Gwadloup, la vi dous kon miyel [conflit social] - Actualité - Discussions
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:09:37
10h43 L'information, donnée sur Europe 1 ce matin, vient d'être confirmée par la cellule de crise de la préfecture de la Guadeloupe. Un homme d’une cinquantaine d’années a été tué par une balle tirée «depuis un barrage tenu par des jeunes». La victime, qui a été tuée alors qu’elle se trouvait à bord d’une voiture dans la cité Henri IV, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre, était «un syndicaliste qui revenait d’un meeting». «Ce n’est pas un mort lié aux forces de l’ordre».
http://www.liberation.fr/societe/0 [...] -la-police
Ca chauffe.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:14:29
Arg c'est chaud.
J'en ai parlé a des amis antillais. Le plus grave étant que la situation perdure depuis des décennies sans que rien ne soit fait. Pourquoi ne pas revaloriser le SMIC antillais de 40% comme les salaires des focntionnaires?
Si la vie est chère pour eux, elle l'est encore plus pour ceux qui se tuent au travail.
D'ailleurs une question: est ce que les minimas sociaux type APL, RMI/RSA beneficient du +40%?
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:16:33
ReplyMarsh Posté le 18-02-2009 à 12:21:57
Démantelez les monopoles, envoyez une demi douzaine de concurent, d'truisez le bonus +40% des fonctionnaires et ca ira beaucoup mieux je vous dis.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:23:02
Je me souviens quand j'y suis allé étant jeune, les prix m'avaient vraiment surpris. A l'époque : paquet de 12 yaourt à 40Frs, alors que les 16 étaient à moins de 20 Frs en métropole. Pareil pour quasi tout (et pas forcément des produits d'importations, y a une usine Gervais-Danone entre Le Robert et Le Francois d'après mes souvenirs).
D'ailleurs les voyages que j'ai effectué sont grâce au fait que la France paye un voyage pour toute la famille pendant 2 mois tous les 3 ans a tout antillais venant travailler en France (fonctionnaire evidemment). D'ailleurs, pendant les 2 mois de vacances, le salaire est réhaussé de 40 % effectivement.
En ce moment, mes parents sont en Martinique, c'est la catastrophe, plusieurs heures de queue pour 30 euros d'essence ou 3-4 bricoles à manger, les petits commerçants en profitent pour gonfler les prix un max du à la rareté (bouteille d'eau minérale à 1,50 euros, fromage minuscule à 4 euros). Même les produits locaux, fruits et poissons, sont très chers.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:28:35
Comment la Metropole a laissé pourrir la situation depuis tant d'années.
A croire qu'ils se disaient que 40% aux fonctionnaires, des congés bonifiés (les billets grats pour fonctionnaires antillais) acheteraient la paix sociale indéfiniment.
Et surtout comment ca se fait que les Antillais de metropole, voyant la situation avec un oeil "externe" n'aient pas milité pour un revalorisation generale des salaires plus tôt. Je comprend mieux l'obession pour el fonctionnariat de mes potes antillais.
La minorité s'en sort et les autres crevent de faim avec un pouvoir d'achat ridicule. C'est révoltant.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:53:48
Le reportage de Canal + portait uniquement sur la Martinique, la situation n'est pas tout à fait la même en Guadeloupe, pour la simple raison que la majeure partie des colons qui y vivaient ont été tués lors de la Terreur.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:54:43
eol melwasul a écrit : Arg c'est chaud. |
Non, et ils étaient même moins élevés avant 2002. Par ailleurs, les allocations logements sont toujours inférieures à celles qui s'appliquent en métropole.(leur revalorisation fait partie de ce qui a été accordé par Jego)
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:02:32
eol melwasul a écrit : Démantelez les monopoles, envoyez une demi douzaine de concurent, d'truisez le bonus +40% des fonctionnaires et ca ira beaucoup mieux je vous dis. |
Sans vouloir faire montre de p_erf_idie...
