Ilan Halimi - Actualité - Discussions
Marsh Posté le 25-02-2006 à 07:30:17
Le week end commence energiquement, avec un topic qui me rappelle etrangement pas mal d'autres, au moins aussi trolliquement polemiques.
Marsh Posté le 25-02-2006 à 07:42:42
Boh, tu le prends comme ça...
C'était pas l'idée.
En fait je trouve le texte émouvant, beaucoup de choses dites et avec quel style.
Bon polémique certes.
J'avoue que le cotéjuif m'intéresse assez peu, mais j'ai conscience que les zélateurs de Dieudonné et du betar débarqueront tôt ou tard pour seriner leurs platitudes.
Bon, c'est quand même un beau texte dont on peut parler.
Et puis le sort du mec glace le sang.
Marsh Posté le 25-02-2006 à 07:46:36
Le sort du mec glace le sang, aucun doute.
Quant a savoir si le texte est emouvant, il faut le dire en l'ayant lu avec le mode "lyrisme au rabais" ON (je passe sur le coté pompeux du recours répété a de longues analogies). Parce que j'ai peur qu'historiquement et sociologiquement il soit, sinon deplacé, au moins parfois un peu loin du compte, si on se detache un peu du mode "faits divers".
Apres, bien sur, on peu craindre les interventions musclées habituelles sur ce genre de topic, convenons en. Sur ce, je lui souhaite une vie paisible et eclairée. Personnellement ce sont des sujets dont je discute volontiers de vive voix, mais que j'ai tendance a fuir sur les forums.
Marsh Posté le 25-02-2006 à 08:02:48
xanthe4975 a écrit : Bon, c'est quand même un beau texte dont on peut parler. |
Je le trouve quand meme assez indigeste sur la forme...
Marsh Posté le 25-02-2006 à 08:21:11
La problématique n'est pas immédiatement perceptible mais j'aime assez le souffle et certaines formules :
"Nous mourrons de Rousseau, nous mourrons des théoriciens de la pensée 1968, du Castor et de son époux morganatique le Crapaud, de monsieur Onfray et des marchands de rêves, de Marx et de Lénine, dHeidegger et de tous les gnostiques, des rabbis miraculeux et des Imans en guerre pour navoir pas haut et fort crié la supériorité de Platon et dAristote sur les Sophistes, pour avoir renoncé à nous agenouiller espérant ladoubement devant les rois Richard clamant que Jean son frère le vaut bien, larsouille Mitterand valant le Général-Honneur, pour avoir affirmé léquivalence de Mallarmé et de Prévert, de Baudelaire et de Renaud, de Turner et de Miró, de Beethoven et de Boulez ad libitum. Nous mourrons davoir voulu croire que la sociologie éclairait le mystère du génie et surtout de nous savoir pécheurs, acceptant la sentence dans un monde ontologiquement condamné. Nous mourrons davoir méconnu la grandeur et de lui avoir préféré la médiocrité, nous mourrons davoir chosifié lhomme, effacé son visage et dédaigné la férule de la forme. Nous mourrons davoir cru aux mérites de la tabula rasa, davoir séparé lhéritage."
"Nous avons déploré linconvénient dêtre nés, accueilli le nihilisme comme on reçoit lEspérance, chanté la beauté de lassassin contre lordre bourgeois, laissé nos filles faire de leurs corps des cimetières et des poubelles, et à nos garçons, avons intimé lordre de jeter leur sperme sans plaisir, ni amour, nous avons cessé de voir en nos corps des autels à la jouissance, et avons adoré le Spectacle, laissé le champ libre au Capital en nous compromettant, cédé sur la télévision feint de croire que lécole et lUniversité pourraient en un tel monde poursuivre leur mission "
C'est quand même envoyé, et ça change tellement du politiquement correct...
Marsh Posté le 25-02-2006 à 09:44:48
Cette manie de filer un lien, mais de foutre quand même le pavé indigeste derrière au lieu d'extraits
A quoi ça rime de mettre le lien alors ?
Marsh Posté le 25-02-2006 à 09:57:10
Malgré les fanfreluches et les figures de style employés à l'exégèse, ce texte mélange tout et raconte n'importe quoi.
