny a plus de danger à présent, douce amie, nous rentrons au château ! »
On ouvrit pour nous précipitamment les portes massives renforcées par dépaisses barres de traverse. La cour du château ruisselait de lumière. Malgré la fatigue extrême et la douleur de plus en plus mal domptée qui menaçait de manéantir, je sautais chancelant à bas de mon cheval pour ouvrir le rideau de la litière et permettre à Yoëde de descendre. Lahod arriva au pas de course entouré de ses gardes, il me félicita brièvement en me recommandant auprès de ses hommes afin quon me soigne au plus vite. Je nai pas le souvenir du jour qui suivit. Quand je revins à moi, je me sentis observé. Ce nétait pas Yoëde qui veillait sur ma couche car son père le lui avait formellement interdit. Jeus alors la surprise extrême de découvrir Owenn, transparente, élégante, sensuelle, qui chassait sur sa blondeur un beau voile de mousseline. Abasourdi, je me levais brusquement dans mon lit, mais retombait de suite, vaincu par la douleur :
- « Que faites vous ici, suis-je mort ? Seriez-vous le lien qui me relie à lautre monde ? »
- « Rassurez vous chevalier, vous nêtes pas mort et je puis être moi aussi bien vivante, si cela marrange. Il mimporte tellement de vous protéger ! »
Elle déposa sur mes lèvres un baiser brûlant et me quitta en faisant virevolter sa robe de servante, dans la blancheur laiteuse des murs qui illuminait subtilement la salle. Je restais allongé encore longtemps, dans lexpectative. Le soleil était haut dans le soleil, je le voyais rentrer abondamment par la fenêtre en ogive, mais il faisait frais dans la chambre. Owenn revint me voir souvent. Je lentendais monter les marches étroites de lescalier taillé dans les murs épais et solides en pierre du pays. A chaque fois pourtant, cest Yoëde que jattendais de mes attentes déçues. Elle vint enfin, accompagnée de la fée qui se tint derrière elle sans rien dire. Je narrivais pas à mettre de lordre dans mes idées. Je craignais quelque sortilège. Yoëde ne tarissait pas déloge envers Owenn, se félicitant devant moi de la nouvelle servante engagée par son père. Je la prévins que cette dernière était fée, mais Yoëde partit dun rire radieux :
- « Fée, cest bien le cas de le dire, elle a veillé sur ton sommeil mieux que je naurais su le faire, quand tu gisais inconscient sur ce lit ! Elle a passé longtemps sur ton front bouillant, pour en chasser la sueur, les tampons deau froide et souveraine. »
Owenn ne dit rien. Elle resta simplement en retrait, un sourire sur ses jolies lèvres, affichant une étrange dignité. Un maudit soir pourtant, Yoëde vint me rejoindre en secret. Leuphorie de notre rencontre nous faisait frissonner à fleur de peau. Je me rassasiait de sa carnation pâle. Yoëde était rayonnante sous mes caresses enflammées. Je lui racontait tout, mes nuits entrecoupées de rêves répétés, mon étrange rencontre dans la forêt avec Owenn et le don de lépée. Jaffirmais encore que la blonde créature était fée. Yoëde nen crut mot Posée et réfléchie, elle attribua mes affabulations à la beauté sublime dOwenn et à mes heures délirantes. Elle affirma que javais dû récupérer lépée sur le cadavre dun orque et que le coup dépée me lavait sans doute fait oublier. Jétais au désarroi de lalarmer. Yoëde était resplendissante de vie, elle calma si bien mes craintes que mon amour pour elle était sur mon esprit plus puissant, plus efficace que les vapeurs du meilleur vin. Son rire contagieux me transportait dun ravissement suprême. Je ne me lassais pas de la douceur des savantes attentions que sa douce main sattachait à maccorder.
Cest alors que son père nous à surpris. Il est entré dans une horrible fureur, la dague à la main, en menaçant de nous tuer tous les deux. Jétais tristement dépité de provoquer la fureur délirante et jalouse de lauteur des jours de Yoëde. Alarmée, privée de la parole, celle-ci sest reculée dans un coin, en ramenant sur elle de sa main crispée son drapé longiligne et soyeux. Comme sil avait contenu sa vie entière cette colère douloureuse, Lahod éructait en me faisant dangereusement face, dune voix froide et menaçante :
- « Paladin Awann, tu nes pas celui que jai choisi pour ma fille ! »
Quand Yoëde se précipita pour arrêter son bras, car il avait dangereusement levé sur moi son poignard, la rage démentielle de Lahod redoubla. Jhésitais toujours à laction, ne désirant pas porter de coup au père de celle que jaimais. Finalement Lahod jeta sa dague sur le sol, mais avisant aussitôt sur un tabouret proche la longue épée dOwenn hors de son fourreau, il me trancha la tête sans me laisser le temps de réagir. Mon crane roula sur les tapis du sol avec un bruit sourd que masquèrent aussitôt les hurlements de Yoëde. Le sang coula en abondance sur les draps blancs, giclant à gros bouillons de mon corps décapité. Yoëde tomba à la renverse, évanouie. Lahod emmena dans ses bras le corps de sa fille et quitta précipitamment la chambre. Je ne vis pas ces choses et pour cause, mais Owenn pénétra à son tour dans la pièce pour recueillir ma tête sanguinolente, quelle entoura dun linge propre afin de lemporter dans un coin reculé du château. Parcourue du plus extrême ravissement, elle la plongea dans un chaudron magique, celui là même que Bran le béni avait autrefois offert à Matholwch et qui pouvait ramener les hommes à la vie, sans pour autant leur redonner la parole.
Je revins de lautre monde et recouvrais aussitôt la vue et les sens, mais je ne pouvait plus parler. Je ne sentais rien, aucune douleur Il est vrai que je navais plus de corps ! Alors Owenn la fée lava ma tête et la plaça comme une chose très précieuse dans un coffret dargent, avant de lemporter avec elle dans son lointain palais de cristal. Chaque jour, avec plaisir et volupté, elle posait sur mes lèvres muettes un baiser délicat, avec une douceur quelle ne se lassait pas de retrouver, dans sa joie de communier avec moi. Ample et nonchalante, elle chatouillais mes narines dun papillon de plume posé sur sa poitrine ravissante, quelle avait monté en broche. Elle réclamait désormais mon amour à plein temps :
- « Alors, chevalier Awann bras dur, vous voyez, vous êtes enfin à moi ! Je vous ais dit que lamour sépanouirait lentement : vous ne dites plus non, maintenant »
Message édité par talbazar le 03-06-2005 à 11:59:18