Citation : derrière le prosaïque du "pouvoir d'achat" ou du "panier de la ménagère", se profile l'essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l'existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s'articule entre, d'un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l'autre, l'aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d'honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d'amour, de temps libre affecté à l'accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n'ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons. |
http://www.lemonde.fr/politique/ar [...] 23448.html
Et si tu prends le temps de tout lire tu verras quelques autres pistes/angles d'attaque détaillés plus loin.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:10:49
deumilcat a écrit : |
Je vais être un peu cru mais pour moi le problème de la Martinique n'est pas le racisme, mais le fait qu'il s'agit d'une île perdue dans les Caraibes et il est illusoire de vouloir en tirer autant de richesses qu'en métropole, regarde l'état des iles voisines qui ont obtenu l'indépendance, il n'y a rien de rien si ce n'est une pauvreté extrème. La source de richesse est la perfusion de la métropole et il ne sert à rien de se démener au boulot, localement il n'y a pas de perspectives. Les revenus du capital tombent dans les poches des riches qui sont ici les békés, tout comme ils tombent dans la poche de riches familles en métropole.
Quand à l'argument colonialiste il est souvent utilisé abusivement par les martiniquais, en quoi des faits qui ont concerné nos arrière-arrière-grands-parents seraient-ils encore d'actualité aujourd'hui ?
Ils reconnaissent très bien l'absurdité de la chose et se marrent bien entre-eux après avoir mis mal à l'aise un blanc avec ça.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:12:45
Drapal
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:14:22
il est clair qu'il était assez irresponsable de diffuser un tel reportage vu le contexte actuel
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:14:55
Rasthor a écrit : 10h43 L'information, donnée sur Europe 1 ce matin, vient d'être confirmée par la cellule de crise de la préfecture de la Guadeloupe. Un homme d’une cinquantaine d’années a été tué par une balle tirée «depuis un barrage tenu par des jeunes». La victime, qui a été tuée alors qu’elle se trouvait à bord d’une voiture dans la cité Henri IV, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre, était «un syndicaliste qui revenait d’un meeting». «Ce n’est pas un mort lié aux forces de l’ordre». |
Ce qui me sidère, c'est que d'après le témoignage que j'ai entendu, des personnes étaient au courant qu'un taré faisait du tir au pigeon. Alors ne pas avoir alerté la police... Et la police, elle devait être sans doute au courant aussi.
Bref, si vraiment pas mal de personnes étaient au courant qu'un fou de la gâchette faisait des siennes sur un barrage, on peut peut-être considérer qu'il y a eu non-assistance à personne en danger.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:18:45
LooSHA a écrit : |
la police était censée faire quoi ? y aller sachant qu'un type allait leur tirer dessus faut pas croire également que les autres jeunes allaient laisser les policiers faire leur job tranquillement, sinon trois mecs ne se seraient pas fait tirer dessus
Même les journalistes se font agresser
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:22:42
Zangalou a écrit : la police était censée faire quoi ? |
Ah ben si la police ne peut rien faire
Empêcher que des personnes puissent aller dans cette zone, alors, au moins ?
Je me posais juste la question, vu qu'on a pas encore trop d'éléments
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:25:07
Pour vous donner une idée de l'ambiance: http://www.lemonde.fr/societe/son/ [...] _3224.html
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:29:14
L'histoire est pire.
Les journalistes se sont fait rincer par les bekes pendant un mois (ils ont mene grand train de vie) et le reportage etait pas du tout cense etre monte comme ca. Avec des propos certes borde line parfois, mais aussi sortis de leur contexte.
Les journalistes ils sont pas pres d'etre a nouveau recus par les bekes...
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:37:47
Mais les iles des caraibes sont obligées d'importer non?
Les produits sont toujours plus chers sur les iles je crois.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:45:01
ATTENTION AUX AMALGAMES !! D'après le préfet :
Citation : Nicolas Desforges a insisté sur la différence entre les incidents qui émaillent la journée des violences de la nuit. |
http://www.lexpress.fr/actualites/ [...] 41749.html
Citation : Avec des propos certes borde line parfois, mais aussi sortis de leur contexte |
Mouiiiii... c'est vrai et faux à la fois. Il est juste de le rappeler, mais d'un autre côté il ne faut pas tout mettre sur le hors-contexte.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:49:39
BenFromLA a écrit : |
Et le Japon et Taïwan ne sont-elles pas des îles perdues dans l'océan ? et pourtant elles sont très développées.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:51:08
oui le Japon et Taiwan c'est tout à fait comparable à la Guadeloupe...