Une autre version d'un pamphlet à la finkelkraut, quoi, où on prend un fait-divers et on crie au choc des civilisations. Et malgré les maintes répétitions pour désigner victimes et boureaux, on oubliera pas qui utlisait ce genre de procédé, il y a un peu moins de 70 ans.
Marsh Posté le 25-02-2006 à 10:05:20
De l'art de tirer de grandes conclusions intellectualo-paluchantes à partir d'UN fait sordide...
Pour avoir du recul sur une affaire et pouvoir tirer de telles conclusions, il faut du TEMPS et la CONNAISSANCE du FOND du DOSSIER. Tout comme pour l'affaire Outreau, soit dit en passant.
Ca commence à me gonfler les gens qui se jettent sur un évènement et écrivent pour prouver qu'ils ont un peu de culture et une plume pas mauvaise...
Marsh Posté le 25-02-2006 à 10:05:38
LooSHA a écrit : Cette manie de filer un lien, mais de foutre quand même le pavé indigeste derrière au lieu d'extraits |
c'est une facon de citer sa source et c'est plutot bien
Marsh Posté le 25-02-2006 à 10:31:37
Citation : gaulois rasant, une habitude, les murs |
Pas besoin de lire la suite.
Marsh Posté le 25-02-2006 à 11:24:37
ou encore : "à guetter le danger du côté du FN et des groupuscules post-nazis, nos aèdes auront, responsabilité illimitée, laisser le champ libre au nouvel ennemi"
Un texte à la formulation ampoulée... des idées qui ne se dévoilent pas vraiment sans pour autant rester totalement dans l'ombre... mais... mais... snif... snif... mais ça sent le FN tout ça !
Marsh Posté le 25-02-2006 à 11:27:57
Bon, le texte, faut vraiment pas savoir écrire pour considérer qu'il est bien écrit: on dirait un pense-bête de toutes les plus mauvaises métaphores du monde.
Le fond est au mieux totalement creux, au pire limite nauséabond.
Bref, je ferme.
Marsh Posté le 25-02-2006 à 07:15:22
Etonnante histoire que celle de ce jeune homme torturé à mort. On évoque un corps frappé, coupé, brulé au feu et à l'acide sur 80% de sa peau, pendant 3 semaines. Sa qualité de juif lui aurait valu un "traitement" particulier.
Pour lancer le débat.
Un texte "écrit" sur le stalker :
http://stalker.hautetfort.com/arch [...] vajda.html
Á Sainte Esther, patronne des marannes jadis adorée dans les églises tolédanes.
Pour Laurent Schang qui me croit sioniste.
Pour mon époux goy.
Pour mes enfants métis.
Pour Juan qui a insisté.
Ça avait commencé boulevard Voltaire Au nom de la tolérance Et ça aura fini aux portes du cimetière juif de Bagneux, comme un appendice au Dictionnaire philosophique.
«Rappelons que le rabbin Farhi a mensongèrement soutenu quil avait été poignardé par un individu criant «Allah Ouakbar», quAlexandre Moïse, président de la Fédération sioniste de France, a porté plainte contre des menaces... quil senvoyait à lui-même avant dêtre confondu et condamné, que la jeune fille de Montpellier à laquelle on aurait dessiné une étoile juive sur le bras était un faux, quÉlie Chouraqui a manigancé un pseudo-reportage télévisuel sur lantisémitisme imaginé délèves dorigine arabe à Montreuil, que lincendie de lécole juive de Gagny a été demblée présenté comme un acte antisémite, ce qui sest révélé faux et quen juin 2004, il y a eu laffaire dÉpinay où un malade mental a poignardé plusieurs personnes dorigines diverses, juive, mais aussi algérienne, haïtienne et portugaise, les médias ne sintéressant quà la victime juive. Puis il y a eu laffaire de lincendie du foyer juif dans le 11ème arrondissement qui sest révélée ne pas être un acte antisémite mais un acte commis par un «déséquilibré» travaillant dans ce foyer (1).»
Et si cette fois cétait vrai ?
Si Ilan Halimi avait été torturé trois semaines durant parce que né feuj ? Un trou de cigarette au front «sale juif», ligoté comme les grands frères des geôles dAmérique en expiation de la faute américano-sioniste, dénudé comme les maîtres du Reich se plaisaient à dévêtir les siens à larrivée, afin quils comprennent quici, fini de rire, terminus ad quem, conspiration démasquée, ils seraient châtiés selon leurs crimes, un parmi eux, brûlé à lacide pour effacer les marques de cutter, le sang juif ne doit pas couler, sang sorcier qui empoisonne la terre arraché à sa mère, ses surs, à laffection de Yakov son patron parce que les juifs (2) cest bien connu sont riches Oreille coupée parce que les youpins qui les démentira ? ont loreille du grand Satan, après celle de Moscou, en attendant celle des envahisseurs, David Vincent le sait On ne se défie jamais assez du crétinisme.
Le visage de la France
Ilan Halimi est mort pour la France et la France ignore son sacrifice. Ilan est mort pour dévoiler son visage, celui dune barre de dix étages où vivent des sourds, des muets, des invalides. Personne na entendu le moindre cri, nul na été témoin de son martyre, nul na tendu la main jusquà un téléphone, à chacun sa raison : «jeunes», complices, «entre frères lhonneur le respect camarades, unis contre toujours», ou gaulois rasant, une habitude, les murs. Tous également infirmes, amputés, yeux crevés, tympans percés, troncs démembrés soudés par la haine ou séparés par lindifférence. Si longtemps quils ont appris à ne rien voir comme ces enfants qui croient fermant les yeux êtres invisibles, certains en leur folle terreur quils ne risquent, prunelles closes, rien et Gaulois signifie dabord vaincus. Vaincus par César, par Rome, elle-même bientôt défaite par les Barbares. Les philosophies de lhistoire, toujours, tricotent le destin des peuples. Lune delle chante léternel retour du même, inscrit le diktat du recommencement, quand dautres affirment «on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve» : à guetter le danger du côté du FN et des groupuscules post-nazis, nos aèdes auront, responsabilité illimitée, laisser le champ libre au nouvel ennemi. Le mât de vigie est demeuré vide, place désertée, et sur le chemin de ronde, la sentinelle vigilante mal prévenue ne cherchait que du brun. De la tour du château de Barbe-Bleue, elle aura, maladroite, pris drapeaux verts pour herbe verdoyante, cris de haine pour psaumes et, malédiction dOccident, les voiles noires pour des voiles blanches.
La mort dIlan témoigne, crie : les Barbares sont dans nos murs, fabriqués en série, délicieux Guismo que le pays laisse boire après minuit et qui, déjà, sont devenus des Gremlin. Au nom du sanglot de lhomme blanc, par la vertu magique du lait dindifférence, la métamorphose a eu lieu quaucun observateur na cru bon de révéler de peur de passer pour raciste, fasciste, xénophobe. Les anthropologues avaient fait la leçon, lexcision et la fatwa sont pratiques aussi respectables voire davantage que ne le sont, le demeurent létymologie du mot «Hyménée» et le Code civil, quoique la première ait perdu sa raison dêtre et que le second doive impérativement être adapté à la Modernité.