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:53:19
Euh ces deux iles sont peut etre plus grandes?
Et le Japon est peut etre un pays aussi contrairement a la guadeloupe?
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:54:42
Bové qui s'en mêle... n'importe quoi....
Pour vivre dans un DOM il y'a effectivement un problème de vie chère, pour autant ce n'est pas en tuant son économie qu'on réussira à trouver des solutions, ni en faisant chier le monde, et encore moins en donnant de son territoire une image detestable. Sur ce point le LKP et ses partisans sont une belle bande d'abrutis...
Comment s'y prendre alors ? regardons les faits : les Antilles produisent que dalle et n'ont rien à vendre à part des activités touristiques qu'ils sont en train de détruire.
Au lieu de ca ils devraient trouver des secteurs dans lesquels ils peuvent se developper, donc augmenter leur revenus, et donc gagner de l'oseille, parallèelement devenir attractif pour des investisseurs qui concurrencerait lees boites déjà en place, donc fin des monopoles, c'est la base même de l'économie...
mais vu qu'a Gwada on a des types complètement à la ramasse, mais bons parleurs, on fait fuir le business, on fait fuir le touriste, on flingue son ile et après on vient pleurer...
A la Réunion on a aussi ce genre de mongols, heureusement la population en semble pas prete à se suicider
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:55:20
Deux passages incrimines:
- "l'esclavage a eu des bons cotes", faut pas generaliser et deconner certs, mais ca existe des mecs qui ont affranchis des esclaves, les ont emplyes comme des gens normauc parfois meme se sont metisses. Il aurait fallu que le mec precisent que ce fut extremenemnt rare pour que ca passe.
- "le metissage c'est pas beau". C'est vomitif comme propos... Mais, il y a un MAIS. Pourquoi on fait pas le meme genre de proces aux juifs qui sont franchement absolument contre, et le disent sans gene (et les traiter de communautariste en retour tu passes pour un antisemithe... Logique) le melange de leur religion avec une autre religion; ou aux corses qui ne se marient qu'entre eux, etc,...
Donc les propos me genent certes, mais faut arreter de passer la serpillere au minorites sous pretexte de racisme et de victimisation; de politiquement correct gerbant. Faut etre logique, pour des props similaires on doit faire chier toutes les personnes quelque soient la confession, la race ou l'appartenance de la personne qui les prononce!
Marsh Posté le 18-02-2009 à 13:58:23
eol melwasul a écrit : |
Arrêtons de tourner autour du pot c'est principalement un problème de population les antillais ne sont tout simplement pas des japonais ou des chinois...
Marsh Posté le 18-02-2009 à 14:17:36
Il ne faut pas oublier le chomage des jeunes la-bas.
Plus de 50% des 18-25 ans sont sans emploi.
D'ailleurs, ce sont eux qui ont fait dégénérer la grève générale.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 14:25:55
C'est vrai, il sont français.................c'est ça que tu voulais dire?
Marsh Posté le 18-02-2009 à 15:06:58
LooSHA a écrit : |
la personne en question était un syndicaliste, probablement croyait il bien faire en voulait parler avec ces personnes
Marsh Posté le 18-02-2009 à 15:07:50
eol melwasul a écrit : |
je crois simplement qu'il voulait dire que les antillais ne sont pas partant pour bosser pour 1€ de l'heure comme les chinois, ou 90 heures semaine comme les japonais et donc que ce n'était pas comparable
Marsh Posté le 18-02-2009 à 15:13:56
La situation est batarde. D'un coté ils sont ultra privilégiés à coté des iles voisines, de l'autre ils fantasment quand même un petit peu sur la richesse des métropolitains.