Lorigine
Tout avait commencé par la haine de soi et le révisionnisme. Rechercher lorigine est une tâche ardue. Essayons, quelque part du côté de Bernadin de Saint-Pierre, de Jean-Jacques Rousseau, dans le mythe du bon sauvage, bon forcément bon, puisque vivant nu, sans écriture, sans loi, dans lîle ou la forêt comme vivent les enfants, relire Vendredi ou la vie sauvage, mépriser Robinson, féerie pour une autre fois, le voyage au bout de la nuit a déjà commencé. Sans relâche, revenons au mythe, sans cesse repris de lâge dor, du temps qui précède lidée du péché ou lidée du divin, adorons mère Nature affirmée comme seule idée régulatrice qui offre à ses fils, au moyen de la cueillette, de la chasse et de la pêche, de quoi vivre sans autre horizon dattente que la reproduction, le cycle des saisons Là bas, en lîle heureuse, ni Sanhédrin, ni Vatican, ni ordre de la Cité, pas décole, des initiations, des voyages au-delà du réel, labsolu en ligne directe, avec pour seuls intercesseurs, entre la Nuit et lhomme, les chamans, les sorciers et les mages déguisés en serviteurs de Dieu. Et de ces Paradis, lhomme blanc, armé casqué, a prétendu chasser linsulaire, lhabitant des forêts, le marcheur du désert, au nom de Jésus-Christ, au nom de la République française, au nom de lEmpire britannique Ce fut en effet une très lourde faute, une responsabilité illimitée, un crime contre la vertu et il est juste que lOccident soit châtié, sang devant être versé, fleuves rouges sur les générations. Lhistoire de la folie à lâge classique nous enseigne, selon saint Foucault, que le Moyen Âge était tendre aux fous qui les laissaient souffrir en compagnie des autres, quand le hideux XIXe siècle les flagellait, les douchait, les séparait, rêvant de les adapter au monde, voire de les guérir, au moins de soulager leurs souffrances et de les empêcher de se mutiler, se détruire, détruire ou mutiler leurs voisins. Il a bien fallu après cela adapter notre monde à la folie. Opération réussie. Á refuser lidée dun souverain bien, une définition de la norme quelques odieux dérapages compris, convenons-en , nos penseurs auront ouvert les digues. Nous y sommes, submergés. Ici, «chacun» à sa guise prétend danser au mépris du bien commun considéré comme cicatrice judéo-christiano-centriste. Quon se le dise Lesbie et Alcibiade seront pères de famille, les schizophrènes seront gens heureux et la France qui, au charme discret des vertus ancestrales prétend céder encore, aura nom «France moisie !». Les géniteurs dapprenants pas plus que les enseignants nauront sur nos Émile le moindre devoir dautorité. Ils devront, le ministre laffirme, se contenter de sémerveiller de voir pousser les surgeons à leurs soins confiés par le hasard, la nature, la loi de la sectorisation, comme croît lherbe folle et ne songer point à tailler les allées du jardin. En contrepartie, les végétaux libres ne devront pas aux jardiniers réclamer les soins jadis indispensables : la constance, la solidité, lamour. Chacun, au logis à toute heure, libre absolument, demeurera, la stabilité familiale devenue un simple cliché pour la «famille Ricorée» ou le camembert, jouira sans entrave dans un monde rénové où «il est interdit dinterdire», authentifiant sur notre vieux continent la révélation du Nouveau monde, les charmes présumés de la vie sauvage au cur du non moins sauvage capitalisme. La coexistence du réel et du mythe ayant nom schizophrénie, nous dûmes constater la fausseté de lassertion deleuzienne : il ny a pas de schizophrènes heureux, ceux qui le demeurent, à linstar des habitants de la barre de Bagneux où Ilan fut torturé avant dêtre jeté sur une voie ferrée devant nécessairement vivre en sourds, en aveugles, en infirmes. Voilà lenvoi du poème.
Confusément, les petits blancs se savent vaincus qui tatouent et percent leurs corps trop pâles, empruntent lidiome des barbares, méprisent la grammaire, la forme et la langue jusquà parvenir au lieu où toute pensée se meurt, faute de vocabulaire. Confusément, les blondes nattées à lafricaine, les bourgeoises en révolte qui hurlent des nuits entières des chants primitifs dans des raves, rêvent despaces vierges où vivre les libidos trop tôt déniaisées et certaines quaucun mâle issu de cette civilisation défaite ne saura leur offrir le frisson par Dionysos promis. Les Blancs ont appris la leçon, qui depuis soixante ans la ressassent : toutes les civilisations, tous les livres, tous les arts, tous les hommes ont égale valeur aux yeux de Mère Nature, lHistoire est une apocalypse en marche; la philosophie, des constructions vides; la psychanalyse, un verrou totalitaire; la religion, lopium des peuples; léducation, une castration; la politesse, une hypocrisie; la beauté, une idée reçue; la sexuation, un fait doppression Tout le monde sy est mis : Ilan en a crevé. Nous en crèverons tous. Nous mourrons de Rousseau, nous mourrons des théoriciens de la pensée 1968, du Castor et de son époux morganatique le Crapaud, de monsieur Onfray et des marchands de rêves, de Marx et de Lénine, dHeidegger et de tous les gnostiques, des rabbis miraculeux et des Imans en guerre pour navoir pas haut et fort crié la supériorité de Platon et dAristote sur les Sophistes, pour avoir renoncé à nous agenouiller espérant ladoubement devant les rois Richard clamant que Jean son frère le vaut bien, larsouille Mitterand valant le Général-Honneur, pour avoir affirmé léquivalence de Mallarmé et de Prévert, de Baudelaire et de Renaud, de Turner et de Miró, de Beethoven et de Boulez ad libitum. Nous mourrons davoir voulu croire que la sociologie éclairait le mystère du génie et surtout de nous savoir pécheurs, acceptant la sentence dans un monde ontologiquement condamné. Nous mourrons davoir méconnu la grandeur et de lui avoir préféré la médiocrité, nous mourrons davoir chosifié lhomme, effacé son visage et dédaigné la férule de la forme. Nous mourrons davoir cru aux mérites de la tabula rasa, davoir séparé lhéritage. Nous mourrons de nous être haïs, accueillant dans nos murs le cheval maudit. Nous mourrons enfin davoir cru que le pourrissement du capitalisme constituait la première étape de la Révolution et quil convenait daffaiblir les institutions, les cadres de lÉtat jusquà ce quil ne reste plus rien à livrer aux Barbares
Fin de partie. Nous avons déploré linconvénient dêtre nés, accueilli le nihilisme comme on reçoit lEspérance, chanté la beauté de lassassin contre lordre bourgeois, laissé nos filles faire de leurs corps des cimetières et des poubelles, et à nos garçons, avons intimé lordre de jeter leur sperme sans plaisir, ni amour, nous avons cessé de voir en nos corps des autels à la jouissance, et avons adoré le Spectacle, laissé le champ libre au Capital en nous compromettant, cédé sur la télévision feint de croire que lécole et lUniversité pourraient en un tel monde poursuivre leur mission , nous avons laissé les médecins devenir garagistes, séparant nos âmes mortelles de nos corps de chair, ouvrant la porte aux Charlatans. Robespierre, naguère, institua le Culte de lÊtre suprême après avoir contemplé la foule pressée aux portes de Saint-Étienne-du-Mont ! Les hommes, voilà le grand secret, nont pas la force dêtre athées, daccepter la finitude, de se résoudre à l'éphémère, à la brièveté du voyage, pas la force de vivre dans les limites de la raison ni celle dêtre libres : ils veulent être esclaves et le seront un jour ou lautre. La haine des juifs naît là : leur Saint des Saints est en réalité un vide clamait Tacite et lÉcclésiaste criait le silence de Dieu. LUn nest peut-être que le nom du Néant, secret jalousement gardé par les Cabbalistes, que les Rabbins abandonnèrent par clientélisme après le premier siècle de lère vulgaire. Esclaves de la marchandise, esclaves des pensées dominantes, esclaves du loisir et aujourdhui otages de la jeunesse, les mortels aujourdhui refusent la loi commune, la décrépitude des corps et la sagesse de lâge qui, pour leurs fils petits-fils et arrière-petits-fils, ont des yeux damants : les jeunes ont toujours raison Le lecteur de Libé a en moyenne 60 ans, les trotskistes et les ex-Mao-Spontex aussi qui, sur les rêves de sang de la caillera composent dexquis dazibaos, certains que lâge dor du prolétaire absent suivra la déconfiture du vieux monde. Quant à nos thuriféraires de lApocalypse, ils se réjouissent aussi : procès arrêtés, fin de lhistoire, sortie de route !, ravis de voir confirmé leur juste déni de lidée de progrès.
Fin du coup, 11 septembre divine surprise, lOccident acculé entame son chemin de croix, heureux de devoir vivre et mourir en martyr, au nom des crimes anciens, exeunt les ratiocinations qui parlaient de «paix perpétuelle», détat juridique global qui unirait les peuples et supprimerait la guerre. Ils se souviennent que Jésus est venu propager la guerre et refusent toute idée régulatrice qui, dailleurs, du ciel ou de lenfer, ne vienne. Ils ont tant moqué le «fondamentalisme» des droits de lhomme quils ont oublié quil ne sagissait que dune idée régulatrice, un substitut du divin, venu aider à transformer létat de nature (guerrier par essence) en état de droit subordonné à une morale. Les utopies ont fait long feu dans la querelle des gens prétendant savoir leur monde. Demeure le réel, le retour à létat de nature, les aspirations des hordes, la barbarie globale à lâge des télécommunications. Bienvenue dans le pire des mondes ! Vous y êtes ! Destination labomination ne mettez pas vos ceintures , dautres sen chargent.