Si on est si pourri que ça, qu'on leur donne leur indépendance, ou plutôt qu'ils la prennent. je ne suis pas sur qu'ils gagneraient au change, et ils le savent très bien.
La vie n'est pas si dure que ça dans les dom, faut pas exagérer, en tout cas pas plus que dans mon calaisis natal.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 15:17:58
ouais c'est terrible tout ça.
et le gouvernement qui joue la carte du pourrissement en esperant que la situation ce calme d'elle meme.
ça donne une idée de ce que donnerait un mouvement de masse en Metropole. rien.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 15:20:58
Zangalou a écrit : |
Le syndicaliste revenait d'un meeting , il ne se baladait pas à minuit pour parler à des émeutiers.
Marsh Posté le 18-02-2009 à 15:24:55
Mon oncle Edouard a écrit : La situation est batarde. D'un coté ils sont ultra privilégiés à coté des iles voisines, de l'autre ils fantasment quand même un petit peu sur la richesse des métropolitains. |
Ils comparent pas a la france mais au prix de la banane produite en guadeloupe qui vaut 2 fois plus cher la ou elle est produite qu'en metropole (comment est-ce possible ??) , c'est une critique tres claire de la petite minorite de blancs qui tiennent 90% des business la-bas ...d'ailleurs ca doit certainement aller a l'encontre des regles de concurrence europeenne ( ) ...
Et je suis 100 fois d'accord avec le fait qu'on brandisse l'independance est vraiment le dernier des arguments ...quand tout va bien c'est chez nous mais si tout va mal "ils ont qu'a prendre leur independance " , c'est vraiment de bas etage...et bon foutre le sujet de l'independance sur le tapis , c'est effectivement diviser pour mieux regner car les iliens sont tres partages sur ce sujet ...bref ....on evite par la meme de discuter du conflit social au coeur de l'histoire en parlant d'independance
Marsh Posté le 18-02-2009 à 12:06:08
Bizarre qu'il n'y ait pas encore de sujet (à part un TALC sur l'indépendance), et c'est pénible de voir qu'on en parle un peu partout, et pas mal.
Quelques sites :
> http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/
> Forum de discussion des DOM-TOM >> http://www.volcreole.com/
> Blog sur la Guadeloupe >> La Guadeloupe en colère
Revue de presse :
> Guadeloupe: «une élite nationaliste cherche à asseoir son pouvoir»
> Antilles, un îlot anti-concurrentiel
Voici les grandes étapes de la grève générale contre la vie chère qui a démarré le 20 janvier 2009 en Guadeloupe :
JANVIER
FEVRIER
>> http://www.challenges.fr/politique [...] illes.html
Neuf intellectuels antillais lancent un manifeste de la révolte :
Le « Manifeste des neuf »
C’est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s’est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n’est illégitime. Aucune n’est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu’elle représente, ni dans ce qu’elle implique en relation avec l’ensemble des autres revendications. Car la force de ce mouvement est d’avoir su organiser sur une même base ce qui jusqu’alors s’était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle — à savoir les luttes jusqu’alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales...
Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj — qui est d’allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé — est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d’ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir) que l’on peut saisir l’impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.
Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.
Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » ou du « panier de la ménagère », se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n’ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.
La « hausse des prix » ou « la vie chère » ne sont pas de petits diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d’une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique. Ce dernier s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires — non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte « d’épuration éthique » (entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain.
Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être « consommateur » ou bien être « producteur ». Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l’unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L’ensemble ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André Gorz, et où l’économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste.
Pour les "produits" de haute nécessité
Alors, quand le « prosaïque » n’ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère ». Et pire : nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d’une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d’escorter les « produits de premières nécessités », d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité ».
Par cette idée de « haute nécessité », nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en œuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d’achat, relève d’une exigence existentielle réelle, d’un appel très profond au plus noble de la vie. Alors que mettre dans ces « produits » de haute nécessité ? C’est tout ce qui constitue le cœur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d’entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd’hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
D’abord, il ne saurait y avoir d’avancées sociales qui se contenteraient d’elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s’est passé. Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l’absence de pouvoir qui lui sert d’ossature. Le « déterminant » ou bien le « décisif » s‘obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n’arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L’éloignement, l’aveuglement et la déformation président aux analyses.