Lordinaire
Ilan, jy reviens, na pas été surpris. Depuis la seconde Intifada, il sait être lennemi, son tee-shirt blanc, ses dents blanches, son jean serré, sa douceur crâneuse de petit garçon trop cajolé par maman et ses cheveux drus crient quil est un ami des affameurs de la Palestine. On la traité de youpin, on a rigolé aux innocents sketches de lhumoriste Dieudonné, on a molesté ses frères de Sarcelles, arraché leur étoile dor à ses surs de Montreuil, de Vitry, on a tagué des vitrines de magasins Des incivilités sans conséquences prétendent les uns, des bagatelles avant massacre, craignent les autres, paranoïaques, il va sans dire. Ilan sest peut-être dabord senti fier de vivre ce que ses frères de lEst de lEurope avaient vécu comme une confirmation de la véracité de lorigine et puis il a porté la croix de Jésus trois semaines durant, subi linsulte, la souffrance, le délaissement et, est mort comme meurent les innocents livrés aux bourreaux. Sans résurrection. Comme moururent les quatre ou six millions, victimes de la barbarie européenne, car enfin faire monter des mioches dans des bus direction Drancy ou les rafler à Izieu ou à Pithiviers, ce nétait pas la seule affaire des nazis. Que chacun se débrouille nest-ce pas ? Les femmes de France nallaient pas offrir leur gosses en échange ? Qui songe à le leur demander ?
Cétait arrivé et ils navaient pas bronché. Ils sétaient contentés, épiciers de Belleville et de Ménilmontant, denfiler leur blouses au retour du Lutetia, intellectuels, ils avaient repris le train du Chambon-sur-Lignon pour Paris, Lyon ou Toulouse. Tous, orphelins ou non, sans famille ou pères de famille humiliés, avaient feint de croire que les Nazis seuls les avaient haïs et ils avaient repris leur place sur le Continent où avait été décidée, acceptée lidée du Grand Massacre, succédant à des siècles de souffrance et avaient à leurs fils enseigné lamour de la terre natale, le respect de la langue et des lois.
Après le grand massacre, ils naspiraient quà vivre en Français dorigine juive : aller à la synagogue, une ou deux fois lan, faire leur bar mitzva pour savoir assez dhébreu pour réciter le kaddish sur la tombe de leurs pères, mais il a plu à lInstitution française de mettre en avant leur martyre, de les séparer de la communauté, de conter leur ancienne détresse et de livrer leur douleur en pâture pour effacer le crime suprême, sa collaboration : lessor de sa littérature, de son cinéma, de son théâtre sous la botte Vilar, les Jeunes-France, Olivier Messiaen, la Route et jen passe. Ah, le dernier métro cétait le bon temps au revoir les enfants ! Les juifs nont quà aller en Israël, finir dans la nasse, pour eux par lEurope, le feu empire britannique, tressée. La France pourra vivre en étrangère sous le Maître teuton, islamique quimporte ! elle est certaine dy reposer en paix. Du moment quil reste la liberté de penser, cher Florent, «nous étions si libres sous lOccupation» nest-ce pas Paulo ? Libre de publier, dêtre représenté au Théâtre de la ville ex-Sarah Bernhardt ! Les juifs ont compris la leçon, ils parlent de cyanure, ils se souviennent de tout comme sils se préparaient au retour de linnommable Le temps de la peur et de la honte a fait retour dont les beaux barrésiens blonds qui gardent le Jourdain ne les sauveront plus.