L’imbroglio des pseudos pouvoirs Région-Département-Préfet, tout comme cette chose qu’est l’association des maires, ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s’est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos « présidents locaux » pour s’en aller mander ailleurs. Hélas, tout victoire sociale qui s’obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s’arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudos pouvoirs.
Contre la logique du système libéral marchand
Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d’acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu’une responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l’accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d’une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement...
Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l’autre, confiance réduite en soi... La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C’est dans l’irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c’est dans la responsabilité que se trouve l’invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C’est dans la responsabilité que l’échec ou l’impuissance devient un lieu d’expérience véritable et de maturation. C’est en responsabilité que l’on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l’essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.
Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s’est étendu à l’ensemble de la planète avec la force aveugle d’une religion. Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C’est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l’insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l’immédiat ; mais l’illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du « Marché » et par tous ces mécanismes que créent un nuage de voracités, (donc de profitations nourries par « l’esprit colonial » et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l’octroi de mer, ne sauraient endiguer.
Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L’autre très haute nécessité est ensuite de s’inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n’est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d’un dogme. La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d’une société non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain.
Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables « producteurs » – chefs d’entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes – incapables de tressaillements en face d’un sursaut de souffrance et de l’impérieuse nécessité d’un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n’existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d’un système flou, globalisé, qu’il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu’il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa propre vie, dans l’élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant.
Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l’ampleur du poétique. On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement. On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout automobile. On peut endiguer les agences de l’eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d’un trésor qui appartient à tous. On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd’hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.
Enfin, sur la question des salaires et de l’emploi. Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité. Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu’il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main d’œuvre. Quand il délocalise, ce n’est pas dans la recherche d’une main d’œuvre abondante, mais dans le souci d’un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation de salaire conséquente n’est donc en rien illégitime : c’est le début d’une équité qui doit se faire mondiale.
Quant à l’idée du « plein emploi », elle nous a été clouée dans l’imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l’ont accompagnée. Le travail à l’origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d’ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu’il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple « emploi », et l’unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s’est mis à n’ouvrir qu’à la consommation.
Une vision du politique enchantée par l’utopie
Nous sommes maintenant au fond du gouffre. Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu’il redevienne un lieu d’accomplissement, d’invention sociale et de construction de soi, ou alors qu’il en soit un outil secondaire parmi d’autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d’arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu’à l’équation d’une activité à haute incandescence créatrice.
Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s’envisagera dans ce qu’il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu’il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... Il s’envisagera en « tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ». Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l’ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l’étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création – créaconsommation. En valeur poétique, il n’existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l’infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.
Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l’imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l’esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l’artisanat, la culture et l’agriculture... Qu’il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu’il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu’il favorise tout ce qui permet d’entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde... C’est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l’ampleur des exceptions. C’est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire... C’est le gratuit en son principe qui devrait s’installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes...
Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu’à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit plus un « panier de ménagère », mais le souci démultiplié d’une plénitude de l’idée de l’humain. Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau. Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s’ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres.
An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l’utopie.
Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du « Marché », mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l’instrumentalisant de la manière la plus étroite.
Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’Autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.
Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l’assistanat, en nous inscrivant résolument dans l’épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d’un rapport écologique global aux équilibres de la planète....
Alors voici notre vision : Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant....
Les signataires :
Ernest BRELEUR Patrick CHAMOISEAU Serge DOMI Gérard DELVER Edouard GLISSANT Guillaume PIGEARD DE GURBERT Olivier PORTECOP Olivier PULVAR Jean-Claude WILLIAM
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Message édité par LooSHA le 29-03-2009 à 17:20:46
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Mangeons de la viande (et nos amis pour la vie) ! Prenons l'avion ! Partons en vacances très loin ! Achetons des trucs venus du bout du monde ! Chauffons-nous à fond ! Utilisons plein d'électricité ! Changeons de malinphone le plus souvent possible !