Ilan a été le premier. Leur tour viendra. Ils le savent. Terrible habitude de la douleur et les lecteurs de Tolstoï pérorent sur la passivité juive ! Ils lont été un jour, acceptant de convertir un futur antérieur en présent : «cette année à Jérusalem» substitué à «lan prochain » . Loffice est dit. Un mythe chasse lautre, à celui de «la diaspora heureuse» a succédé celui de «la terre sans peuple pour un peuple sans terre.» Alors, les réfugiés, les fugitifs sont devenus des patriotes, certains dentre eux des nationalistes, bienvenue dans le cercle rouge ! Coupables, une nouvelle fois, Israël, dans la propagande iranienne merci la France pour Neauphle-le-Château , devient lUsurpateur, lobstacle à la reconquête dun lieu saint... Les Européens songent que sans juifs le pétrole coûterait moins, que ce peuple, cette ethnie, ce groupe quen savent-ils, quen savons-nous ? , comme à laccoutumée, tient le rôle de fauteur de guerre. Alors, ils minimisent, refusent de voir ce qui crève les yeux, le négationnisme propagé dès les lendemains de la guerre par lUniversité égyptienne, le retour du mythe des Sages de Sion, le visage du juif du Palais Berlitz, le sadisme des anciens alliés dHitler prétendant comme jadis chez Sade, les bourreaux, que la solution finale fut un mythe forgé par les juifs pour prendre illégalement possession dune terre, comme ils projettent de prendre le contrôle du monde.
Aux musulmans, lordre est donné de chanter laria de la calomnie. En tous lieux, en terre dIslam et en terre dexil, aux pauvres et aux riches, aux hommes et aux femmes sans distinction, allez et proclamez : le juif est lennemi. Les assassins de papier, les assassins de la mémoire se feront assassins déguisés en libérateurs de la Palestine, voilà tout le poème.
Béant, souvre le procès du «devoir de mémoire». Devait-on exhiber pour que cela ne revienne jamais le martyre juif ? Raconter lindicible ? Témoigner ? Libérer la parole ? Désigner la victime ?
Puisque cela a été, cela reste possible.
La femme peut être violée, lenfant souillé et le juif martyrisé. Dans leur psyché, en lettres de sang, la peur inscrite sans retour.
La femme, condamnée à lhystérie quand lhomme jouit dêtre Don Juan. La femme se sachant pute potentielle toujours, celle que tout mâle peut saisir, butin de guerre ou de beuverie, inscrite dans ses gènes la peur, à la tombée du jour, dans les rames des métros ou de RER (3).
Lenfant goûte les contes qui ignore quun jour le roi des Aulnes est venu lui arracher des cousins et des frères, lenfant juif lapprend.
Dans la psyché juive, inscrits, le pogrom, la rouelle, lenfermement au ghetto, le marquage, la terreur
La certitude inscrite du retour de lhorreur
Ilan a connu la réalisation du fantasme de tous les juifs Les ennemis ont marqué un point : la peur a fait retour et avec elle, le bruissement des sabots des cosaques, la rumeur du pogrom, le bruit des vitres cassées, lhumiliation de la brosse à dents dans les rues de Berlin.
Et de cette peur, le pays se gausse ! Chacun toujours parle mal de ce quil ignore.
Les excuses des «jeunes» dans les journaux du matin et du soir se ramassent à la pelle : lascenseur social, bloqué, les patrons blancs racistes refusent de les employer, comment ne pas comprendre quils se sentent exclus, parqués et en veulent à tout le monde. Lécole na-t-elle pas failli en sa haute mission ? Le capital ne frappe-t-il pas toujours dabord les plus faibles ? Nul ne fit grand bruit des voitures brûlées dans les quartiers pauvres et du silence des prolétaires, décidément les juifs veulent toujours la vedette ! De leurs filles souillées, de la destruction de leur cadre de vie, qui prendra la défense ?
Á sainte Esther, patronne des Marrannes, ce vu !
Quune nouvelle fois, dans lhistoire de lHumanité, nous renoncions à nous proclamer juifs !
Amis, rejoignons les catacombes, aimons les goyim, dignes dêtre estimés comme nos pairs, nos époux et nos fils. De grâce cessons de conclure des mariages endogamiques comme la mode en est revenue, depuis lheure immonde. A nos fils et nos filles, lisons lhistoire dÈve et de Lilith, en guise dintroduction à la théorie freudienne de lÉros, et en complément du mythe dHélène la Troyenne, lisons-leur le conte du Déluge comme celui de Guilgamesh; inscrivons Moïse au côté de Solon et des sages dAthènes et Judas Macchabé aux côtés dHorace, Judith auprès de Jeanne dArc, lisons-leur le conte de Ruth et Boz comme nous lisons celui des Capulet et des Montaigu et celui de Salomon et la reine de Saba comme celui dIvanhoé et de Rebecca
Abandonnons la terre dIsraël aux disciples du Christ et aux Agarites !
Jetons le mur du temple à bas le Chana Aba en Eretz Israël ! «Lan prochain à Jérusalem», que lespérance du lendemain redevienne notre fête ! Conservons, intime, notre douleur avilie dans le concert de lémotion télévisuelle, cessons de péleriner à Auschwitz. Quon y plante un Carmel ! Aux douces carmélites, la très haute charge de prier les morts en terre chrétienne ! Ils ne comprendront pas notre douleur, nos névroses, nos complexes de Portnoy Dans leur sang, coule le sang des chevaliers, dans le nôtre, celui des suppliants; dans leur sang, coule le sang des bâtisseurs; dans le nôtre, le sang déternels lecteurs, de commentateurs et daèdes.
Demeurons, Sainte Esther je te prie de nous sauver, où lHistoire nous fixa, sans quitter tout à fait la chambre détude, mêlons-nous aux humains. Jour après jour, chacun où le Sort la placé, menant sa barque sur les eaux noires du calcul égoïste, pour atteindre des caps, des îles, où vivre en hommes libres, ciel étoilé au-dessus de soi et loi morale au cur, demeure, un instant encore possible. Mais je vous le demande avec grâce, Sainte Esther, intercédez pour que nous ôtions nos étoiles de David, nos kippas et nos signes extérieurs dappartenance, donne-nous la force de la dissimulation pour retarder encore notre disparition programmée. QuIsraël rendu au désert et aux fils dAllah oublie la réalité politique fugitive dun état cinquantenaire pour que ne demeure que le chant des Prophètes, secret jalousement gardé, qui, de la Real politique, nous éloigne à jamais Quittons la nasse avant quil ne soit trop tard !
Que la mort d'Illan, arbre planté et arraché en terre de marranisme, devienne le prélude d'une renaissance.
Que disparaissent les grigris, les épiceries spécifiques, les boutiques de perruques et de bas blancs !
Rejoignons nos hôtes ! Vivons et combattons, invisibles, à leurs côtés ! Que l'Atiqueva, seul hymne national composé sur le mode mineur, redevienne un psaume parmi les Psaumes !
Par la vertu de ce silence et de la dissimulation, retrouvons notre place universelle dans le concert humain.
Que notre dissidence enfin devienne l'occasion d'une renaissance.
Qu'après nous, un aède conte l'histoire d'un peuple fugitif certain qu'il suffisait de sept sages pour sauver le monde et qui, pour cette cause, renonça à l'ordinaire humain : une terre pour un peuple, et s'en est reparti sur les routes du monde, en deuil de l'idéal, en exil de la Promesse pour ne s'attacher plus qu'à inventer, génération après génération, l'enfant du sauvetage. L'un d'eux, un des sept. samouraïs, mercenaires, prophètes ou simplement mensch, un homme digne d'être appelé homme, à la face des Barbares, des Imbéciles qui avaient souhaité les fondre en série.
(1) Source : article PDF du réseau Voltaire.
(2) On remarquera dans les journaux le retour de la majuscule au nom de juif
(3) Les affaires que dénonce le réseau Voltaire sexpliquent par la peur : actes désespérés dhommes saisis par la terreur et voulant, au sein du Spectacle, attirer lattention sur eux. Chaque fille qui prend le RER et se sent menacée par des regards se sent «juive», le rabbin quon insulte dans la rue les prêtres ne portent plus la soutane dailleurs, certains dêtre moqués , maladroit, monte un bateau pour crever labcès Quant au faux reportage sur lantisémitisme au lycée, certain lycéen de Montaigne dont les bourreaux en herbe précipitèrent le départ, ils sont demeurés en leur place. Persécutions fort peu imaginaires